26-Marcher au soleil


Anna et Yann avaient rapidement décidé d'attacher les parapluies aux sangles de leurs sacs à dos. Ils marchaient ainsi constamment à l'ombre, modifiant l'orientation de leurs parasols quand ils changeaient de direction.

En observant la carte et les ordres de mission, ils avaient compris qu'ils devaient se diriger vers une dune qui surplombait les autres : le point de passage se trouvait de l'autre côté de la dame de sable. En tombant sur le premier drapeau marqué des numéros 7 et 8 quelques kilomètres plus loin, ils avaient été soulagés de constater la justesse de leur raisonnement. Même si marcher droit vers le nord-est, position de la dune leur avait d'abord semblé la meilleure solution, ils s'étaient rappelés de leurs cours de survie et s'obligeaient à éviter le sable pour ne pas se fatiguer. Contourner les dunes et marcher le plus possible sur les roches leur faisait faire de nombreux détours mais leur avancée était beaucoup plus facile.

Anna mettait des coups de bombe AY plusieurs fois entre chaque drapeau même si son coéquipier trouvait toujours cela inutile.

-Si on loupe un drapeau, on pourra revenir sur nos pas et prendre un chemin différent. argumenta Anna face au garçon septique.

Après avoir dépassé deux drapeaux, la fatigue commença à se faire sentir. Les deux enfants avaient estimé la capacité de leur gourde à 50cl et s'autorisaient à la remplir toutes les vingt minutes. Ils ne savaient pas si ils trouveraient de quoi remplir leur citerne au prochain point de passage. Même si celle-ci était faite dans un matériau léger et qu'elle était conçue pour être traînée aussi bien sur le sable que sur la roche, la transporter était plus difficile que les recrues l'avaient pensé. La citerne pesait plus de dix kilos et s'ajoutait au poids de leurs sacs à dos, ralentissant considérablement leur progression.

Les enfants ne s'autorisaient que de très courtes pauses afin de boire, de peur d'arriver en retard au point de passage. Ils n'avaient pas encore aperçut le quatrième drapeau alors que l'aiguille de leur montre frôlait les 11h. La chaleur devenait insoutenable, il faisait environ 50°C sous le soleil et l'ombre se faisait très rare. Les deux recrues avaient été plusieurs fois tenté de se mettre en sous-vêtements mais ils savaient que la chaleur n'en serait pas plus facile à supporter. Leurs vêtements leurs collaient à la peau et cette situation était très désagréable. Cependant, ils les conservèrent car les tissus limitaient l'évaporation de la sueur et leur permettaient ainsi d'être rafraichis à chaque coup de vent même si ceux-ci étaient rares. De plus, les couleurs claires de leurs vêtements réfléchissaient la lumière et leurs tissus étaient conçus pour piéger les rayons UV, responsables des coups de soleil.

Des insectes voletaient autour des deux agents mais, à leur grand soulagement, ils n'avaient pas encore rencontré d'animaux sauvages. A chaque pause, ils s'enduisaient de lotion insecticide.

Même si ils étaient rompus à la faim et à la fatigue depuis 97 jours, leurs ventres commencèrent à émettre des protestations quand ils s'effondrèrent au pied du quatrième drapeau. Un rocher leur permit de s'abriter à l'ombre. Yann remplit la gourde vide, but deux longues gorgées puis la tendit à sa coéquipière. Malgré la présence de barres énergétiques dans leurs sacs, ils se retinrent de manger. Dans le désert, ce n'était pas une priorité. De même, ils évitaient de parler et respiraient par le nez en dépit de leur envie d'ouvrir la bouche.

-On devrait déjà être arrivés. dit Anna en constatant avec effroi qu'il était déjà 11h15 sur sa montre.

-Il nous reste un kilomètre. répondit Yann pour la rassurer.

-Il faut qu'on se dépêche, ça devient impossible de marcher sous cette chaleur.

Les deux enfants étaient arrivés au pied de la dune et ils n'avaient d'autre choix que de l'escalader. leur rythme de marche en fut considérablement ralenti mais ils finirent par atteindre le haut en 15 minutes. Yann se jeta au sol dans l'objectif de rouler jusqu'en bas de la dune mais il se brûla avec le sable. Les agents descendirent donc prudemment en évitant de toucher le sable. Ils marchèrent encore quelques minutes et finirent par atteindre leur objectif : une maison qui avait servi d'abri pendant plusieurs semaines à un photographe animalier des années avant que cette portion du désert ne devienne inaccessible.

