L'air de la nuit était épais et lourd, comme chargé d'une menace silencieuse. Cléo, vingt ans, faisait sa dernière ronde dans les allées désertes du zoo. Ses longs cheveux brun-roux attachés à la hâte retombaient en mèches lâches sur ses épaules. Son corps élancé, enveloppé dans une tenue de travail pratique mais légèrement trop grande, dégageait une grâce naturelle. On lui disait souvent qu'elle avait une beauté singulière, presque fascinante, qu'elle balayait d'un haussement d'épaules. Elle aimait trop la tranquillité des animaux nocturnes pour se soucier de son apparence.

Ses pas résonnaient doucement sur les dalles de pierre humides. Elle s'attarda devant le nouvel arrivant : une louve noire, immense et majestueuse, qui l'observait en silence depuis le fond de son enclos. Les yeux de la bête brillaient d'un bleu glacé, perçant l'obscurité avec une intensité presque surnaturelle. Cléo frissonna sans comprendre pourquoi.

— "Tu es magnifique, toi..." murmura-t-elle en souriant, touchée par la noblesse sauvage de l'animal.

Puis, la sensation désagréable d'être observée la frappa. Elle se redressa, en alerte, et balaya les environs de sa lampe torche. Personne. Mais ce frisson qui courait dans son dos ne la quittait pas.

Quelques minutes plus tard, alors qu'elle approchait de la volière, une ombre sortit de l'obscurité.

— "Pas un geste."

Le canon d'un pistolet scintilla à la lumière de sa lampe. Cléo retint son souffle, le cœur battant à tout rompre. Un homme se tenait devant elle, un bonnet tiré bas sur son visage et un sourire menaçant accroché à ses lèvres.

— "Fais exactement ce que je te dis, sinon ça va mal finir pour toi."

— "Pourquoi... pourquoi vous faites ça ?" balbutia Cléo, incapable de masquer sa panique.

L'homme s'approcha d'un pas lent, sa silhouette imposante l'écrasant de sa présence.

— "C'est ton patron qui m'intéresse, mais toi, t'es juste au mauvais endroit. Dommage pour toi."

La peur enserrait sa gorge comme un étau, mais son instinct lui hurlait de fuir. D'une main tremblante, elle fit mine d'obéir, reculant lentement, son esprit en ébullition. Puis, sans prévenir, elle jeta sa lampe torche en direction de l'homme et se mit à courir.

— "Merde !" jura-t-il avant de tirer.

La balle siffla près de son oreille. Son cœur battait à un rythme effréné alors qu'elle s'élançait à travers le zoo, ses chaussures frappant bruyamment le sol. Chaque pas de l'homme derrière elle résonnait comme un compte à rebours fatal.

Les enclos défilèrent autour d'elle dans un flou indistinct. Elle courait à toute vitesse, zigzaguant entre les chemins tortueux. Son souffle se faisait court, et ses jambes commençaient à brûler. Elle savait que si elle ne trouvait pas un abri rapidement, l'homme la rattraperait.

— "Je vais te trouver, petite garce !" rugit-il dans la nuit, sa voix emplie de rage.

Cléo atteignit la zone des félins mais trébucha sur une racine et s'effondra au sol. La douleur pulsa dans son genou, mais elle n'avait pas le temps de s'apitoyer. Elle se releva, titubante, et entendit l'homme se rapprocher dangereusement.

Alors qu'elle atteignait une barrière, désespérée, elle la trouva fermée. Elle tenta d'escalader, mais l'homme surgit derrière elle et l'attrapa par la taille, la plaquant brutalement au sol. Cléo se débattit, hurlant, mais il l'immobilisa d'une main ferme.

— "T'es finie, ma jolie."

Mais au moment où il levait son arme, un grondement sourd fendit la nuit.

Cléo tourna la tête et aperçut une silhouette noire jaillir de l'obscurité. La louve.

Elle se jeta sur l'homme, toutes griffes dehors, ses crocs claquant avec férocité. L'homme n'eut même pas le temps de tirer avant d'être renversé. La louve planta ses crocs dans son avant-bras, l'obligeant à lâcher son arme dans un cri de douleur. Il se débattit, mais la bête le maîtrisa sans pitié, ses yeux bleus brillants de rage.

Cléo, toujours à terre, regardait la scène avec stupéfaction. L'animal semblait animé d'une volonté protectrice. La louve bondit à nouveau, cette fois vers la gorge de l'homme, mettant fin à la menace d'un coup rapide et implacable.

Le silence retomba brusquement, seulement troublé par le souffle rauque de la louve. Cléo la fixa, le cœur battant encore à tout rompre. Le corps de l'agresseur gisait immobile, sa vie s'échappant dans la terre.

La louve tourna lentement la tête vers Cléo, ses yeux bleus perçant la nuit. Mais dans ce regard, il n'y avait ni menace ni danger. Seulement une étrange sérénité, comme si elle savait exactement ce qu'elle avait fait.

Cléo se redressa lentement, toujours sous le choc, ses jambes tremblantes. La louve recula de quelques pas, puis disparut dans les ombres comme un fantôme, ne laissant derrière elle que le silence.

Quelques minutes plus tard, le hurlement des sirènes brisa la tranquillité oppressante. Les lumières bleues et rouges des véhicules d'urgence inondèrent les allées du zoo. Des policiers et des pompiers accoururent en direction de Cléo.

— "Tout va bien, mademoiselle ?" demanda un officier en l'aidant à se relever.

Elle hocha la tête, encore trop secouée pour parler.

— "Un animal vous a sauvée ?"

Cléo ouvrit la bouche, mais aucun mot ne vint. Elle jeta un regard vers l'endroit où la louve avait disparu, comme pour s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé.

— "Oui... Une louve. Noire, avec des yeux bleus."

Le policier fronça les sourcils.

— "Une louve ? Je croyais que vous n'en aviez qu'une et qu'elle venait d'arriver..."

Cléo ne répondit pas. Elle savait que cette louve était différente. Elle n'était pas simplement un animal. Et alors que le zoo retrouvait peu à peu son calme, elle sentit un frisson parcourir son échine.

Le mystère de cette rencontre la hanterait longtemps. Peut-être que, d'une manière ou d'une autre, cette louve l'avait choisie, comme une alliée silencieuse au cœur des ténèbres.

Bienvenue sur un tout nouveau projet ! Cette histoire s'écrira en parallèle au "Comte de Minuit". 

Je suis enthousiaste à l'idée de vous partager cette aventure et j'espère sincèrement qu'elle vous saura captiver. Chaque mot, chaque personnage, et chaque rebondissement ont été pensés pour vous offrir une expérience de lecture enrichissante. Je vous souhaite une excellente découverte et une lecture pleine d'émotions.

A bientôt