Chapitre Bonus : Un homme brisé
Broyé, sur le sol, je ne sentais plus ni mes jambes, ni mes bras.
Ma vision était floue, la poussière asséchait mes pupilles.
Seul un liquide chaud s'écoulant de mon dos me gardait éveillé.
Tout était assourdissant. Des cris, des pleurs, des hurlements d'agonie me pulvérisaient les tippant. Je n'arrivais pas à voir ce qui se passait autour de moi. C'était le chaos.
Qu'est-ce qui venait de ce passé ?
Où étais-je ?
Un immense trou noir persistait dans mon esprit. J'étais comme un enfant qu'on avait laissé seul, sans repère, sans courage.
J'étais comme un soldat blessé après une bataille, attendant la fin de ses jours.
« Charles ! » Hurla soudainement une voix au loin.
Ce n'était qu'un écho d'outre-tombe, un mirage sans importance, pensais-je.
« Charles, je t'en supplies ! » Continua cette voix.
Une ombre apparaissait au-dessus de moi, créant une agitation soudaine.
« Charles, mon dieu. Il ne faut pas que tu t'endormes. »
Je ne reconnaissais pas le visage de la personne, l'environnement était beaucoup trop trouble.
Celle-ci m'attrapa délicatement avec deux autres personnes pour me relever. Ce mouvement difficile me permit d'apercevoir les décombres qui m'entouraient.
Le plafond s'était écroulé, ne laissant plus qu'un tapis de pierres au milieu de la pièce. Les murs avaient été explosés, créant des passages dangereux avec l'extérieur.
Une morphologie sur le sol m'alerta. De longs cheveux dorés sortaient d'un immense amas de pierre. Une terrifiante vision m'apparaissait, faisant agiter mon corps instinctivement.
« El... El... Éléonore. Balbutiais de plus en plus fort.
- Non ne bouge pas Charles, tu perds beaucoup de sang.
- Éléonore ! » Hurlais-je horrifié.
Mais sa main qui dépassait des gravats était inerte, ne répondant pas à mon appel. Une tristesse et un choc s'emparaient de moi.
Je tournais ma tête dans tous les sens.
Où était-elle ? Pensais-je.
Celle que j'avais voulue sauver coût que coût.
« Pénélope ! » Criai-je agité.
Mais aucune réponse non plus. Était-elle, comme mon amie, sous les gravats, comme un objet sans vie. Ce ne pouvait pas être vrai. Je me refusais à ne pas pouvoir intervenir, à ne pas pouvoir l'aider.
« Pénélope ! » Hurlai-je comme un fou, donnant au passage des coups à mes sauveurs pour me libérer de leurs emprises.
- Tenez-lui la tête. » S'exclama une jeune femme.
Un liquide dégouttant s'écoula dans ma bouche.
Au bout de quelques minutes, mes muscles se détendaient, mon esprit s'évaporait, ne laissant plus que la vision de cette main molle et seule au milieu des décombres.
Une lumière chaude me caressait le visage. Des odeurs boisées me réveillaient de mon sommeil. Je me trouvais dans l'orée d'un bois. Les arbres s'agitaient au-dessus de ma tête, le laissant que des paillettes de lumière éclairer les cimes.
J'entendais de l'eau s'écouler, un clapotis doux et apaisant. Je relevais mon buste et regarder autour de moi.
« Tu es enfin réveillé. »S'exclama une présence derrière moi.
Je me retournais brusquement pour apercevoir la jeune femme. Le souffle m'en resta coupé, quand j'apercevais sa longue chevelure flamboyante briller au soleil. Elle portait une longue robe fluide blanche laissant apparaître ses courbes. C'était un ange ou un démon je ne savais dire. Mais mon cœur lui ne pouvait trahir les sentiments que j'éprouvais pour elle.
« Pénélope... Je...Je pensais que tu étais partie...Dis-je choqué.
- Mais que racontes-tu imbécile ! Où voudrais-tu que j'aille. Rigola-t-elle en me tendant la main.
Je l'attrapais pour me relever. Face à elle, je ne pouvais m'empêcher de regarder son visage.
« C'est un rêve ? Je rêve n'est-ce pas ? M'interrogeais-je.
- Oui cela est possible. » Me répondit-elle.
Elle approcha son visage du mien, pour me déposer m'embrasser doucement.
« Et cela te fait-il toujours penser à un rêve ? Plaisanta-t-elle.
Je l'attrapais pour l'enlacer dans mes bras. Pendant plusieurs minutes, je ne pouvais me détacher d'elle par peur qu'elle disparaisse une fois de plus.
« Jamais plus je ne te laisserai partir loin de moi. Jurais-je à haute voix.
- Je ne vois aucune raison de partie. » S'exclama-t-elle.
Elle passait ses mains dans mes cheveux. Elle était tellement belle, tellement forte.
Soudainement une douleur se propagea dans ma poitrine, m'obligeant à détacher mon emprise.
« Que t'arrive-t-il ?
