6 : Pour toujours.
– « On a eu tord tous les deux. Alors n'en parlons plus. » affirme-t-il d'un léger sourire. C'est assez rassurant de pouvoir le revoir sourire. À vrai dire, je me suis imaginé tellement de scénario cette nuit que pour moi, seul le pire était à prévoir. Comme...un coup venant de lui, par exemple... « Mais laisse-moi quand même te poser une question...est-ce que...tu t'sens vraiment forcé à quoique ce soit ? » m'interroge-t-il de sa voix grave avant de venir tirer sur sa cigarette. Minjae s'est approché de moi jusqu'à ce que mon dos n'heurte le mur. Je déglutis nerveusement puis secoue négativement la tête, de nouveau paralysé par son assurance. « Alors, tu apprécies tout autant que moi c'qui est en train d'se passer entre nous, pas vrai ? » sourit-il narquoisement. J'acquiesce de nouveau, hypnotisé par sa bouche, par la manière dont elle épouse sa clope mais surtout par le regard obscur qu'il me porte. C'est de ça dont j'ai envie. À chaque fois que je ferme les yeux, depuis la première fois que j'ai posé les yeux sur lui, je me ressasse ce regard. Il m'apporte une certaine satisfaction, une certaine confiance... C'est presque comme si je l'entendais me supplier de le laisser m'approcher, c'est presque aussi exaltant qu'une déclaration d'amour. « J'en étais sûr... » murmure-t-il sensuellement contre mes lèvres. Je me laisse vite porter par ses caresses lui donnant l'autorisation de venir m'embrasser plus profondément. C'est si agréable... Mon camarade de classe précipite bien vite les choses, déboutonnant les deux premiers boutons de ma chemise pour y venir baiser ma peau. Satisfait de me sentir de nouveau aussi désirable, je lui laisse carte blanche, les paupières closes pour mieux pouvoir profiter de son affection. Je ressens sa bouche m'aspirer violemment alors que l'une de ses mains s'active à déboutonner mon pantalon. Le brun s'écarte pour mieux voir ce qu'il fait, son autre main menant à plusieurs reprises sa cigarette jusqu'à sa bouche. « Je t'excite, hein ? » murmure-t-il lorsque mon sexe s'offre à lui. Je rougis d'embarras, incapable de trouver quoique ce soit à dire. Il faut dire que sa question n'a pas besoin de réponse plus claire que celle que mon corps lui donne. Il commence ses mouvements de poignet de sa main droite, sa main gauche toujours prise par son mégot. Moi, impuissant, je me perds dans ses yeux sombres. Il est si beau, si séduisant...
– « Comment...comment tu fais...pour être si confiant ? T'as toujours l'air si sûr de toi... » C'est presque irréel de m'entendre demander une telle chose. Je fais tellement pitié, putain. Mon visage bouillonne de gêne. Tu n'es vraiment qu'un putain de loser, Hyunwoo. Ma question semble faire rire Minjae, ce qui bien évidemment n'arrange pas mon état. Je détourne le regard, honteux alors que ce dernier s'approche de nouveau de mes lèvres, ses doigts malaxant mon membre avec habilité.
