Chapitre 21

Assis sur une chaise, accoudé a une table dans une pièce aux murs de marbre blanc, j‘observais silencieusement les deux lits en face de moi. Dès que nous nous étions posés sur le toit du quartier général du G.R.A.D, en pleine nuit, des médecins avaient tout de suite emporté Charly et Marine dans la pièce où je me trouvais. Ce n‘était pas vraiment une infirmerie. Cela ressemblait plus à une chambre d‘hôpital. Pendant qu‘une infirmière s‘était occupée de Marie et moi, les deux autres s‘étaient apparemment réveillés mais le temps que l‘on revienne, ils s‘étaient rendormis. Et depuis j‘étais là.

Les premiers rayons du soleil commençaient à peine à pénétrer dans la pièce quand quelqu‘un toqua à la porte. Je me levais en silence et ouvris à la blonde qui me souria avant d‘entrer. Elle tira une chaise, s‘asseya à ma gauche et me tendit un verre en plastique que je pris volontiers. Je le portais à mes lèvres et buvais une gorgée du café chaud. J‘attendais un peu, laissant la chaleur se répendre avant d‘en reprendre une seconde, et posais le gobelet sur la table.

Je m‘installais nonchalament sur ma chaise et sentis Marie poser sa tête sur mon épaule. Je ne pus m‘empêcher de sourire. Je passais la main dans ses cheveux soyeux et demandais :

“ Il est quelle heure ?

- Cinq heures et demies environ, répondit-elle. “

Je soupirais et continuer de fixer les lits. Je n‘avais toujours pas dormi et je sentais la fatigue s‘emparer de moi. Je voulais tenir jusqu'à leur réveil mais c‘était de plus en plus difficile. Je pensais que le café m‘aiderais à tenir mais l‘effer avait l‘air d‘être inversé. Mes paupières se faisaient de plus en plus lourdes. Je réprimais un baillement. Alors que je commençais à laisser mes pensées divaguer vers le monde des rêves, la porte s‘ouvrit brutalement, nous faisant sursauter.

“ Bonjour tous les deux, fit Mr Jones en entrant. “

Même tôt le matin, il avait cette allure, cette prestance qui lui donnait tout son charisme. Je reconnus à côté de lui, Kelly Stewart, plus discrète. Ils vinrent se placer devant nous. Mr Jones ré-ajusta sa cravate, sa veste de costard et expliqua :

“ Si nous sommes ici, comme vous vous en doutez, c‘est que nous avons plusieurs choses à vous expliquer. Mais tout d‘abord, nous répondrons à vos questions. Alors ?

- Je me demande toujours comment vous avez fait pour nous trouver, questionna Marie du tac au tac.

- Il ne faut pas oublier que nous avons des personnes très compétentes en terme de recherche. “

Kelly rougit légèrement. Le directeur reprit.

“ Et puis, je suis quand même le chef d‘une organisation mondiale ! Il me faut bien un hélicoptère !

- Euh... Monsieur, ce n‘est pas ce qu‘elle avait demandé, fit remarquer Mlle Stewart.

- Ah ! Euh... Excusez-moi, je me suis emporté. Pas d‘autres questions ? “

La fatigue reprenait le dessus. Je ne comprenais que la moitié de ce qu‘il disait.

“ Hugo ! Pas d‘autres questions ? Hugo !

- Ah, oui ! M‘exclamais-je en m‘asseyant correctement sur ma chaise.

- Bon... vu votre état, nous allons finalement vous laisser vous reposer. Surtout toi Hugo. D‘ailleurs, il y a une chambre qui t‘attends. Nous reparlerons de tout ça plus tard. Et désolé pour le dérangement. “

Il me fit signe de le suivre et je m‘éxécutais. Kelly ne bougea pas et nous laissa sortir, avant d‘aller voir Marie. Mr Jones me mena dans le couloir gris et un peu sombre, jusqu'à une porte un peu plus éloignée de la chambre des blessés. Il l‘ouvrit et m‘invita à y entrer.

“ Reposes-toi bien. J‘espère que tu trouveras tes réponses. “

Sur ces paroles, il me laissa seul sur le pas de la porte, s‘éloignant d‘un pas sûr, disparaissant petit à petit à mes yeux. Je me retournais et découvris enfin la chambre qui m‘étais attitré. Les murs, dans les tons blanc-gris, donnaient toujours cette impression d‘hôpital. Mais cet aspect stérile était aténué par la partie basse des murs qui était peinte en rouge. L‘ameublement était similaire à celui d‘une chambre normale : un lit, une table basse avec une lampe posée dessus, un bureau en bois verni, une chaise et une commode. Tout simplement.

Je me dirigeais directement vers le lit blanc. Je m‘asseyais et savourais le moelleux du matelas. Je jetais un regard autour de moi avant d‘enlever mon blouson, de m‘allonger et de commencer à admirer le plafond. Tout s‘était enchaîné si vite... Finalement, on s‘en sortait plutôt bien. Nous étions tous en vie. Et elle aussi malheureusement. Était-ce pour cela que j‘avais cette boule au ventre ? Parce que je n‘avais pas accompli ma mission ? Honnêtement, je ne saurais pas dire. Il y avait autre chose. Les paroles du directeur me revinrent alors subitement en tête.

