Comme dans la tanière d'un vers géant:
Taïnam avait gagné le prix «meilleur orthographe, syntaxe et grammaire» du concours d'écriture.
Et ça.
Ça le faisait chier.
Il aurait voulu LE prix, celui de la poésie, celui récompensant les textes se lisant comme des caramels fondant sur la langue. Mais il avait eut celui là. Le prix des têtes d'ampoules et des binoclards qui savent épeler des mots compliqués et faire une phrase au en utilisant les bons temps.
Le garçon repensa à ses mots.
Il avait parlé de sa mère.
De sa beauté.
De ses petits pains qu'elle vendait dans une jolie boulangerie.
Du voile qu'elle mettait en un éclair le matin.
De son rire immense.
De sa voix quand elle chantait une berceuse.
Son papa était mort.
«C'est comme ça Taïnam, ça arrive. »
Elle disait tout le temps ça.
Comme si c'était juste une affaire d'assiette cassée.
C'était arrivé il y avait six ans.
Il laissa sa tête tombait contre la vitre du métro.
Il aurait bien aimé parler de lui.
Mais à l'époque il n'était qu'un tout petit enfant et il se souvenait de quoi?
Des grandes mains.
Une barbe.
Un amour pour le café noir.
Pas grand-chose.
Pas assez pour remplir tout une feuille.
Il souffla et un rond de buée se dessina sur le verre.
Le métro ne bougeait plus.
Taïnam pesta.
Durant des années et des années ce vieux dédale n'avait plus servis à rien.
Et puis on l'avait réhabilité, on avait invité des artistes à décorer les murs, des ingénieurs à créer des métros aux courbes épurés et des courageux à buter les abominations présentes dans les tunnels.
Son papa avait fait partie des chasseurs.
Et il était mort.
Pas durant une journée de travail, juste en traversant le rue.
La petite voix ne retentit pas.
Le gamin leva la tête.
Rien.
D'ordinaire il y avait toujours cette petite annonce leur annonçant qu'ils étaient immobilisés et les remerciant de leur patience.
Là.
Rien.
Et les gens.
Le wagon était plein à craqué mais.
Pas un bruit.
Pas une protestation.
Taïnam releva la tête.
Tout autour de lui.
Des statues.
«Putain...faut que j'raconte ça aux autres. »
Les autres c'est Momo, Gaspard et Elif, ses meilleurs potes, même la dernière qui était une fille ce qui, aux yeux des trois gamins de dix ans représentaient un sérieux handicap. Mais elle compensait cela en frappant plus fort que tout le monde dans un ballon et en répondait trois fois plus vite que les autres aux questions de géographie. Un jour, Taïnam espérait qu'elle devienne son amoureuse, même si cela restait très flou et que parfois il avait un peu l'impression que Gaspard aussi aurait pu faire un amoureux acceptable, malgré qu'il soit tête à claque parfois.
Doucement il bougea un pied.
Un deuxième.
Il était debout.
Debout au milieu d'un temps arrêté.
«C'est géant. »
Il n'osait pas parler très fort.
Et ne savait pas très bien quoi faire.
Son regard fut attiré par les sacs des autres voyageurs mais il se baffa mentalement.
Un jour il avait volé une boule de gomme dans une épicerie.
Quand maman l'avait apprise elle l'avait traîné chez le commerçant pour qu'il présente ses excuses et paye le bonbon. S'en était suivi un long sermon et une bonne punition.
Son regard dériva dehors.
Le métro était arrêté à une fourche et il ne pouvait s'empêcher d'imaginer son père.
Avec sa tenue de chasseur et ses armes.
Il le voyait tenait une épée immense et vêtu d'une côte de maille, mais il n'était pas stupide, il savait qu'en réalité cela avait du être beaucoup plus banal.
Restait-il des montres dans les couloirs ?
On racontait que durant la guerre des humains, des plantes et des animaux avaient été transformé en des choses horribles et que beaucoup c'était réfugié dans ici, sous terre. Mais ils étaient tous mort, n'est-ce pas ?
Un frisson parcouru sa colonne vertébrale et il se fraya un chemin jusqu'aux portes.
Il tâtonna un instant mais finis par réussis à les ouvrir et sauta dehors.
Il faisait froid et un sale vent courrait dans le tunnel.
Taïnam ferma son sweat jusqu'en haut et enfonça sa tête dans ses épaules.
Cette année maman avait changé de travail et elle rentrait plus tard, du coup elle lui avait offert un téléphone, pour les fameux au cas où. C'était un modèle que l'enfant jugeait préhistorique, mais il y avait au moins une lampe d'intégré et à ce moment précis ça l'arrangeait.
Portable en main il marcha.
C'était banal.
Et fabuleux.
Des simples rails comme on en voyait partout.
Et des dessins sur les murs.
Des trucs vieux.
Il s'approcha de l'un d'eux et déchiffra une date.
Ça datait de l'avant guerre.
Il se souvenait d'un vieux livre de science-fiction, avec un vers géants sur une planète lointaine et il se fit la réflexion que la tanière de ce monstre devait ressembler à ce qu'il visitait en ce moment.
D'ailleurs.
N'avait-il pas entendu quelque chose ?
Quelque pas quelque part dans le noir ?
Il tendit l'oreille.
Rien.
Son estomac se noua.
Il valait sans doute mieux revenir.
Remonter dans le train.
Ce n'était pas de la couardise.
Tiens, couardise, c'était peut être le prix du vocabulaire qu'il aurait du gagner après tout.
Non c'était être responsable.
Il revient sur ses pas.
C'était cela.
Responsable.
Il avait dix ans, il était grand et se perdre dans ces couloirs étaient stupide, un bêtise de bébé.
Un grondement retentit.
Il se mit à courir.
La fourche se dessina, se précisa, fut là.
Pas de métro.
Le grondement se fit plus fort.
Merde.
Le temps était reparti et le métro aussi.
Sans lui.
Hello les gens!!
Qui c'est qui a du retard alors même que les nouvelles sont déjà écrites?
Vi c'est votre boulet favoris!!
J'espère qu'elle vous a plu, perso c'est une de mes favorites!! Merci à celleux qui commentent, ça me fait super plaisir!!
La prochaine se nommera Le choix et contiendra les TW suivant: suicide, dépression, harcélement scolaire
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