"Nathaël ? interroge Haly d'une toute petite voix en grimpant sur mon lit. 

J'émerge difficilement et attrape mon téléphone. 

- Haly, il est quatre heures du matin... Qu'est-ce que tu veux ? 

- Je crois que j'ai fais une bêtise. 

Je me redresse et allume ma lampe de chevet. 

- Quelle bêtise ? 

Je prie pour que ce ne soit pas un pipi au lit, je suis crevé et j'aimerai me recoucher au plus vite. Nous sommes mardi, j'ai fini de travailler à trois heures et cela ne fais même pas une heure que je dors. 

- J'avais mal au ventre et après j'ai vomi dans mon lit, raconte-t-elle en craignant ma réaction. 

Je tente de rester calme, adieu ma nuit de sommeil... Je n'irai pas en cours demain, de toute façons, il faudra que je la garde. Je vais aussi devoir aller chez le médecin. 

- Ce n'est pas grave mon ange, tu n'y es pour rien."

Je me lève, la tire dans la salle de bain. Je la douche et la change avant d'aller la coucher sur le canapé (préalablement recouvert de vieilles serviettes de bain). Je change ensuite ses draps, met une machine en route en espérant qu'elle ne réveille pas les jumelles, je n'ai pas envie de laisser traîner cette odeur horrible jusqu'à demain. 

"Nathaël, gémis ma soeur depuis le salon. 

- Qu'est-ce qu'il se passe ? 

- J'ai mal au ventre et à la tête.

Je sens la visite chez le médecin, les médicaments pas bons, les jours de repos arriver et j'ai envie de pleurer rien qu'à cette idée. Ma semaine est fichue. Je vais chercher le thermomètre pour prendre sa température. 

- Tu as un peu de fièvre.  

- Fièvle ? 

- La fièvre, c'est que la température de ton corps est un peu trop élevé mais ce n'est pas très grave. 

- Je pourrai aller à l'école demain ? 

- Non, pas demain, tu resteras à la maison avec moi d'accord ? 

- Oui."

Jouer le rôle des parents n'a pas toujours que du bon... 

~A BANANAS, à 04h27~

[ Je ne viens pas demain, ne m'attendez pas et désolé Morgan ]

J'espère qu'aucun d'eux n'a laissé son téléphone avec le son mais cela m'étonnerait, après un mois à les côtoyer, je commence à bien les connaître. Je reste avec Haly jusqu'à temps qu'elle se rendorme et écrit un petit mot aux filles au cas où elles se lèvent avant moi. 

"Haly est malade, ne lui faite pas de bisous ou de câlin. Réveillez moi avant de partir si je ne le suis pas, je ne vais pas en cours. Je l'emmène chez le médecin dans la journée, je vous tiendrai au courant. Votre grand frère préféré."

Je retourne me coucher en priant pour qu'Haly finisse sa nuit. Je m'endors à peine la tête posée sur l'oreiller, à bout de forces. 

"Nat' ? Nathaël !

J'ouvre les paupières en grimaçant. 

- Doucement ! 

- Il est huit heures dix, on part. Haly dort encore. 

- Okay merci."

Je m'étire et part prendre un cachet dans la cuisine. J'espère ne pas être malade moi aussi. J'appelle le médecin et on me donne un rendez-vous en fin de matinée. 

La petite bande m'a répondu dans le groupe. 

~De Jo-Ann, à 6h39~

[ Rien de grave j'espère ? ]

~De Morgan, à 7h04~

[ Tu ne peux pas me faire ça Nathaël, tu ne peux pas :( ]

[ N'empêche un imprévu à quatre heures du matin, c'est inquiétant beau gosse ! ]

~De Eloha, à 7h11~

[ C'est pas bon pour nos p'tits cœurs de nous faire paniquer comme ça, sombre idiot ! ]

Je sens qu'ils vont m'en vouloir à mon retour mais je ne peux rien y faire. 