Tes réponses, murmurais-je.

J‘attrapais mon manteau, plongeais la main dans la poche et en sortais le petit paquet de papier kraft. La pierre de souvenir... Était-ce de cela qu‘il voulait parler ? Je débalais l‘objet en faisant attention de ne pas le toucher et le fixais quelques instants. Étais-je prêt à me plonger dans ces souvenirs et à apprendre la vérité ?

Résigné à dormir et déterminé, je pris la pierre à pleines mains. Je crus d‘abord que ça n‘avait pas fonctionné. Jusqu'à ce que les meubles et toute la pièce se mirent à se contorsionner puis à tourner comme une spirale infinie. Mais qu‘est-ce que c‘était que ça ?! Affolé, j‘essayais de me réfugier au fond de mon lit quand un point luminiscent apparut en face de moi, au bout de la pièce. Petit à petit, la lumière augmentait et elle finit par englober tout mon champ de vision. Tout s‘arrêta, me laissant seul, dans un vide immaculé. Mais ce n‘était pas fini. La lumière disparu soudainement pour laisser place au vent froid d‘une nuit étoilée. Je baissais la tête et vis que je flottais dans les airs. Cela me mettais un peu mal à l‘aise. Un peu, car j‘avais plus peur ce qu‘il allait advenir de moi. Mon cœur sauta un battement quand je me sentis tomber, l‘air me fouettant le visage. Enfin, je le croyais. Au dernier moment, ma folle descente se stoppa et j‘atteris en douceur, debout sur le sol. Une immense plaine s‘étendait autour de moi, d‘un gris sombre monotone affreux. Mais l‘obscurité était angoissante malgré la lueur froide des étoiles et de la lune. Alors que je me demandais ce que je pouvais bien faire là, des voiw attirèrent mon attention.

“ Par ici, dépêches-toi ! On y est presque !

- Oui. “

Il y avait donc deux personnes non loin d‘ici. Me fiant à mes oreilles, je me mis à marcher dans leur direction. Je me laissais guider par ces sons qui me parvenaient. Je continuais ma route quand soudain, je sentis le sol se dérober sous mon pied. Je reculais d‘un bond en arrière et m‘approchais doucement du rebord du ravin. Finalement, elle n‘était pas aussi grande que je le croyais cette plaine. Je réussi à apercevoir deux silhouettes, celles d‘un homme et d‘une femme. Celle-ci semblait tenir quelque chose dans ses bras qu‘elle voulait protéger à tout prix. Ils s‘arretèrent un moment devant la paroi rocheuse et à mon grand étonnement, ils disparurent.

Je me penchais légèrement et parvint à distinguer ce qui paraissait être l‘entrée d‘une grotte. Intrigué, je me penchais un peu plus. Alors que je me demandais si je devais sauter ces quelques mètres et les suivre ou non, des bruits de pas faisant craquer l‘herbe sèche se firent entendre. Il y avait donc quelqu‘un d‘autre ? Je partais pour me retrouver quand le bruit s‘arrêta. Le cœur battant, je tournais doucement la tête et tombais nez à nez avec... une paire de pieds, nus. Pousser par la curiosité, je relevais la tête, l‘envie de savoir qui était cette personne étant trop forte. Mais je fus comme déçu. Son visage tout comme son corps, était caché sous une longue cape noire. Mes yeux commençaient peut-être à s‘habituer à l‘obscurité mais elle était presque invisible.

À part cela, quelque chose me dérangeais. Ne m‘avait-elle pas vu ou faisait-elle semblant ? C‘était une situation vraiment stressante car à tout moment, elle pouvait me prendre par surprise et s‘en était fini de moi. L‘image de la pierre me revint alors en tête. Mais oui ! J‘étais dans un souvenir ! Donc, je n‘avais logiquement rien à craindre. La tension baissa et le rythme de mon cœur également. Avant que je n‘ai le temps de faire quoi que ce soit, elle se retourna et passa à côté de moi, se fondant dans l‘obscurité. Elle réapparut une poignée de minutes plus tard, devant cette entrée, creusée dans la roche et s‘y engouffra à son tour. Un frisson me parcourut le dos. J‘avais un mauvais présentiment. Je devais aller voir. Je voulais savoir ce qui allait se passer.

