Chapitre XIX - L'examinateur
Mélody se trouvait dans une grande étendue d'herbe verdoyante. Le soleil brillait de mille feux dans le ciel azur. Elle lisait, assise par terre. Son roman racontait l'histoire de deux jeunes amants durant le réveillon de Noël. Quelqu'un arriva derrière elle et obstrua sa vue de ses petites mains potelées. Surprise, elle se retourna pour tomber nez à nez avec une petite fille aux cheveux roux et aux yeux noisette.
— Leya chérie, appela Aelia de l'intérieur d'une grande maison, maman Mel a besoin d'un peu de calme, elle s'est occupée de toi toute la matinée. Viens m'aider à faire des cookies pour l'école.
La petite tira la langue à Aelia et alla se blottir dans les bras d'une Mélody hilare. L'aveugle s'approcha. Elle vola un baiser à Mélody après s'être assise à sa hauteur. Elle commença ensuite à chatouiller l'enfant.
— Miss Basilias, debout ! cria le gardien depuis le couloir.
Mélody se réveilla en sursaut. Elle s'assit directement dans son lit pour ne pas prendre le risque de se rendormir. Elle n'était pas sûre d'apprécier la tournure que prenait ses rêves ces derniers temps – car il ne pouvait s'agir que de cela ! De plus en plus souvent, elle préférait Aelia à Noah et avait même une fille avec elle. Étrangement, l'enfant s'appelait toujours Leya. Chaque fois, elle vivait dans le monde humain. Il allait falloir qu'elle pose des questions à Regina !
Une fois ses idées remises en places, Mélody se leva. Elle fila à la salle de bain pour se doucher puis mit son uniforme en vitesse. Une fois fin prête, elle engloutit son petit déjeuner. Dans moins d'une heure, elle avait cours avec la mère d'Adriel et elle ne tenait pas à arriver en retard une nouvelle fois. La dernière fois lui avait suffi. Elle ne voulait pas retourner à l'infirmerie.
***
Mélody arriva au pas de course devant la salle de classe de Celicia. Elle remit ses cheveux en place, vérifia que ses vêtements n'étaient pas trop froissés, puis poussa la grande porte. L'immense pièce était faiblement éclairée par le lustre pendant au plafond. Le sol glissait. Il venait probablement d'être ciré. Dame Aplistia, assise derrière son bureau, releva la tête et souffla d'exaspération en voyant son élève. Après un moment qui dura une éternité, la professeure se replongea dans le dossier qu'elle examinait auparavant. William arriva peu après. Il alla se positionner près d'un chandelier éteint. L'adolescente le rejoignit pour le saluer.
Celicia ne se décida pas à les saluer ou même à leur adresser la parole. Mélody commençait à avoir mal aux jambes à se tenir droite. Elle se tourna vers son camarade, dans le fol espoir de recevoir une explication. Le cours aurait dû commencer au moment où il avait passé le pas de la porte ! William lui fit les gros yeux et elle en déduit qu'elle devait juste se tenir correctement et attendre. Peut-être que Dame Aplistia se vengeait de leur dernier cours...
Quelques coups retentirent finalement à la porte.
— Monsieur le directeur ! Vous savez pourtant à quel point je déteste les retardataires, rouspéta Celicia après avoir ouvert la porte.
Un homme haut comme trois pommes entra, suivit de près par Daenerys. En se voyant, les deux Dames grimacèrent, mais se saluèrent poliment tout de même. Le directeur était un homme vraiment petit, mais aussi très large. Il avait une démarche claudicante. Très peu de cheveux garnissaient son crâne. Des lunettes rondes étaient posées sur son gros nez. Elles agrandissaient ses yeux globuleux. Mélody se demanda ce qu'il faisait ici.
— Et qu'est-ce qu'elle fait là ? Ajouta Celicia avec dégoût.
— Je suis désolé pour le délais, Licia, intervint un autre homme en entrant à son tour. Sa Majesté m'a retenu au palais plus longtemps que prévu.
