7 : Un soutien sincère.
Je me réveille en sursaut, la douleur me foudroyant sur place. Jibin est là, assis sur le rebord de mon lit, le regard effrayé.
– « J'voulais pas t'faire peur, excuse-moi... » prononce-t-il presque inaudible. Je m'assois plus confortablement, les mains tremblantes. Je viens par réflexe, vérifier mon cou comme pour m'assurer que rien ne m'est arrivé. Jibin le remarque et s'empresse de détourner le regard. « Un cauchemar ? » J'acquiesce, le corps transpirant. Je meurs de chaud. Mon meilleur ami se lève pour venir entrouvrir la fenêtre de ma chambre. « Est-ce que tu veux m'en parler ? »
– « Non, c'est rien, t'en fais pas... » soufflais-je honteusement. Ce n'est pas rien, je le sais.
– « Je t'ai apporté les cours d'hier et d'aujourd'hui, comme promis. Essaie quand même de ne pas te surmener. Au moins pour ce week-end. » quémande-t-il sérieusement. L'examen d'entrée à l'université n'est plus qu'à moins d'un mois et demi, je ne sais pas si j'arriverai à m'empêcher d'étudier. Je ne peux pas me permettre de foirer ma vie à cause de Yunho et sa foutue méchanceté... « Comment tu t'sens aujourd'hui, c'est un peu mieux qu'hier ? » J'acquiesce. La douleur est toujours présente mais j'imagine que d'ici quelques jours, ça ira mieux... Il faut juste que je cesse de m'en inquiéter, ça ne ferait qu'empirer ma convalescence.
– « T'as pas eu trop d'ennui avec Yunho ? » osais-je demander. Puisqu'il avait été interrompu et certainement humilié par la menace de Hwasa, j'ai pensé qu'il pourrait ressentir l'envie de se défouler sur Jibin pour évacuer toute sa haine. Mais j'imagine qu'il a sûrement pensé en avoir assez fait pour la semaine, peut-être même a-t-il peur que je ne finisse réellement par les dénoncer... « J'suis désolé d'te laisser tout seul la semaine prochaine. Et de t'avoir laissé seul hier et aujourd'hui... » Je sais ce que c'est que de se retrouver seul toute une semaine au lycée. C'est arrivé l'année dernière, quand Jibin a été malade. J'avais déjeuné dans la cage d'escalier extérieure toute la semaine par peur que Yunho ne remarque ma solitude. Ce fût long et extrêmement angoissant...
– « Ça fait rien. Puis pour dire vrai... J'étais pas vraiment tout seul ce midi...ni même hier, ni même lundi quand tu mangeais avec ton frère. » avance-t-il doucement, comme s'il s'apprêtait à lâcher une bombe. « En fait, lundi midi, j'ai décidé de n'pas manger dans la cage d'escalier. Je sais, c'était risqué mais j'en avais vraiment pas envie... Alors j'me suis assis à notre table, Hwasa est passé et quand elle a su que tu mangeais pas avec moi, elle s'est assise. On a mangé ensemble et à la fin du déjeuner, elle m'a demandé mon numéro. On s'échange des messages depuis... » conte-t-il, peu sûr de ma réaction. Je ne suis pas en colère, juste surpris qu'il ne m'en ai pas parlé. C'était totalement inattendu... C'est donc de ça que Sunwoo parlait hier. J'imagine qu'ils n'ont pas vraiment approuvé que la meilleure amie de Jinha décide d'apporter son soutien à quelqu'un comme Jibin... « Tu trouves ça bizarre, pas vrai ? » ricane-t-il, presque nerveux.
– « Et bien...assez, oui. Je trouve ça étrange qu'elle vienne vers toi maintenant. Ce n'est pas comme si tu venais juste d'arriver... Après...je critique pas. Elle a vraiment été top hier mais c'est...surprenant. » Hwasa sait ce que Jibin ressent pour elle. Presque tout le monde est au courant. Jibin a plutôt du mal à cacher son admiration pour elle, comme beaucoup d'autres lycéens d'ailleurs... Alors le fait qu'elle s'intéresse subitement à lui sans aucune raison évidente me rend méfiant.
