Chapitre 7
PDV Siyeon
"Et là, la prof nous a dit qu'on danserait avec des licornes, tu te rends compte ?!
- Ouais, c'est cool...
- Je savais que tu ne m'écoutais pas Si-chan."
Je levai la tête, rouge de honte. Le week-end était arrivé et Karma m'avait incité à dire la vérité à Andréa. Enfin... il m'avait forcé, pour être honnête.
"Si tu le fais pas ce week-end... crois-moi tu le regretteras."
Il m'avait dit ça avec un tête de démon qui m'avait fait frissonner de la tête aux pieds, une tête qui m'incitait fortement à prendre sa menace au sérieux.
On était donc samedi, durant l'heure de pause de ma meilleure amie. Elle était en train de me parler du ballet de Casse-Noisette qui arrivait mais mes pensées avaient rapidement dérivé vers ma conversation avec un jeune diablotin aux yeux dorés.
"Pardon Andréa, qu'est-ce-que tu disais ? dis-je, rouge de honte et de gêne.
- C'était pas important. Quelque chose te tracasse ? Tu sais que tu peux tout me dire, on se connaît depuis toujours.
- Je sais...", soupirai-je.
Je ne voulais pas lui dire. Je savais que c'était inévitable, mais j'avais tellement peur de la perdre en lui disant la vérité. Je sais, c'est égoïste mais c'est comme ça. Me confier à Karma m'avait soulagé, sa réponse m'avait soulagé parce qu'au fond, je m'étais attachée à lui même si on se connaissait à peine. J'aimais les moments sans prise de tête qu'on passait ensemble, des moments agréables et absolument pas sérieux, des moments où je n'avais aucune raison de mentir puisqu'il évitait toujours soigneusement les questions à propos de ma famille, de mon passé. Non, il s'en fichait. Ce qui l'intéressait, c'était avant tout la personne que j'étais.
Mais me confier à Karma me forçait désormais à aller de l'avant, à affronter mes erreurs, à les réparer pour avancer, pour construire de nouvelles relations sur des bases saines.
J'avais toujours assez mal vécu le fait d'être adoptée par mes grands-parents. En soit, ce n'était pas le fait même, j'adorais et j'adore toujours autant Halmeoni et Halabeoji, mais ce qu'il impliquait : être adoptée par deux personnes trop vieilles pour être vos parents, c'est ne pas avoir de parents du tout. Et c'était précisément cela que je n'avais jamais accepté. Je n'avais pas de parents, juste des grands-parents, aussi géniaux soient-ils. Quand les autres enfants faisaient des cadeaux pour la fête des mères et celle des pères, moi je ne faisais rien. Je n'avais pas de parents.
Halmeoni et Halabeoji ne me l'ont jamais caché. Ils m'ont adopté quand j'étais encore qu'un nourrisson de quelques semaines et ils me l'ont dit quand j'avais quatre ans, assez selon eux pour savoir la vérité. Cela ne m'avait jamais semblé bizarre, mais j'ai compris que cela l'était quand les autres enfants me disaient que tout le monde avait des parents, qu'on ne pouvait pas ne pas avoir de parents, que ce n'était pas normal. Certains se moquaient même de moi en voyant Halabeoji lors des entretiens avec la maîtresse, parce qu'il n'était pas mon père.
Je ne dirais pas que j'avais honte de mes grands-parents, mais j'avais honte de ne pas avoir de parents, de ne pas être normale. J'ai ensuite refusé d'aller à l'école, si violemment qu'ils avaient été obligés de me changer d'école d'après eux. C'est là que j'avais commencé à mentir, sans en avoir réellement conscience. Je m'inventais des parents extraordinaires, des souverains la première fois, des sirènes une autre, des super-héros une troisième fois... personne n'y faisait attention, c'était normal pour un jeune enfant.
Après six ans, mentir est devenu quelque chose de conscient et de normal pour moi, mentir sur ma famille je veux dire. Le mensonge, c'est mal, je l'ai toujours su, mais j'étais tellement mal dans ma peau que je ne voyais pas ce qui était mal dans le fait de raconter des histoires sur l'identité de mes parents. Je ne les connaissais pas, ils n'existaient pas, alors tout pouvait être vrai.
Au début, si les élèves me rejetaient en comprenant que j'étais une menteuse, les adultes essayaient de m'aider, voulaient contacter mes tuteurs. Je crois que, pendant un an ou deux, Halabeoji passait plus de temps à l'école qu'à la maison. Puis je m'étais perfectionné dans l'art du mensonge, c'était devenu aussi naturel que de respirer et mes grands-parents n'avaient plus jamais été convoqués par l'école. En revanche, j'avais plein de punitions parce que je mentais. Au bout du compte, plus aucun adulte n'a fini par y faire attention, comme si je n'existais plus. J'étais juste une énième élève parmi d'autres, une élève qui, au lieu de perturber la classe, mentait comme elle respirait sur ses retards, ses absences, ses devoirs égarés, sa famille...
