– « Alors...quand tu disais que j'étais différent...c'était seulement pour avoir ce que tu voulais de moi ? Rien de ce que tu n'm'as dit n'était sincère ? » susurrais-je difficilement, abattu. Minjae détourne rapidement le regard, comme s'il était trop dégouté par mon comportement émotif pour pouvoir me regarder en face, se cachant au mieux sous sa capuche. « Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu te sens obligé de tout gâcher comme ça ? » bredouillais-je sans réellement attendre une réponse de sa part. Je sais qu'il ne me le dira pas, il est trop borné à garder les choses pour lui au lieu d'essayer d'expliquer son comportement. Minjae jette une nouvelle fois sa cigarette sur le sol avant d'enfoncer ses mains dans son manteau pour me laisser planter là. La panique s'empare donc rapidement de moi, comme si j'avais l'impression que c'était la fin de tout. Je ne suis pas prêt à renoncer à l'idée que Minjae m'aime à son tour, alors je m'empresse de le retenir, sans la moindre fierté. Mon voisin de classe détaille impassiblement les deux doigts qui lui tiennent fermement la manche de sa doudoune. « Pourquoi es-tu toujours en colère contre moi ? Tu fais ça parce que tu as peur de t'investir ? Parce que tout ça est nouveau pour toi ? Tout ce que tu m'as dit ne peut pas être faux, je sais que tu ressens des choses pour moi. Ne laisse pas cette faiblesse t'empêcher de venir vers moi. Je ne te jugerai pas...j'écouterai, je serai présent pour toi. » J'ai sûrement l'air lamentable... Je suis tellement misérable que Minjae ne trouve rien à redire, il ne porte même pas son regard sur moi. J'ai l'impression de redevenir invisible, et de sa part...ça me tue complètement. Tu es le premier à avoir réussi à me faire sentir vivant. Je n'ai jamais pensé être seul depuis que tu as débarqué dans ma vie. Comme si c'était une évidence, je me suis dit que pour toujours tu serais à mes côtés, que plus qu'un nouvel ami, je venais de trouver l'amour. N'était-ce que des illusions ?

C'est pour ça que je suis toujours nerveux lorsque tout se passe trop bien. Parce qu'à chaque fois, Minjae me repousse. C'est certainement ce qui me préoccupe le plus depuis que j'ai commencé cette relation malsaine avec lui. J'ai envie de m'accrocher à lui, de laisser mon amour pour lui s'étendre en moi jusqu'à ne plus faire qu'un avec lui. Mais...il finit toujours par agir comme un enfoiré. J'ai parfois l'impression de faire une erreur, de mal me comporter mais même lorsque je prends le soin de réfléchir à mes mots, à mes gestes, il finit toujours par me reprocher quelque chose. Oui, il est tendre avec moi, doux dans ses paroles, ses gestes puis soudainement, il devient une toute autre personne. Juste pour m'empêcher de me rapprocher de lui, de l'atteindre au plus profond de son âme... Il décide, commande, choisit... Et moi, j'obéis, je fais et je prends sur moi. Je pense qu'il n'a pas idée de tout ce que j'ai fait jusqu'ici seulement pour lui faire plaisir, je pense qu'il n'a pas conscience des efforts que je fais pour lui juste pour qu'il ne m'oublie pas et continue de s'intéresser à moi. Je n'y peux plus grand-chose, Minjae est comme une obsession désormais. J'ai besoin de le voir s'attarder sur ma personne, j'ai besoin d'entendre qu'il me désire, qu'il a envie de moi et que toute notre relation le trouble parce que c'est nouveau et différent de la relation qu'il avait avec ses autres stupides projets. Et même si je suis fatigué de toutes ces épreuves auxquelles il me soumet, même si je connais déjà la fin, même si je connais déjà le résultat de chacun de ses mots et de chacune de ses tendresses, je ne peux m'empêcher de le vouloir contre moi, je ne peux m'empêcher de le savoir en moi...

– « C'est pour cette raison qu'ils se foutent tous de ta gueule. C'est pour cette raison qu'ils s'amusent à te martyriser et à te rabaisser plus bas que terre. C'est parce que tu es trop con, trop naïf que Yunho et les autres te prennent de haut. C'est parce que tu ne peux pas garder la tête haute et leur dire une bonne fois pour toute "merde" qu'ils te frappent. Tu dis que tu ne peux plus supporter mes sautes d'humeur, que tu es fatigué et que tu n'arrives pas à me comprendre mais deux secondes après...tu es celui qui supplie comme un mendiant pour ne pas se faire abandonner. Même si tu me haïs, tu continues de venir vers moi, tu continues de me regarder, tu continues de quémander mon attention alors que je viens de t'humilier, de t'insulter. Malgré tout, tu continues de t'accrocher à moi. Tu n'as aucune fierté, c'est pour ça que je perds la tête avec toi, c'est pour ça que je ne peux pas être honnête, c'est pour ça que je suis obligé de menacer ses enfoirés et de les frapper lorsqu'ils osent lever la main sur toi tout en trouvant une excuse pour ne pas qu'ils apprennent la vérité sur ton compte. C'est pour ça que je te traite comme un gamin... C'est parce que tu es minable et pitoyable que je suis sans arrêt en colère contre toi. Tu es différent, oui...ça tu l'es mais tu veux que j'te dise pourquoi tu es différent, Hyunwoo ? Parce que tu es pire que les autres, pire que tous mes autres projets. Parce que toi, t'es encore plus faible et encore plus idiot. C'est pour ça que tu me mets hors de moi à chaque fois que je pose les yeux sur toi. » profère-t-il, le visage rouge et la mâchoire serrée avant de s'éloigner promptement. C'est une rage dévastatrice qui s'est emparé de lui, un acharnement et une colère affreuse qui vient de me transpercer le cœur. Son regard était noir et tranchant, violent et brutal. Il vient de me briser le cœur...