La mère d'Adriel vira au cramoisi. Elle bredouilla une excuse devant le sourire carnassier de Daenerys. Ses iris émeraudes brillaient de contentement. Le nouveau venu ricana. Il ressemblait aux membres de la famille Aplistia. Ses longs cheveux blancs comme la neiges étaient tressés en une longue natte pendant dans son dos. Sa peau était très pâle. Ses iris bleu céleste exprimaient une immense froideur. Une cicatrice traversait son visage. Il portait les vêtements d'un ace, mais, dans sa main, à la place d'une dague, se trouvait un livre. Malgré son apparence froide, il dégageait une aura plutôt douce et chaleureuse, comme Adriel.
— J'imagine que je n'ai pas besoin de vous présenter, blagua le directeur.
Il se mit à rire, pensant probablement que sa blague était drôle, mais s'arrêta vite lorsqu'il comprit que personne n'était de son avis. Mélody ne comprenait pas, ne sachant l'identité du nouveau venu. Elle se doutait qu'il devait s'agir de l'examinateur royal dont William lui avait parlé ce week-end, mais ne connaissait aucunement son identité.
— Miss Basilias, Monsieur Rhan, les apostropha Daenerys, voici Xadrel Aplistia, l'examinateur de Sa Majesté. Il va vous observer aujourd'hui.
Celicia lui lança un regard noir, comme si présenter son mari était un privilège qui aurait dû lui revenir. Xadrel remercia Daenerys d'un hochement de tête.
— Commençons par les bases, déclara-t-il. Une valse !
L'examinateur frappa deux fois dans ses mains et une musique lente en trois temps démarra. Celicia pâlit. Elle voulut parler, mais il la fit taire d'un geste sec. Mélody put voir l'air rieur de Daenerys. Elle n'eut pas le temps de se poser de questions sur la tension entre ses professeures car William s'approcha d'elle. Il exécuta une révérence digne des princes dans les films. Elle sentait les regards peser sur elle. Stressée, elle copia ce qu'elle avait vu de nombreuses fois dans des films. Celicia ayant été absente jusqu'à ce jour, elle n'avait rien appris de l'étiquette.
— Suis moi, murmura William, et laisse la musique guider le rythme de tes pas.
Mélody acquiesça. Elle se laissa porter et commença à profiter. En fin de compte, elle aimait bien danser. La musique était agréable.
— Tu te débrouille bien, la félicita William avec le sourire.
— Merci ! Il faut croire que j'ai un don, railla-t-elle.
Elle osa jeter un œil au groupe d'adulte pour avoir leur avis aussi et remarqua rapidement que la tension entre les deux femmes ne cessait d'augmenter.
— J'ai entendu qu'elles se détestent à cause du meurtre des Afosíosi, lui expliqua William. La mort de la famille de Lyn a fait beaucoup de bruit. Daenerys était proche d'eux, tandis que les Aplistia sont sûrement les coupable. Mais vu que Seth a fait passer ça pour un accident, personne ne sait rien de précis.
Mélody n'eut pas le temps de remercier William pour ses explications qu'elle fit un bond dans le temps. Elle atterrit à Oblivion, dans l'aile du palais dédiée aux aces. Pour une fois, elle ne sentait pas la transpiration. Elle sourit, heureuse que, sans le savoir, la femme de ménage ait sauvé son odorat.
Elle avança à pas lents dans le pavillon, à la recherche de ce que son pouvoir voulait lui montrer. Oramata allait probablement expliquer les circonstances de la mort des Afosíosi. C'était la dernière chose à laquelle elle avait pensé.
Soudain, quelqu'un la bouscula. Mélody rouspéta, mécontente. La personne s'excusa tout en continuant son chemin. L'adolescente écarquilla les yeux et se retourna, choquée. Une petite tête brune continua son chemin, l'air vraiment pressée. La semi-elfe ne comprenait pas comme cet enfantvenait de la bousculer. Elle apparaissait pourtant toujours sous forme de fantôme ! Et personne ne pouvait lui répondre, car personne ne pouvait l'entendre.
