Chapitre 7

Vint Vendredi et Ciel se retrouvait à nouveau derrière ce comptoir à attendre les clients qui passeraient la porte. Il était de corvée comptoir ce soir et inutile de dire que ce n'était pas la tristesse. Il aimait ça, installer à pratiquement ne rien faire que bailler.

Mais ça, c'était avant qu'une de ses clientes stupides, comme on en voit souvent dans ce genre de relations clients-employés demander :

- Quel type de café servez-vous ?

Comme si elle n'était pas foutue de lire le tableau noir sur lequel tout le menu était placardé, juste en face de son visage. Ces lunettes ne lui servaient vraiment à rien, notait Ciel en la dévisageant. Toutefois, il finit par lui pardonner. Car en un an deux mois de carrière au café Reverso, il avait eu largement le temps de voir bien pire qu'elles. C'était, celles qui demandaient:

- Pourrais-je avoir un café qui a le même goût que ceux servis au Starbuck ?

Putain si tu veux du Starbuck, va au Starbuck!

Et ça c'était majoritairement féminin. Celles qui se disaient anticonformistes.

Il disait ça, il ne disait rien.

Non pas qu'il était du genre raciste, ou comment dit-on,...misogyne... ou ce n'était pas du au fait qu'il était gay. Mais les femmes, elles étaient bien trop compliquées pour lui. Les blonds, ça a toujours été sa tasse de thé. Sauf peut être celui qui était à ses cotés présentement.

D'aucuns diront qu'il s'attardait un peu trop sur le physique et pas sur la personnalité, vu qu'il en avait vu des culottes baissées. Mais Ciel était d'avis à penser qu'il fallait tâter de plusieurs culs, pour que le bon finisse par tomber dans ses mains. Parce que le cul, ajouté à cette chevelure blé, c'était la perfection. Heureusement que sa tante ne connaissait pas son petit fétichisme du postérieur. Sinon, elle l'aurait rabroué dessus à longueur de journée.

Cependant, juste avant que Ciel ne lance un immense bâillement non dissimilé pour faire clairement comprendre à la cliente aux yeux vitrés combien elle était nulle, il fut interrompu par une voix aiguë qui fit sursauter non seulement lui, mais également la cliente.:

- Ne serais-ce pas l'édition limitée des portes-clé sur l'histoire des bus du Daily Telegraph ?

Ce cri étonnamment perçant venait de Finnian. Et celui-ci saisissant enfin ce qu'il venait de faire, fixa Ciel avant de baisser les yeux embarassés. Ces joues écarlates.

- Je... Je voulais plutôt dire, qu'est-ce que vous voulez prendre ?

La jeune fille cligna à nouveau des yeux, se demandant surement sur quelle planète elle avait atterri, avant de finalement commander un simple café latte.

Elle s'installa au bar et Maylinn lui prépara rapidement son breuvage. Quand elle finit, elle le transmit au blond, qui le transmit à son tour à la cliente.

Finnian derrière ce comptoir semblait aller encore plus mal que d'habitude. Surement à cause de la méga honte qu'il venait de se taper. Il hésitait à continuer sur sa lancée et finalement décidée, il avança vers elle, sous le regard interrogateur de Ciel, surpris que celui-ci aille de lui-même voir quelqu'un et de deux parce qu'il fallait le reconnaître, il était un petit peu curieux face au petit. Va savoir si c'était la couleur de ces cheveux qui l'influençait.

- Je... Je ne voulais pas vous effrayer tout à l'heure. C'est juste que j'adore tout ce qui a rapport avec l'Angleterre. Ma famille vient de là. J'aime tout ce que le journal fait et c'était le bracelet qui manquait pour ma collection sur les transports Anglais.

La fille cligna encore des yeux avant de sourire grandement :

- Sérieusement ? Tu aimes ce genre de choses ?

A ça, Finnian répondit d'un large sourire qui a fait tiquer Ciel en perdant l'équilibre du bras sous le menton.

- Je n'avais jamais rencontré personne qui s'intéressait à ce genre de choses, continua la demoiselle.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Non, je ne veux pas dire jamais jamais. Bien sûr que mes camarades s'y intéressent... Enfin, certains. Après tout, Je suis étudiante en Histoire alors c'est normal. Bon, ça ne justifie pas le fait que je m'intéresse à l'Angleterre. Putain, je ne sais plus trop ce que je dis, bafouilla-t-elle. En fait, c'est la toute première fois qu'un mec aussi mignon me dit s'intéresser à ce genre de choses. Alors je suis un peu troublée. Désolé.

