L'espoir fait vivre

Point de vue de Marie-Rose

Il était exactement 12h30 lorsque Marie-Rose pénétra le seuil de sa maison. Essouflée, elle avait l'impression que sa tête allait exploser et que d'une minute à l'autre, elle finirait étouffer tant que la chaleur lui était insuportable. Dès 7h elle était déjà sur pied pour son travail. S'occuper et enseigner les enfants de bas âge la rendait un bien fou quoique être jardinière n'était pas chose facile, cela la soulageait. Les blagues, les rires enfantins et leurs insouciances lui faisaient oublier ses tracas le temps d'un instant.

Pourtant aujourd'hui tout semblait aller de travers: Marie-Rose s'était levée avec une drôle impression, un sentiment d'incertitude. Elle qui toujours ponctuelle s'était fait gronder par le directeur pour son retard, les enfants étaient beaucoup plus agités que d'habitude et hurlaient pour un rien. Sa patience était mise à l'épreuve et elle dut prendre sur elle pour ne pas les taper ce qu'elle fesait très rarement. D'autant plus, elle s'était trouver sans un sou pour prendre le tap tap au moment de partir. Résignée, elle avait pris la route à pied sous le soleil piquant pour rentrer à la maison.

Marie-Rose soupira et se laissa tomber sur la chaise en paille la tête dans ses mains. Elle jetta un regard circulaire sur la pièce servant de salle à manger et de cuisine à la fois. Tout était propre et bien rangé: Une table se trouvait au milieu entourée de six chaises, sur la nappe crème qui le recouvrait deux couvres-plats séparée par un pot de fleurs multicolores en bois l'embellisaient. Le vaisselier était en face de la table coller au mur et à gauche il y avait un meuble orné de fleurs, de bibelots et autres objets décoratifs. Dans un coin, le réchaud à gaz sur lequel se trouvait un panier rempli d'ustensiles de cuisine, occupait une place moins considérable. Le mur peint en rose était décorée de photographies de la famille  rappelant des bons moments. Tout était calme et le silence des lieux confirmait que sa fille était partie après avoir fait le ménage.

Avec un sourire triste, Marie- Rose regarda la photographie de son mari. Habillé d'un tee-shirt gris et d'un jean noir, un franc sourire éclairait son visage. Son coeur se crispa à la vue de l'homme qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer et que la vie lui avait injustement enlevé. Elle se rappela à quel point elle était heureuse à ses côtés. Tout était facile avec lui et complètement différente de la vie qu'elle menait maintenant.

Elle se sentait solitaire. Fini le temps des distractions et de sortie entre familles, elle vivait que pour sa fille et travaillait sans répit pour elle. Dans quelques minutes elle devrait aller à l'hopital pour son travail d'infirmière et elle ne voyait pas avec quelle force elle le ferait. Mais elle devrait le faire car elle ne pouvait joindre les deux bouts et subvenir à ses besoins et celui de Martine même avec deux jobs. Elle massa ses tempes tout en se disant qe deux comprimés feraient l'affaire et seraient suffisant pour la remettre sur pied et
lui permettre d'affronter la vie comme il le fallait.

...

Debout devant l'embrassure de la porte, Martine regardait sa mère d'un air désolé. De là où elle était, elle pouvait voir son visage de profil ainsi que les cernes qui ornaient ses beaux yeux grands. Elle n'avait jamais pris l'habitude de l'observer et maintenant qu'elle le faisait un tristesse sans nom s'empara d'elle. Celle ci qui d'habitude gaie semblait à bout et désespérée. Un instant elle eut peur qu'elle meurt comme son papa mais elle s'efforca de ne pas y penser et chassa cette idée.

De temps à autre, sa mère massa ses tempes et ce simple geste l'inquiéta davantage et la rappela que c'était à elle de prendre soin d'elle à cet âge et non l'inverse sinon les conséquences risqueraient d'être grave. Brisant le silence elle lui demanda d'un ton radouci:
- Maman tout va bien?

Celle ci sursauta au son de sa voix, se tournant vers elle, elle esquissa un faible sourire puis hocha la tête.

- Tu as déjà mangé? Continua t'elle- je t'ai laissé de la nourriture sur la table.

- Merci, je mangerai tout à l'heure, je vais d'abord prendre un bain et me préparer pour aller à l'hopital.

- D'accord. Dit elle en se déplaçant pour aller dans sa  chambre. Sa mère avait l'air mélancolique et elle savait plus que quiconque que ça signifiait qu'elle pensait à son père. D'habitude elle lui tenait compagnie mais aujourd'hui elle se disait qu'il serait préférable de la laisser seule avec ses pensés, mais sa mère l'appela avant qu'elle eut le temps d'y pénétrer.

- Martine?

- Oui

- Tu as trouvé quelque chose?