— Tu es nouvelle ? s'enquit une petite voix en revenant à sa hauteur. Oh ! L'uniforme de l'Académie ! Tu étudies là-bas depuis quand ? Mon frère y est entré en début d'année. J'aimerais tant pouvoir y aller dès maintenant ! Au fait, moi c'est Noahlyna Afosíosi et toi ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
Mélody regardait l'enfant surprise. Jamais elle n'avait vu son amie parler autant et aussi vite. À croire que ce n'était pas la même personne. Mais ce qui l'effrayait le plus, c'était que Noah lui adressait la parole alors qu'elle ne devrait même pas être là.
— Tu es muette ? Ou alors, peut-être que Sa Majesté t'a coupé la langue parce sue tu parles trop... il m'a déjà menacé de faire ça ! Mais maman s'est fâchée contre lui et il ne m'a plus jamais rien dit. Quand maman se fâche, il faut pas la contrarier ! Je sais ! Je vais t'emmener voir maman ! Tu vas voir, elle est super gentille.
Mélody était trop choquée pour répondre. Comment était-ce possible ? Jamais elle n'était entrée en contact avec quelqu'un aussi longtemps, sauf quand Regina en avait décidé ainsi !
La petite Noah la prit par la main pour la tirer à travers les couloirs. L'adolescente l'observa, mue par tant d'énergie. Son amie avait les cheveux attachés en deux couettes basses. Elle portait des vêtements normaux et non son habituelle combinaison d'ace. Elle était encore très petite. Elle ne devait pas avoir plus de huit ans.
Noah continua sa course. Mélody était essoufflée d'avoir traversé la moitié du palais au pas de course.
— Noahlyna, il me semble que Seth t'as déjà demandé de ne pas courir dans le palais ! gronda Regina.
Mélody se stoppa net, mais n'osa guère se retourner. Sa tante risquait de la gronder. Elle lui avait pourtant dit de ne pas entrer en contact avec les gens dans ses visions. Heureusement, la reine ne lui accorda aucune attention.
— Qu'est-ce que tu cache dans ta main ?
— Rien, rigola Noah. Elle est un peu grande pour que je la cache dans ma main ! Votre Majesté, je vous présente... c'est quoi ton nom encore ?
Mélody ne répondit pas, tétanisée. Elle ne devrait pas être là !
— Oh, c'est vrai, elle est muette !
— Noahlyna, ce n'est pas drôle, se fâcha Regina.
— Mais...
— Ça suffi ! s'écria la reine.
Ses yeux virèrent au rouge un court instant. Noah recula, effrayée. Regina reprit rapidement le contrôle. Elle s'excusa, puis demanda à l'enfant de la suivre. Apparemment, Seth les attendaient dans la salle d'entraînement. Noah lui lâcha la main, déçue. Elle suivit la monarque d'un pas traînant.
Une fois que la monarque et l'enfant disparurent à l'angle du couloir, Mélody se désintéressa de sa vision afin de retourner à la réalité. Celicia allait la tuer pour s'être évanouie durant son cours ! Malheureusement, Oramata en décida autrement. Elle se retrouva propulsée à l'entrée de la salle d'entraînements et les voix de Noah et Regina lui montrèrent qu'elle était restée à la même époque. La petite essayait de convaincre l'adulte qu'elle n'avait pas rêvé son amie invisible et muette.
Une dispute venant de la salle attira les trois filles. Mélody s'approcha de la porte et put observer les événements. Regina en fit de même et se positionna exactement à la même place. L'adolescente frissonna, détestant toujours avoir cette allure de fantôme. Elle se sentit alors aspirée par la reine et ne put retenir un gémissement de terreur. Cette histoire de connexion aux autre allait vraiment l'ennuyer si ça se produisait lorsque quelqu'un entrait en contact avec elle dans une vision !
Mélody commença donc à observer à travers les yeux de sa tante. Noah se glissa devant elle. Elle allait entrer, mais l'adolescente la stoppa sans trop savoir pourquoi. Un mauvais pressentiment.
Trois personnes se faisaient face. Xadrel se tenait debout, d'un côté de la pièce. Il affichait ce même air rieur que Willy lors de sa tentative d'agression quelques mois plus tôt. Face à lui se trouvait une jeune femme aux longs cheveux noirs et aux grand yeux cyan. Elle ressemblait trait pour trait à Noah et Mélody devina qu'il devait s'agir de sa mère. L'homme juste derrière elle avait de court cheveux châtains et des yeux d'un bleu presque blanc. Lui était sûrement le père de son amie. Tous les trois se regardaient en chien de faïence.
