24-Excuses

Pike haussa les sourcils en découvrant la scène.

-Vous voulez me faire croire que la barre en métal accrochée au mur est tombée au sol parce que White a tiré "un peu trop fort" sur sa serviette ? Vraiment ? Vous n'avez rien trouvé de mieux comme excuse pour expliquer vos bêtises ?

-Je... c'est la vérité. balbutia Tom.

-Je veux la vérité, tout de suite. gronda Pike. Il y a un endroit du parc qui me semble très peu fréquenté à l'heure de diner. Je vous y emmènerais faire des exercices physiques jusqu'à ce que tous les résidents de cet hôtel soient couchés si vous ne me racontez pas réellement ce qui s'est passé.

-La barre bougeait déjà un peu quand j'ai visité la salle de bain à notre arrivée. tenta Alison.

-J'ai dit la vérité ! Et je vous conseille de vous dépêchez. Il y a pas mal de résidents qui aiment jouer aux cartes ou faire la fête tard le soir, sans parler des insomniaques, attendre que tous nos amis soient de retour dans leur chambre risque d'être long.

Les recrues gardèrent le silence jusqu'à ce que celui-ci soit troublé par quelqu'un qui frappa à la porte.

-Sauvés par le gong... marmonna l'instructeur en se dirigeant vers la porte.

-Bonjour, je suis à votre service. annonça un employé souriant quand la porte fut ouverte.

-Vous avez appelé le service d'étage ? demanda Pike en se tournant vers les recrues.

-Oui, c'est moi qui ai appelé. répondit Charlie. Je me suis dit qu'ils pourraient nous aider avec le porte-serviette.

-Vous avez un problème avec le porte-serviette ? s'enquit l'employé.

-Il est tombé. précisa Alison.

Pike lui lança un regard noir. La jeune fille adopta une attitude de soumission même si intérieurement elle jubilait. L'idée de Vanessa semblait marcher.

-Je suis vraiment désolé. s'excusa l'homme de l'hôtel. Je peux aller voir si vous le permettez ?

-Je vous en prie. répondit Pike.

L'employé se précipita dans la salle de bain pour inspecter le problème. Il se dépêcha de nettoyer les dégâts tout en continuant à s'excuser.

-Voulez-vous que je vous change de chambre ? questionna t'il quand il eut terminé de nettoyer.

-Non merci, ce ne sera pas la peine.

-Je vais vous chercher de nouvelles serviettes de toilette. Je suis vraiment désolé, je vais demander si c'est possible d'effacer l'ardoise de la chambre pour nous faire pardonner.

Anna et Vanessa se regardèrent, triomphantes.

-D'accord, merci. fit Pike, visiblement pressé d'en finir.

-C'est moi qui vous remercie, je suis désolé. Je reviens avec votre nouveau nécessaire de toilette. promit l'employé avant de s'éclipser.

-Bon, vous serez privés de diner. annonça Pike avant de sortir à son tour.

-On s'en sort plutôt bien. constata Tom.

-Oui, enfin c'est pas grâce à toi. renchérit sa sœur. On peut dire merci à Vanessa.

-Je vous rappelle qu'on est quand même privé de dîner. nuança Yann, qui commençait déjà à avoir faim.

-C'est pas grave, on a qu'à descendre acheter des trucs. proposa Charlie. Pike ne peut pas surveiller tous les magasins, le bar et le restaurant. En plus, personne n'en saura rien puisque l'ardoise de la chambre va être effacée.

-On ferait quand même bien de se dépêcher. fit Anna en se dirigeant vers la porte.

Tom enfila un tee-shirt et un short avant de suivre ses amis. Alors que sa tête émergeait par le col de son haut bleu, des coups résonnèrent à la porte.

-Merde, vous croyez que Pike nous écoute depuis tout à l'heure ? s'inquiéta Alison en tentant de regarder à travers la serrure.

-Non, il serait entrer sans frapper. Allez, ouvre ! la pressa Tom.

Alison entrouvrit la porte et jeta un œil dehors pour découvrir l'employé, les bras chargés d'un tas de serviettes. La jeune fille se poussa pour le laisser entrer.

-Je suis désolé pour l'attente. dit l'employé.

Anna se demanda si les autres employés s'excusaient autant tandis que l'homme allait déposer les serviettes dans la salle de bains.

-Je vous ai amené un porte-serviette indépendant. expliqua t'il en déployant une barre de métal qu'il fixa sur un socle caché dans un des placards de la salle de bain. Je m'excuse, c'est différent du porte-serviette précédent.

-Ah oui, effectivement, c'est moins bien. ne put s'empêcher de répliquer Tom en testant le nouvel objet.

