8 : La croisière s'amuse !

CASSIE

Ça y est, on y était ! Le moment du grand départ. J'avais bouclé mes valises tard dans la nuit. J'ai la fâcheuse habitude de tout faire au dernier moment.

J'ai pris un train tôt la matinée afin d'arriver au port du Havre. Une longue file de bateaux attendaient leurs passagers.

Le temps était gris et le vent battait mes cheveux m'aveuglant à moitié. Si j'avais déjà froid ici, je n'osais imaginer ma température corporelle en Finlande.

Tandis que je remontais le ponton, je me voyais déjà sur un rutilant bateau de croisière. J'avais même pris un maillot de bain, je m'imaginais en train de faire trempette dans un jacuzzi, profitant du SPA et pourquoi pas quelques UV histoire de revenir doré comme un petit caramel.

Bon j'allais devoir me fader Harris, mais pour des vacances tout frais payés, je pourrais m'en contenter. Après tout les bateaux de croisières ne sont-ils de géants immeubles flottants ? Aucune chance que je croise Ethan, si je n'en avais pas envie. Et je n'en avais absolument pas envie !

Je me dirigeais vers le quai telle Rose Dewitt dans Titanic. Bon, je n'avais pas de majordome pour porter mes trois valises, oui trois ! Je partais dans le congélateur de la planète j'avais mis le paquet niveau pull. Je tournais les yeux dans tous les sens cherchant le paquebot en question...quel était son nom déjà ? L'espérance.

Je passais devant plusieurs bateaux plus magnifiques les uns que les autres. Je me voyais déjà faire des selfies de folie pour faire pâlir de jalousie mes followers. Je m'arrêtais net devant un simulacre de bateau dont les lettres effacées laissaient difficilement lire espérance.

Non ! Non, non et non hors de question que je monte sur ce rafiot ! Allait-on devoir ramer pour avancer ? Était-ce du scotch alu qui zébrait la coque ? Mon père travaillait dans l'aéronautique, il réparait tout avec. Tout y passait vélo, voiture, tuyau. Mais quand même !

Et espérance ? Avec un nom pareil, le seul espoir était que ce rafiot ne coule pas avant d'arriver à destination !

Je dégainais mon téléphone à la vitesse de l'éclair et composais le numéro de ma mère.

—Hors de question que je monte dans cette bicoque flottante maman ! Lancé-je avant même qu'elle ne prononce un mot.

— Écoute ma chérie ce bateau est un peu vieux, vintage comme vous dites vous les jeunes, mais c'est avec les vieux pots qu'on fait les meilleurs confitures.

— Non, mais là c'est plus un vieux pot, c'est un tombeau. Je ne monterai pas là-dedans !

— Oh si, tu vas y monter ! Ton père et moi arrivons demain avant le départ.

—Attends, tu veux dire que je vais devoir passer la nuit sur cette bicoque toute seule !

— Ethan ne vas pas tarder à arriver.

Super ! Il ne manquait plus que ça ! Non seulement j'allais devoir dormir dans ce bout de bois flottant, mais en plus avec Harris ! J'allais faire demi-tour et rentrer chez moi fissa ! Ma mère me pardonnerait sûrement.

— Je dois y aller ma chérie, ton père m'appelle. À demain !

— Atte...

Elle avait déjà raccroché la traîtresse !
Ce n'était pas du tout ce qui était prévu ! Mes parents devaient me rejoindre aujourd'hui ! Aujourd'hui ce n'était pas demain !

Je remis mes sacs sur mon épaule tant bien que mal et fit demi-tour. Je trouverai bien une excuse !

— Tu vas quelque part ?

Il ne manquait plus que lui ! La voix du poison me hérissait déjà le poil.

— Je rentre chez moi !

—  En plus d'avoir mauvais caractère, tu es aussi une peureuse. Tu es décidément remplie de qualité, Cassie !

Je me stoppais net sous ses mots acerbes. Je savais qu'il cherchait à me narguer. Et on pouvais dire que cela marchait ! Je ressentais un mélange de colère et de fierté mal placée qui me poussais à faire demi-tour. 

