Chapitre 1

L'atmosphère bruyante du lycée m'avait manqué. Cette année a été tellement compliqué que je n'espérais pas pouvoir retourner à mon ancienne vie un jour. Néanmoins, j'ai l'impression lorsque je vois la foule amassée devant moi que je réussirai à jouer le rôle d'un lycéen comme les autres. 

Peut-être pourrai-je me faire des amis ? Mêmes s'ils ne sont pas proches, c'est en fait même mieux qu'ils ne le soient pas, cela fait plusieurs années que je n'ai pas traîné avec des gens de mon âge. 

Je connais déjà ma classe mais je préfère vérifier avant de me rendre à ma salle. Histoire de ne pas finir au mauvais endroit le jour de la rentrée. Une fois sûr de moi, je me dirige à grandes enjambées vers ma nouvelle classe. 

Il y aura forcément des gens sympathiques, en espérant qu'ils ne se connaissent pas déjà tous parfaitement. 

Je me nomme Nathaël, plus souvent surnommé Nath', j'ai dix-neuf ans et après une année sabbatique dans mon cursus scolaire, je rentre en terminal pour passer mon baccalauréat. J'ai trois jeunes sœurs dont j'ai la garde depuis l'année passée, nous vivons tous les quatre dans un appartement. 

Que je vous explique : mes parents ont divorcés il y a trois ans, mon père avait la garde à temps complet. Ma mère, après une dernière grossesse compliquée et surtout imprévue, a tout lâché pour partir vivre à l'autre bout du monde, un rêve d'adolescente qu'elle avait refoulé. Elle n'aimait pas le fait d'être mère, après avoir mis au monde les jumelles elle s'était promis de ne plus jamais avoir d'enfant. 

Seulement cela ne s'était pas passé ainsi, elle se rendit compte de sa grossesse trop tard pour avorter. Elle prit donc sur elle encore quelques mois avant de s'enfuir en nous laissant à notre père. 

Cela avait été compliqué de s'occuper d'un bébé sans ma mère mais nous avons tenu tous ensemble, nous étions une famille très soudée, le départ de ma mère nous avait rapproché. 

Mais la vie a décidé que nous n'avions pas assez subi. Notre père nous fut enlevé à la fin de ma première, un cancer qu'il nous a dissimulé jusqu'au dernier moment. Il s'en est excusé sur son lit de mort mais je lui en veux encore de ne pas nous l'avoir dit, nous n'avons pas pu profiter... 

Mes sœurs ont été placées. Je venais d'avoir dix-huit ans, conséquence d'avoir redoublé une classe en primaire. J'ai pris un appartement, un grand appartement. Ma mère a refusé de revenir malgré l'insistance des juges et des assistants sociaux, elle se dit bien plus heureuse dans cette nouvelle vie. 

J'ai demandé la garde de mes sœurs, j'ai arrêté le lycée pour travailler durant une année et mettre de côté même si mon père nous a laissé un bel héritage. Après un an de bataille où mes sœurs ne pouvaient venir chez moi que pour quelques jours de temps à autre, après qu'une dizaine d'assistants sociaux soient passé voir comment cela se passait, après avoir fait mes preuves et prouver mon sérieux, ma maturité devant des tribunaux. 

Je l'ai eu. J'ai eu leur garde. Un cas extrêmement rare, ce jour-là fut sûrement le plus beau de tous. 

Une assistante sociale qui nous encourage depuis le départ continue de passer chaque semaine pour vérifier que tout va bien mais hormis cette petite contrainte, nous sommes libres, libres de vivre ensemble. 

Cette année, la benjamine de la famille, Haly, est rentrée à l'école en maternelle. On m'a donc encouragé à reprendre aussi les cours bien que je possède une autorisation un peu spéciale me permettant de quitter les cours plus tôt ou de les commencer plus tard au besoin. En échange je dois être capable de prouver qu'il était question de mes sœurs. 

Les jumelles, Matylde et Lohann, ont douze ans et font leur rentrée en cinquième au collège. 

J'ai sept ans de différence avec celles-ci et seize ans avec Haly. La raison est simple, mon père a dû longuement convaincre ma mère d'avoir un deuxième enfant car il voulait une fille (deux pour le prix d'une finalement...) et Haly n'était pas prévu. 

Mon père a eu aussi le chic, du moins pour les filles, de choisir des prénoms assez communs mais de s'amuser à en inventer l'écriture. Histoire que tout le monde se trompe en l'écrivant ! Quand les jumelles le lui reprochaient, il se vanter de ne pas avoir fait comme les autres. 

Revenons-en au lycée. 

Personne dans ce lieu hormis les professeurs ne sont au courant et cela me fait un bien fou de respirer un peu. J'ai précisé que je voulais le garder pour moi, espérant ainsi pouvoir m'intégrer. Non parce-qu'un gars qui élève seul trois enfants, ça a tendance à effrayer un peu. 

Je m'assois vers le milieu de la classe, espérant ainsi me fondre dans la masse. Nous sommes une trentaine. La plupart semble se connaître à mon grand désespoir. 

"Bonjour à tous. Je suis monsieur DEVERT. Je connais la plus grande partie d'entre vous... mais pas tous ! Est-ce qu'il y a des nouveaux ? 

Je lève la main en ignorant les regards qui se portent vers moi. Je suis le seul ? Je suis tellement chanceux décidément. 

- Comment t'appelles-tu ? 

- Nathaël. 

- Je compte sur le reste de la classe pour intégrer ce charmant jeune homme ! Maintenant, les choses sérieuses...Le bac !"

Je n'ai pas souhaité retourner au même lycée que celui où j'ai fais mes deux premières années car les gens se seraient posé trop de questions et je n'avais pas créer de liens forts. En plus, cet établissement est plus près de chez nous et de l'école d'Haly. 

Le professeur ne semble pas vouloir s'arrêter de parler, nous réexpliquant tous les détails du fameux examens. Les autres élèves semblent s'ennuyer comme si ils avaient entendu ce discours mille fois, personnellement mes souvenirs n'en sont pas forcément clairs alors je préfère rester concentré histoire d'être à jour. 

L'heure arrive enfin à sa fin et je lâche un petit soupir déprimé. Bien que je sois heureux de reprendre mes études, les cours ne me semblent pas plus passionnants qu'il y a un an. 

Nous enchaînons toute la matinée, je profite de la petite pause pour m'enfuir dans un coin isolé et respirer un peu. J'ai vécu une année entière en ne sortant qu'au minimum et renfermé sur moi et ma famille. Cette foule soudaine me donne mal au crâne. 

La pause de midi arrive enfin, je suis un peu perdu mais les élèves se précipitent tout au même endroit, m'indiquant par la même occasion l'emplacement du self. 

"Nathaël, attends ! 

Je me retourne à l'entente de mon prénom en tentant de paraître naturel au cas où il s'agisse d'un autre Nathaël. Mais bon, mon prénom n'est pas très commun. 

- Oui ? 

Un garçon blond s'approche de moi, il a des yeux très sombres qui ressortent énormément de par sa peau pâle. Il est habillé d'un pantalon gris à petits carreaux et d'un col roulé noir, j'aime beaucoup son style. 

- Je m'appelle Morgan, je suis dans ta classe. Tu connais des gens ici ? 

- Non personne. 

- Et bien ça te dit de manger avec moi et mes potes ? 

- Pourquoi pas, merci."






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