-Je... suis vraiment confus. Si vous voulez, je peux toujours vous changer de chambre. répéta l'employé en disposant les nouvelles serviettes.

-Non, merci, ça ira, ne vous en faîtes pas. répondit Alison, souriante, en donnant un coup de coude dans les côtes de son frère.

L'employé ressortit de la salle de bain, suivi par les six agents qui s'apprêtaient à sortir de la chambre à sa suite.

-Vous avez besoin d'autre chose ? s'enquit l'homme.

Les recrues répondirent par la négative en lui servant un sourire composé de toute pièce.

-Oh, je suis désolé, j'oubliais : la direction a accepté d'effacer l'ardoise de la chambre. Tout ce que vous avez acheté, ou tout ce que vous achèterez sur le compte de cette chambre ne vous sera pas facturé.

Cette fois, les six enfants affichèrent un franc sourire puis tous sortirent de la chambre. Tandis que l'employé partait s'excuser auprès de d'autres clients, les recrues se dirigèrent vers le bar. Après s'être assuré que l'instructeur n'était pas dans les parages, il commandèrent des croque-monsieur ou des pâtes, accompagné de cocktails qu'ils dégustèrent avec plaisir. Ils s'offrirent des fondants au chocolats et des glaces avec une sensation de supériorité : ils avaient réussi à prendre un repas entier, nourrissant et bon, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps, malgré l'interdiction des instructeurs. Une fois qu'ils eurent terminé, ils s'empressèrent de regagner leurs chambres afin de limiter le risque de se faire surprendre.

-C'était une super journée hein ? fit Anna en rejoignant Yann sous les couvertures. Il n'était que 21h mais les recrues avaient décidé de dormir le plus possible.

-Ouais, cet hôtel est super ! répondit Yann en se poussant. Et ce lit est super confortable.

-Je sens que je vais bien dormir. renchérit sa coéquipière.

Après quelques minutes de silence, Anna reprit :

-Ca me fait penser à quand je dormais avec mon frère pendant les vacances.

-Tu trouves que je ressemble à ton frère ? la taquina Yann en suçant son pouce.

-Non pas vraiment. rit Anna.

La jeune fille éteignit la lumière puis se retourna afin de trouver la bonne position. Dormir dans un lit aussi confortable n'était plus habituel pour elle. Ses pieds frôlèrent ceux de son coéquipier. Les deux amis rirent pour dissiper leur gêne.

-Mince, on s'est pas étiré. réalisa Anna.

-C'est pas grave, souffla Yann, on n'a pas fait grand-chose aujourd'hui.

-Oui, c'est vrai, on s'est bien reposé.... mai pas assez pour affronter les trois prochains jours. dit Anna, soucieuse, en regardant le visage de Yann dans le noir.

-On aura jamais la bonne dose de repos pour ce qui nous attend. répliqua ce dernier. Mais, bon, on a bien tenu 96 jours, on peut en supporter quatre de plus.

Un sourire apparut dans la nuit, Yann essayait autant de se convaincre lui-même que de convaincre sa coéquipière. Ce qui était d'autant plus normal que leurs destins étaient liés. Anna répondit à son sourire.

-C'est dur mais les agents de CHERUB sont encore plus durs. murmura t'elle afin de refouler sa peur du lendemain.

Puis, la jeune recrue tourna le dos à son ami et ferma les yeux.

***

"Bilipbilip bilipbilip", c'est le son qui tira les recrues de leur sommeil. Anna ouvrit péniblement les yeux, cherchant d'où provenait ce bruit affreux. La vue encore embuée, elle mit du temps à se rendre compte qu'il s'agissait du téléphone.

-Qu'est-ce que c'est que ça ? se plaignit Yann, qui émergeait lentement de son sommeil, les mains plaquées sur les oreilles.

-Je crois que quelqu'un nous appelle. répondit sa coéquipière en sortant ses jambes de la couverture. Elle saisit le téléphone avant qu'il ne s'arrête de sonner.

-Allo ? fit-elle d'une voix endormie. Peut-être s'agissait-il d'une blague de leurs voisins ou d'une erreur.

-Numéro 8, il est temps de se lever ! Préparez-vous, je vous veux dans le hall dans dix minutes.

En fait, c'était le doux réveil des instructeurs.

-On prend notre petit-déjeuner avant ou après ? questionna la jeune fille.

-Pas de petit-déj ça ira plus vite. Il ne vous reste que 9 minutes 30. hurla Pike avant de raccrocher.

-Dépêche-toi si tu veux un petit-déj ! prévint Anna en reposant le téléphone. On a dix minutes.

