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Je m'en souviens maintenant... Maman... 

J'ouvre grand la porte et crie :

- Maman !

Puis je cours vers elle et saute dans ses bras en pleurant. Je ne l'ai pas vu depuis... Depuis combien de temps ? Un an ? Deux ? Dire que c'est Morgor qui la détenait prisonnière !

Je me tourne vers lui avec lenteur, les yeux lançant des éclairs. S'il a fait du mal à ma maman... Mais d'ailleurs, pourquoi maman n'est pas avec...

- Maman, elle est où Ruby ? 

Ma mère se mordille la lèvre, et regarde Morgor nerveusement. J'ai fait une boulette...? 

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En rentrant dans ma chambre je ne m'attendais pas à la voir. Marie. Un des diminutifs de Marianne. Et pourtant, ça non ! Marie n'est pas une sainte, loin de là. Elle est plutôt tout le contraire de la reine. 

Elle se tourne vers moi avec un grand sourire, puis met ses mains sur ses hanches en me lançant avec entrain :

- Alors t'as encore fait un carnage pendant que je n'étais pas là ?! Ahlalala​ ça me fait plaisir de te voir charmeuse !

Je fronce les sourcils, pas du tout convaincue de sa bonne foi. Et puis un carnage...La faute à qui après tout ? Franchement... C'est à cause d'elle que j'ai failli tuer Charles !! Si cette pétasse avait arrêté d'ouvrir ses jambes à n'importe qui... Rien que d'y penser un frisson d'horreur parcourt mon dos. Je ne préfère pas y penser. 

- Moi non. Je préfère quand tu es loin de moi et de toute la merde que tu provoques. Puis arrête avec ce surnom, tu sais très bien qui est la charmeuse entre nous deux Marie, et ce n'est absolument pas moi.

Elle fait une tête bizarre un instant, semble réfléchir à ce que je dis puis finis par se reprendre en riant, un peu trop faussement à mon avis. Je lève les yeux au ciel en soufflant, énervée.

- Ah oui merde, j'avais oublié... Le petit mec qu'est venu me voir hein ? C'est à cause de lui que tu m'fais la tête charmeuse ? Parce que tu as cru que je te l'avais volé hum ?

Je grogne et me dirige vers mon placard, avant de me changer pour la nuit. Au passage je bouscule Marie, qui, cette fois, rigole franchement et essuie les larmes qui perlent à ses yeux bleus. Je sais qu'elle le fait exprès pour m'énerver mais c'est plus fort que moi, je marche à fond. Non d'ailleurs je ne marche pas, je cours. 

- Oh putain tu t'es sacrément attachée​ à ce petit gars ! Moi qui pensais que ca n'arriverait plus jamais après...

Je la coupe avant qu'elle aille plus loin. Non vraiment, je n'ai pas envie de me remémorer ma vie au château, surtout cette année que j'ai passé avec lui.

- Ta gueule Marie.

Elle porte sa main à sa bouche d'un air faussement outrée et je lève les yeux au ciel. Marie est peut-être une connasse, doublée d'une pétasse, mais elle reste une amie. Une amie de longue date qui plus est, et qui me supporte malgré mes sautes d'humeur. 

Résultat : elle connait pas mal de mes secrets, malheureusement pour moi. Ou pour elle, je ne suis pas sûre que cela ne la pèse pas par moment. Et elle sait pour ce secret aussi. Même Marianne ne le sait pas. Je ne pouvais pas le lui dire, pas ça. Qu'est-ce qu'elle penserait de moi après ?

Elle soupire puis se passe la main sur sa tête, fatiguée. Elle déteste se disputer, préférant ne rien dire pour apaiser les tensions. C'est une technique que je lui envie, depuis le temps que je la connais.

Elle finit par briser le silence qui s'était installé en me fixant, ses yeux bleus pâles dans les miens, rouge sang. L'air et le feu. Elle met sa main sur mon épaule mais je l'en déloge très rapidement.

- Ça part trop loin pour un simple mec, Cristal. Je ne veux pas me disputer avec toi pour ça. Et si je te racontais ce qu'il s'est réellement passé entre nous ? Que tu arrêtes de me faire la tête alors que j'ai presque rien fait !

Je n'ai pas envie. Après tout c'est normal n'est ce pas, de ne pas avoir envie d'écouter le récit d'une expérience inoubliable d'une fille qui a plus ouvert ses jambes que la porte du bunker ? Et je peux vous dire qu'il a souvent été ouvert... Pas que je sois contre ses pratiques, mais je préfère ne rien savoir de celles-ci​.

Non franchement je vous garantis, pour en avoir entendu des centaines de ses "extraordinaires expériences", ça n'a rien de marrant. Ni de captivant en fait. C'est juste dégueulasse, surtout quand c'est le soir. Bonjours les rêves après ça... 

