Chapitre 16
- C'est hors de question !
Taisez-vous ! Je veux juste dormir quelques minutes de plus.
- Mais !
Maman, Papa, allez-vous disputer ailleurs.
- Non ! Imagine si quelqu'un apprenait son existence ! On y perdrait tous les deux notre tête ou pire encore.
Comment ça leur tête ? Mais de quoi parlent-ils ?
Avec beaucoup de difficulté, j'ouvris les yeux. Je ne reconnaissais pas le plafond de ma chambre. Lui, qui d'ordinaire était peint en blanc, était désormais en bois naturel. Je tentais de me tourner pour regarder mes parents qui discutaient, mais lorsque mes muscles se contractèrent, une douleur lancinante se propagea à l'arrière de mon crâne, me faisant grimacer et regretter cet effort. J'essayais donc de les appeler, mais ma gorge était atrocement sèche et le son refusait de sortir. J'étais comme prisonnière de mon propre corps ou d'un rêve où je ne pouvais ni bouger ni crier.
- Sira ! Je suis ta sœur, fais-moi confiance, elle ne nous attirera pas d'ennui.
- Tu es si naïve, petite sœur ! Veux-tu vraiment retrouver ta vie d'avant ?
Sira ? Petite sœur ? Je n'étais pas en présence de mes parents, mais de personnes que je ne connaissais pas. Une boule de couleur crème apparu dans mon champ de vision. Feren me regardait d'un air choqué et emplit d'espoir. Puis, il se tourna vers les deux hôtes et lança des cris pour attirer leur attention.
Non ! Tais-toi Feren !
- Qu'est-ce que ? La voix de l'homme semblait se propager dans ma direction.
- Qui y a-t-il, petite créature ? La voix féminine m'était étrangement familière.
Feren agita ses pattes et les posa sur mon menton. Je la regardais d'un air mauvais, mais visiblement, il se fichait bien de savoir ce que j'en pensais, car il continua ses couinements et sautilla légèrement.
- Aerin ?
Comment connaissait-elle mon nom ?
Lorsque je pus enfin distinguer son visage, je compris et un sentiment de soulagement m'envahit. Lilith se trouvait en face de moi, vêtue de ses habituels bijoux d'or et de ses tenues peu habillées. J'étais heureuse de voir quelqu'un qui m'était familier.
Mais que faisait-elle chez moi ? Ça n'avait aucun sens, nous l'avions bien raccompagné à la lisière du mur pourtant.
- Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité.
En sécurité ? Bien entendu que j'étais en sécurité, j'étais chez moi. Elle s'accroupit au pied du lit où je me trouvais et prit ma main cachée sous la couette.
- Je ne suis pas sûr de ce que tu avances Lilith.
L'homme s'approcha et se plaça derrière la démone. Il me regardait de toute sa hauteur et au vu de l'apparence de sa peau, je compris qu'il s'agissait également d'un démon. Il était immense et son corps n'était fait que de muscles. Il portait un haut noir et contrairement à sa soeur, il n'avait presque aucun bijou sauf une paire de boucles d'oreilles sombre au niveau de ses lobes. Ses cheveux étaient courts et de couleur ébène. Ses yeux étaient de la même couleur que ceux de Lilith, mais ils luisaient d'une magie puissante. Ses cornes étaient bien plus imposantes et partaient en arrière. Il était intimidant.
- Ne t'inquiète pas. Je te présente mon frère Sira. Il m'a aidé à te ramener ici.
À me ramener ici ? Soudain, les souvenirs refirent surface. Je me rappelais de tout. Feren qui fuit, moi qui traverse la barrière et la créature qui m'a mordu le mollet. Je tentais de bouger ma jambe en vin et Lilith sembla saisir mon intention, car elle posa une main sur ma cuisse.
- Ne force pas trop, le poison fait encore effet.
Le poison ?
Elle remarqua mon interrogation et poursuivit :
- Tu ne te souviens pas ?
Si je m'en rappelais, mais comment lui faire comprendre.
- Tu as été attaqué par un spectre. Continua son frère. Leurs morsures peuvent être mortelles si elles ne sont pas soignées à temps.
Comment ça un spectre ? Cette créature sinistre était un spectre ? Mais qu'est-ce qu'un spectre ?