– « Hé...est-ce que tout va bien ? » nous surprend la voix de Wonho, notre camarade de classe. Je rougis immédiatement, effaçant mes larmes d'un revers de manche, le stress s'emparant de moi. Est-ce qu'il a tout entendu ? Depuis quand est-il là ?

– « Va t'faire, toi. » lui lance froidement Minjae avant de lui bousculer l'épaule et de m'abandonner là avec lui, pas le moins du monde inquiet qu'il puisse être courant de tout.

– « Il t'a frappé ? » m'interroge Wonho, ignorant complètement l'attitude insolente de Minjae. Je nie catégoriquement, perdu par son attitude. Il ne m'aurait pas posé cette question s'il nous avait entendu, si ? « On devrait rentrer, tu vas être trempé. » remarque-t-il, sa voix ne trahissant aucun jugement.

– « T'as une cigarette ? » lui demandais-je stupidement en reculant jusqu'au mur pour me protéger de la pluie. Wonho s'approche et m'en offre une sans rien dire.

– « Tu t'fais aussi martyriser par cet idiot ? » m'interroge-t-il naturellement en m'allumant ma cigarette. Aussi... Ce mot me rend davantage pitoyable. Je choisis de ne rien répondre. Même si c'est difficile à l'admettre, il est préférable que Wonho pense à Minjae comme à mon bourreau plutôt qu'à celui dont je suis amoureux. « Ce mec est un con. Bien pire que Yunho et Youngjae... Évite-le le plus possible, c'est un conseil que j'te donne. Kim Minjae n'apporte jamais rien de bon... » Pourquoi Wonho semble-t-il parler comme s'il connaissait Minjae ? Je reste muet, me contentant de tirer sur mon mégot pour ne pas exploser en sanglot de nouveau. « Tu veux m'en parler ? » propose-t-il, sûrement un peu inquiet par mon silence. Wonho a toujours été l'un des seuls élèves à être gentil avec moi. Nous ne sommes pas amis, on ne discute jamais mais il me salue le matin quand il me voit et me souhaite un bon appétit lorsqu'on se retrouve à côté au service de la cafétéria. Pourtant, son comportement d'aujourd'hui me semble légèrement suspicieux...

– « J'aimerai rester seul. » expliquais-je impassiblement. Je ne veux pas de sa pitié aujourd'hui. Pas après tout ce que Minjae vient de me balancer au visage...

– « Comme tu veux. » se contente-t-il de dire, pas le moins du monde vexé. Je le regarde courir en direction de l'entrée du bâtiment, laissant mon corps se décontracter complètement. Je reste là, les bras détendus, le regard perdu dans le vide, gorgé de larmes. Je laisse le froid de la pluie atteindre mon cœur, me poussant même à pleurer de vive voix. Déconcerté et prenant conscience des mots que l'homme que j'aime vient de prononcer, je finis par m'accroupir sur moi-même ressassant cet instant, encore et encore. C'est fatiguant de l'aimer. J'ai l'impression de passer mon temps à m'apitoyer sur mon sort. La frustration qui me hante chaque jour me bouffe toute mon énergie. J'avais peur de me faire rejeter par Kim Minjae et voilà qu'il vient de me rabaisser plus que quiconque ne l'a jamais fait auparavant. Le désespoir est définitivement un état d'esprit qui me hante...

Nous sommes tous des créatures guidées par nos instincts. Habituellement, je suis le genre de personne à fermer les yeux lorsque je ne veux plus rien voir mais là...je ne peux pas me contenter d'ignorer ses mots. Je suis si insupportable que ça ? Tes paroles dépassent la limite de ce que mon honneur peut supporter et entendre, Minjae... Je me demande quel genre de réflexion, d'idée, d'instinct possède Minjae pour avoir imaginé que c'était le moment parfait pour déballer son sac avec autant de tact. Est-ce que c'est ça l'amour ? S'entraider, s'offrir de l'espoir, du bonheur pour finalement se trahir et se faire souffrir plus qu'un ennemi quelconque ne l'aurait fait ? Je ne vois rien qui puisse justifier cet entêtement sur ma personne en ce moment. Qu'ai-je donc fait pour qu'il m'en veuille autant ? Pour qu'il pense avoir le besoin de me rappeler que je ne suis qu'une merde sans intérêt pour ce monde ? Est-ce vraiment juste à cause de mon insistance concernant Ravi et Hakyeon ? S'est-il vraiment senti offensé lorsque j'ai porté un jugement sur son attitude envers ses amis ? Cela fait des semaines que je me mens à moi-même. Je continue de me répéter encore et encore que Minjae a des sentiments pour moi, que je ne peux pas être le seul à être tombé amoureux mais c'est sûrement faux... J'aimerais revenir en arrière. En fait, là, en ce moment, tout ce que je devrais faire, c'est oublier. Même si pour cela je dois redevenir le Hyunwoo sans âme et sans but que j'étais début septembre parce qu'au moins, je ne souffrais pas autant. Je devrais prendre ce moindre mal en patience, passer au-dessus de tout, me dire qu'il suffit que j'oublie ce connard séduisant et tout ce qui le concerne mais... Pourquoi est-ce que je n'en ai pas envie ? Pourquoi est-ce qu'au fond, j'espère que tout s'arrangera entre nous après tout ce qu'il vient de me balancer au visage ? Je suis blessé, oui... Plus que les poings et les mots de Yunho et sa bande n'ont jamais pu me faire alors...ai-je au moins une raison d'attendre après lui, après ses excuses ? Pourquoi ne puis-je pas simplement...le détester ?