A l'intérieur de l'abri, ils découvrirent une citerne d'eau de quinze litres. Ils terminèrent leur gourde puis ouvrirent les citernes portatives. Elle étaient toute deux remplies à la moitié car ils avaient alterné entre les deux pour remplir leur gourde afin de s'alléger l'un et l'autre. Anna réunit l'eau restante dans une même citerne tandis que Yann fouillait dans son sac pour en tirer un paquet de nouilles précuites et des barres protéinées. La jeune fille remplit sa citerne, dans laquelle il restait encore un litre d'eau, grâce à la réserve de l'abri.

-Il nous reste quatre litres, constata Anna, ça devrait suffire.

Yann s'approcha de la table au milieu de l'abri en constatant que quelque chose y était posé.

-Anna ! s'exclama t'il. On a oublié de faire le test d'hydratation.

Les deux agents décidèrent que leur taux de déshydratation n'était pas préoccupant et manipulèrent la radio pour entrer en communication avec les instructeurs sur une fréquence cryptée.

-Numéro 7 à instructeur. A vous. commença Yann.

-Instructeur Pike, je vous reçois fort et clair, numéro 7. Comment s'est passé le voyage ? A vous.

Yann jeta un coup d'œil outré à sa coéquipière.

-Bien, nous ne souffrons pas de déshydratation sévère, numéro 8 et moi. A vous.

-Très bien, il y a de la nourriture dans une glacière et vos ordres de mission sont sur la table. Terminé.

-Terminé. finit Yann tandis qu'Anna allait déjà chercher la glacière. Elle en sortit de la viande sous vide alors que Yann déchirait l'enveloppe contenant son ordre de mission.

Anna trouva une bouteille de gaz qui lui permit de faire chauffer de l'eau dans la casserole qu'ils avaient emportée. Elle prépara le repas que le binôme savoura tout en traduisant leurs ordres de mission.

-Donc, on doit atteindre le prochain point de passage avant 7h demain matin. résuma Anna. Il est situé à 72 km au nord-nord-ouest de notre position. C'est une tente de l'armée que l'on reconnaitra grâce aux drapeaux rouges plantés autour. Là-bas, on disposera de toute l'eau qu'on veut donc on peut épuiser nos citernes. Des drapeaux sont toujours plantés tous les 3kms on doit donc en compter vingt-quatre.

Yann acquiesça puis les deux amis se déshabillèrent et s'aspergèrent avec l'eau du déjeuner qui avait refroidi. Ils s'essuyèrent sommairement avec leurs vêtements qu'ils firent tremper dans un peu d'eau avant de les étendre. Enfin, ils sortirent leurs duvets et se couchèrent côte à côte à même le sol. Malgré le soleil qui tapait fort dehors, les recrues ne tardèrent pas à s'endormir.

***

A 15 heures, la montre d'Anna sonna, réveillant les deux enfants endormis. Un quart d'heure plus tard, c'est la montre de Yann, programmée par sécurité, qui retentit, mais les agents étaient déjà levés. Ils plièrent leurs duvets, lurent une dernière fois l'ordre de mission, remplirent leurs gourdes et avalèrent une barre énergétique. La réserve d'eau contenait encore un litre qu'ils firent couler dans leur casserole et burent tour à tour.

-On n'aurait du garder les sacs-poubelles finalement. fit Yann en considérant l'eau qu'ils se forçaient à boire.

Anna approuva mais il était trop tard. Le binôme avait revêtu des uniformes propres bien que les autres soient secs. Yann avait argué qu'il serait préférable d'attendre le prochain point de passage où ils pourraient laver correctement leurs uniformes avant de les remettre. En fouillant l'abri, ils avaient aussi trouvé des pulls qu'ils jugèrent bon d'emporter pour leur marche nocturne.

Vers 16h, alors que la chaleur commençait à retomber, les recrues ressortirent de leur abri pour affronter le soleil. Pour économiser l'eau, ils avaient décidé, après calcul, de remplir leur gourde toutes les 40 minutes. Cependant, ils s'étaient laissé une marge de 4 litres car ils savaient que tôt ou tard, ils finiraient par rapprocher leurs remplissages.

Ressortir sous le soleil après avoir passé quelques heures à l'ombre s'avéra difficile mais, heureusement pour les deux recrues, la température diminua au fur et à mesure de leur progression.

Après plusieurs heures de marche ils purent observer un magnifique coucher de soleil.

-Si seulement j'avais un appareil photo. plaisanta Anna.

Yann sourit en continuant d'observer l'astre rougeoyant qui disparaissait derrière les dunes. Cependant, la disparition du soleil diminuait aussi la visibilité bien que les instructeurs aient soigneusement vérifié la présence de la lune en cette période. Celle-ci était pleine, offrant une luminosité non négligeable aux agents. Ils disposaient de lampes torches mais ils n'en connaissaient pas l'autonomie aussi préférèrent-ils les allumer ponctuellement quand ils avaient besoin de consulter la carte ou de vérifier qu'un chemin était dégagé. De plus, ils craignaient que la lumière attire les animaux sauvages.