— Tu ne peux t'en prendre qu'à toi, Gwen, affirma Xadrel d'un ton assuré. À force de défier le roi, tu ne pouvais que récolter la misère !
— Oh, je t'en prie, rétorqua-t-elle. Seth ne sera jamais un vrai roi ! Ce n'est qu'un guignol avec une couronne trop petite pour son énOrme tête.
— Ça suffit ! gronda son mari. Quelle punition Sa Majesté veut-il lui infliger cette fois ?
— Il paraît que votre couple bat de l'aile ces derniers temps... C'est le sujet préféré des commères pour l'instant !
— Mêle-toi de tes affaires et viens-en au fait !
— Il est courant que les disputent entre ace soient dangereuse. Ça ne surprendrait donc personne si deux grands et féroces combattants tels que vous deux vous blessiez mortellement ors d'une nouvelle dispute, susurra Xadrel avec un sourire carnassier.
Les parents de Noah se mirent en position de combat. L'un dégaina deux dagues, tandis que l'autre un arc et des flèches magiques. Mélody regardait la scène horrifiée. Elle porta une main à la bouche de l'enfant devant elle pour l'empêcher de dévoiler leur position. Rien ne garantissait leur sécurité dans un moment pareil !
— Je vous en prie, calmons-nous ! La raison de votre dispute va arriver dans quelques instants avec la reine. Il paraît que la magie de votre sorcière bien aimée fait aussi polémique ces temps-ci...
Le père de Noah se jeta sur Xadrel, fou de rage. Mélody avait eu raison. Elles devaient partir avant de mourir ! Lorsqu'il reçut un coup au visage, l'examinateur du roi attaqua à son tour. Le combat ne dura qu'une dizaine de seconde. Xadrel évitait facilement les coups, mais Gwen et son mari semblaient affaiblis par une force extérieur. Probablement Seth et sa magie. Xadrel exécuta d'abord le père de Noah avec ses propres dagues. Il lui trancha la gorge sans aucun état d'âme. Vint ensuite le tour de Gwen. Il continua de se battre encore un moment avec elle, jusqu'à réussir à prendre le dessus en la projetant à travers la salle. Elle se releva tant bien que mal, mais il fut plus rapide et son épée rencontra ses entrailles. Elle tomba à genoux, les larmes striant son visage couvert de sang.
— Je t'en... supplie... Laisse... No... No... Noah...
La grande faucheuse l'emporta à son tour. Noah pleurait à chaudes larmes dans les bras de Regina et Mélody. Elle voulut rejoindre ses parents, mais elles l'en empêchèrent en la retenant fermement. La reine finit par partir, libérant l'adolescente de son enveloppe charnelle. Elle tira la petite avec elle, au pas de course, malgré ses veines tentatives de rejoindre la scène du crime.
Mélody se réveilla aussi vite qu'elle était partie. William était penché au dessus d'elle et essayait de la faire réagir. Hors d'elle, la jeune fille se redressa et chercha l'examinateur du roi. Lorsqu'elle le trouva, elle lui lança un regard meurtrier et lui adressa les seules paroles qui lui vinrent à l'esprit.
— Vous n'êtes qu'un monstre !
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Ben voilà, comme ça, c'est dit lol...
En vrai, moi j'aime bien Xadrel ! Faut juste apprendre à le connaitre un peu mieux...
Sinon, comment ça va ?
Perso, je n'ai plus de voix et j'ai la tête comme un sceau 🥴
Vive les soirée karaoké ! 😂
Alors, des avis sur ce chapitre ?
Je vais essayer de republier régulièrement, raison pour laquelle je ne l'ai pas publié direct après écriture. À partir de maintenant, ce sera 1 chapitre tout les jeudi :) Et si j'arrive à la fin du tome 5, alors on passera à 2 !
Sur ce, je vais retourner dormir
Bisous
Emilie
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