Chapitre 16
Je sors de l'appartement sans oublier de fermer à clé derrière moi. Il est midi moins cinq. Je descends devant et découvre sans surprise que Jo-Ann est déjà là, c'est bien son genre d'arriver en avance.
"Ce n'est pas ton genre d'être en avance.
- Mais je sais que c'est le tien, je ne voulais pas te faire attendre.
Je lui fais bise, comme à notre habitude et nous nous dirigeons vers le centre-ville.
- Qu'est-ce qui te fait envie ? demande-t-elle dans la rue bondées de restaurants ou fast-foods en tout genre.
- Sushis ?
- Va pour sushis.
- Sauf si tu préfères autre chose.
- Non, j'adore ça."
Nous rentrons donc dans le petit restaurant, très chaleureux et tenu par un couple adorable. Nous nous asseyons dans une table au fond, dans un coin, cela m'arrange car je n'aime pas étaler ma vie à la vue d'inconnus.
Nous passons commande et bavardons de tout et de rien mais j'ai l'impression que Jo-Ann n'est pas naturelle, elle semble nerveuse. Mon cœur bat plus vite que d'habitude même si je fais semblant de rien.
"De quoi voulais-tu me parler ? finis-je par craquer alors que nous entamons l'entrée.
- De nous...
- Je tiens d'abord à m'excuser d'avoir flirter avec toi en sachant que ma situation n'était pas simple.
- Tu n'as pas à t'excuser pour ça, ta situation n'est pas si catastrophique... Bon si, elle l'est un peu mais tu as l'air de plutôt bien gérer, je trouve.
- Merci.
Je lui adresse un petit sourire.
- J'avoue que j'ai été une peu choquée de cette nouvelle, je n'avais aucune idée de tout cela et je ne l'avais pas inclus dans mes scénarios en tout genre...
- C'est sûr que ce n'est pas une chose courante, désolé de vous avoir inquiété.
J'ai l'impression que nous tournons un peu autour du pot mais je préfère la laisser aller à son rythme surtout que je redoute ses paroles chaque fois qu'elle entrouvre les lèvres.
Nous continuons de manger et d'échanger des banalités, Jo-ann tapote du bout des ongles sur la table.
- Je pense que tu sais ce que je ressens pour toi... J'aimerai savoir ce qu'il en est de ton côté.
Je lâche ma phrase d'une traite et elle relève brusquement la tête vers moi, je détourne le regard. Je suis gêné et cela se voit à mon plus grand désarroi. Ses doigts frappent plus fortement la table, signe qu'elle est n'est pas à son aise.
- Je ressens la même chose, tu le sais aussi. Seulement...
- Seulement ?
- Hier soir, j'ai parlé de ta situation à mes parents. J'espère que tu ne m'en veux pas mais j'ai l'habitude de tout leur dire, nous sommes très proches. Ils ont dit qu'ils respecteraient mon choix mais qu'ils n'aimaient pas l'idée que je me mette avec toi, que j'avais toute la vie pour trouver un mari, un père de famille et que je ferai mieux de profiter des mes années lycée de façon légère avec des relations pas prises de tête. Ils pensent que sortir avec toi, devoir concilier tes horaires de boulot, tes sœurs, leurs écoles et leurs rendez-vous pour réussir à se voir ça m'agacera vite. Qu'il est trop tôt pour une relation aussi sérieuse. Je crois qu'ils ont aussi peur que je sois "embarqué" dans ta vie et me retrouve avec plus de responsabilités.
- Je les comprends, ils ont peur que tu grandisses trop vite en me fréquentant. Après tout je suis plus âgé, je travaille beaucoup et je gère déjà une famille alors que tu es lycéenne, que tu n'as jamais travaillé et que tu es encore dépendante de tes parents. Ce n'est pas une insulte, j'aimerai être à ta place, mais il est vrai qu'il y a un certain fossé entre nous.
- Je t'ai toujours trouvé très mature et c'est ce qui m'a plu mais je me demande si tu ne l'est pas un peu trop. Si je ne vais pas passer pour l'idiote qui ignore tout de la vie.
- Jamais je ne te considérerai comme cela et je ne laisserai personne le penser.
- Je suis un peu perdue... Je n'ai qu'une envie, c'est te dire oui, après tout, mes sentiments ne vont pas changer pour cela mais j'ai peur de regretter derrière. Je vais bientôt être majeure et comme l'adolescente que je suis encore, j'espère que mon prochain copain soit le dernier... Avec toi c'est plus compliqué, Haly est si petite...
- Sortir avec moi ne veut pas dire m'épouser, ne te prends pas la tête avec cela... On pourrait profiter de l'instant présent ? On verra bien où ça nous mène.
Elle se tait et plonge son visage dans ses mains. Je prie si fort pour sa réponse. On nous apporte le dessert et elle redresse la tête.
- Je veux bien essayer, j'en meurs d'envie mais...
- Tu ne seras pas forcée à quoi que ce soit, je ne t'en voudrais pas si tu y mets fin alors s'il-te-plaît, accepte.
Elle me fixe dans les yeux.
- Alors j'accepte."
Un grand sourire naît sur mes lèvres et elle rougit en regardant ailleurs. J'ai réussi ! Je l'ai eu ! Certes, j'ai intérêt à la tenir le plus loin possible de mes problèmes mais le fait de pouvoir être en couple avec la personne que j'aime me donne de l'espoir en l'avenir.
Je commençais à croire que je ne pourrai jamais avoir de femme ou d'enfants mais tout n'est pas perdu. Je suis sûr que j'arriverai à la rendre heureuse, je vais tout faire pour.
Nous finissons notre repas en discutant plus joyeusement sans, néanmoins, parler de notre toute nouvelle relation. Sûrement par gêne. Nous quittons le restaurant après avoir bu un café et déambulons dans les rues commerçantes avant d'aller s'asseoir sur un banc.
"Nous pourrons souvent sortir comme ça, le week-end ?
- Oui, mes sœurs sont très autonomes, les jumelles savent cuisiner et elles peuvent s'occuper d'Haly.
- Elles ont aussi l'air très matures pour leur âge.
- Elles le sont. Ne t'inquiète pas de ce genre de chose, s'il-te-plaît.
- J'essaierai."
Je lui souris et lui tend ma main, elle l'attrape en riant et je serre fort sa paume contre la mienne. Nous discutons encore un peu puis reprenons la route jusqu'à chez moi.
Arrivés sur le perron, je la prend des mes bras. J'ai envie de l'embrasser mais l'homme fort que je suis n'ose pas. C'est elle qui prend l'initiative quand nous nous espaçons un peu et j'ouvre de grands yeux interloqués, elle rit et rougit devant mon expression. Je l'embrasse à mon tour et nous nous saluons à regrets, avant de partir chacun de notre côté.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top