La jeune fille se dépêcha de revêtir ses vêtements sous le regard ensommeillé de son coéquipier. Le garçon essaya tant bien que mal de se bouger et tous deux sortirent de la chambre, leurs affaires prêtes, trois minutes plus tard. Ils dévalèrent les escaliers en essayant de faire le moins de bruit possible et entrèrent dans le restaurant. Seuls deux personnes déjeunaient. Anna et Yann reconnurent les jumeaux. Anna se servit une tasse de lait froid et un pain au chocolat avant de les rejoindre. Charlie et Vanessa firent leur apparition quelques secondes plus tard. Les recrues avalèrent leur petit-déjeuner en vitesse. Anna eut le temps de rajouter un œuf pour les protéines puis les six agents se dirigèrent vers le hall de l'hôtel.

-A vous voilà enfin ! s'exclama miss Smoke en les apercevant.

Sans un mot de plus, les instructeurs sortirent de l'hôtel et montèrent dans le minibus. Malgré l'excitation et la peur, les recrues ne mirent pas longtemps à s'endormir. Le véhicule roula pendant une heure, sur une route qui apparaissait comme le seul témoignage de la présence de l'homme. La ville ayant, en effet, laissé rapidement place à un paysage désertique. Dix minutes avant d'atteindre leur objectif, miss Smoke réveilla ses agents grâce à un sifflet qu'elle avait glissé dans sa poche. Les enfants se réveillèrent en sursautant mais retrouvèrent leurs esprits seulement quelques secondes après ce réveil brutal.

-Nous arrivons mes petits ! s'écria joyeusement l'instructrice. Nous allons entrer dans une base militaire algérienne. Les vitres sont teintées alors ça ne devra pas être trop difficile de ne pas vous faire voir. Si un soldat vous remarque ce ne sera pas dramatique, en revanche ne prononcez pas un mot sur nos activités. D'ailleurs, ne parlez pas ce sera plus prudent, et surtout pas en français.

La femme lança un regard insistant vers Anna et Yann.

-Si en Angleterre, cette langue vous permet de vous dire des secrets, ici, les soldats la parlent couramment.

Anna rougit légèrement en évitant de regarder son coéquipier.

-Le responsable de cette base est le seul au courant du réel but de notre venue et il n'est pas très, comment dire,...conciliant mais le gouvernement est de notre côté ne vous inquiétez pas. Cependant, il risque de vous provoquer, ne réagissez pas, ça vaudra mieux pour tout le monde. Me suis-je bien fait comprendre ? termina miss Smoke en regardant tour à tour ses recrues.

Les six enfants hochèrent la tête en se regardant d'un air inquiet. Satisfaite, Miss Smoke se rassit face à la route. A peine deux minutes plus tard des barbelés apparurent, rapidement suivis par des murs d'enceinte. Le cœur des agents s'accéléra quand le minibus bifurqua sur une petite route et finit par s'arrêter devant un portail gardé par deux militaires en tenue de l'armée algérienne. Pike montra ses autorisations et le portail s'ouvrit pour laisser passer le véhicule. De l'autre côté, celui qui semblait être le chef de la base, attendait, le visage fermé. En le voyant, Anna se retourna immédiatement vers Vanessa, assise juste derrière elle. Son amie avait eu le même réflexe et s'était rapprochée du siège avant.

-C'est le gars qu'on a croisé hier dans le couloir. chuchota Anna.

-Si c'est lui le chef de la base, ça ne m'étonne pas qu'il ne soit pas "conciliant". Il nous a pris pour des incapables, hier dans le couloir. répondit Vanessa en adressant un regard entendu à sa complice.

-Pourvu qu'il ne nous reconnaisse pas. Il trouverait le moyen de nous humilier devant Pike et avant la course d'orientation, ce n'est pas vraiment un bon plan.

-Silence ! gronda Pike visiblement nerveux, il vient vers nous.

Vanessa et Anna se rassirent correctement et un silence tendu s'abattu dans l'habitacle.

-Mon cher ami, je vais vous montrer le chemin pour atteindre le hangar avec votre véhicule afin que mes hommes ne soient pas dérangés par vos... agents. déclara le militaire algérien quand l'instructeur de CHERUB eut ouvert sa fenêtre.

L'homme s'engagea dans les allés de la base, suivi par le minibus qui roulait au pas.

-Mon cher ami ? s'étonna miss Smoke, qui semblait presque amusée si on oubliait son visage perpétuellement froid.

-Il a peur pour sa carrière, cet imbécile. grommela Pike en guise d'explication.

***

Désolé pour le titre un peu nul mais j'ai pas trouvé mieux. Sinon, j'espère que le chapitre vous a plu ! Je vous le publie vite fait sans le relire, j'espère que j'ai pas laissé trop d'erreur. Je serais surement en retard aussi pour le prochain.

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