Je suis resté me tremper sur place pendant presque toute l'heure du déjeuner, essayant de calmer mes larmes et ma douleur. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai pleuré, hurlé comme si ma vie en dépendait. J'avais apparemment besoin d'extérioriser plus que je ne le pensais... Après avoir épuisé toutes les larmes de mon corps, je me suis relevé, sans aucune volonté et j'ai marché lentement jusqu'à ma classe, espérant pouvoir m'asseoir au chaud tranquillement pendant au moins cinq minutes. Je pénètre dans le long couloir qui mène aux différentes classes, le regard fixe et passif, les yeux qui piquent. J'ai l'impression d'avoir épuisé toutes mes ressources tellement mes pas sont lents... J'essaye réellement de découvrir qui tu es, Kim Minjae... Mais tout ce que tu me laisses découvrir ce sont tes défauts et tes affreuses sautes d'humeur... Depuis presque trois mois, je me tire les cheveux en permanence à cause de toi. Tu as trop d'effet sur moi, plus négatif que positif...mais à contre cœur, cela ne m'a pas empêché de tomber amoureux de toi...

J'entre dans la classe, la tête presque tournante... Il faut absolument que je ferme les yeux un instant. Dans le calme le plus complet, je viens déposer mon visage sur mes avants-bras pour me reposer. Mon portable ne cesse de sonner depuis quelques minutes, comme si l'urgence était de mise. C'est sûrement Jibin qui s'inquiète... La respiration saccadée, je transpire de partout, laissant mon corps valser du chaud au froid. Ces putains de sentiments me font perdre la tête au point que la fièvre me soit montée. Je suis réveillé par de nombreux coups sur la tête. Je me redresse et fais face au livre de notre professeur d'anglais.

– « Tu te crois où, Hyunwoo ? Ce n'est pas l'heure de la sieste, alors enlève-moi ce manteau et sors tes affaires avant que je ne décide de te retenir après les cours. » me menace le professeur Kim. Je fronce les sourcils, presque inconscient de ce qui se passe. J'analyse rapidement les alentours et constate que toute la classe a les yeux rivés sur ma personne. La sonnerie a sûrement déjà sonné, annonçant le début du premier cours de l'après-midi. Le professeur commence son monologue me laissant revenir à la réalité plus tranquillement. Yunho me lance un sourire effrayant que je choisis bien rapidement d'ignorer. Minjae, lui, est assis à côté de moi, le portable sur les cuisses, bien plus concentré par ce qui se trame sur son écran que par notre professeur. Fatigué et frissonnant, je retire mon manteau, trempé d'eau et ouvre mon bouquin à la page indiqué sur le tableau. Devoir rester là, assis à côté de lui me donne le vertige mais que puis-je faire de plus que d'endurer, comme toujours ? Je n'ai pas suivi grand-chose de la première heure d'anglais puis remarquant que Minjae n'avait pas la moindre intention de me porter de l'intérêt, je me suis détaché de toutes mes émotions et ai fait le choix de me concentrer sur mes révisions. Je ne peux pas tout abandonner juste par sa faute...

La douleur est une source d'angoisse. C'est-à-dire qu'elle peut amener quelqu'un à réfléchir, à entamer une réflexion profonde et à empirer son état émotionnel. Si on arrive à se détourner de la douleur ou à porter un avis positif sur ce que deviendra la douleur dans les jours ou semaines à venir, il est possible de s'en débarrasser plus rapidement. En fait, selon les médecins...plus on est optimiste, plus on a de chance de guérir ou de se soulager. Mais...est-ce que cela ne revient pas à dire que les pessimistes sont condamnés d'avance ? Si je souffre tellement au point d'en pleurer et que je continue de m'apitoyer sur mon sort, cela ne signifie pas que je vais me faire encore plus de mal, que je vais approfondir cette souffrance ? Tout se joue dans le détournement de l'attention. Si j'arrive à trouver quelque chose ou quelqu'un qui attise mon intérêt plus que Kim Minjae le fait, alors je devrais pouvoir oublier que mon cœur saigne mais...et si Kim Minjae reste le sujet principal de mes pensées ? À trop remuer ses mots, sa méchanceté et tout ce que je ne connaîtrais plus avec lui désormais, je me suis vidé de toute énergie. Mes émotions ont été si fortes qu'elles ont pris le dessus sur le contrôle de mon corps et de mon système nerveux. J'ai failli...parce que je suis faible. Tout comme le disait Minjae, un peu plus tôt... Mais qu'est-ce que ça signifie « être faible » ? Comme je l'ai toujours pensé, la nature est mal faite : nous avons tous une perception différente de la douleur. Pénible, légère, insupportable, endurable...encore une fois, nous ne sommes pas tous égaux. Mais alors...est-ce réellement de ma faute si je me suis autant attaché à lui, si j'en suis tombé amoureux ? Suis-je réellement le seul responsable de cette faiblesse ? Minjae n'y joue-t-il pas un rôle important dans cette douleur ? S'il est celui qui joue avec mes sentiments et mon cœur, n'est-ce pas normal que je finisse par succomber ? Il était le seul à me faire connaître ce genre d'émotion, n'est-ce pas logique que j'ai fini par le laisser me toucher de cette façon ? Au final... Pourquoi suis-je le seul à devoir prendre mes responsabilités ?