~A BANANAS, à 8h15~

[ Désolé, c'est rien de grave vraiment ! Je ne sais pas si je pourrai venir demain par contre :/ ]

~De Morgan, à 8h16~

[ Je ne suis pas sûr de survivre sans toi, j'ai pas mérité ça moi ! ]

~A BANANAS, à 8h16~

[ J'aimerai être là aussi, je te le jure ! Je saurai à midi si je peux venir demain ou pas ]

~De Morgan, à 8h17~

[Ok, tu nous tiens au courant ]

Je range mon téléphone et part étendre la lessive de cette nuit. J'en profite pour mettre une nouvelle machine en route. 

Je prépare ensuite un petit déjeuner léger pour mon bout de chou toujours endormi et essaye de bosser un peu avant qu'elle se réveille. 

"J'ai mal à la tête. 

J'entends une petite voix fatiguée et bientôt des larmes. C'était à s'en douter. 

- Haly, je suis là. 

Je la prend dans mes bras pour la consoler en priant pour ne pas attraper sa maladie quoi qu'elle puisse avoir. 

- Je me sens pas bien !

- Je sais, on va aller voir le médecin tout à l'heure. En attendant, tu veux manger un peu ? 

- Non. 

- Okay, je vais te donner un médicament pour que tu n'aies plus mal, d'accord ? 

- Il est bon ? 

- Oui.

Bon, pas vraiment. Je sors le paracétamol adapté à son âge et lui fait prendre une dose. 

- J'aime pas !

- Trop tard ma jolie. 

- T'es méchant !

- Mais comme ça tu n'auras plus mal. 

- Vraiment ?

- Oui. 

- Okay !"

Je suis touché de sa confiance en moi. J'essaye de lui faire avaler un bout et elle finit par craquer devant ses biscuits préférés. Je n'ai pas envie qu'elle ait le ventre vide toute la matinée. 

Elle passe la matinée entre les toilettes et le canapé. Je passe une main fatigué sur mon visage, je ne vais jamais m'en sortir. 

L'heure du rendez-vous arrive enfin et nous filons chez le médecin malgré ses cris et ses pleurs. Je crains que la salle d'attente n'émette des envies de meurtre envers elle tant elle se fait bruyante, impossible de la calmer. La fatigue, la maladie et la haine du médecin l'ont transformé en un diable sur pattes. 

Une fois passés, le verdict tombe. 

"C'est une gastro-entérite, elle doit rester au chaud pendant trois jours, elle pourra aller à l'école vendredi. Je vais lui prescrire des médicaments.

Trois jours ? Gastro-entérite ? Qu'ai-je fait pour mériter un pareil traitement ? 

- Elle ne doit pas du tout sortir ? 

- Le moins sera le mieux, elle doit se reposer. Une maladie bénigne s'aggrave vite chez une enfant de cet âge. Vous avez quelqu'un pour la faire garder ? 

- Je n'irai pas au lycée le temps qu'elle guérisse, je crains de ne pas avoir d'autre solution. 

- Je vois... Dites-moi Nathaël, vous m'avez tout de même l'air très fatigué. 

- La nuit a été courte. 

- Je m'en doute mais n'en feriez-vous pas un peu trop ? 

- Peut-être...

La fatigue me submerge très vite ces derniers temps et je sens bien que je faiblis. Pourtant, je n'en ai pas le droit. 

- Je vais vous mettre un arrêt de travail de deux semaines. 

- Quoi ? Mais non !

- Il faut prendre soin de vous jeune homme. Profitez-en pour reprendre du poil de la bête, si vous ne prenez pas une petite pause maintenant, vous risquez gros. Je n'apprécierai pas d'apprendre que vous avez fait un malaise ou un burn-out. 

- Je suis fatigué mais je suis en état de travailler. 

- Plus pour longtemps si vous continuez ainsi. Sur ce, voilà votre arrêt et l'ordonnance pour cette adorable fillette."