– « Je sais bien. Je ferai attention t'en fais pas. » sourit-il toujours pour me rassurer. J'espère sincèrement que ce n'est pas une blague et que son intervention de hier matin n'était pas qu'une ruse pour nous laisser aveuglément la croire de notre côté. Elle est proche de Jinha après tout. Et il ne faut pas oublier que Jinha sort avec Youngjae... « Puisque ça risque d'être long pour toi la semaine prochaine et qu'il ne faut pas que tu te surmenes sur tes cours, je t'ai apporté des DVDs, des livres et un nouveau jeu de guerre qui vient juste de sortir. Je l'ai même pas encore essayé, j'espère que t'as conscience du formidable ami que tu as. » m'annonce-t-il en vidant son sac à dos sur mon lit. Bien sûr que j'en ai conscience. Qui sait ce que je serais devenu si je n'avais pas croisé sa route l'année dernière. Je ne peux littéralement plus me passer de lui. J'en dépends. Chaque jour.
– « T'aurais pas dû... C'est vraiment gentil d'ta part... Merci. » Ça me touche énormément de voir à quel point il peut se soucier de moi. Je ne suis pas habitué à recevoir ce genre d'attention de la part de quelqu'un qui ne fait pas partie de ma famille, même si je devrais m'y être familiarisé avec le temps. Jibin est toujours si attentif, si gentil. Ce n'est plus vraiment étonnant venant de lui.
– « Arrête, c'est l'moins que j'puisse faire. J'me sens coupable de pas être arrivé avant. À cause de ces imbéciles, tu vas devoir rester enfermé pendant une semaine. Ça va m'faire bizarre de pas t'voir au lycée. » avoue-t-il. Même si je subis souvent les coups, la plupart du temps cela ne m'empêche pas d'aller en cours, malgré tout il m'est parfois arrivé d'être absent. Mais passer plus d'une journée sans voir Jibin, c'est presque inconcevable. Parce qu'immédiatement ma solitude s'amplifie. Il est le seul à comprendre ce que je subis et ce que je peux ressentir.
– « Tu pourras passer. On révisera ensemble, si tu veux. » proposais-je. Ce sera sûrement moins long s'il passe me voir, même si ce n'est que pour réviser. Jibin a accepté, il est sorti nous acheter des pizzas puis, tous les deux allongés sur mon lit, nous avons regardé les derniers épisodes de Tokyo Ghoul. Lorsque je me réveille, l'envie pressante, je remarque que Jibin n'est plus là. Il pleut encore aujourd'hui, ce qui est loin de m'enchanter même si je n'avais pas particulièrement prévu d'aller me balader... Mon imbécile de meilleur ami m'a laissé un message accroché sur ma porte. Suis parti à mes cours de soutien, pas voulu te réveiller, t'envoie un message à midi, repose toi enfoiré. Je ne peux m'empêcher de sourire comme un imbécile. Vraiment trop adorable... « J'viens juste me chercher un verre de jus d'orange, j'meurs de chaud... » me défendis-je rapidement lorsque ma mère remarque ma présence dans la cuisine. C'est limite si je ne devrais plus sortir de mon lit avec elle...
– « T'aurais pu m'appeler... T'as besoin de quelque chose, au fait ? J'vais aller faire les courses. Minki vient pour le déjeuner. Qu'est-ce que tu veux manger ? » Ma mère et toutes ses questions... Je n'ai pas eu le droit à son sermon habituel sur la violence lorsqu'elle m'a conduit aux urgences jeudi matin. Elle m'a légèrement disputé mais je crois que je lui fais bien trop pitié pour qu'elle ose dire quoi que ce soit. C'est vrai que je souffre mais ce n'est pas la fin du monde, je m'en remettrai, du moins physiquement...