Finnian rougit de plus belle et passa ses mains derrière son cou très gêné. Il ne savait faire que ça le petit.

- Le nouveau a une touche. Savais pas qu'il s'intéressait aux femmes, entendit-il Maylinn lui susurrer à l'oreille, apparaissant de nulle part derrière lui et rigolant sur on-ne-sait-quoi.

- Il ne s'intéressait juste pas à toi Maylinn.

A cette remarque, il reçu un coup de poing à l'épaule avant que Maylinn disparaisse de nouveau à l'arrière boutique, riant comme une déjantée.

Ciel quant à lui, ne put s'empêcher de les observer. Ce n'était pas parce qu'il venait de se rendre compte que le jeune pouvait aligner autant de phrases, seul, sans qu'on ne le lui le demande. Mais c'était parce que plus que tout, Ciel ne comprenait pas le trip sur un porte-clé. La bouffe encore, ça passait. Mais un porte-clé ? Quand même, fallait pas abuser..

Le gamin et la fille se mirent à discuter pour les trente minutes à venir. Ils se questionnaient, rigolaient, se trouvaient pleins de points communs. Et dans tout ça, Ciel était obligé de se taper plus de clients qu'il n'en fallait. Ciel n'aimait pas ça. C'était jusqu'au point où il failli faire un trou dans le mur, lorsque la jeune fille partait et que Finnian l'a rappelé pour lui demander si elle voulait un bon de réduction pour la prochaine fois.

Ah ça, elle lui sourit à nouveau, sortit un stylo de sa poche, prit la main de Finnian, écrivit son numéro gauchement, auquel Finnian répondit timidement.

Dégoûtant !

- L'Angleterre hein, lui a murmuré Ciel quand la fille est partie.

Cela attira l'attention de Finnian, surpris que Ciel s'adressait à lui sans que ça n'est un rapport avec le boulot, puis il regarda ailleurs de nouveau sans répondre, avec un petit sourire que Ciel fit semblant de ne pas remarquer.

Lorsque l'heure de fermeture sonna enfin, Ciel se précipita à l'arrière-boutique tronqué sa tenue de travail blanche pour un tee-shirt marron. Et lorsqu'il ralluma son portable, c'était pour tomber sur une vingtaine d'appel en absence de Sebastian et un de Doll, sa copine. Il le refourra dans sa poche, pas intéressé de rappeler aucun des deux.

Ciel était censé bosser avec Sebastian ce soir. Mais il avait zappé cette séance parce qu'il avait mieux à faire que deux heures de route pour au finalement ne rien faire du tout. Il était temps que Sebastian Michaelis goutte à son propre breuvage, le posage de lapin. Et comme le dirait si bien Ciel, vu que les mots de l'auteur ne seraient pas assez puissants pour exprimer ce qu'il ressentait, '' Il l'emmerdait''.

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Chacun avait un truc à faire ce samedi. Sa tante occupée à son rendez-vous avec son youtubeur blogueur maquilleur fashionista puissance mille, et Ciel finissant sa journée au travail pour rejoindre les autres au Pallanqué.

La route n'a pas été longue avant de se retrouver devant ce vieux bar populaire où les étudiants venaient de temps en temps râler ou draguer. C'était fermé pour la soirée, parce qu'on y avait organisé la fête d'anniversaire de Maylinn. Le bar appartenait à ces parents, sinon vous comprendriez qu'un mineur comme Ciel n'y aurait même pas eu accès.

Avant qu'il ne puisse atteindre la table de nourriture pour laquelle il était spécialement venu en se faufilant à travers chaleur humaine et sueur, une main agrippa son poignet fortement, et la fumée de cigarette s'échappant des lèvres de Maylinn lui gifla le visage. Il toussota, très énervé.

- T'aurais pas vu Finnian ? lui demanda-t-elle.

Ciel répondit non de la tête avant de l'apercevoir à une table, la tête dans son écran, un gobelet en plastique à la main. Le visage de la décolorée s'illumina et Ciel se gifla intérieurement de ne l'avoir jamais remarqué auparavant. La petite Maylinn, s'intéressait au jeune blond. Peu importe leur différence d'âge.

Mais en même temps, elle s'intéressait à tous les mecs plus grands qu'elle qui franchissaient la porte du café. Être célibataire, elle détestait. Et cela expliquait pourquoi elle changeait aussi souvent de petit ami.