Mon regard se posa sur Lilith et je tentai de lui transmettre mes interrogations, mais c'était peine perdue. Je ne pouvais communiquer qu'à l'aide de mes yeux. Je les fermais donc pour organiser mes pensées, mais cette action me faisait simplement comprendre que j'étais épuisée.
- Repose-toi, nous t'expliquerons tout plus tard.
Et je sombrais à nouveau dans le néant.
Le crépitement d'un feu m'accueillit lors de mon réveil. Cette fois-ci, je parvenais à bouger mon corps sans trop de difficultés. J'avais des courbatures dans tous mes muscles, mais je réussissais néanmoins à me redresser.
J'étais seule dans une pièce qui m'était inconnue et dans un monde qui me l'était d'autant plus. Mon regard balaya l'espace et je compris que je me trouvais dans une chambre. En son centre, était placée une table ronde et au mur des trophées en os d'animaux étaient disposés fièrement un peu partout. Une cheminée se situait en face de moi et un arc était exposé juste au-dessus.
Un son étouffé traversait la porte en bois. Je me levais doucement et je dus prendre quelques instants pour apaiser le vertige qui était apparu par ma hâte.
Une fois que mon esprit s'éclaircit, je m'orientais vers la sortie. En quittant la pièce, une odeur parfumée envahit mes sens et me faisait saliver. J'étais affamée.
Un séjour se trouvait devant moi et posé sur un fauteuil, Rhaegal et Feren dormaient profondément.
Lilith et son frère étaient à table, se nourrissant de viande. Sans trop réfléchir, je me dirigeais vers eux et je m'installais ce qui coupa leur conversation.
- Comment te sens-tu ?
La voix de Lilith était apaisante, mais je ne songeais qu'à une chose, m'alimenter et m'hydrater. Elle lisait dans mes pensées et me servait un grand verre d'eau que je bus d'une traite. Le soulagement était instantané et je la remerciais intérieurement. Son frère mit dans mon assiette un morceau de viande que je saisis à pleine main. Le goût envahit mes papilles et la sensation était exquise. Je retrouvais mes forces.
- Doucement, Aerin, tu risques de t'étouffer.
Elle rigolait légèrement face à mon empressement, mais elle ne me retenait pas. Lorsque je commençais à me sentir mieux, je pris le temps de lui répondre.
- Ça va. J'ai mal partout, mais ça va par rapport à tout à l'heure.
- C'est normal, c'est l'un des effets secondaires de la morsure de spectre.
- Cette chose était donc un spectre...
- Oui et tu as eu beaucoup de chance. Intervint son frère. Son ton ressemblait à un reproche et je ne comprenais pas trop pourquoi il réagissait comme ça vis-à-vis de moi.
- Que s'est-il passé après que ce spectre m'ait mordu ?
- Tu es tombée dans les pommes. Répondit Lilith.
- Mais comment m'avez-vous retrouvé ?
- Nous étions partis chasser et nous t'avons entendu. Heureusement, nous sommes les premiers à t'avoir trouvé.
- Comment ça, les premiers ?
- Tes cris ont certainement attiré l'attention de beaucoup d'êtres.
- Ce n'est pas habituel ?
- Pas vraiment. Normalement, seuls les immortels expérimentés en chasse s'aventurent dans les bois, alors quand un cri se fait entendre, les créatures qui hantent la forêt savent que c'est une proie facile.
- Uniquement les êtres stupides s'aventurent là-bas.
Son frère avait une tonalité cassante et il semblait vraiment agacé par ma présence. Lilith porta son regard sur lui et lui fit un avertissement silencieux. Il détourna le regard et souffla bruyamment.
- Peu importe, le principal est que tu sois vivante.
- Pour combien de temps ? Intervint une nouvelle fois Sira.
- Mais qu'est-ce qui te prend à la fin ? Lilith avait haussé le ton.
- Il me prend que la présence de ton "amie" nous met dans la merde ! Qu'allons-nous faire si la reine Nwalcian ou le seigneur Azaelias apprennent qu'elle est ici !
Il se leva hors de lui et se mit à faire les cent pas.
- Pourquoi apprendraient-ils sa présence ?
- Parce qu'ils ont des espions partout ! Il aboya sa réponse et ses yeux brillèrent d'une intense colère. Et si d'une quelconque manière, ils viennent à être au courant, je ne donne pas cher de notre peau.
Sur ces dernières paroles, il prit son manteau de cuir et s'en alla.
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