Je pris donc la même direction que cette personne en faisant attention à ne pas tomber. Mais c‘est ce qui arriva. Tout d‘un coup, le sol disparut, me laissant glisser à toute vitesse sur la terre. Pris de panique, je criais espérant que quelqu‘un vienne m‘aider. Quand j‘atteris, je fus surpris que ce soit devant la grotte. Je voulais enlever la terre qui s‘était collée à mes vêtements mais quand je passais mes mains, il n‘y avait rien. Évidemment, c‘était un souvenir. Un peu honteux du cri que j‘avais poussé, je fis face au passage rocailleux et y entrais également. Le début de la grotte était sombre, humide et froid. Tout à fait déplaisant. Pas du tout accueillant. Au fur et à mesure que je m‘enfonçais sous terre, je sentais l‘atmosphère se réchauffer et je finis par arriver dans la deuxième partie fe ce couloir souterrain, éclairée par des torches. Je ralentis un peu l‘allure, me sentant beaucoup plus à l‘aise. Je continuais ma route quand un cri aigu résonna contre la roche et me fit boucher les oreilles. Je ne savais pas pourquoi, mais j‘avais envie de courir. Pas pour fuir, bien au contraire. Pour aller faire face au danger et éviter qu‘un drame ne se produise. Puisant dans mes forces à chaque mouvement, je courais à en perdre haleine. Je me hâtais, sans me poser de questions. Je devais y aller. Jusqu'au bout.

Je déboulais à toute vitesse dans une salle éclairée, où je retrouvais ces trois personnes qui semblaient être en conflit.

“ Donnez-moi le bébé ! Ordonna la personne encapuchonnée.

- Jamais ! Répliqua la femme, la terreur déformant son visage qui me semblait familier.

- Eryn... Prends le et va-temps, le portail est prêt. Je m‘en occuperais seul.

- Non, je ne te laisserais pas !

- Vas-y ! Hurla-t-il. “

Des larmes commencèrent à couler le long du visage d‘Eryn. L‘homme s‘avança et fit face à l‘autre.

“ C‘est la dernière fois que je le répète. Prends Hugo et passe le portail. Il s‘adressa à son adversaire : Mesures-toi à quelqu‘un de ta taille. “

Hugo ? Serait-ce moi ? C‘était très probable. Il fallait que je sache la suite.

L‘air provacateur de celui qui devait être mon père cachait une douleur que je ne pouvais comprendre. L‘homme à la cape tendit le bras devant et dit d‘un ton étonnamment calme.

“ Très bien. Je commencerais donc par toi. “

Ils s‘apprêtaient à se battre que la femme posa le bébé au sol et fonça pour s‘interposer entre les deux adversaires. Un éclair de lumière jaillit mais avant que l‘agresseur ai pu faire quoique ce soit, ma mère lui prit le bras et l‘agrippa de toutes ses forces. Elle avait réussi ! Mais j‘étais trop naïf. L‘homme émit un petit rire et sans hésitation, il enfonça directement dans l‘épaule d‘Eryn, faisant gicler le sang tout autour. Non... Je ne voulais pas ça. Oui, c‘était ma mère. Je me sentais comme attiré et rien que de la voir me réchauffais le cœur. Mais pas dans cette situation là. J‘avais l‘impression qu‘un étau se resserait petit à petit sur mon cœur. La raison me ramena à la fatale réalité. J‘allais devoir la voir mourir. Non, je ne voulais pas. Non...

“ Non ! “

J‘avais crié en même temps que mon père. Je sentais les larmes me brûlaient les joues.

“ Fait le toi. Vas-y. Pour notre fils. “

Mon père... Le directeur du lycée... Je connaissais enfin la vérité.

“ Je ne tiendrais pas longtemps, alors vas-y ! “

Il prit le bébé dans ses bras, regardant Eryn pour la dernière fois.

“ Je vous aime ! Cria-t-elle avant de tousser et de se mettre à cracher du sang. “

Un flash de lumière puis je me réveillais en sursaut, transpirant à grosses gouttes. Assis sur le lit, je pris ma tête dans mes mains. Cette dernière image était gravé dans mon esprit : tout s‘effondrait, écrasant ma mère et l‘homme. Maintenant que je savais tout, je voulais tout oublier. Je sentais les larmes qui commençaient à couler quand une main se posa sur mon épaule. Je levais la tête et vis Marie, morte d‘inquiétude, ainsi que Charly, en béquilles, Marine et Mr Jones. Marie me pris dans ses bras. Je me devais d‘être fort. Pour elle.

“ Ça va ? Me demanda-t-elle. Je passais dans le couloir quand je t‘ai entendu crier et... “

Elle n‘eu pas le temps de finir son explication qu‘une énorme explosion retentit, faisant trembler tous les murs. Marie me plaqua sur le lit et tou les autres se mirent au sol. Une fois les secousses terminées, Marine s‘exclama :

“ Mais qu‘est-ce que c‘était que ça ?! “

Personne ne répondit. Tout le monde était dans l‘incompréhension. C‘est alors que Kelly déboula dans la chambre, complètement essouflée.

“ On... on a un énorme problème. “

J‘avais déjà compris. C‘était maintenant un combat à mort. Soit elle, soit moi. Et je ne la laisserais pas gagner. Je séchais mes larmes et me levais, sous les yeux étonnés des autres et je déclarais :

“ Une dure journée nous attends je crois ! Souriais-je. “

Et voilà l‘avant-dernier chapitre d‘Entre Ange et Démon ! Le combat final est pour le prochain chapitre que je posterais le week-end prochain. Merci d‘avoir suivit ette histoire jusqu'au bout. J‘espère que vous apprécierez la fin ! Commentez, votez et on se retrouve le week-end prochain ! ^^

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