Chapitre 4-2
Bon sang, mais qu'est-ce qui cloche chez elle ? Je suis pourtant certain qu'à aucun moment, elle ne s'est cogné la tête. Est-ce que la drogue a fonctionné malgré tout ? Non, si c'était le cas, nous serions encore probablement dans la brasserie à attendre cette fichue ambulance.
Je pénètre en trombe dans son appartement.
— Sam... !
Les mots s'envolent. Ma voisine me lance un coup d'œil par-dessus son épaule, tout en jetant sa jupe dans un coin du salon. Sa veste et son pull sont déjà par terre. Elle ne porte plus qu'un collant opaque et un soutien-gorge noir. Elle est bien mieux foutue que je ne le pensais.
— Bah alors, Max, tu as perdu ta langue ? À moins que tu ne la ménages pour ce que tu veux me faire sous la douche ?
Elle dépose ses lunettes sur une étagère et détache ses cheveux tout en me fixant avec amusement.
— Samantha, tu te sens bien ?
Elle pousse un soupir agacé.
— Évidemment que je vais bien ! Tu comptes me poser cette question combien de temps ?
Jusqu'à ce que je sois certain de ne pas avoir pris sur ma moto une autre fille qui ressemble trait pour trait à ma voisine.
— Tu es... étrange, c'est tout. D'ordinaire, tu ne m'adresses pas la parole, limite tu frôles les murs quand tu m'aperçois, et là... Enfin, j'ai du mal à te reconnaître.
Elle me fixe un long moment et je crois bien qu'elle se retient de ne pas m'envoyer le vase de la table basse dans la tronche.
— Eh bien, c'est une belle connerie ! Bon, tu viens sous la douche ou pas ?
Je suis incapable de réagir.
— Idiot.
Elle hausse les épaules et disparaît dans la salle de bains attenante.
Je suis franchement inquiet. Y'a un truc qui tourne pas rond. Je ne compte pas me joindre à elle, mais je dois m'assurer qu'elle n'est pas tout simplement en état de choc. Je ne suis pas médecin et je n'ai pas la moindre idée de ce que je dois faire dans une telle situation.
— Samantha, tu devrais aller consulter, je ne sais pas ce qui t'arrive, mais...
Dès que je franchis le seuil de la pièce, elle fait volte-face en poussant un cri abominable. Son hurlement résonne dans tout l'appartement. Je me prends de plein fouet une serviette de toilette, et je manque de finir lapider par toute une tripotée de produits.
— Nom de Dieu ! T'es malade ! Mais qu'est-ce qui te prend ?
Elle hurle à pleins poumons. Comme elle constate que je ne suis pas décidé à sortir, elle attrape la pomme de sa douche et me balance le jet d'eau chaude en plein dans la figure.
— Mais arrête, t'es folle !
— Sors de chez moi ! Qui t'a permis de rentrer ? À l'aide ! À l'aide !
Je me rue sur elle et très vite les murs de sa salle de bain sont inondés tandis que j'essaye désespérément de me frayer un chemin jusqu'au robinet. J'y parviens non sans mal. Pendant ce temps, elle s'est précipitée dans son salon.
Quand je la retrouve, elle brandit un parapluie dans ma direction. Elle est paniquée et, en même temps, elle semble réfléchir à toute vitesse, comme si elle n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé ces cinq dernières minutes.
Je m'avance doucement, les mains levées pour bien lui montrer qu'elle n'a rien à craindre.
— Samantha, je ne te veux aucun mal.
— Qu'est-ce que tu fais chez moi ?
Cette histoire commence à me fatiguer. Je vais l'attraper et la ligoter jusqu'à ce que l'ambulance arrive.
— Tu ne te souviens pas ? Je t'ai ramenée. Y'a un type, Simon, qui a essayé de te droguer dans une brasserie. Je t'ai aidé à vomir, et je t'ai ramené chez toi, expliqué-je, en avançant d'un autre pas prudent. Tu as refusé d'aller aux Urgences, je ne savais...
— Et moi, qu'est-ce que j'ai fait ?
— Je...
— Pourquoi tu étais dans ma salle de bain ? Réponds !
— Je... Tu m'as proposé de venir prendre une douche.
— Quoi ? Tu plaisantes ?
— Écoute...
— On ne se parle pas et brusquement je t'invite sous ma douche et toi tu te dis « Hourra ! » ?
— Quoi ? Mais non ! Pas du tout ! Et arrête de jouer la victime ! D'après ce que j'ai vu, on ne peut pas dire que ça t'embêtait vraiment que je te voie presque à poils !
Elle prend brutalement conscience de sa semi-nudité et se remet à pousser des cris de folle hystérique.
— Tourne-toi ! Ne me regarde pas !
Je m'exécute. Tout plutôt que de me faire passer pour le gros pervers de service.
— C'est bon, m'apprend-t-elle après quelques secondes.
Elle a revêtu une robe de chambre et elle sert si fort la ceinture que je peine à croire qu'elle ne va pas mourir asphyxiée.
De mon côté, j'ai plus du tout envie d'être patient.
— Je peux savoir ce qui se passe exactement ? C'est quoi ce cirque ?
Elle me fusille du regard.
— Merde à la fin ! J'ai eu de la chance que tu ne m'ébouillantes pas !
Elle n'est pas décidée à parler et je ne suis pas décidé à m'en aller sans explication.
— Je veux que tu t'en ailles. Tout de suite.
Elle se lève et m'ouvre sa porte d'entrée. Je la fixe dans l'espoir qu'elle me dise autre chose.
— Je te remercie pour ton aide, mais je veux être seule.
— Tu me jettes dehors ?
— Tu espérais quoi ?
— Putain, mais ça n'a aucun sens ! Depuis un an, tu m'ignores et brusquement tu me demandes de prendre une douche avec toi, et là tu me fous dehors comme un malpropre ? Enfin, t'as un sérieux problème !
— Va-t'en.
— Tu me dois des explications.
— Certainement pas.
— Je veux savoir ce qui se passe !
— Et moi, je veux que tu sortes de cet appartement.
Je ne peux pas rester davantage au risque d'avoir moi-même de sérieux ennuis. J'obéis donc à contrecœur et alors que je rejoins le couloir, elle marmonne dans sa barbe :
— Merci pour ton aide de tout à l'heure.
Je me retourne juste au moment où elle me claque la porte au nez.
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