Maylinn marcha en direction de Finnian, entraînant par le bras Ciel au passage. Il s'assit au côté des collègues du café, comme si une délégation fut ouverte dans un petit coin de la fête. Les amis du travail d'un côté et les amis en dehors du travail de l'autre.

Tout le monde leur gratifia d'un petit salut, et ils s'installèrent l'un à côté de l'autre. Ciel a même répondu aux salutations de certains qu'il détestait moins que d'autres, comme Marie du Lundi ou George du Mardi.

Ciel se sentait un peu mal à l'aise et compensait son manque en mangeant tout ce qui lui passait sous la main. Il se distrayait en regardant tous ses adultes se trémousser sur de vieux sons rock des années 80 et remercia sa vessie quand elle le supplia d'aller finalement vider le contenu aux toilettes. Il avait hâte de rentrer chez lui. Mais pas avant de se gaver à la table de service qui avait l'air de le narguer depuis son arrivée.

Quand il réussit à échapper au regard de tous, il se dirigea vite fait vers elle, et se servit à bouffer. Puis, il tomba nez à nez avec Finnian, ses grand yeux verts illuminés par un écran bleu de smartphone.

- Je..., commença-t-il, j'en avais un peu marre de rester avec les autres en fait.

Ô, pour une surprise !

Ciel ne répondit pas à sa remarque et plongea une cuisse de poulet entre ses dents. Il était prêt à continuer ainsi, dans le silence le plus complet, quand une chose attira son attention.

- Tu prends de l'alcool ?, demanda-t-il au blond.

Finnian le dévisagea comme pour lui demander '' Oui et alors ?''

- T'es pas un peu trop jeune pour ?

Finnian roula les yeux au plafond, comprenant enfin où Ciel voulait en venir. Et à cela, il était habitué. Il plongea agacé une main dans la poche arrière de son jean et Ciel ne put s'empêcher de jeter un œil à ses fesses parfaitement moulées à l'intérieur. Très intéressant, tout ça.

Il en sortit un portefeuille dans lequel il retira un papier qu'il tendit à l'emo.

- J'ai vingt-et-un ans.

En effet, le jeune homme avait vingt-et-un ans. Et depuis près d'un mois qui plus est.

Ciel cligna de l'œil et cligna encore.

Vingt-et-un ans. Comme dans vingt plus un. Il était si sûr que Finnian était plus jeune que ça. Plus jeune que lui. Il semblait bien trop jeune même pour avoir fini le lycée. Mais en fait, c'était tout le contraire.. En même temps, c'était logique vu qu'il travaillait à plein temps au café. Ciel ne l'avait jamais réalisé avant maintenant.

Finnian retira doucement des mains de Ciel sa carte d'identité et avant qu'il ne puisse la ranger, Maylinn fidèle à son habitude, apparue de nulle part et la lui retira des mains. Puis elle considéra qu'on pourrait fêter un anniversaire combiné et mit tout le monde devant le fait accompli.

Les verres d'alcools se sont enchaînés, forcés la plupart du temps pour Finnian. Et avant qu'ils ne le remarquent, une heure du matin sonnait et tout le monde se préparait à rentrer chez lui.

- Allez, n'cor un verre, fourchait la langue d'une Maylinn saoul, un doigt en l'air et les cheveux en bataille.

Elle n'arrivait plus à tenir sur ses jambes, et ce n'était pas mieux pour le blond penché sur elle.

- Non, a répondu fermement George. Puis il la tira contre lui, ce qui fit perdre l'équilibre à Finnian qui se retrouva le cul par terre. Il jura, surement à cause de l'impact douloureux, mais ne tenta pas de se relever. Au contraire, il voulait même s'allonger sur la voie.

Par pure réflexe, Ciel lui attrapa le bras et l'aida à se relever. Il était le seul sobre de la soirée.

Puis d'un coup Finnian se mit à rire. Et Maylinn en fit de même.

- Ils sont torchés.

Tout le monde se dit au revoir, George raccompagnant Maylinn chez elle, et avant que Ciel ne le réalise, il n'y avait plus personne. Il se retrouva seul, avec un Finnian très, très saoul. Et il les détesta tous. Il ne sortira plus jamais avec eux de sa vie, c'était-il juré.

Ciel le laissa retomber au sol et observa ce corps inerte, espérant que le fait de le fixer le ferait disparaître comme par magie. Mais quand rien ne se passa, il souffla, s'assit aux côtés de la tête de Finnian et fit ce qu'il savait détesterait le plus ce soir : il composa le numéro de Bardloy Rivers à 1h45 du matin.

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