La température devint vite supportable, ce qui permit à Yann et Anna d'adopter un rythme de marche plus soutenu malgré la fatigue. Ils remplissaient désormais leur gourde toutes les 30 minutes.

Trois heures après le coucher du soleil, ils firent une pause prolongée au pied d'un drapeau.

-Je sais qu'il faut éviter de manger dans le désert, mais j'ai vraiment besoin de reprendre des forces. dit Yann en ouvrant le cadran de son bracelet.

Anna, qui avait déjà appuyé sur le bouton, approuva et retira son sac pour l'ouvrir. Elle piocha deux barres énergétiques, une pomme et un sachet de fruits secs.

-Je n'ai pas le droit à une pomme moi ? rigola Yann en saisissant la barre de céréales que lui tendait la jeune fille.

-Tu sais qu'il faut éviter de parler aussi, dans le désert ? ironisa Anna en guise de réponse. Son coéquipier se mit à rire tandis qu'elle souriait, fière de sa réplique.

Yann prit une pomme dans son sac et se servit en fruits secs dans le sachet de son amie. Ils savourèrent leur repas en silence pendant quelques minutes puis partagèrent la fin de la gourde.

Anna écoutait le bruit de l'eau qui coulait dans le récipient que Yann remplissait quand elle se rendit compte qu'elle frissonnait. La jeune fille fouilla dans son sac et en ressortit le pull qu'ils avaient trouvé au premier point de passage.

-Ca commence à se rafraichir. commenta t'elle en l'enfilant par-dessus ses vêtements légers.

Son coéquipier approuva en refermant la gourde puis il revêtit son propre pull. Les deux enfants restèrent encore de courtes minutes à se reposer, assis sur le sable, désormais tiède, du désert algérien, avec la lune pour seul éclairage, loin de toute civilisation. Anna pensa, pour la première fois depuis longtemps à ses amis restés au campus, à Hugo, à Nathan et à ses parents. Qu'auraient-ils dit en voyant leur fille de 10 ans, se démener seule ou presque, au milieu du désert, dans le but d'obtenir un tee-shirt gris ? Ce tee-shirt était pourtant sa préoccupation principale depuis 97 jours et si elle comptait l'avoir, elle devait atteindre dans les temps le deuxième point de passage.

-Il faudrait qu'on y aille. affirma la jeune fille en consultant sa montre. Sa langue maternelle lui était venue naturellement en pensant à ses parents.

Yann se leva et les deux enfants reprirent leur marche nocturne dans le désert.

***

Quand le soleil se leva, les corps des deux français étaient épuisés. En effet, pour profiter au maximum de la fraîcheur de la nuit, ils avaient encore accéléré le rythme. Il leur restait deux heures de marche, ils avaient assez d'eau et d'ailleurs ils n'étaient pas vraiment assoiffés, en revanche ils avaient faim mais s'interdisaient de manger. Pour économiser leur salive, ils n'avaient échangé que quelques mots durant leur longue marche nocturne mais ne pouvaient pas prétendre s'ennuyer. Leur esprit et toutes leurs forces étaient concentrés dans un seul but : avancer.

Quand Anna aperçut le dernier drapeau avant leur objectif, elle ne put retenir un sourire de soulagement en pressant le bouton sur son bracelet. Yann en profita pour ouvrir la citerne de sa coéquipière et vider l'eau restante dans la gourde.

-Je détiens notre dernière source de vie. fit-il sur un ton dramatique.

-Je n'ai pas intérêt à te perdre alors. sourit Anna.

-Je piquerais bien un sprint avec ma citerne pour que tu te retrouves sans eau pendant trois kilomètres mais... je crois que mon corps n'est pas d'accord. plaisanta Yann.

-N'oublie pas que j'ai la boussole. A quoi te servirait tes dernières gouttes d'eau si tu te perdais ? répliqua la jeune fille.

-Pas bête. On va donc rester ensemble et terminer notre promenade. conclut le garçon.

***

L'arrivée au deuxième point de passage provoqua un immense soulagement chez les deux recrues, vite douché par la traduction des ordres de mission.

-Je suis incapable de repartir tout de suite ! protesta Yann, une barre de céréale dans la bouche.

Le garçon était affalé sur une chaise, il mangeait tout en tentant de cuisiner.

-On a pas le choix, il faut profiter de la fraîcheur. T'as entendu Pike, si on veut arriver dans les temps, on a intérêt à repartir dès qu'on est prêt. répondit Anna qui lavait leurs uniformes dans une bassine grâce à un savon, trouvé à leur arrivée.

-Et bah je ne suis pas prêt, j'ai besoin de repos. assena Yann.

-On s'est reposé un peu la déjà. On peu faire une micro sieste si tu veux mais dans une demi-heure max, on est parti.