La dernière sonnerie de la journée retentit, annonçant la fin de mon calvaire. Le professeur de sciences nous demande avec sérieux de ne pas perdre de temps inutilement et de rentrer réviser davantage pour être au point avant que nous n'entamions les révisions d'un nouveau thème demain. Le stress et la pression qu'ils se donnent tous tant de mal à nous faire ressentir depuis ce matin ne m'atteint aucunement, contrairement à ce que j'avais cru. En réalité, Minjae m'angoisse bien plus que le Suneung à venir, ce qui n'est vraisemblablement pas une bonne chose. Je reste comme paralysé sur ma chaise et observe les autres élèves se lever et quitter la classe. Kim Minjae prend son temps, traînant des pieds avant de s'en aller avec Sunwoo, m'abandonnant comme tous les autres. Las de tout, je ne trouve pas le courage de bouger le petit doigt. Je reste perdu dans mes pensées durant ce qui me paraît être une éternité.

– « Tu t'en vas pas ? » constate timidement Minjae, appuyé contre l'encadrement de la porte de la classe. Je me suis demandé quelques secondes si ce n'était que le fruit de mon imagination. Après tout, je suis tellement désorienté aujourd'hui que cela aurait très bien pu être possible. Il faut dire que lorsqu'il n'est pas avec moi, je passe mon temps à souhaiter le voir apparaître et sortir de nulle part. Comprenant que je ne vais pas lui répondre, Minjae referme la porte et s'avance jusqu'à moi. Toujours assis derrière mon bureau, je le regarde prendre place sur la table en face de la mienne. « Il t'a dit quoi Wonho ? Est-ce qu'il a tout entendu ? » s'inquiète-t-il finalement. J'en étais sûr. Tu n'es pas revenu jusqu'ici pour moi. Tu ne t'inquiètes pas de l'état dans lequel tu m'as mis...non. Tu as peur que ton petit jeu ne soit découvert...pas vrai ? « J'imagine que tu n'as pas envie d'en parler maintenant... » pense-t-il, apparemment embarrassé de devoir s'adresser à moi après la façon dont il m'a traité. C'est bien, il a au moins conscience de la méchanceté dont il a fait preuve ce midi. « Moi j'aimerai qu'on en parle. Je suis allé trop loin, je l'sais...mais je sais pas pourquoi. » continue-t-il comme pour tenter ma réaction. Au lieu d'attendre que je te donne le feu vert, tu devrais simplement me présenter tes excuses, idiot. Si tu sais que tu as merdé et que tu le regrettes, excuse-toi, cesse de réfléchir inutilement.

Parfois j'ai l'impression que malgré le fait que nous soyons si différents tous les deux, nos pensées ne sont pas contradictoires. C'est seulement une divergence d'illustration de nos sentiments. Dans le cas de Minjae, je dirai qu'il y a une absence de plainte alors que moi, c'est une démonstration extrême qui en ressort. Cependant, j'ai l'impression qu'au fond de lui, il souffre quand même. Il n'a juste pas les bons mots ni même la meilleure façon de faire connaître sa détresse... Peut-être que lui aussi a besoin d'aide... Alors que moi je sollicite son intérêt ou celui de ma famille, lui...rejette son entourage, il me repousse...sûrement pour ne pas avoir à expliquer sa souffrance. Je déteste le fait que nous soyons tous différents et inégaux parce que la perception de nos émotions ne peut jamais être totalement comprise et acquise. Mais dans un certain sens, je suis content de comprendre que si nous sommes aussi différents lui et moi, c'est peut-être pour mieux nous compléter l'un l'autre. Puis, comme le dit Minki...s'il n'y a rien de compliqué, la vie est bien trop ennuyeuse et barbante. S'il n'y a aucun problème, aucun but, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.

– « Je t'écoute. » dis-je sèchement. C'est ta chance, imbécile. Rattrape-toi maintenant et correctement. Si tu m'aimes, retiens-moi. Parce que je suis en train de perdre foi...

– « Je sais que j'passe mon temps à t'faire du mal. Je suis pas doué pour parler, ni même pour agir, je sais pas comment m'y prendre. Je... »

– « Cesse de te chercher des excuses et de décrédibiliser ta responsabilité. Si tu tiens à nous, si tu tiens à moi... Présente-moi des excuses. Sincères. » le coupais-je implacablement, mon regard plongeant dans le sien. Minjae l'évite, sûrement embarrassé. Il se frotte les cheveux nerveusement et descend du bureau pour se mettre debout devant le mien. Je lève la tête vers lui. Pourquoi suis-je là à attendre ses excuses ? Pourquoi suis-je de nouveau en train de perdre face à lui ?

– « Ma tête va exploser. Je suis en train de perdre pied alors je m'en prends à toi. Je peux pas m'empêcher de tout rejeter sur toi et de m'en vouloir après. Mais j'veux pas que tu... J'veux pas que tu m'en veuilles. J'ai besoin de toi. Avant toi...c'était...c'était.... Enfin, j'veux pas t'perdre. Pas maintenant, pas comme ça. Et...je sais pas pourquoi je continue de t'faire pleurer alors que...quand j'te vois mal, tout c'que j'veux c'est... Je continue de... » Minjae laisse la fin de sa phrase en suspens. L'entendre dire qu'il a besoin de moi me touche. Pourquoi ne peut-il pas me le dire comme ça, tout simplement, sans avoir besoin de passer par la case gros connard prétentieux ? Ce serait tellement plus simple s'il prenait le temps de réfléchir à comment formuler les choses plutôt que de se lancer tête baissée lorsqu'il se sent submergé par ses émotions...