– « Du gras, quelque chose qui va me donner envie de dormir tout l'après-midi. » plaisantais-je. J'ai fais la gueule pendant deux jours et je sais à quel point cela n'a pas pu l'empêcher de stresser à mon sujet. J'avais juste besoin d'intérioriser les faits...pour ne pas avoir à péter un câble. Je n'ai rien contre elle, ce n'est pas elle le problème. Mais à chaque fois qu'elle venait vérifier ma température ou qu'elle prenait le soin que tout soit à ma disposition, je culpabilisais. Je culpabilisais de l'obliger à rester avec moi plutôt que d'aller donner cours mais surtout de lui mentir et de l'entendre répéter mes mensonges avec une telle naïveté. Quand Minki est passé hier après-midi et que je l'ai entendu tout lui raconter, je n'ai pu m'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Je suis vraiment le pire des fils...
– « Parce que je n'suis pas en mesure de jouer la mère stricte avec toi aujourd'hui, je vais me contenter d'accepter. Mais ne t'y habitue pas. Une fois que tu seras rétablie, tu viendras courir avec moi. » dit-elle en me caressant les cheveux. J'ai bu deux ou trois verres de jus d'orange puis je suis remonté difficilement jusqu'à ma chambre, encore plus épuisé qu'à mon réveil. J'ai glissé un DVD dans le lecteur puis je me suis affalé sur mon lit. Je n'ai définitivement pas la force d'étudier aujourd'hui...
– « Tu m'as manqué, pauvre idiot. Oppa ne peut plus passer une journée sans te voir, c'est bien trop dur... » prononce-t-il contre mes lèvres, son corps au-dessus du mien. Je reste figé attendant qu'il se décide à venir embrasser ma bouche mais Minjae ne semble pas aussi impatient que moi. Sa main vient caresser ma joue, avec délicatesse. Ses yeux me contemplent profondément, comme s'ils essayaient de lire en moi. S'ils pouvaient vraiment y lire quelque chose, ils sauraient très certainement que mon envie est grande et impérieuse. Et que je ne peux désormais plus me passer de lui moi non plus. Quand est-ce arrivé ? Quand ai-je réellement commencé à éprouver un tel lien avec lui ? Est-ce dès notre rencontre ? La fois où nous nous sommes embrassés chez Chaelin ? Ou bien, était-ce la première fois qu'il a posé la main sur moi ? C'est presque comme si mon affection pour lui était sortie de nulle part, sans aucune prédiction possible. « Il va pourtant falloir que je fasse sans...le jour où ils te tueront. Je n'aurais qu'à me trouver quelqu'un d'autre. Peut-être quelqu'un d'un peu moins pitoyable que toi... »
Je me suis inconsciemment forcé à ouvrir les yeux et remarque bien vite que personne n'est là. Le générique de fin de mon film défile lentement sur l'écran de ma télévision me faisant prendre conscience que je me suis endormi sans même avoir eu le temps de comprendre de quoi il s'agissait... Ce rêve...me semblait si réel... À chaque fois que je ferme les yeux, je ne peux étouffer mon angoisse. Je savais que ce qui s'est passé jeudi me suivrait, je n'imaginais juste pas que cela m'oppresserai même dans mon sommeil, là où je suis habituellement le plus en sécurité... Comme si ce rêve était un signe, je me suis penché sur la table de chevet pour m'emparer de mon téléphone et vérifier que personne n'a essayé de m'appeler. À quoi est-ce que je m'attendais ? Si je n'ai eu aucun signe de vie de lui depuis jeudi, je ne vois pas pourquoi je devrais en avoir un aujourd'hui. J'imagine que son avis à mon sujet a complètement changé après que Yunho ai pris malin plaisir à tout lui raconter en détail...
