Chapitre 10

Le lendemain, une longue journée attendait le petit Phantomhive. Cours, pause, puis cours. Rien d'inhabituel ne se passa avant que son amie ne fasse une apparition à la pause déjeuner, un plateau végétarien sous les bras.

- Salut Ciel Phanthomhive!, s'approcha-t-elle de lui, faisant une cérémonielle révérence qui ne respectait aucune règle de l'art... selon Ciel.

- Salut Doll freckless !, répondit-il quand même.

- Puis-je m'asseoir à vos côtés ?

- Faites comme bon vous semble...

Elle posa son plateau juste à côté du brun, et éplucha une banane qu'elle goba direct.

- Tu n'as répondu à aucun de mes appels ce week-end.

- J'ai été un peu occupé.

- Ta tante ?

- Non, Red n'a rien.

En fait, il hésitait un peu à lui raconter tout ce qui se passait dans sa vie. Surtout que Sebastian Michaelis lui avait bien fait comprendre qu'il ne voulait en aucun cas que quelqu'un  soit au courant de leur récent échanges amicaux. En plus son amitié récente avec Doll n'était pas si profonde que ça. Le seul moment où il s'était confié à elle sur la dépression de sa tante,-chose qu'il regrettait déjà d'ailleurs - c'était parce qu'il n'en  pouvait plus de garder tout pour lui quand elle avait pour la première fois essayé de se suicider. Mais depuis lors, il était devenu bien plus fort.

Et bizarre bizarre, c'était le moment que celui qui s'obstinait à  vouloir se montrer plus fort que lui, choisit pour arriver à la cantine. Sebastian Michaelis et son indétrônable veste en cuir sur les épaules. Franchement pourquoi faisait-il preuve d'autant de clichés dans le rôle du Bad boy de l'école ?

Lorsqu'il passa derrière Ciel, il l'ignora complètement, allant s'asseoir à sa table habituelle.

- Il est toujours aussi beau, murmura Doll.

- Si tu le dis.

Ça se voyait que ce n'était pas elle qui souffrait le martyre.

- Tu ne veux toujours pas me raconter ce qu'il t'a dit dans cette salle ?

- Rien d'important.

- Ouais, c'est ça. Bon, pour te faire pardonner, est-ce que tu pourrais m'accompagner quelque part ce soir ?

- Je ne peux pas, je sors avec ma tante.

- Tu l'aimes beaucoup ta RED. J'en suis jalouse.

- Tu as des raisons de l'être, répondit Ciel fièrement.

Cet après-midi était le rendez-vous mensuel de Red pour son groupe de soutien depuis qu'elle a côtoyé de très près la mort.

Et à chaque fois, Ciel détestait l'y accompagner. 

Car à chaque fois, RED en ressortait épuisée. Vidée. Sa bonne humeur détruite.  

Par conséquent, Ciel en arrivait à se demander de l'utilité de ses séances.  Mais qui était-il pour juger des méthodes de médecine qui soit disant avaient fait leur preuve. 

- Ça va ?, demanda-t-il à sa tante.

Elle feignit un sourire qui ne passait pas aux yeux de l'emo, mais il ne s'attarda pas dessus.

- J'ai besoin d'aller me rafraîchir, tu m'attends ?

- Oui.

Ciel s'adossa au mur des toilettes, un peu gêné en attendant sa tante en sortir. Puis une minute plus tard, son portable vibra dans sa poche, un message de sa rousse préférée.

Red:         J'ai un petit problème

Ciel:          Lequel ?

Red:          Tu pourrais sortir m'acheter des tampons dans la supérette d'en face ?😃

Ciel:          Quoi ?

La grimace sur le visage de Ciel en disait long sur ce qu'il ressentait. 

Red:        Les anglais ont débarqué sans prévenir.

Ciel:         Ne demande pas cela à un esprit aussi pur que le mien. 

Red:        Qui parle de puretés ? Toi? 😨 Dans quel sens ?

Ciel:         Comme mon prénom. 😉 Tu connaîtrais l'expression ''Ciel pur ?'' 😇

Red:        Ciel... Tu es aussi pur qu'un CIEL en plein Orage. Les périodes sont une chose naturelle et non la rivière sacrificielle de Sang pour Satan.😈 Je peux t'assurer que personne ne pensera qu'ils sont pour toi. Alors va me chercher ces putains de tampons. Je t'achèterai tout ce que tu voudras sur le chemin du retour.

La prenait-il pour un enfant à qui  on pourrait faire tout accepter en lui promettant un paquet de bonbons ? Ciel était bien plus grand que ça. Et se sentait outré que sa tante puisse penser ainsi de lui. N'empêche qu'il s'exécuta en un éclair.