– « Et bien... J'suis beau, sexy, attrayant et charismatique. Mais surtout...j'suis bon. Je sais exactement quoi faire pour te faire du bien, Hyunwoo... » susurre-t-il animalement. Il est sérieux. Il ne se fout pas de moi, Minjae est très sérieux. Et même si je suis surpris par sa franchise, je ne peux contredire ses dires. Il a raison. Son charisme me séduit, il me rend toute chose. J'en perds presque la tête. « Il me suffit de scruter ton expression pour savoir si je dois serrer un peu plus ou si je dois simplement me contenter de te frôler... Il me suffit d'analyser tes gémissements pour savoir si tu préfères que je le fasse rapidement et brutalement ou plutôt lentement et avec douceur. Je sais aussi que maintenant...il me suffit de venir caresser ton périnée pour que ton corps tout entier ne soit à ma merci... Et lorsque tu te sentiras venir, je n'aurai qu'à venir caresser ta verge... Tu n'auras qu'à te laisser aller. » m'explique-t-il avec attention tout en mimant le moindre de ses mots. Perdu par tout le plaisir qui prend possession de moi, je me contente de l'admirer faire, lui qui vient parfois fumer comme si ses autres gestes étaient d'une facilité logique. Il me rend fou... Il vient glisser sa clope entre mes lèvres alors que j'espérais qu'il reviendrait m'embrasser avant que tout ça ne prenne fin. « Tiens-moi ça. Si tu l'as laisses tomber, j'serai dans l'obligation de m'arrêter pour en rallumer une, alors ne merde pas Hyunwoo... » Sa main droite continue de me masturber avec dévotion tandis que sa main gauche vient chercher quelque chose dans la poche intérieure de sa veste d'uniforme. Sur le point de connaître l'extase, je serre les lèvres pour ne pas faire tomber ce qu'elles détiennent. Je ne veux surtout pas qu'il s'arrête maintenant, je veux qu'il me fasse jouir. Là, maintenant... Sans me quitter des yeux ni même ralentir la cadence, Minjae vient ouvrir le paquet avec ses dents pour en soutirer un mouchoir, abandonnant le reste sur le sol. Après l'avoir glissé sur mon membre et avoir récupéré son mégot pour le jeter plus loin, comme pour me narguer, mon camarade de classe vient enfoncer sa langue dans ma bouche, intensifiant les pulsations de mon intimité entre sa main. « C'est bon, Hyunwoo...tu peux finir... » souffle-t-il charnellement. Je me déverse dans sa main lorsque son pouce vient cajoler le bout de mon membre turgescent, comme il l'avait prévu. Je me laisse porter par la jouissance de ce moment, me rappelant qu'à chaque fois, ils sont bien trop courts à mes yeux... Ses yeux dans les miens, je fuis son regard, toujours aussi embarrassé. Mes moments de frivolité ne durent jamais bien longtemps. À chaque fois, je finis par me souvenir que je ne suis qu'un pitoyable misérable... Minjae, lui, sans aucune once de gêne, ramasse son paquet de mouchoir pour venir d'un naturel déroutant essuyer mon intimité.
– « Attends, je vais... »
– « Non. Laisse-moi faire, c'est moi qui t'ai mis dans cet état... » plaisante-t-il. J'ai l'impression d'être un petit garçon à qui ont aurait l'obligation de faire la toilette, ce qui n'arrange pas mon état mental... Mon camarade de classe me rhabille convenablement et se débarrasse de ce qu'il a dans les mains dans l'une des poubelles. Figé sur place, j'attends impatiemment qu'il se décide à dire quelque chose. Je ne sais jamais comment agir après que nous ayons...partagé ce genre de moment... « Tu sais...mon ego a légèrement été atteint la première fois que j'ai posé la main sur toi... Je ne pensais pas qu'elle serait si imposante. » m'affirme-t-il après être revenu jusqu'à moi. Il... Quoi ? Est-ce qu'il parle de mon...? « C'qui n'est pas forcément pour me déplaire, à vrai dire... Je m'disais juste que j'pourrai finir blessé, si jamais tu finissais par avoir envie de t'en servir concrètement, enfin...de mener les choses, tu vois... Parce que j'me dis que quand on est aussi bien foutu...on a sûrement envie de la laisser diriger, nan ? Le souci, c'est que ça n'arrivera jamais avec moi alors, l'espace d'un instant, j'me suis dis que j'pourrai réellement finir blessé si tu finissais par avoir envie d'aller t'en servir avec quelqu'un que moi. Je crois...que je n'le supporterai pas... Tu comprends ? » Je ne suis pas vraiment sûr de comprendre ce qu'il veut réellement dire. Le fait qu'il parle si ouvertement de mon entre-jambe me rend incrédule. Je suis sans voix. Puis...pense-t-il vraiment que je serai assez fou pour agir ainsi avec quelqu'un d'autre que lui ? Je suis déjà constamment sous pression lorsque l'envie me prend de l'embrasser alors franchement, je ne suis pas sûr d'avoir les épaules pour me lancer dans ce genre de conquête. Puis...pourquoi aurais-je envie de quelqu'un d'autre quand je peux avoir Kim Minjae ? « J'ai faim, pas toi ? J'ai envie d'un Subway, ça t'tente ? » me demande-t-il subitement.