Elle savait exactement de quoi sa mère parlait et aimerait tellement lui répondre affirmativement. Mais elle n'avait encore rien trouvé et lors de sa dernière demande au CID, le monsieur qui lui avait recu l'avait simplement écouté se contentant de lui poser certaines questions puis de lui dire qu'il verrait ça avec le directeur et s'il était d'accord il la rappelerait, ce que bien sûr elle en doutait.

- On a promis de me rappeler le plus vite possible, répondit elle tout simplement. Sa mère prise d'une soudaine espoir exclamma "un Dieu soit loué'' avant de rentrer dans sa chambre. Martine ravala sa salive, elle aurait préféré que sa mère n'y croit pas trop, afin de ne pas être décue, mais de toute façon elle ne pourrait rien changer à son destin sinon de s'accrocher à une espérance d'une vie meilleure, après tout ne dit on pas que l'espoir fait vivre.

*

Assise sur un tabouret, Martine fixait son verre d'un air absent. Rien n'attirait son attention, pas même la musique rythmée et les personnages qui bavardaient gaiement à ses côtés. Les lumières multicolores éclairaient l'espace, les chaises toutes décorées de couleur or allaient parfaitement aux différentes boules de cristaux suspendues. Tout était bien rangé avec une certaine raffinité, et de là où elle était s'offrait une belle vue extérieure.

Il régnait une telle ambiance qu'elle dut s’avouer que son état était au plus bas pour ne pas y profiter et que la tentative de Sarah fut vaine. Car celle ci ne s'était pas fait prier pour réaliser ses dires. Effectivement, son amie était venue la chercher pour la soirée de détente dont elle parlait et aucun de ses arguments n'étaient assez convaincaint pour qu'elle reste chez elle. Elles étaient allées dans un chic resto et la soirée entre fille aurait pu être une réussite si son amie n'avait pas juger nécessaire d'amener son copain. Elle savait que c'était pour l'inciter à en trouver un autre. Comme pour la rappeler les sorties à quatres qu'elles faisaient lorqu'Alex était encore dans sa vie. Mais ce fut un échec de plus puisqu'elle jouait celle qui ne comprenait rien.

Sarah et Robert se trouvait à quelques mètres d'elle. Ils semblaient si sereins que Martine enviait un peu leur rire et leurs oeillades. Mais ses pensés étaient concentrés sur un sujet plus délicat autre que l'amour. Elle réflechissait à son idée d'ouvrir une petite boutique si elle n'obtenait pas le poste. Après tout, elle n'avait rien à perdre et se debrouillerait pour trouver l'argent afin de démarrer son projet.

Perdue dans ses pensées, elle remarqua à peine les tourteraux qui étaient venues la rejoindre et s'installer à ses côtés, que lorsque Sarah la reprocha.
- Je ne t'ai pas amené ici pour que tu restes dans un coin. Secoue toi un peu on dirait une vielle!

- Laisse la tranquille chérie, peut être que c'était pas une bonne idée et qu'elle voulait rester seule, d'ailleurs tu sais pas ses tracas. Répondit Robert d'un ton plus compatissant.

- Non tu as tort. S'être fait largué et ne pas trouver un job n'est pas la fin du monde voyons!

- attends, elle n'a pas de travail? Je savais pas, pourquoi tu me l'avais pas dit Sasoue?

- Je te l'ai dit!

- non

-bien sûr...

Calmement, Martine regarda les jeunes couples se discuter sur son sujet comme si elle était absente. Elle sourit en remarquant à quel point Sarah soutenait qu'elle avait dit à Robert qu'elle était chomeuse. Elle savait que son amie n'allait pas admettre le contraire même si elle avait tort et que Robert lacherait l'affaire en se déclarant coupable pour éviter de prolonger cette discution inutile. Elle vut juste lorque celui ci dit d'un ton fatigué:
- D'accord, on laisse tomber. Dis moi Martine, as tu déposé ton CV?

- oui. Au CID récemment.

- ah très bon choix! Je peux t'aider à trouver cet emploi, tu sais que je travaille là bas. Le directeur et moi est en quelque sorte ami, je peux lui glisser deux trois mots à ton sujet. Qu'en penses tu? Tu verras, il acceptera c'est quelqu'un très sympathique et compréhensible.

- Ah ce sera  la délivrance! S'exclamma Sarah. Au moins cela évitera les rides qui se forment à son visage tant qu'elle cogite. Je souhaite et suis sûre que tu trouveras ce poste puisqu'il y a pas plus qualifiée que toi.

Martine aurait aimé que ce soit le cas. Mais elle en doutait car elle savait que les adjectifs utilisés par Robert pour caractériser le directeur n'était pas convenable. Elle se souvenait de ce qui s'etait passé la dernière fois et fut encore plus sceptique. Pour encourager ses amis, elle esquissa une faible sourire et dit d'un ton pas trop convaincaint.

- Espérons le!

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