– « Bon, le voyou, tu magnes ton cul et descends manger ou quoi ? J'ai pris du poulet frit ! » s'écrit justement Minki du rez-de-chaussée. Manger est le seul réconfort que je trouve dans toute cette histoire. Alors autant se goinfrer correctement... La nourriture réussit à me calmer et à rester concentré sur le moment présent lorsque trop de choses se bousculent dans ma tête. En général, après une plus grande humiliation que ce que j'ai l'habitude d'endurer, mon corps tout entier se met en alerte. Je ressens comme un sentiment de peur très intense, presque d'horreur. Et pour intensifier mon état, mon cerveau se met à rejouer les scènes en boucle, encore et encore, d'un détail étourdissant. Mes pensées s'emmêlent et deviennent la plupart du temps incontrôlables alors, parce que je ne peux me permettre d'exprimer mes ressentis avec qui que ce soit, je mange. Pas forcément en grande quantité, juste quelque chose de bourratif et de bien consistant. C'est comme si manger me reliait directement à ce qui se passe et m'entoure, comme pour m'empêcher de me perdre dans le côté le plus sombre de moi. Et comme Yunho n'est pas du genre à espacer nos moments d'intimité, il m'arrive d'avoir ces envies indomptables au minimum une fois par mois. Et comme ma mère se dit sûrement que c'est parce que je suis en pleine croissance, elle accepte mes caprices à condition que je vienne courir avec elle après chacune de mes phases de plaisir gustatif. Je hais le sport et je ne suis d'ailleurs pas assez bien foutu pour que quiconque ne remarque que je me tue à la tâche plusieurs fois par mois mais je le fais sans rechigner. Parce que je ne voudrais surtout pas que ma mère se mette à s'inquiéter à ce sujet, tellement qu'elle en vienne même à ne plus vouloir capituler à mes envies.
Minki a déjeuné avec nous puis m'a accompagné sur ma console pour tester le nouveau jeu de Jibin. Après une heure et demie, il a finalement dû partir et m'a donc laissé affalé sur mon lit à regarder des films tout le reste de l'après-midi. Je faisais des micro-siestes ici et là, loupant bien souvent la moitié du film mais ça m'était bien égal. Au moins quand je dormais, j'arrivais à oublier l'espace d'un instant, quand mon subconscient ne me tyrannisait pas de flash-back oppressants, ce que je ressentais en permanence. Et c'est ce que je veux. Je veux oublier ça le plus vite possible, oublier à quel point j'ai été lâche, à quel point ma vie est misérable...
De Kim Minjae à 1h27
Tu dors ?
Je me redresse brusquement, me faisant grimacer de douleur par la même occasion. À trop dormir, je n'ai pas réussi à trouver sommeil. J'ai donc décidé de lancer la série The 100, qui me captive maintenant depuis plus de deux heures et demi environ. Alors, quand j'ai détaché les yeux de l'écran pour les poser sur la notification de message qui est apparu sur mon téléphone, il m'a bien fallu dix secondes pour réaliser que je n'étais cette fois-ci pas en train de somnoler. Non. Il est une heure vingt-sept du matin et Minjae vient de m'envoyer un message. Bordel, pourquoi suis-je tout à coup si excité ? Je mets mon épisode en pause et m'assois correctement, le mobile entre les mains, ne sachant quoi répondre.
À Kim Minjae à 1h28
Non
C'est tout bête mais j'ai l'impression d'avoir merdé à la seconde même où le message s'est envoyé. J'aurai peut-être dû lui demander pourquoi il voulait savoir ça ? Ou bien, lui demander s'il va bien et pourquoi lui ne dors toujours pas à cette heure-ci ?
De Kim Minjae à 1h28
Cool.
Je reste fixer mon écran, perplexe. Est-ce qu'il vient de me foutre un vent ? Est-ce qu'il va vraiment se contenter de ma réponse ? Bordel, pourquoi n'ai-je pas ajouté quelque chose ? Peut-être croit-il que je ne veux pas lui parler...