– « Hum...je sais pas si... »
– « Quoi, c'est l'heure du déjeuner, y'a aucune interdiction. T'aura pas à sauter le mur, cette fois... Allez viens et ferme-la... » Je l'ai suivi jusqu'au Subway le plus proche du lycée, sans rien dire. Minjae semblait totalement détendu mais moi, j'étais bien trop stressé à l'idée que quelqu'un ne nous voit ensemble. C'est vrai...comment réagirait Yunho s'il apprenait que nous sommes bien plus proches qu'il n'y paraît ? Nous avons passé commande et sans comprendre pourquoi, Minjae a tendu sa carte de crédit sans me donner l'occasion de broncher. J'imagine qu'il ne savait pas comment agir... « J'vais aux toilettes vite-fait. » me laisse-t-il à la table avec nos deux plateaux. Bien...respire, Hyunwoo. C'est juste...un déjeuner...avec un ami, comme tu le fais habituellement avec Jibin. Ça n'a rien...d'exceptionnel...si ? Nerveux, je tente de reprendre mes esprits avant qu'il ne revienne quand par le plus grand des hasards, j'aperçois Yunho et Junmyeon à l'extérieur du fast-food. Putain de merde... Ils sont tous les deux collés à la vitre à observer l'intérieur. Par pitié, ne me dite pas qu'ils nous ont suivi... Je croise le regard de Yunho et détourne rapidement la tête, priant pour qu'il ne me reconnaisse pas. Mon calvaire risque de s'intensifier s'il entre et vient remarquer que celui qui m'accompagne est Minjae, son imbécile d'ami Kim Minjae. « Tu m'attends pour manger ? Bordel, t'es trop bien éduqué... Mange avant que ça soit froid... » se moque-t-il. Je vérifie au niveau de l'entrée et remarque que Yunho et l'autre imbécile ont disparu. Bon...alors j'imagine qu'ils ne nous ont pas vu... Ce n'est vraiment pas le genre de Yunho de s'en aller sans rien dire, il n'est pas aussi bon... « T'étais déjà venu ici ? » m'interroge-t-il, la bouche à moitié pleine.
– « Avec Jibin parfois. Et Minki aussi, quand il est en repos. » avançais-je. L'année dernière, j'ai pratiquement passé ma vie ici. Avec Jibin, il était pratiquement impossible pour nous de déjeuner tranquillement au lycée. Youngjae et Yunho s'étaient trouvé une nouvelle passion, nous jeter tout et n'importe quoi sans nous laisser du répit. Ça a duré plus d'un mois mais trop humilié nous avions préféré rester à l'écart d'eux quelques temps pour être sûr qu'ils ne recommencent.
– « Maintenant, tu viendras avec moi. » assure-t-il en se saisissant de son gobelet de coca. Alors il y aura d'autre fois ? Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Jamais je n'aurai cru venir manger ici par plaisir, moi qui m'étais habitué à y venir pour fuir. « Donne-moi ton numéro. Ce sera plus facile pour s'organiser la prochaine fois. » poursuit-il alors qu'il glisse son mobile jusqu'à moi. Ouah, il est vraiment doué, si éloquent...un vrai séducteur... Je l'annote et lui rend son téléphone, plutôt intimidé. Les choses commencent à devenir sérieuses, non ? « Bon, on s'bouge, j'voudrais pas que t'arrive en retard à cause de moi. J'devrais pas commencer à avoir une mauvaise influence sur toi...pas tout d'suite du moins. » Minjae a posé son bras sur mes épaules comme si nous étions amis depuis toujours puis, une nouvelle cigarette à la bouche, il nous a conduit jusqu'à l'entrée du lycée. Bien évidemment nous nous sommes séparés avant que quelqu'un ne nous surprenne, reprenant chacun notre chemin. Et comme ce fût déjà le cas la dernière fois, je me suis surpris à espérer partager de nouveau un tel moment avec lui. Quand je suis à ses côtés, malgré mes angoisses et cette peur qui surgit sans arrêt, j'ai le sentiment de faire partie de ces adolescents normaux, ceux qui ne sont pas martyrisés ou méprisés... Je me sens différent.