– « J'veux que tu m'expliques pourquoi tu t'es énervé hier et pourquoi tu t'en es pris à moi aujourd'hui. Et pas de mensonge. Je veux la vérité, Minjae. » exigeais-je autoritairement. Kim Minjae baisse les yeux puis fait le tour de ma table pour venir se planter à côté de moi. Je sais que c'est dur pour lui de me parler. Je le ressens facilement. Il arrive à peine à faire des phrases entières et concrètes, il perd ses mots, se montre hésitant et perdu... Ce qui n'est clairement pas un trait de caractère figé chez lui.

– « Ravi et Hakyeon pensent que je n'suis pas assez bien pour toi et parce que je sais qu'ils ont raison, je me sens...contrarié... J'en ai parlé avec Chaelin hier et...elle est d'accord avec eux. Et je l'sais moi aussi. Je sais qu'ils ont tous raison et que personne ne pense à nous sérieusement. Ils ont jamais eu à l'faire avant... Alors je m'énerve, je te crie dessus et savoir que tu continues de rester avec moi même après tout ce que j'ai osé te dire, ça me fait...me sentir coupable, encore plus et...alors je merde encore plus. Mais tu sais...même si j'agis jamais comme il faut...j'essaie vraiment de faire les choses bien... » se confie-t-il. Pourquoi continue-t-il de dire qu'il n'est pas assez bien pour moi ? Qu'est-ce que j'ai de plus que lui, qu'est-ce que les autres peuvent bien voir en moi que je ne décèle pas ? Je ne suis qu'un loser, qui ne connaît rien et qui n'a rien... Pourquoi se sent-il coupable à mon sujet ? Je crois que Minjae s'est attaché à moi comme ça ne lui était jamais arrivé avant. Ce n'est pas prétentieux. Je l'écoute et je le regarde. Minjae ne sait pas comment agir, il est maladroit parfois...alors n'est-ce pas le signe qu'il tient à moi d'une toute nouvelle façon ? Je crois qu'il est effrayé par ses propres sentiments...

– « Est-ce que tu m'aimes ? » me risquais-je à lui demander. Minjae reste tout d'abord m'analyser silencieusement puis un léger sourire vient habiter ses lèvres. Il m'attrape par la cravate de mon uniforme et m'oblige à me lever jusqu'à lui. Ses lèvres se jettent sur les miennes avec douceur et chaleur. Rapidement, l'échange devient plus excitant et vif. Nos langues débutent une longue danse, sensuelle et passionnée remplaçant certainement les mots d'excuses qu'il devrait être en train de prononcer. Pris d'une envie d'aller plus loin, elles se caressent intensément à l'intérieur et parfois à l'extérieur de nos bouches de manière tout à fait érotique. Il sait comment m'avoir, il sait comment me faire oublier son mauvais comportement. Ce mec est un vrai manipulateur mais je l'aime... « Non, Minjae, pas ici... » le retenais-je alors qu'il déboutonne mon pantalon.

– « S'il te plaît, laisse-moi faire...laisse-moi te faire oublier c'que j'ai dis. » implore-t-il, me contraignant sans grande difficulté à céder à ses caprices. Mon homme me mène fermement jusqu'au mur au fond de la classe, faisant pénétrer sa main jusqu'à mon sexe. « Oublie, bébé. Oublie le connard que je suis...oublie encore un peu... » supplie-t-il contre ma bouche alors que je me laisse déjà porter par le plaisir qu'il m'offre. Mon petit-ami s'empresse d'activer les choses et ressort son pénis pour venir l'aduler contre le mien. Désireux, je le regarde nous caresser tous les deux. Même si tu ne cesses de me faire pleurer, je t'aime à tel point que jamais je ne pourrais prendre la décision rationnelle de te quitter ou de t'abandonner. J'ai le sentiment d'être celui dont tu as besoin. Je saurai te soutenir et t'aider à te sentir mieux avec toi-même et tes propres émotions. Porté par ce besoin vital de le sentir contre moi, je laisse Minjae mener nos intimités alors que ma bouche s'empare de la sienne. Il n'y a rien en ce monde qui me fasse plus plaisir que de l'embrasser.