Ou alors pendant le repas. Saucisse-purée la dernière fois. Bonjour les sous-entendus lourds qu'elle m'avait faits. Ça l'avait fait marrer et moi aussi un peu je l'avoue, mais pour rien au monde je ne le lui avouerais.

Je sors de mes rêveries en constatant qu'elle me fixe dans l'attente d'une réponse. Elle comme moi savons pourtant très bien ce que je vais dire alors pourquoi poser la question ? Je décide tout de même de répondre :

- Vas-y, raconte moi tout.

Moi et ma fichue curiosité !

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- Bon par contre, j'instaure quelques règles hein, parce que je te connais et que tu vas vouloir me tuer ! Donc petit un : tu n'as pas le droit de me tuer. Petit deux : tu n'as pas le droit de me couper dans mon récit.

Je m'apprête à ouvrir la bouche pour lui répondre que si elle continue comme ça, je la tuerais malgré le "petit un" mais elle met son doigt sur ses lèvres et continue, tandis que je lève les yeux au ciel. Cette femme me connait beaucoup trop bien, c'est vraiment perturbant.

- Et petit trois, tu dois me croire. Je ne te dirais que la vérité, mais qu'est-ce que tu peux être têtue parfois ! Bref, c'est bon ? Je peux commencer ? 

Assise sur mon lit, face au sien, sur lequel elle est assise, je pense au bruit que cela ferait si je lui coupais la langue... Mais plutôt que lui dévoiler mes pensées, qu'elle ne peut lire contrairement à Manu (et heureusement d'ailleurs) j'acquiesce doucement, prête à l'entendre, et elle commence son récit.

- Je suis rentrée ce matin d'une de mes missions, t'sais qu'elle consistait à tuer un membrana qui terrorisait les habitants d'un petit village ? Le truc méga balèze quoi ! Je ne sais même pas comment ce ver géant peut être apprécié par Morgor !

Je souris tristement à ses paroles. C'était moi qui avait remarqué que les vers, même si on leur coupait un bout d'eux-mêmes, pouvait rester vivant et se régénérer. Fière de moi, je l'avais aussitôt fait remarquer à mon père... Qui avait aussitôt créé les membrana.

Et les membrana étaient nés. Immense ver mais qui avait quelque pouvoir de terre. Capable de se battre, même coupé en deux. Pas grand-chose mais assez pour en faire une proie difficile, même pour les expérimentés dont fait partie Marie. 

- Tu te rends compte que cette saleté de bestiole peut vivre même si tu la coupe en deux ?! Mais bref, je disais que je venais de rentrer. J'arrivais devant notre chambre et là, qu'est-ce que je vois ?! Un beau gosse qui t'attendais !! Comme je suis extrêmement aimable, je l'ai fait entrer pour qu'il patiente, il ne savait même pas que tu avais une colocataire d'ailleurs, t'aurais pu parler un peu de moi ! Mais bref, du coup je me suis mise à le chauffer un peu, parce que quand même, c'est un sacré morceau ce gars ! Et au moment où je pensais avoir réussi, puisque j'avais enlevé son bas...

Je grimace de dégout. Marie ne m'épargne aucun détail et je déteste ça. Elle remarque mon horreur et semble s'en amuser, comme d'habitude. Moi ça ne m'amuse absolument pas mais maintenant qu'elle a commencé autant finir hein... Alors je serre les dents et essaye de ne pas trop me concentrer sur les choses salaces qu'elle me sort.

- Enlevé son bas je disais, il s'est mis à paniquer et a dit qu'il ne pouvait pas. Il s'est vite rhabillé, et m'a expliqué qu'il avait une copine. Tu l'as mal choisi celui-là ma pauvre ! Quoique, les hommes promis à une autre ça te connais...

Elle me fait un clin d'œil tandis que je bouillonne intérieurement. Elle n'a pas le droit de parler comme ça de lui. Personne n'a le droit. Même Manu ne s'y risque pas.

- Ta gueule Marie. Tu t'y connais beaucoup plus que moi sur ce sujet alors arrête. 

Elle fronce les sourcils et fait son air de professeur austère. Elle mime une règle qu'elle claque sur mes doigts en s'écriant : 

- Règle numéro deux !

Je grogne en réprimant difficilement un sourire et attrape un coussin avant de lui jeter à la figure. Elle l'intercepte avant qu'il n'atterrisse sur son visage et elle me le renvoie en tirant la langue. Malheureusement pour elle je n'ai pas le cœur à rigoler. 

Pourquoi cela me fait-il si mal que Charles ait une copine ? Ce n'est qu'un petit con prétentieux et arrogant, que je dois surveiller seulement par respect pour Marianne et sa famille. Je veux dire, je ne l'aime même pas ! 

Ou peut-être que c'est bien ça le problème...

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Salut les nouilles !
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