– « Regarde où tu marches, ducon. » s'exclame Junmyeon lorsque je me retrouve étalé sur le ventre, au beau milieu du couloir. Regarder où je marche... C'est ce que je fais constamment. Habituellement... Mais il se trouve que ce matin, trop perdu dans mes pensées, je n'ai pas vu le pied que ce dernier me tendait et j'ai donc majestueusement fini sur le sol, captant l'attention de tous les élèves autour. Je me relève, le genou douloureux. Ça faisait quelques jours qu'ils se contentaient de me bousculer ou de m'insulter sans m'accorder plus d'attention que ça et voilà qu'en ce jeudi matin, je sens le danger approcher.
– « C'est fou comme ta tête peut m'énerver, Hyunwoo... » souffle Yunho, appuyé contre le mur, une canette en main. Enfin sur mes pieds, j'analyse la situation. Il reste vingt minutes avant que le premier cours ne sonne, Sunwoo est captivé par son téléphone, une sucette en bouche. Junmyeon me méprise de son regard noir tandis que Myungsoo, mon sac à dos en main, s'empresse de l'ouvrir pour y jeter un œil. Ils ont l'air déterminés à s'attarder sur ma personne, ce qui n'est pas vraiment bon signe.
– « Est-ce que j'pourrais juste...continuer mon chemin ? » demandais-je lamentablement. J'avais passé un si bon début de semaine, ne pouvais-je vraiment pas la terminer sur le même état d'esprit. Myungsoo offre mon sac en présent à Yunho, lui donnant la merveilleuse idée de venir vider sa canette de soda sur mes cours. L'enfoiré... « Vous êtes sérieux là ? » soufflais-je, hors de moi. S'ils avaient la moindre idée du temps que ça me prend d'organiser mes cours pour le Suneung à venir... Mais non, ils sont tellement stupides qu'ils ne peuvent même pas comprendre.
– « Très sérieux, Hyunwoo... » rétorque Junmyeon en s'emparant d'une partie de ma chevelure. Bien vite, je me retrouve conduit jusque dans les toilettes des garçons, en compagnie de Yunho et sa bande d'idiot. Une première correction du chef de meute pour avoir contesté leur autorité et je me tords sur moi-même. Puis les coups s'enchaînent et je suis bien vite de retour sur le sol. Yunho relève ses manches pour continuer son acharnement, sous les encouragements de Myungsoo et Junmyeon. Sunwoo, lui, semble trop préoccupé par son téléphone. Le brun vient me chevaucher et s'asseoir sur moi à son aise avant de commencer à claquer ses mains contre mes joues d'une violence extrême mais détendue. Il s'applique à la tâche, souriant comme un idiot à chaque fois que je tente de l'éviter. Répétant son geste ardemment, j'ai du mal à y voir clairement. Ma vue se brouille momentanément, alors que je sens mes joues rougir de douleur et le goût du sang pénétrer dans ma bouche, il vient de m'ouvrir la lèvre. Énervé par son comportement, les larmes me montent aux yeux et je réfléchis alors à quel point j'ai vraiment l'air pathétique à le laisser faire aussi facilement. Je viens attraper ses poignets et le silence se fait lorsque son regard emplit de colère et de noirceur vient percer mon expression de peur. Il n'y a plus aucun bruit dans la pièce, j'ai même peur de respirer tellement le silence en est pesant. Ils ne s'attendaient pas à ça. Je n'ai même jamais osé penser pouvoir protester leur domination... Je suis effrayé, je tremble comme une feuille en repensant à l'erreur fatale que je viens de commettre. Peut-être est-ce mon heure... Peut-être vais-je vraiment mourir sous leur coup, finalement... Yunho se lève rapidement et ordonne à ses deux chiens de me ruer de coup. Je chouine et supplie leur pitié, leur pardon. Puis ils cessent subitement. Mon nez pissant le sang, mes joues mouillées par les larmes, je peine à respirer correctement. Je suis incapable d'arrêter mes gémissements de honte. Il me faut bien quelques secondes pour reprendre mes esprits et remarquer que Sunwoo est celui qui leur a obligé à s'arrêter.