Et après cinq minutes, et une fierté totalement gommée, Ciel se retrouva en plein centre-ville, un hamburger entre les mains.

- Comment tu te sens ?

- Nauséeux. J'ai horriblement envie de vomir.

- Tu peux me le rendre si tu veux, personne ne te force à le manger.

Elle tenta d'arracher des mains de Ciel ce repas durement gagné et il l'évita de justesse. Ils continuèrent ainsi encore longtemps, discutant de tout et de rien, se lançant des piques sans queue ni tête, assis à cette table de fast-food. Leur relation si complice leur faisait paraître un peu fous aux yeux des autres clients. Mais, que serait les hommes sans un certain grain de folie?!

- Je pense inviter Grell à dîner à la maison.

- Ton fashionista roux ?

- Ne l'appelle pas comme ça.

- Je ne l'aime pas vraiment... Il fait très gay.

Red fixa son neveu, arquant un sourcil comme pour dire '' C'est l'hôpital qui se fout de la charité maintenant''

- Je te signale que tu es gay, jeune homme.

- Oui, mais pas le même genre.

- Je pense que quelqu'un est en manque récemment et devient plus grincheux que sa tête de grincheux habituel. T'aurais pas tes règles ?

- Très drôle, vraiment très drôle.

Elle se mit à rire du malheur de celui-ci.

- Et ces fameuses répétitions à cet élève que tu me disais être incroyablement horrible ?

- Ça va.

- Il ne rentre pas dans tes critères de beauté ?

- Même pas. Si tu le voyais. Il est court, bête, obèse et moc...

La vision de Ciel se brouilla un instant car il cru avoir aperçu l'homme court, obèse et moche dont il parlait, par la fenêtre. Il cligna des yeux, les cligna encore et fut soulagé quand il ne vit personne, remerciant sa bonne étoile d'avoir autant de chances. Mais ça c'était avant que...

----------------  

Les roses sont roses. Les violettes sont violettes. Ciel avait des bleus, et être coincé en heure de colle n'était pas ce qui l'aiderait à les faire guérir deux fois plus vite. Il savait que sur le coup il avait exagéré. Mais si c'était à refaire, il souhaiterait leur avoir fait deux fois plus mal.

- Belle tête de constipé qu'on a là, dit un homme au fond de la salle

Ignorance totale de la part de Ciel.

- Tu es là pour quoi ?

- De quoi je me mêle?

- Tu parles à un habitué.

Et il était fier de dire qu'il était con en plus.

L'inconnu vint s'installer face à Ciel, réajustant le bandana qui maintenait ses boucles blondes, et disposant sa chaise comme bon lui semblait.

- C'était juste pour faire la causette. Histoire d'apprendre à mieux se connaitre. Sinon, la baigne que t'as foutue à Phillip était juste...

Soulevant son poing vers le haut, il l'embrassa, faisant un gros bruit de smack. Ce fut à ce moment précis que Sebastian Michaelis et sa tête de gland firent leur apparition- C'était les mots exacts pensés par Ciel. Car à la façon dont il dévisageait le nouvel arrivant, les éclairs dans ces yeux auraient même pu foudroyer Zeus.  Non, en fait il aurait même pu créer à lui seul, toutes les grandes catastrophes naturelles que le monde ait jamais répertorié. Le look dans ses pupilles s'assombrissait encore et encore. Et Nous aurons un putain de blizzard, s'il ne se calmait pas un peu.

Sebastian contourna tout le monde, pas le moins du monde ébranler par tant d'animosités- l'habitude je suppose- et alla s'asseoir au fin fond de la salle, ces jambes disposées en vrac sur le bureau.

- On a beaucoup de nouveaux aujourd'hui. Tu penses qu'il est là pour quoi lui ?

- Je n'en sais rien et je ne veux rien savoir.

- Oh là là...

Il fit des cercles de sa main, telle une diva, son regard passant rapidement de Ciel à Sebastian. Puis de nouveau vers Ciel et il nota :

- Dis moi si je me trompe, mais ce n'est pas l'amour entre vous.

Ciel le foudroya Direct.

- Ok ! ok ! j'ai compris, dit-il en se levant, ça ne l'est pas non plus entre nous.

Il retourna à sa chaise, silencieux le reste du temps. Et ce n'était pas Ciel qui s'en plaindrait. Qu'est-ce qu'il détestait cette journée ! Et tout ça c'était la faute à Sebastian Michaelis. Et dire qu'il avait commencé par le croire un peu moins démoniaque et un peu plus humain. Il s'était bien trompé. Et quand il repensait à ce qui s'était passé il y a deux heures de ça, des envies de meurtre lui couraient sur la peau.