Je passa devant lui, prenant bien garde de me draper dans mon orgueil. A nous deux vieux rafiot !

Je montais tant bien que mal sur le pont. Il ne manquerait plus que je finisse à la baille. Harris serait capable de me laisser de noyer.

Le bois craqua sous mes pieds à chaque pas, ce qui ne me rassurait qu'à moitié. Ethan posa mes valises avant de venir me rejoindre. Je ne l'avouerais jamais, mais ce bateau me faisait flipper et j'étais bien contente de l'avoir avec moi.

— Il y a quelqu'un ?

J'espérais encore que tout ceci soit une erreur et que mon moyen de transport pour la Finlande soit un de ses rutilants bateaux de croisière.

Sans que je m'en rende compte Ethan avait presque disparu du pont. Il n'était pas question que je reste toute seule ici. Mon corps se mit en marche tout seul, me faisant presque courir.

— Eh attends moi ! criais-je en lui courant après.

— On a peur de rester toute seule Miller ?

— Non...je...oh et puis tais-toi et avance.

Il ricana tandis que nous continuons notre exploration. Le bateau paraissait totalement abandonné. La peinture qui avait du être d'un vert rutilant a une époque était à présent toute écaillée. Des toiles d'araignées s'étalaient entre chaque angle.

— Je suis trop jeune pour mourir.

— Personne ne va mourrir.

— Si, soit ce bateau va nous entraîner avec lui par le fond, soit le fantôme qui le hante va venir nous zigouiller.

— Tu regardes trop de film. Un fantôme ? Sérieusement ?

Ok, j'en faisait sans doute un peu trop. Mais n'était-il pas censé y avoir un capitaine à bord pour accueillir ses passagers ?

Un craquement sinistre me fit sursauter. Par mesure de sécurité, et de sécurité seulement, je me collais un peu plus contre Ethan. Si un psychopathe devait surgir autant qu'il emporte Harris en premier.

— Bon sang, lâche-moi Cassie ! dit-il en secouant son bras.

Je le lâchai comme s'il m'avait brûlé.

Un autre craquement. Cette fois-ci c'était sûr j'allais mourrir ! Une main se posa sur mon épaule. Je sursautais tout en criant de toutes mes forces !
Une autre main se posa sur ma bouche, j'étouffais à moitié sous la main d'Ethan.

— Mais tu vas te taire à la fin. Arrête de crier !

Je me calmais instantanément. La main d'Ethan me libéra enfin. Est-ce qu'il était en train de s'essuyer la main sur pantalon là ?

— ça va, j'ai pas la rage !

— Ça reste à prouver ! En plus, va savoir où tu va fourrer ta bouche.

Nulle part ! Et c'était bien ça mon plus gros problème ! Ma vie sentimentale était pire que le désert du Sahara.

— Et c'est toi qui parle ! Tu change de filles plus souvent que de caleçons. Je suis sûre qu'un laboratoire de maladie vénérienne te recruterai sans problème !

— hmm...excusez-moi...

Je me retournais pour tomber sur la plus belle des visions. Un homme du trentaine d'année habillé en uniforme de capitaine se tenait devant moi. Peut être le père noël avait-il reçu ma liste après tout ! Ce qui serait bientôt mon capitaine, était grand et élancé.

Une mèche de cheveux brun retombait sur son front. Je les préférais blond, mais je me contenterais de celui-là !

— Vous êtes les Harris ?

La magie retomba comme un soufflet.

— Harris ET Miller, j'insistais bien sur le fait que nous étions deux entités séparées.

— Nos parents ont eu un empêchement, ils nous rejoindront au port d'Helsinki.

Je savais que mes parents ne seraient pas de la partie pour la croisière, mais pas que ceux d'Ethan non plus !

— Comment ça, ils ont eu un imprévu ?

— Ta mère ne te l'a pas dit ? Ma mère a fait une allergie.

— Ma mère juste dit qu'eux ne seraient pas là. Mais je pensais qu'il y aurait au moins Maryline.

— Cette fois-ci, c'est juste que toi et moi, Miller.

Pourquoi cela sonne comme une sentence ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top