– « T'es vraiment en train de me rendre fou, ces derniers temps. C'est quoi ton putain de problème, Sunwoo ? » hurle Yunho, le poing serré. Park Sunwoo a toujours été différent des trois autres. Il m'offre parfois une tape derrière la tête ou me bouscule quand je lui bloque le passage mais il ne s'acharne jamais sur moi. Il se moque, rit mais reste la plupart du temps passif, presque désintéressé. Sunwoo n'aime pas grand-monde à vrai dire. Il s'entend bien avec Junmyeon mais je crois que Myungsoo lui tape parfois sur les nerfs. Malgré tout, je suis surpris de constater qu'il entreprend d'intervenir dans ce genre de cas. Ça ne lui ressemble pas de tenir tête à Yunho...
– « J'en ai aucun. C'est juste...qu'on risque d'avoir des ennuis si tu continues de le frapper sans cesse au visage. T'as oublié c'que tu dis tout l'temps ? Personne ne doit savoir. On arrive à frôler les ennuis à chaque fois que tu vas trop loin mais là, si tu t'arrête pas maintenant, on risque vraiment d'en avoir. Et crois-moi, t'as pas ma mère, enfoiré... » répond calmement Sunwoo, pas le moins du monde apeuré par la rage qui émane de son chef. En cet instant, je suis certainement l'homme le plus seul au monde. Au lieu de voir des gens se ruer vers moi pour venir m'apporter leur aide, j'écoute ces quatre idiots bavarder sur la manière de s'y prendre pour me faire souffrir... Je suis incapable de bouger, ne serait-ce que pour sortir un son... J'ai trop mal au torse... Cette base de violence au lycée n'est qu'un cercle vicieux qui ne s'arrêtera jamais. Je suis condamné à subir leurs méchancetés encore et encore. Ça sera certainement les mois les plus longs de ma vie. Leurs mots sont poignants, leurs poings ne sont que des couteaux me tranchant le corps sans aucune pitié. Parce qu'ils n'ont pas de pitié, même pas un peu, ils se foutent de savoir ce que je peux ressentir, à quel point ce moment va rester marqué en moi de façon traumatisante et humiliante. Ils pensent pouvoir atteindre le sommet en me piétinant de la sorte, ils pensent m'atteindre au plus profond de mon cœur et...pour une fois...ils ont raison. Je veux mourir, je souhaite réellement mourir en cet instant. L'apparition de la faucheuse ne serait qu'un cadeau pour moi si elle venait me chercher aujourd'hui. Je préférerais finir en enfer plutôt que de subir une nouvelle fois leurs paroles et leurs actes sans une once d'humanité.
– « Tu t'fous d'moi ? Depuis que... »
– « Hyunwoo ! » Alors que je suis perdue dans mon désarroi et le probable futur abandon de mon âme, Jibin débarque brusquement. Essoufflé, il écarquille les yeux comme jamais lorsqu'il aperçoit l'état dans lequel je suis. Je ne dois vraiment plus ressembler à grand-chose. Il semble bouleversé et ne savoir que faire. Instinctivement, il se dirige vers moi mais Myungsoo l'en empêche en lui bloquant le passage, un large sourire sur les lèvres. Qu'est-ce que ça veut dire, putain ?
– « Vous croyez pas qu'vous allez un peu trop loin ? Putain mais regardez son état, bande de cons ! » s'offusque Jibin, loin d'être intimidée. Il est plutôt furieux, totalement hors de lui. Je veux me lever pour l'empêcher de faire une connerie, pour l'empêcher d'en dire davantage, je veux pouvoir avoir la force d'ouvrir ma putain de bouche pour lui ordonner de fuir cet endroit et cette situation le plus rapidement possible tant qu'il en est encore temps mais je n'y arrive pas. Tout ça va mal finir et je ne peux pas regarder la seule personne que j'ai pour ami se faire avoir comme je l'ai été.
