Chapitre I

-Mademoiselle ?
Je sursaute et reviens à la réalité, sous le regard interrogateur du professeur.
-Oui ?
-Pouvez vous me dire d'où vient le terme de monarchie « absolue » ?
-Heu...
Je me souviens avoir entendu vaguement ce mot lors de mes années de collège, mais l'histoire n'a jamais été mon point fort. D'habitude les professeurs ne m'interrogent pas, je suis la seule élève qui ne parle pas, affalée sur son bureau, je me suis toujours dit qu'ils devaient avoir pitié. Apparement le remplaçant n'a pas le même point de vue que ses collègues. C'est décidé, je ne l'aime pas.

Le « monsieur devant le tableau » tapote son bureau du bout des doigts, s'impatientant de mon silence.
-Alors ? me questionne t-il encore une fois
Je pose mon stylo pour lui répondre, prenant un air béat :
-Je ne sais pas
Il lève les yeux au ciel et se tourne de l'autre côté de la salle.
-Oui ? demande t-il à un élève du premier rang
-Le terme de monarchie absolue vient du Latin « absolutus » qui signifie « délié, détaché, libre ». Le monarque absolu est à partir de la Renaissance le prince qui règne sans rendre de compte, en toute liberté.

J'en reste bouche bée. Pour la première fois depuis des siècles, je lève les yeux de mon bureau et regarde en direction du nouveau dictionnaire de la classe. Mais qui est ce garçon ? Avant aujourd'hui je ne l'avais jamais vu. Faut dire que je ne connais pas la moitié des visages présents dans cette salle, j'avoue m'être désintéressée des personnes de type humain depuis un long moment.
Bien évidemment toute la classe ( sauf moi ) applaudit le petit génie.

La sonnerie retentit, à mon grand soulagement, vers la fin des exclamations.
Il ne me faut pas une directive de plus pour attraper au vol mon sac et filer vers la sortie.
Si je me dépêche, je serais chez moi dans une vingtaine de minutes. Je traverse le couloir à grands pas et m'arrête devant le mur de casiers, cherchant des yeux mon petit cadenas d'un noir de jais. Ah ! Le voilà ! D'un tour de clés je délivre mes livres à présent rangés dans mon sac et referme la porte métallique juste avant qu'on me lance un :
-Surprise !!
Non, ce n'est pas exactement ce qu'il a dit mais du moins c'est ce que son expression a laissé paraître.
-Alors on apprend pas ses leçons ? (m'a t-il demandé mot pour mot)
Mon cerveau met un petit temps à réagir et lorsque mes neurones sont en place je n'arrive à articuler qu'un bref :
-Ouais
Je lui tourne le dos et m'éloigne.
-Ah d'accord, c'est sympa les conversations avec toi, dit-il en me suivant.
Voyant que je ne réagis pas il reprend le fil de son petit monologue :
-Au fait moi c'est Liam et toi ?
Ellie, je pense très fort. Je m'arrête de marcher brusquement, me retourne vers la première personne qui me parle depuis des mois et lui répond :
-Liam j'aime bien, ça me rappelle Stephen Frears.
Et je finis ma course, claquant la porte de la sortie de secours dans mon dos.

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