- Je... Je ne sais pas. J'ai mal dans la poitrine. »
Avec ma main, je compressais le point douloureux pour le faire disparaître.
Brusquement, je m'écroulais sur le sol, réponse à un second mal qui se développait au niveau de mon omoplate gauche.
Pénélope se précipitait pour me soutenir. Mais mon esprit commençait à s'embrouiller.
Tout devenait flou, son visage, la forêt qui m'entourait.
« Non, pas maintenant. » M'énervai-je en attrapant son visage.
Je n'arrivais même plus à distinguer ses cheveux, m'enfonçant dans un profond et douloureux trou noir.
Je me réveillais en sursaut, le corps engourdi et maltraité. Mon buste me faisait affreusement mal. Je reconnaissais mon lit.
Alors tout cela n'avait été qu'un rêve... pensais-je désolé.
Il fallait que je sache. Je me relevais soudainement réveillant une blessure. Un cri d'agonie sortait de ma bouche.
La porte de ma chambre s'ouvrir immédiatement, laissant entrer un visage qui m'était familier. C'était l'amie de Pénélope, Oréna qui nous avait aidés avec Éléonore.
« Il ne faut pas que tu bouges, tes blessures vont se rouvrir. Me conseilla-t-elle en vérifiant mon torse.
- Que lui est-il arrivé ? Où est Pénélope ? L'interrogeais-je inquiet.
- Je pense que le sérum n'agit plus. Je vais t'en refaire.
Elle s'éloignait, mais je lui attrapais le bras rapidement.
« Je n'en ai que faire de mes blessures. Répondis-je. Je t'en supplie. Où est Pénélope ?
- Charles tu savais le risque...
- Dit-le-moi ! Je veux l'entendre de vive voix. Persistai-je.
- Elle...
Elle me regardait avec des yeux pleins de tristesse, hésitant à me dévoiler la suite de sa phrase.
« Elle est morte, Charles. » Finissait-elle.
Elle me serra la main avec empathie et sortie, me laissant seul.
Je m'écroulais sur le lit, heurté pas ce que je venais apprendre. Je me vidais complètement, ne sentant plus aucune émotion dans mon corps comme si cette blessure interne m'avait achevé.
Je n'arrivais pas à imaginer ne plus jamais la revoir. C'était impossible. Elle n'avait pas le droit de me laisser, j'aurais dû la sauver, pas la tuer.
Mon cœur n'était plus qu'un organe, ne battant que pour irriguer mes muscles.
Des jours, des semaines durant, alors que mes blessures se refermaient doucement les unes après les autres. Je restais seul dans mes appartements, dans le silence le plus total.
Rien ne me redonnait goût à la vie. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus. Seuls mes rêves auprès d'elle me gardaient encore en état. Je n'avais pas vu Henry depuis plusieurs semaines. Je n'étais même pas allé à l'enterrement d'Éléonore.
Je me noyais dans mes rêves, voyant toujours les mêmes images d'elle dans sa robe blanche au milieu de la forêt. Je n'avais maintenant plus que cela.
Elle n'était qu'un souvenir hantant mes nuits, hantant ma vie.
Une souffrance sourde me possédait comme un démon et je ne pouvais m'en défaire.
Tous les matins, je réclamais à ma soignante se remède qui me plongeait dans mes hallucinations habituelles. Tous les matins je laissais le liquide s'écouler dans ma gorge et me transporté dans un autre monde.
Un matin, Oréna changeait mes pansements quand elle s'exclama joyeusement :
« On ne verra bientôt plus que des cicatrices. Tu vas être remis sur pied.
Elle s'approcha de la table pour récupérer toutes les fioles vides.
« Tu n'en as plus besoin, la douleur doit être devenue supportable.
- Non ! M'exclamai-je. J'en ai besoin, il faut que tu m'en redonne.
- Charles, c'est uniquement pour la douleur, ce remède peut avoir des effets secondaires.
- Non, c'est faux ! J'ai mal, il m'en faut encore. »
Malgré mes revendications. Elle récupérait toutes les bouteilles.
« Non ! Non ! Arrête ! Dis-je en m'écroulant du lit pour la stopper.
- Charles, j'ai fait durer cela le plus longtemps possible... Tu penses que je n'ai pas remarqué que tu l'appelais tous les jours dans ton sommeil. Ça te fait du mal. Il faut que ça cesse.
- Je me fous de ce que tu penses, ramène en moi. M'exclamai-je.
- Tu t'es vu, Charles. Enfermé toute la journée à penser à elle. Elle n'est plus là, il faut que tu te relèves. Tu penses qu'elle aimerait te voir gisant dans tes remords. Ressaisis-toi ! Où est passé le Chevalier qui l'avait conquis autrefois. »
Face à ses paroles, je ne savais quoi répondre.
« Moi, je sais ce qu'elle penserait. Elle aurait honte. »
Je voyais des larmes couler sur son visage.
« Honte que tu ne sois même pas allé à son enterrement. »Me jeta-t-elle en plein visage.
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