– « On dirait que toi aussi t'as envie de t'faire frapper, Jibin... » menace Myungsoo en s'approchant dangereusement de lui.
– « Qu'est-ce que vous voulez de plus ? Vous m'avez demandé de venir le récupérer, non ? Alors laissez-nous maintenant. » réclame Jibin, la voix légèrement tremblante. Il serre les poings pour se donner du courage mais moi, je me fous de son putain de courage à la con. Il veut se faire tuer ? Alors qu'ils le méprisent d'un rire moqueur, les larmes continuent de rouler sur mes joues. J'ai peur pour lui. Que quelqu'un nous vienne en aide... Alors que je tente de trouver le courage pour me relever, la porte s'ouvre. J'espère un instant que c'est un adulte, un professeur, un élève inquiet...ou...même Minjae, mais non. Ce n'est que... Hwasa ?
– « C'est quoi c'bordel ? » demande-t-elle visiblement perplexe. Elle semble réellement choquée par la situation. Et pourtant, Dieu sait à quel point il est dur de surprendre la grande et sublime Hwasa... « Qu'est-ce que tu fous, putain ? Et pourquoi tu m'as fait venir, Yunho ? » l'interroge-t-elle, frénétique.
– « Ton petit-copain est sûr le point de s'faire frapper, on a pensé que ça t'intéresserait... » avance Junmyeon. Son petit-copain ? Bordel, est-ce à cause des coups que je ne comprends plus rien à ce qui se dit ?
– « Allez vous faire foutre, putain ! Dégagez d'ici immédiatement sinon j'vous jure que vous allez le regretter. Et tu sais très bien de quoi j'parle Yunho. Ta mère ne serait pas emballée d'apprendre ce que j'sais... » Hwasa ne semble plus du tout d'humeur à écouter leurs conneries. Qui aurait cru que j'en viendrais à la vénérer réellement ?
– « T'es en train d'me menacer, là ? Quoi, tu t'crois intouchable, salope ? » s'emporte l'autre, agressivement. Je remarque l'expression faciale de Jibin se métamorphoser. Je prends peur lorsque ce dernier fait un premier pas en direction du fou furieux de Yunho. Qui sait ce que cet imbécile de Jibin serait prêt à faire pour défendre l'honneur de celle dont il est fou amoureux ?
– « On devrait y aller. T'as pas franchement envie de te mettre Hyunjae à dos. Et tu sais à quel point il aime sa sœur, nan ? » intervient de nouveau Sunwoo, toujours aussi détendu.
– « Je t'emmerde, Sunwoo. Je vous emmerde tous ! » grogne-t-il, humilié. Le chef fuit, suivi de Junmyeon et Myungsoo, me laissant enfin la liberté de relâcher la pression, rendant mes blessures bien plus douloureuses que je ne l'imaginais. Nous sommes d'abord tous silencieux, sûrement trop remués pour dire quoique ce soit. Jibin s'accroupit finalement à mes côtés pour analyser mon état. Cette fois...ma mère va vraiment me tuer...
– « C'est quoi ce bordel, Sunwoo ? » exige de savoir Hwasa.
– « Hyunwoo a répondu. Alors ils ont fait venir Jibin, puis ils t'ont fait venir toi. Jinha n'apprécie pas vraiment de savoir que tu échanges des messages avec ce morveux. Ils ont sûrement pensé qu'ils pouvaient régler tout ça en même temps... Tu passeras le bonjour à Hyunjae d'ma part. » déblatère-t-il rapidement avant de s'en aller sur la sonnerie annonçant le début des cours.