De Kim Minjae à 1h29
Comment tu vas ?
À Kim Minjae à 1h29
J'ai connu mieux et toi ?
De Kim Minjae à 1h31
Bien. J'suis chez Jimin, y'a une soirée.
De Kim Minjae à 1h33
Il paraît que Yunho n'a pas fait les choses à moitié, cette fois.
Cette fois ? Jeong Yunho ne fait jamais les choses à moitié. Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la honte lorsque Minjae évoque ce qui s'est passé. Ils ont sûrement dû tout lui raconter en détail. Je fais vraiment pitié, putain... Je cherche quoi répondre de nouveau. Est-ce que je devrais esquiver le sujet ou juste...l'évoquer brièvement, histoire de continuer la conversation ? J'ai vraiment attendu après lui alors je ne voudrais pas qu'il s'arrête de me parler maintenant. Même si Kim Minjae est beaucoup moins souriant par message. Aucun smiley, des points à chacune de ses phrases... Puis la manière dont il fait des pauses entre ses messages me rend fou, comme s'il voulait absolument que je me creuse les méninges pour chercher quoi ajouter pour finalement m'envoyer un autre message avant que je ne trouve réellement quelque chose...
À Kim Minjae à 1h35
C'est vrai, je m'en sors avec une névralgie intercostale. J'ai mal dans et autour de la poitrine à chaque fois que je respire ou que j'éternue... Mais grâce à lui, je suis dispensé de sport pour les quatre prochaines semaines. Ce qui est l'unique chose qui me réjouisse un tant soit peu...
De Kim Minjae à 1h38
C'est dommage. J'ai vraiment envie de te voir. Là. Tout de suite. Combien de temps tu vas rester enfermé chez toi ?
Je reste d'abord figé sur sa première phrase et par la façon dont il a accentué chaque mot pour que je comprenne bien. Il est sûrement saoul. Mais je suis tout de même soulagé de constater que ce qui s'est passé entre moi et Yunho ne constitue pas une barrière entre nous. Même si je ne sais toujours pas vraiment pourquoi je m'accroche à l'idée qu'il puisse se passer quelque chose entre lui et moi... Parce que je me rends compte clairement en ce moment que je n'attends plus que ça...
À Kim Minjae à 1h38
Juste la semaine prochaine. Si les séances d'acupuncture fonctionnent, dans deux semaines je ne ressentirai presque plus rien.
De Kim Minjae à 1h45
Alors tu pourras me distraire quand je m'ennuierais à mourir en classe. C'est une bonne chose. Même si ça va sûrement être long de ne pas pouvoir te voir.
À Kim Minjae à 1h45
Tu sais où j'habite...
Je n'ai pas osé, si ? Bordel mais quel idiot... Pourquoi ai-je dit une telle chose ? Je crois que la douleur me fait vraiment perdre la tête... J'ai attendu son message, j'ai vraiment attendu. Puis après plus d'une demi-heure d'attente, je me suis rallongé, totalement dépité, puis j'ai remis mon épisode en route. C'était réellement trop osé pour lui ? C'est lui qui me fait constamment des avances alors pourquoi...ne pourrais-je pas moi aussi lui en faire ? C'était si bizarre ? Je me sens tellement con.
De Kim Minjae à 4h48
jimin dit que tu lui plais
je lui ai dis daller se faire foute hyunwoo nest qua moi
Ce n'est que lorsque je me réveille le lendemain vers midi et demi que je lis son message. Et même s'il est clair que Minjae n'était plus dans son état normal, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Il l'a dit. Je ne suis qu'à lui. Et je trouve ça foutrement adorable...
