Sienna savait qu’elle avait une imagination débordante, mais ce qu’elle voyait ce soir-là dépassait tout ce qu’elle aurait pu rêver – ou craindre.

La journée avait pourtant été ordinaire : un lundi monotone ponctué de cours interminables et de sourires forcés. Adrian avait passé l’après-midi à se moquer gentiment d’elle parce qu’elle avait oublié leur exposé d’histoire. "Tu vis dans un autre monde, Sienna," avait-il dit en riant. Si seulement il savait…

Elle s’était endormie tôt, bercée par la pluie qui frappait sa fenêtre. Mais à minuit, un bruit la réveilla. Pas un bruit extérieur – quelque chose dans sa chambre.

Les battements de son cœur s’accélérèrent lorsqu’elle aperçut une lueur étrange dans son miroir. Elle se redressa, hésitante, et s’approcha.

— C’est quoi, ça ? murmura-t-elle.

Le miroir ne reflétait plus sa chambre, mais un paysage étrange, illuminé par une lumière irréelle. Une forêt sombre, où les ombres bougeaient comme des créatures vivantes.

Elle recula, mais une voix douce, presque familière, chuchota :

— Sienna…

Elle se figea. C’était impossible. La voix ressemblait à la sienne, mais elle semblait venir de l’autre côté.

Un frisson parcourut son échine. Elle aurait dû fuir, crier, appeler à l’aide. Mais quelque chose – une curiosité irrépressible – la poussa à tendre la main vers le miroir.

Ses doigts effleurèrent la surface, froide et vibrante. Puis, soudain, tout bascula. Une force invisible l’attira à l’intérieur, et elle fut engloutie par une lumière aveuglante.

Quand elle ouvrit les yeux, elle n’était plus dans sa chambre. Autour d’elle, la forêt qu’elle avait vue dans le miroir s’étendait à perte de vue. Le silence était lourd, oppressant, mais brisé par une silhouette qui se dessinait dans l’ombre.

— Bienvenue, Élue, dit une voix grave et froide.

Elle se retourna brusquement. Devant elle se tenait un homme aux yeux d’un argent scintillant, enveloppé dans une cape noire.

— Qui êtes-vous ? balbutia-t-elle.

— Kael, protecteur des frontières. Tu n’aurais jamais dû venir ici, mais il est trop tard.

Elle voulut répondre, mais un hurlement déchirant résonna dans la forêt.

— Ils arrivent, dit Kael en dégainant une lame lumineuse. Si tu veux survivre, reste près de moi.

Avant qu’elle ne puisse protester, il la tira derrière lui, et l’obscurité s’anima autour d’eux.