– « Tu l'feras toi-même, ducon. » se souffle-t-elle à elle-même. « Hyunwoo, tu peux te lever ? Il faut qu'on t'emmène à l'infirmerie... » Je réponds négativement, les yeux toujours humides. C'est assez étrange mais quand le calme est revenu dans la pièce, la première chose que j'ai eu envie de faire, c'est d'attraper mon téléphone pour appeler Kim Minjae. C'est à lui que j'ai pensé comme s'il avait le pouvoir de réconforter ma peine et ma douleur... Heureusement pour moi et ma fierté, je n'ai même pas la force de glisser ma main dans la poche de mon pantalon... Après m'avoir laissé une bonne dizaine de minutes de répit, je me sens finalement prêt à sortir d'ici. Hwasa et Jibin me traînent alors du mieux qu'ils peuvent jusqu'à l'infirmerie du premier étage. Dieu merci, nous sommes dans le bon bâtiment... Les escaliers ont été dur périple mais finalement après presque quinze minutes, je finis par m'allonger sur un lit, gémissant de douleur. « Cet enfoiré, j'vais lui broyer ses couilles, il va rien comprendre... » marmonne la sulfureuse Hwasa en prenant place sur le lit d'à côté. J'apprécie fortement le fait qu'elle nous soit venue en aide. Beaucoup d'autres auraient fait le choix d'éviter les ennuis et auraient fait demi-tour sans se poser de question. Jibin, lui, un mouchoir dans la main, me nettoie délicatement le visage, visiblement chamboulé...
– « Tu vas m'dire qui c'est, cette fois ou je dois user de mon autorité pour te faire cracher le morceau ? » me récrimine Mme Song, l'infirmière de l'école. Elle ne semble plus vraiment surprise de me voir débarquer là. Il faut dire que j'y passe au minimum une fois par mois. Je ne me vois pas demander à ma mère de s'occuper de moi, elle poserait trop de questions...
– « Il souffre beaucoup, Mme Song. » tente Jibin, en faisant la moue. Même si Mme Song n'insiste pas et se contente de nettoyer et recouvrir mes blessures silencieusement, je sais qu'il y en a une qui ne sera pas aussi facile à manipuler : ma mère. Mme Song l'a appelé, préférant que je rentre pour me reposer. Je l'imagine déjà, en pleurs, complètement paniquée. Il va falloir que je réfléchisse à un mensonge et qu'il soit efficace mais sans problème. Jibin et Hwasa sont restés à mes côtés jusqu'à ce que ma mère n'arrive et j'avais raison, elle semble totalement désemparée. Ma mère sera toujours la seule personne sur cette terre à s'inquiéter autant pour moi. C'est sans doute pour ça que je l'aime après tout.
– « Mon Dieu, qu'est-ce qui s'est passé ? » exige-t-elle de savoir en venant me serrer contre elle. Je panique légèrement en pensant au mensonge que je vais devoir lui sortir. Je déteste mentir à ma mère, je suis pourtant assez souvent obligé de le faire à cause de Yunho. Je ne me vois pas lui avouer que son fils est un loser, qu'il se fait frapper et martyriser par ses camarades de classe. J'ai bien trop honte, alors j'ai stupidement inventé le fait que je me battais souvent contre eux pour défendre les plus timides, les plus petits et...aveuglement, ma mère m'a cru. Elle est bien trop bonne...
– « C'est rien. J'me suis un peu bagarré avec un élève d'une autre école... Il embêtait plus petit que lui, alors, j'me suis senti obligé d'intervenir. » répondis-je d'une petite voix. Hwasa et Jibin échangent un regard, sûrement surpris par la facilité avec laquelle les mots sortent. « Jibin et Hwasa m'ont aidé à venir jusqu'ici. L'autre s'est enfui avec deux de ses camarades. » ajoutais-je pour paraître plus convaincant.
– « Il était en bien pire état que Hyunwoo. Vous savez comment est votre fils, Mme Lee. Il ne peut s'empêcher de se mêler de c'qui n'le regarde pas... Mais je suis arrivé à temps pour les empêcher de s'entre-tuer... » plaisante Jibin pour détendre l'atmosphère. Ma mère pose rapidement les yeux sur lui avant de venir le serrer dans ses bras.