Le binôme était parvenu au point de passage trente minutes avant la fin du temps imparti. En vingt minutes, ils avaient prévenus les instructeurs de leur arrivée, traduits leurs ordres de mission, pris une douche en puisant dans la citerne de 120 litres reliée à un tuyau d'arrosage et s'apprêtaient désormais à passer à table.

Anna s'assit près de son coéquipier et commença à manger la nourriture qu'il avait préparé. La jeune fille avait étendu leurs vêtements à l'extérieur de la tente.

-De toute façon, on ne peut pas repartir maintenant, nos uniformes sont trempés. tenta le jeune garçon.

-Ils seront secs dans une demi-heure, le temps se réchauffe.

Les recrues se couchèrent pour une sieste réparatrice de quinze minutes. Le réveil fut dur mais il fallait se lever si ils voulaient atteindre leur prochain objectif : le poste de contrôle des instructeurs. Ils devaient parcourir 36km pour arriver avant 22h. En temps normal, ils auraient presque pu faire un aller-retour dans le temps imparti. Cependant, les conditions climatiques dans le désert empêchaient les recrues de marcher entre 11h et 16h, ce qui réduisait considérablement le temps dont ils disposaient.

Après avoir rempli à ras bord les deux citernes et la gourde, les agents plièrent leurs duvets et se mirent en route. Le soleil réchauffa rapidement l'atmosphère et la chaleur devint difficile à supporter. Un peu avant dix heures, ils atteignirent le troisième drapeau.

-On a pas besoin de marcher jusqu'à onze heures. assura Yann. Si on repart à 16 heures, on aura largement le temps d'arriver avant 22 heures.

-Il faut prévoir l'imprévisible. opposa Anna. Je pense qu'on devrait marcher jusqu'au drapeau suivant.

-Il commence à faire trop chaud... commença le garçon.

-Il n'est pas encore onze heures. rétorqua la jeune fille.

-Tu sais bien qu'onze heure c'est la limite maximale. A dix heures, il fait déjà trop chaud. Et puis,... on est complètement crevé. Si on se couche maintenant, on se reposera plus longtemps.

-Ok, tu as raison, mais on repart à quinze heure trente.

Yann accepta puis commença à défaire son sac après avoir prévenu les instructeurs de leur arrêt. Lors de leur contact radio au deuxième point de passage, ceux-ci leur avaient conseillé de s'arrêter dormir auprès d'un drapeau et de leur signaler leur arrêt par deux pressions au lieu d'une sur le bouton de leur bracelet. De même, ils devraient appuyer deux fois sur ce même bouton au moment de leur départ.

Une sorte de grotte ou de dolmen fournit de l'ombre aux deux recrues. Yann creusa un trou avec ses mains pour tenter de mettre à découvert un sable plus frais qu'en surface. Le garçon faisait des gestes lents et attentionnés par peur de déloger un animal. Heureusement, aucun être vivant n'avait trouvé refuge sous cette grotte.

Anna étendit la tente par-dessus le trou avant d'aider son ami à creuser.

-Tu es sûr que c'est une bonne idée la tente ? s'inquiéta la jeune fille. J'ai peur que ça retienne la chaleur.

-Je ne sais pas mais au moins elle protégera nos sacs. Et puis, il y a la moustiquaire et je pense que les animaux ne viendront pas nous embêter comme ça. répondit son coéquipier en fouillant dans son paquetage.

-Ouais, au pire si on a trop chaud on l'enlèvera.

Anna se glissa dans le trou. La sensation du sable frais lui fit du bien. Yann la rejoint avec la couverture de survie qu'il étala sur eux deux, la face réfléchissante vers l'extérieur. Cela leur sembla d'abord étrange d'être ainsi allongés dans un trou de sable, protégés par une couverture qui bruissait dès qu'on la touchait. Cependant, la fatigue eut raison d'eux et ils finirent par s'endormir, serrés l'un contre l'autre.

***

Bonjour à tous (ou plutôt bonsoir) !

C'est parti pour les excuses.... Alors je suis désolé déjà pour le retard puisque j'aurais du poster il y a 10 jours voire même plus. Ensuite je suis désolé parce que je vous poste le chapitre à l'arrache sans le corriger donc il doit rester des fautes. Je vous avoue que je ne sais même pas ce qu'il se passe dans ce chapitre vu que je l'ai pas relu. Donc j'espère qu'il vous a plu, je ne sais même plus moi-même si celui-là je l'aime bien. Enfin, je m'excuse parce que je n'ai aucune idée de la prochaine fois que je publierais étant donné que je suis partie en vacances. Peut-être samedi ou alors dans la semaine d'après. Vendredi 10 ou samedi 11 maximum normalement.

Bonne soirée/journée !

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