La semaine a été longue et éprouvante. Malgré la douleur et l'envie irrépressible de dormir toute la journée, je me suis tout de même obligé à réviser, même lorsque Jibin n'était pas là. Minjae et moi avons continué d'échanger, principalement lorsqu'il était en cours, ce qui m'occupait aussi en même temps. J'étais comme...enflammé à chaque message que je recevais. Je ne sais pas si c'était en partie à cause de mon manque de considération pour moi-même que je traduisais ses messages pour moi comme une preuve de grand intérêt pour ma personne, mais j'avais fini par croire sans presque plus le moindre doute en tête, qu'il était sincère vis-à-vis de moi. Et savoir que je lui plaisais et que c'est avec moi qu'il voulait être me rendait extrêmement joyeux...
J'ouvre de nouveau les yeux, en sursaut, la respiration saccadée. Très vite, ayant à peine le temps de prendre conscience du nouveau cauchemar que je viens de m'infliger, je remarque la présence de Minjae, assit sur mon lit, juste à côté de moi. Je me redresse difficilement, le visage crispé de douleur, bien que je sois plus préoccupé par sa visite surprise.
– « T'as fait un cauchemar ? » me demande-t-il, appuyé contre l'entête de mon lit, les bras croisés. Je me sens rougir, honteux qu'il m'ait surpris dans un tel état.
– « Q-Qu'est-ce que tu fais là ? » bégayais-je stupidement. Je m'assois convenablement alors que mon corps tout entier goutte de sueur. Mais je ne sais plus si c'est à cause de mon rêve horrifique ou à cause de son éternel sourire de séducteur.
– « J'suis venu t'voir, ta mère m'a laissé monter. » explique-t-il nonchalamment. Je me rends seulement compte à quel point son visage m'avait manqué. Comment est-ce seulement possible ? Plus rien n'a de sens en ce moment...
– « T'es là depuis combien d'temps ? » J'ose à peine le regarder. Le savoir aussi près me provoque de nouveau une certaine pression incompréhensible dans la poitrine.
– « J'dirai une quinzaine de minutes. Ton sommeil semblait agité... » remarque-t-il. J'espère vraiment ne pas avoir parlé, mes rêves sont si violents ces derniers temps...
– « T'aurai dû me réveiller, c'est un peu gênant... » soufflais-je, totalement embarrassé.
– « Qu'est-ce que tu ne trouves pas gênant ? » rit-il adorablement. Il n'a pas vraiment tord. Je me sens constamment tout petit lorsqu'il est dans les parages. Totalement intimidé... Minjae se lève et vient retirer la veste de son uniforme pour la déposer sur la chaise de mon bureau. Je l'observe, toujours aussi curieux de le voir là. Lui ai-je manqué moi aussi ? Ne pouvait-il pas attendre lundi pour me voir ? Tout en desserrant sa cravate, le brun me rejoint sur le lit, s'installant à son aise sur mes cuisses. Muet, même incapable de déglutir, je le laisse me retirer mon t-shirt. « J'imagine que ton état était bien pire la semaine dernière mais quand même... » se dit-il à lui-même, en analysant mes blessures, le bout de ses doigts effleurant ma peau. Je reste l'observer calmement, perdu dans ses putains de yeux qui ne cessent de m'hypnotiser. Il vient caresser mon cou, le dos de sa main me faisant frémir par le contraste de nos températures. « T'es brûlant... » souffle-t-il contre ma bouche. Il me tente, je le sais. Et je crois que je peux aujourd'hui affirmer que j'adore ça.
– « Pourquoi est-ce que tu es venu, Minjae ? » demandais-je pour éviter de venir embrasser ses lèvres avant que je ne m'en rende réellement compte.