J'entre dans l'enceinte du lycée après avoir fait signe à mon père pour le saluer. C'est aujourd'hui. C'est enfin le grand jour, celui dont on nous a tant rabâché les oreilles, celui pour lequel nous nous sommes préparés durement durant toutes ces années. Aujourd'hui c'est le Suneung. Il est huit heures vingt lorsque je pénètre dans ma classe. Tous sont concentrés sur leur révision, rares sont ceux qui discutent d'autres sujets que l'examen. Nos tables sont toutes dispersées et parfaitement alignées les unes aux autres, annonçant d'une petite fiche nos noms et prénoms. Kim Minjae arrive tout juste lui aussi. Il salue naturellement Yunho et les autres puis recherche sa place qu'il trouve sans grande difficulté. Minjae est juste devant moi. Ce dernier m'offre un sourire discret puis me mime un "merde" silencieux. Il sait sûrement comment est-ce que je me sens en ce moment, il me connaît, il sait que tout cela me stress et à quel point cet examen est important pour moi. Mais savoir qu'il est là, juste en face de moi, que nous sommes de nouveaux en de bons termes me soulage. Quand cette journée sera passée, je n'aurai vraiment plus aucune raison de m'éloigner de lui. Je profiterais simplement de nos dernières semaines de lycéen et de tout ce qu'il a encore à m'offrir. Huit heures quarante tapantes et l'examen de langue nationale débute. Je n'ai plus à penser à rien, mon instinct prend le dessus. Je me contente de défiler la centaine de questions qui se présente à moi. Après les Mathématiques, l'heure du déjeuner s'annonce. Je révise avec Jibin et Hwasa, tout en avalant de temps en temps une cuillère de riz. Puis vient l'Anglais, l'Histoire, les Études sociales, les Sciences et l'Enseignement professionnel puis la dernière étape, les langues étrangères. Alors la fin du Suneung s'annonce. Tous les élèves s'empressent à l'extérieur du bâtiment, tous sûrement déchargé d'une pression énorme. Je me sens exténué et vidé mais aussi comme surexcité à l'idée d'avoir terminé une étape importante de ma vie. Jibin, lui aussi est tout euphorique, presque nostalgique.

– « T'y crois toi ? On est déjà le 20 novembre... Dans un mois on aura les résultats, ce sera les vacances et on stressera à l'idée d'être accepté à l'Université qu'on aura choisi. Puis après, un petit mois de plus ici et ce sera la fin de ce calvaire...et le début de notre nouvelle vie... » raconte-t-il, appuyé contre le mur de casier alors que je range mes affaires pour débarrasser un peu mon sac.

– « À t'entendre on croirait que quitter la Sungari te donne envie de chialer. » me moquais-je bien que prendre conscience que notre dernière année scolaire est proche de la fin me rend plutôt anxieux. Je ne vais pas pleurer ce lycée et tous les élèves qui y sont, bien au contraire... C'est juste que cela signifie la nouveauté, l'inconnu et malgré mon impatience à ne plus avoir à poser les yeux sur Yunho, je suis tout de même un peu effrayé.

– « Oui mais de joie. Vivement le mois de février... » Le mois de février va certainement arriver plus vite qu'on ne le croit pourtant, depuis mon premier jour à la Sungari, je me surprends à ne plus l'attendre avec autant d'envie. La fin du lycée, cela veut aussi dire que je n'aurai plus le plaisir d'avoir celui que j'aime assis à mes côtés toute la journée...

– « Hyunwoo ! » m'appelle Minjae. Je lance un regard gêné à mon meilleur ami alors que celui-ci arbore un sourire malicieux. Je l'abandonne sans rien dire et m'en vais calmement retrouver Minjae, adossé un peu plus loin contre un mur. On dirait bien que cet idiot m'attendait... « J'te raccompagne à pied ? J'ai pas ma moto... » me propose-t-il adorablement. J'acquiesce et commence à marcher avec lui, sans pour autant rester trop proche. Il y a encore beaucoup d'élèves tout autour. Minjae ne dit rien. Les mains dans les poches, il attend sûrement qu'on soit assez loin pour parler en toute liberté. « Alors tes exams ? J'suis sûr que t'as réussi... » me sourit-il finalement.

– « Oui. Enfin, je crois... J'suis content que ce soit passé... Et toi, ç'a été ? » Minjae hausse les épaules, tout sourire.

– « Si j'ai la moyenne, ce sera déjà un miracle. » rit-il bêtement. J'espère vraiment qu'il aura assez de points pour pouvoir valider le Suneung. Je n'ai jamais vu Minjae réviser ou s'inquiéter pour ses notes. Il parle comme si ce n'était qu'une chose sans importance, comme s'il s'en foutait royalement... Tout le contraire de moi.

– « Tu sais déjà ce que tu vas faire l'année prochaine ? » le questionnais-je. Minjae et moi, on n'a jamais évoqué ce qui se passera après le lycée. Nous ne sommes pas ensemble depuis longtemps et Minjae n'est définitivement pas le genre de personne à prévoir à l'avance les choses. Mais j'espère quand même qu'il pense au fait que nous pourrions rester ensemble, même dans des universités différentes.

– « Nan...à vrai dire, j'me suis jamais posé la question. Si j'pouvais rester glander chez moi, ce serait l'idéal. » continue-t-il de plaisanter. Même si je ne suis pas vraiment sûr que ce ne soit qu'une blague. « Toi, tu sais sûrement où tu vas aller pas vrai ? » C'est si évident. J'y réfléchis depuis mon entrée au collège... « Essaie de n'pas choisir une école trop prisée, histoire que j'ai une chance d'y entrer si j'veux t'suivre. » Me suivre ? Minjae envisage sérieusement de pouvoir suivre des études dans la même université que moi ? Pourquoi mon cœur s'emballe de cette façon ?

– « Je prendrai ta demande en compte. » Et je sais que même si je ne fais que plaisanter avec lui, je vais très certainement y réfléchir longuement. « Comment ça s'fait que tu sois pas venu en moto, au fait ? »

– « Mon père a insisté pour me déposer. Il avait sûrement peur que j'arrive en retard ou que je décide stupidement de n'pas y aller. » Son ton est tout de suite devenu plus sérieux. Comme à chaque fois que nous évoquons ses parents... Je ne comprends pas pourquoi Minjae semble tant en vouloir à ses parents. J'ai bien compris qu'il avait mal vécu le divorce et le fait que sa mère refasse sa vie avec un autre homme. Ils ont aussi été absents pour lui mais quand je vois la façon dont son père se comporte vis-à-vis de lui, j'ai vraiment l'impression qu'il cherche à faire des efforts. Et voir que Minjae le méprise autant m'attriste car c'est sûrement signe qu'il n'est toujours pas guéri des blessures qu'ils lui ont causé. « J'espère que ça t'dérange pas de rentrer à pied avec moi. » Quel idiot... Dès qu'il a proposé de me raccompagner, mon cœur a manqué un battement. J'aime tellement quand il prend ce genre d'initiative, c'est trop adorable.