– « Merci mon Dieu, tu étais là... Merci infiniment, mon garçon. » s'exclame-t-elle en lui pinçant les joues. Ma mère a toujours tendance à être trop affective et légèrement envahissante. C'est un trait de caractère naturel chez elle. Elle adore Jibin. Non seulement parce qu'il est intelligent et poli mais surtout parce que c'est le seul et l'unique ami que j'ai déjà invité chez nous. Elle vient regarder Hwasa quelques secondes puis lui offre une accolade également. La brune reste surprise face à son comportement, ne sachant comment agir. Ce qui semble faire rire Jibin. Je me demande vraiment si ce que Sunwoo a dit est vrai ? Est-ce que Jibin échangerait réellement des messages avec Hwasa ? Pourquoi me le cacher dans ce cas ? « Je t'emmène à l'hôpital. Et ne bronche pas cette fois-ci. Je t'ai déjà dit que la violence ne réglait rien... Est-ce que tu sais de quelle école ils venaient au moins ? » me demande-t-elle une fois dans la voiture. Je secoue négativement la tête. Je n'ai plus envie de mentir aujourd'hui alors je préfère ne plus parler. Nous avons passé la journée aux urgences. Cet endroit me faisait tellement stressé que j'ai fini par imaginer les médecins m'annoncer un diagnostique des plus funestes. Heureusement pour moi, sur les coups de vingt-et-une heure, après un examen neurologique détaillé, des examens radiologiques et une consultation avec un pneumologue, il m'a été annoncé que j'avais une névralgie intercostale. Cette douleur dans les côtés était en fait une douleur située dans le thorax provoquée par l'inflammation de l'un de mes nerfs intercostal. Le médecin m'a dit que c'était dû aux coups reçus mais aussi à mes troubles anxieux qui par des contractions musculaires à répétition avaient intensifiés la douleur. Au moins, ce n'est rien de grave... Puisque ma douleur n'était pas insupportable et que le degré de l'inflammation n'était pas alarmant, j'en suis ressorti avec une simple ordonnance d'antalgiques, d'anti-inflammatoires et de séances d'acupuncture et de massage. Malgré mon soulagement, je ne pouvais relâcher la pression. Je ne pouvais m'empêcher de repenser au regard de Yunho et à son sourire démoniaque. À chaque fois que je fermais les yeux, c'est lui que je voyais...
Je n'ai jamais réellement pensé que la souffrance qu'il me faisait subir, lui et les trois autres pouvait m'atteindre à un tel point que je serai dans l'incapacité de venir au lycée. Mais...j'ai l'impression que si je continue comme ça, mon cœur souffrira éternellement. J'ai eu peur, vraiment. J'ai cru que Jibin allait subir la même chose que moi, j'ai cru que personne ne viendrait à notre secours, qu'on resterait croupir dans ces foutus toilettes, tous les deux, comme des moins que rien... Je me suis surpris à prier, moi qui ne comprends jamais rien à la religion et à la croyance. J'ai répété les mots que ma mère prononçait parfois dans sa chambre, tard la nuit. J'ai souhaité que quelqu'un m'entende, que quelqu'un vienne veiller sur moi parce que j'ai senti qu'à ce moment-là...j'étais sur le point de craquer. J'ai souhaité mourir et deux secondes après, je m'en suis voulu d'y avoir pensé. Yunho commence à me bouffer de l'intérieur, il me consume le cœur et l'âme. Et je suis complètement seul, incapable de faire quoique ce soit pour y remédier. Je crois que...j'ai envie de baisser les bras.
– « Pourquoi tu crèves pas ? Hein ? Pourquoi tu résiste autant ? Tu devrais tout simplement crever et disparaître de ma vue. Tu n'es qu'un bon à rien, tu ne manqueras à personne... Ta vie est sans importance, alors crève. » Allongé sur le sol, les yeux emplis de larmes, je tente d'éloigner ses mains mais rien n'y fait. Assis sur moi, ses doigts se resserrent plus fortement autour de mon cou jusqu'à ce que l'air ne commence à manquer dans mes poumons. Je secoue les jambes dans tous les sens, me débattant avec férocité mais peu à peu je ressens ma force décliner. Je perds connaissance, je suis en train de perdre conscience. Minjae est là, debout, à nos côtés, les bras croisés. Jibin et Hwasa le sont également, à m'épier comme si rien d'important ne se produisait. Je tends une main vers mon voisin de classe, qu'il m'aide, qu'il me sorte de là, qu'il m'emmène loin...pour toujours.
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