– « J'avais envie de t'embrasser... » Il ne cherche même pas à le nier ? Je reste l'admirer sans prendre la peine de lui répondre. Minjae se lance finalement et vient caresser mes lippes. C'est un baiser rassurant, adoucissant. Sa délicatesse est si réconfortante que mon cœur s'emplit de gratitude. J'ai le sentiment qu'il est réellement là pour moi, d'avoir un soutien sincère, même s'il n'a certainement pas conscience de la douleur et l'humiliation que je ressens davantage en permanence, depuis plus d'une semaine. Voulant éviter de rompre ce moment qui m'apaise et me fait oublier un instant à quel point ma vie est déplorable, je me retiens de gémir de douleur lorsqu'il vient intensifier nos échanges. Je ne veux pas interrompre son initiative, j'apprécie tant ce qu'il me fait. Tout devient si rapide et si passionné que malheureusement je ne réussis pas à tenir bien longtemps.« T'as mal ? » Je ne peux m'empêcher de sourire face à son attitude. Il est si complaisant. À chaque fois que je me retrouve seul avec lui, j'en apprends davantage à son sujet, ce qui est si excitant. « Allonges-toi, ce sera plus confortable... » me propose Minjae. J'exécute, lui m'aidant à m'installer lentement sous son corps, des papillons envahissant rapidement le bas de mon ventre. Le visage empourpré, je reviens quémander ses lèvres, trop impatient. Mon camarade de classe vient malaxer mon entre-jambe par-dessus mon short, me faisant bouillir encore plus. Sans vraiment en prendre conscience, je déboutonne les boutons de sa chemise, ressentant la soudaine envie de peloter son torse. Lorsque sa main rencontre finalement mon intimité, bien que l'espace d'un instant je me surprenne à imaginer ma mère débarquer tout à coup, je me laisse porter par mes désirs et ferme les yeux pour savourer pleinement ses talents. Sa bouche baisant mon cou puis mon torse tâchés de bleus, Minjae accélère sa torture alors que je me mords littéralement les lèvres pour ne pas gémir. Je suis partagé par le plaisir et la douleur de mon torse qui ne cesse de se presser à monter puis redescendre au rythme de ma respiration.
– « Minjae... » murmurais-je, emporté par cet acte délicieux. Son corps se déplace, sa main se stoppe et lorsque je rouvre les yeux, je l'aperçois, son visage au-dessus de mon érection. Son regard malicieux planté dans le mien, un léger sourire en coin, Minjae entreprend un tout nouveau tourment. J'ai à peine le temps d'ouvrir la bouche que le voilà déjà en marche, mon membre entre ses lèvres, tirant sur ma peau avec diligence. « Bordel... » Je me cache honteusement le visage, trop déboussolé par ce qu'il me fait. Je n'étais pas sûr d'être prêt, c'est un peu trop précipité pour moi mais...maintenant que je le ressens, penché sur mon sexe, l'affectionnant avec une telle habilité, je crois ne plus jamais pouvoir m'en passer. Je m'accroche à ma couverture et à l'entête de mon lit, éperdument conquis par ses aptitudes. C'est tellement bon. Tellement...curieux aussi... J'arrive à deviner l'intérieur de sa bouche avec tant de précision. Son palais, sa douce langue, ses dents, le fond de sa gorge, cette salive qui me recouvre entièrement le sexe mais aussi ses joues, l'aspirant comme si elles me cajolaient... Mon bassin gigote dans tous les sens, mes jambes se tendent, mon corps transpire comme jamais, ma voix offre un cri étouffé pour exprimer toute la jouissance qui me transperce. « Je viens... Minjae, je viens...je... » Il s'exécute pendant encore quelques secondes avant se détacher de moi, d'attraper mon t-shirt et de me laisser y venir jouir rapidement. La bouche entrouverte, je m'extasie librement, satisfait d'une toute nouvelle manière... Comment fait-il pour me faire ressentir toutes ces émotions en même temps ?