– « Bien sûr que non. Puis il pleut pas alors même s'il fait froid, ça reste agréable... » avançais-je l'air de rien, comme si je n'étais pas touché par son comportement. Minjae m'attrappe la main subitement, pensant certainement que cette fois-ci je ne le repousserai pas. « Minjae... » soufflais-je, embarrassé que quelqu'un puisse nous voir.

– « J'te comprends pas, Hyunwoo... Des fois, tu m'laisses faire sans broncher et parfois tu fuis le contact, j'comprends vraiment pas... » soupire-t-il, blasé par mon comportement. Je sais ce qu'il pense de mon attitude. Mais c'est vraiment dur de devoir accepter le fait d'être différent de tout le monde. C'est déjà tellement compliqué de devoir supporter d'être rejeté au lycée alors que tout le monde ignore qui je suis. Si je commence à m'afficher main dans la main avec Minjae, même ceux qui ne me connaissent pas commenceront à me juger et me traiter avec dégoût, et je n'ai pas les épaules pour ça.

– « Parfois j'oublie comment c'est perçu par les autres mais là, non... » lui expliquais-je calmement. Je n'ai pas envie de le braquer alors qu'il agit affectueusement avec moi et que j'adore ça. J'ai peur de le pousser à ne plus le faire même lorsque nous sommes seuls mais le regard des autres me terrifie davantage.

– « Et comment c'est perçu ? » rétorque-t-il apparemment blessé. Mais quel idiot je suis...

– « Fais pas l'imbécile. Tu sais très bien... Les gens pensent que c'est mal... » tentais-je de me justifier. Cela ne veut pas dire que je le vois comme tel. Ce sont les autres qui jugent et agissent mal lorsqu'ils sont en présence de quelque chose d'un peu différent de ce qu'ils connaissent.

– « C'est tes parents qui t'ont dit ça ? » fronce-t-il les sourcils. Est-ce qu'il est énervé contre moi ? Pourquoi faut-il que la conversation tourne de cette façon alors que nous étions en bons termes, lui et moi ?

– « Non. Ils ont pas eu besoin d'me l'dire. C'est comme ça pour tout l'monde, Minjae. » Est-ce qu'il est vraiment si détaché de ce que tout le monde pense qu'il ne peut même pas remarquer lorsqu'on nous dévisage parce que nous sommes juste un peu trop tactiles l'un envers l'autre ? N'a-t-il vraiment pas compris la dernière fois, lorsque Jimin et Taehyung se sont fait agresser par des abrutis juste parce qu'ils s'aimaient à la vue de tous ? Cela ne l'effraie pas ?

– « Ben, pas pour moi... Et j'en connais beaucoup pour qui ça ne l'est pas non plus... » bougonne-t-il, déjà plus détendu. Il sait que je ne pense pas à nous comme quelque chose de mal, bien au contraire. Je l'aime et ce peu importe ce que je les autres peuvent bien dire. J'ai juste besoin de temps pour pouvoir accepter leur jugement. « Quand t'arrêtera d'te soucier de c'que les autres peuvent penser d'toi, j'te jure que tu t'sentiras mieux. » ajoute-t-il simplement. Je ne sais quoi lui répondre. Il a raison, je le sais. Mais arrêter de se soucier des autres demande aussi beaucoup de courage et je ne crois pas en avoir assez pour défier le monde et les normes limitées que cette société nous inflige. « C'est de ça dont j'te parlais lundi. Je l'ai pas dis d'la bonne façon mais c'est d'ça que j'parlais. » continue-t-il d'une voix grave. Je tente de croiser son regard mais Minjae, les mains dans ses poches, fixe le sol comme s'il était intimidé par ses propres dires.

– « Je t'écoute. » le poussais-je pour qu'il développe sa pensée même si évoquer notre dispute de lundi me stress. Il faut dire que malgré ses excuses et le plaisir qu'il m'a offert juste après, je n'ai pas pu m'empêcher de me ressasser ses mots toute la semaine. C'était si soudain et si violent...j'imagine qu'il me faudra sûrement un peu de temps pour m'en remettre. Malgré tout, je sais que je ne lui en veux pas vraiment. Minjae semble vraiment perdu en ce moment. Je ne sais pas si c'est à cause de sa mère ou bien si c'est parce qu'il commence tout juste à réaliser à quel point les choses deviennent sérieuses entre nous mais j'espère qu'il cessera de se tourmenter seul dans son coin. Je n'aime vraiment pas le savoir souffrir.

– « Si tu cessais d'te soucier d'eux, tu ne subirais pas Yunho et ses coups. Tu as peur de ce qu'ils peuvent dire alors ils te prennent de haut parce que tu manques de confiance en toi et qu'ils le ressentent. Tu devrais...juste...être fier de c'que tu es. Alors ils te respecteront ou du moins, ils ne te frapperont plus. » Cela m'amuse toujours autant lorsque Minjae agit l'air gêné. J'ai vraiment l'impression qu'il se sent enfin assez libre pour agir en toute franchise avec moi, sans avoir besoin de jouer un rôle pour paraître plus sûr et plus serein.