Il aurait dû le sentir venir quand un des jumeaux Gastrat avait comme d'hab renversé son jus de Fraise sur Ciel. Rien de vraiment ingénieux, je vous l'accorde. Franchement. ça n'avait même pas touché Ciel.

Par contre, Celui-ci resta figé quand il cru avoir ouï les mots '' Fils de folle''...

Mais ce fut la suite qui réveilla l'intérêt des profs face à Ciel Phantomhive, pour le juger digne de l'éligibilité à une semaine de colle. En plus, ce fut en cours de Gym, matière à laquelle il était à peu près dispensé vu qu'il ne voyait que d'un œil. Mais Ciel, volontairement, pour la première fois, s'était promis de fournir un brin d'effort. Vu la distance qu'il parcourait pour aller à la maison Michaelis et le martyre qu'il subissait au lycée, il devait s'entraîner un peu. Comme maintenant où ils couraient sur le terrain, pas très fan du cinq cent mètre quand un des jumeaux Gastrat, profitant de l'absence du professeur, lui fit un croche-pied et qu'il  se retrouva par terre, le genou totalement pété..

  Matinée de merde, on vous dit.  

- Mais vous êtes malade vous deux ?, hurla-t-il à leur encontre.

- Tu n'avais qu'à regarder où tu allais. Ce n'est pas notre faute. On va t'aider, tendirent-ils le bras vers Ciel. Mais celui-ci ne le sentait pas du tout. Et ce qu'ils dirent par la suite le lui confirma :  

- Dis Phantomhive, est-ce vrai que ta mère est folle ? 

Ciel a senti son corps s'immobiliser. 

Non, pas ça.

Tout sauf ça.

Mais ils n'en restèrent pas là. 

- J'ai entendu dire qu'elle a tenté de se suicider à plusieurs reprises.

- Que c'était une droguée et une prostituée.

- Et qu'elle t'avait abandonné quand t'étais petit mais qu'elle t'a réadopté récemment.

- Je l'ai aperçu hier. Elle était bonne. Je suis sûr que si je paie bien, elle me...

Et il simula le geste de la fellation. Le geste de trop.

Étrangement, c'était le moment que jugea bon le professeur pour  réapparaître. Quand tout le mal avait été déjà fait.

- Qu'est-ce qui se passe ici ?

- Rien professeur. Il est tombé et nous l'aidions à se relever, Pas vrai Phantomhive ? ricanèrent-il innocemment, ce qui énerva Ciel. Il en avait assez d'être le souffre-douleur de tous. Pourquoi lui ? Avant c'était l'Angleterre. Et maintenant les Etats-unis ? Et on s'en prenait à sa tante désormais?

- On ne me marche pas sur les pieds ainsi. 

 Il se releva et porta une gifle monumentale à un des jumeaux. Pour un coup de fille s'en était vraiment. Mais c'était un coup de fille qui ferait mal à n'importe quel mec. C'était garanti.

La rage rongeait les yeux du géant qui était prêt à bondir sur sa victime. Mais le professeur s'interposa entre eux, pendant que le mouvement de recul de tout étudiant qui se respectait s'était automatiquement enclenché. Ils sortirent tous leur portable de leur poche filmer la scène. Sauf Doll qui se tenait à ces côtés.

- Je vais te tuer Phantomhive.

- Essaie pour voir. Tu ne me connais pas. Personne ici dans ce lycée ne me connait. Alors ne me tentez pas. J'en ai juste marre de vous tous. Vous tous, dit-il en poussant Doll loin de lui.

C'était la goutte de trop. 

Ciel n'était pas en tord.

N'empêche qu'Il sera collé.

Et après ce petit rappel en image dans la tête du jeune brun, il se rendit compte que Sebastian Michaelis n'avait en fait rien avoir avec ce qu'il vivait. Non, en fait si, si on recherchait la genèse de tout ce bizutage inutile: deux corps mal cognés dans un couloir de lycée. Alors il fallait bien qu'il déteste quelqu'un, n'est ce pas? Et autant que ce soit la personne au-dessus de toute cette hiérarchie.

Mais il attendit patiemment, et dès qu'il eut la permission de partir de ce lycée, il rentra chez lui et s'y enferma. Il n'avait plus boulot en semaine vu qu'il avait réussi à remplir son quota manquant.

--------

AN: Bon, après ce chapitre, l'histoire va prendre une autre tournure. Et on verra si c'est la team Ciel-Sebastian ou Finnian-Ciel qui remportera la victoire. Il est temps que j'aille à vitesse grand V.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top