– « Tellement sexy... » marmonne-t-il avant de revenir baiser mes lèvres passionnément. « Je suis si impatient, Hyunwoo. Si impatient... C'est vraiment dur de t'résister... » m'avoue-t-il de cette voix si sensuelle qui me fait frémir. Minjae a vraiment trop de charisme que j'en meurs complètement. À genoux au-dessus de moi, Minjae vient déboutonner son pantalon d'une lenteur plus qu'exaspérante, pour venir y frictionner son intimité sous mes yeux. Ses gestes sont assurés, animales et ses yeux me supplient littéralement de venir prendre les reines de son plaisir. Alors trop envieux de lui rendre la pareille, je me saisis de sa cravate pour l'obliger à revenir jusqu'à moi. Mon voisin de classe comprend bien vite, menant ma main autour de son bâton de chair, refermant mes doigts autour de son membre déjà bien dressé. Il me mène avec attention, comme s'il m'apprenait sérieusement comment lui faire du bien... « J'aime quand t'es entreprenant, Hyunwoo... Fais-le juste comme t'aimes te l'faire...fais-le...comme si...comme si je m'enfonçais dans un vagin...ou dans ton putain d'anus...oui, comme ça... » me souffle-t-il, sa main menant la mienne brusquement. Je suis d'abord déboussolé par la façon dont il s'adresse à moi mais pas négativement. En réalité, je me sens comme réellement concerné par ses dires, comme si je voulais qu'il s'imagine réellement être en moi... Ce qui est plutôt bizarre, plutôt angoissant... C'est lorsqu'il m'incite à y aller plus vite que je commence moi-même à prendre plaisir. Il est si beau, putain... Comment fait-il ? Comment ? Ma vie a fondamentalement besoin de quelque chose comme ça, à force d'avoir peur de vivre, à cause de ma mauvaise foi et des malheurs qui m'empêchent de croire que j'ai aussi le droit d'être heureux, j'ai toujours eu peur d'avancer, de grandir... J'en prends conscience. J'ai peur de l'inconnu, constamment. Mais pas de lui. Et ce que je ne connais toujours pas, ce que je ne pensais même jamais connaître, j'ai désormais l'envie de le découvrir avec lui... J'ai envie d'aller vers lui parce qu'il est le premier à me faire ressentir ce genre de chose. Il est parfois trop direct et sa confiance lui donne une certaine arrogance mais j'aime être avec lui, même lorsque je me sens un peu trop intimidé ou trop stupide. J'aime vraiment l'embrasser, le savoir sur moi, le savoir inquiet mais par dessus tout, j'aime la façon dont il pose ses yeux sur moi. Il est désireux. Oui, j'ai réellement l'impression qu'il me désire comme il n'a jamais désiré personne et ça, ça fait naître en moi de nouvelles sensations, de nouvelles envies, de nouveaux espoirs. Avoir peur de souffrir lorsqu'on connaît la fin, je crois que je peux supporter ça. Si j'arrive à vivre chaque jour avec la peur de mourir, alors je peux réellement vivre ça pour lui mais surtout pour moi. Parce que j'avais besoin de ça, besoin d'une présence telle que la sienne. Je crois que j'ai besoin de Kim Minjae, de l'intérêt qu'il me porte alors je compte bien m'accrocher à lui. Et si je finis par m'attacher, alors peut-être que je souffrirai mais c'est lui qui devra en prendre l'entière responsabilité, car tout aura commencé à cause de lui et à sa façon de se comporter avec moi.
Il lâche finalement ma main pour me laisser faire seul. Je suis toujours aussi gêné d'être là, à lui faire plaisir mais c'est plaisant d'être la source de cet état second, de constater que je suis capable d'être celui qui le fait jouir. Minjae finit par éjaculer dans ma main. Il m'a observé sans me lâcher du regard une seule seconde, sans émettre le moindre mot, se contentant de profiter de ce que je lui offrais, ses dents torturant sa lèvre inférieure. Il revient m'embrasser une dernière fois puis se lève, refermant son pantalon tout en se dirigeant vers la salle de bain. Je me dresse, ressentant de nouveau la douleur de mes mouvements avant de le suivre sérieusement, tentant de ne rien laisser paraître. Dans un silence plus qu'étrange, je me retrouve avec lui autour du lavabo à me laver les mains comme si tout était parfaitement normal.
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