– « Donc je devrais dire que je suis amoureux d'un homme si j'veux qu'ils arrêtent de s'en prendre à moi ? Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ? » raillais-je, amusé par ses conseils. Minjae me frappe le bras pour me faire cesser mon cinéma, signe qu'il prend vraiment cette conversation avec réflexion.

– « Te fous pas d'moi, enfoiré. Ça, c'est encore autre chose. Prends le temps qu'il te faut pour accepter ce que tu es, là n'est pas la question. Mais cesse de t'poser des questions sur tout ce que tu fais ou aime. Sois juste...toi. Aie confiance. Sois fier. » expose-t-il, toujours cette expression d'embarras sur le visage. Ce qu'il peut être mignon lorsqu'il se comporte de cette façon. C'est tellement rare qu'il s'offre de cette façon à moi que je ne peux que m'extasier comme un idiot. « Pourquoi tu m'regardes comme ça ? » m'interroge-t-il alors que j'étais resté hypnotisé par les traits de son visage.

– « Tu vois, tu sais parler quand tu veux... » lui souriais-je. Minjae détourne le regard, revenant me frapper une nouvelle fois pour me faire taire.

– « Je t'emmerde. » dit-il, tout en se cachant derrière son majeur pour ne pas avoir à me regarder dans les yeux. Je ne me retiens pas pour rire face à son comportement, le taquinant davantage. J'aimerai pouvoir lui tenir la main en ce moment. Parce que j'aime l'avoir à mes côtés et que j'aime ressentir sa peau contre la mienne. Mais même si je devrai suivre ses conseils bien qu'ils ne me paraissent sûrement pas aussi judicieux qu'il le prétend, je n'y arrive pas encore. Je sais que je manque de confiance en moi et que j'ai parfois du mal à me faire entendre. Mais à chaque fois que j'ai essayé de prendre sur moi, ça a mal fini, je n'ai fait que recevoir plus de coups...

– « Lundi...quand tu as dis que tu les menaçais et que tu les frappais lorsqu'ils s'en prenaient à moi...c'était vrai ? » m'aventurais-je prudemment. Je n'y ai pas forcément prêté attention sur le coup mais après y avoir réfléchi plus longuement le soir, sa confession m'a surprise. Pourquoi Minjae menace-t-il et frappe-t-il des gens qu'il considère comme ses amis ? Pourquoi agirait-il de cette façon alors qu'il pourrait se mettre lui-même en danger ? Pourquoi ne pas tout simplement cesser de traîner avec eux ? Pourquoi...ne pas avouer aux autres que nous nous entendons bien ? Je ne demande pas à ce que toute l'école apprenne l'origine de notre relation mais nous pourrions être amis et en profiter pour manger ensemble ou traîner tout simplement sans avoir à se soucier d'être surpris...

– « Avec Yunho et Youngjae, c'est un peu plus compliqué. Mais Myungsoo et Junmyeon...je les mange quand j'veux. » se vante-t-il d'un ton facétieux. Quel frimeur... Son attitude maintient qu'il n'est sûrement plus d'humeur pour les sujets sérieux aujourd'hui. Je décide de ne pas insister. « Au fait... » commence-t-il alors que nous ne sommes plus qu'à trois maisons de la mienne. Kim Minjae s'arrête, m'obligeant à en faire de même. Pourquoi cet air grave tout à coup ? « J'sais pas si tu t'en souviens mais...je t'avais promis un week-end à Jeju. Alors...j'me suis dis qu'on pourrait y aller le week-end prochain ? Vu que t'as plus de révision, ce sera sûrement plus simple pour convaincre tes parents. » Bordel. De. Merde. Je n'avais pas oublié. J'avais juste fini par me dire que ce n'était certainement que des paroles en l'air. Mais non. Minjae veut aller à Jeju avec moi, tout un week-end. Mon bas-ventre ne fait qu'un tour... Tout excité, je maintiens mes émotions intérieures pour ne pas paraître trop frénétique.

– « Oui. D'accord, pourquoi pas. » acquiescais-je calmement. Minjae hoche la tête, satisfait par ma réponse positive. Il me fait signe de rentrer, son sourire de charmeur sur les lèvres. S'il savait comme il vient de m'échauffer rien que par sa proposition. Satisfait qu'il prenne les devants, je ne me retiens pas pour venir le remercier rapidement d'un baiser chaleureux.

– « Et là, t'as pas peur du regard des autres ? » s'étonne-t-il. Je nie. Au diable les autres pour l'instant. Ce moment était bien trop précieux pour que je les laisse me le voler...

– « Si. Mais j'me suis pas posé de question. J'avais envie d'le faire alors je l'ai fait. » souriais-je tout bêtement. Minjae m'attrape la main pour la caresser prestement. Il semble vraiment satisfait par ma réponse et le voir dans cet état me rend vraiment heureux...

– « À demain, bébé. » conclu-t-il tout sourire avant de s'éloigner lentement. Je le regarde partir jusqu'au bout de la rue, des papillons dans le ventre. C'est dingue ce qu'il peut me faire craquer... J'ai le sentiment que nous y sommes presque. J'ai l'impression que Minjae est enfin prêt à s'ouvrir à moi. Me proposer de l'accompagner à Jeju, c'est le signe que nous y sommes enfin. Il n'y a plus qu'à espérer qu'il se sente assez en confiance pour me laisser entendre ce que j'attends désespérément de lui...