Avec le temps, c'était devenu un cercle vicieux et même avec la meilleure volonté du monde, je n'arrivais plus à m'arrêter de mentir. Karma était certainement la première personne à avoir compris que je mentais sur mes parents, à le comprendre tout de suite je veux dire.
"Siyeon ? fit la voix inquiète d'Andréa.
- Q-Quoi ? Pardon, désolée, j'étais dans mes pensées.
- J'ai vu ça ! Qu'est-ce-qui te tracasse ? Dis-moi !"
Je soupirai et baissai la tête, évitant soigneusement son regard.
"Andréa... je suis désolée... je... je t'ai menti...
- A propos de quoi ?
- De tout... enfin non, pas tout mais... sur mes parents... je t'ai menti sur mes parents. Sur tout ce qui les concerne...", avouai-je dans un souffle.
Le silence plana quelques secondes, me laissant redouter la suite.
"C'est tout ?
- Hein ?!!"
Je relevai subitement la tête pour la regarder. Ma meilleure amie me souriait gentiment.
"Tu m'as juste menti sur ça ?
- Euh... je... oui...
- C'est pas grave.
- Hein ?! Je t'annonce que je t'ai menti depuis toujours et tu me dis "c'est pas grave" ?! Tu... tu ne m'en veux pas ?!
- Bien sûr que non, je l'ai deviné il y a longtemps maintenant. Je ne suis pas idiote Si-chan, j'ai vite compris que tu n'avais pas de parents, mais tu n'étais pas prête à l'accepter. J'ai accepté chacun de tes mensonges à ce propos, parce que tu avais besoin de rêver, d'imaginer. Tu n'étais pas prête à avancer, tu avais besoin de temps, besoin de grandir, de mûrir. Je suis heureuse que tu m'ais enfin dit la vérité, même si je la connaissais.
- Tu... tu aurais pu me le dire...
- Non, j'estimais que ce n'était pas ce qu'il te fallait. Tu avais avant tout besoin de quelqu'un qui t'aime, qui soit là pour toi, quelqu'un avec qui tu pourrais tout partager, les bons comme les mauvais moments. Tu ne m'as jamais menti sur autre chose que tes parents, c'est pourquoi je ne t'en ai jamais tenu rigueur. Mais maintenant, tu es prête à avancer, à accepter cette réalité ? Cela signifie plus de mensonge, plus jamais.
- Je... j'ai envie mais... c'est plus fort que moi... j'ai déjà essayé.
- Tu as essayé quand tu n'étais pas prête à accepter la vérité. Mais tu es plus apaisée, je me trompe ?
- Non, admis-je.
- Cette fois, tu peux tenter le coup. Et je serai là. Tu es une fille géniale, avec ou sans parents. Et puis, tes parents pouvaient très bien être des terroristes, des mafieux, des assassins, des voleurs, des violeurs, des trafiquants... franchement, c'est mieux de ne rien savoir sur eux, non ? Ta grand-mère est quelqu'un de génial, ton grand-père l'était tout autant et Ritsu l'est également. Ok, c'est une IA à la technologie très avancée mais elle n'a pas été programmée pour te considérer comme sa grande soeur. Tu as des gens qui t'aiment. Arrête de te consacrer sur ce que tu n'as pas pour te focaliser sur ce que tu as. C'est inutile d'avoir des parents quand on a des grands-parents si exceptionnels."
Pour seule réponse, je la pris dans mes bras, des larmes perlant au coin de mes yeux. Je ne méritais pas une meilleure amie pareille, sérieusement. Elle savait depuis très longtemps que je lui mentais... et pourtant elle était toujours là.
"Je t'aime Andréa.
- Moi aussi Si-chan. Mais nous sommes d'accord, hein ? Plus de mensonges, même à propos de tes parents ! Sinon je vais me fâcher.
- Aye !"
Dire que j'étais soulagée serait un euphémisme. J'avais la meilleure amie qui soit. Il va falloir que je fasse quelque chose pour remercier Karma. Il avait tant fait pour moi, sans même s'en rendre compte je pense. Entre le tutorat où je progressais nettement, selon lui, et l'oreille attentive qu'il m'avait prêté avant de me botter le derrière pour m'inciter à me bouger, il avait fait tellement plus pour moi qu'il ne pouvait l'imaginer. Enfin, on verra plus tard, j'avais des costumes à terminer.
"Bon, c'est pas tout ça, mais il me semble que tu devais récupérer du tissu, entre autres, dans la réserve.
- Ah oui, c'est vrai ! Il est temps que je me remette au travail.
- Aller, file. De toute manière, j'ai cours de hip-hop là, me sourit Andréa.
- Tu es vraiment la meilleure amie qu'on puisse avoir, vraiment.
- Toi aussi !"
Après une dernière accolade, on se sépara. Je courus en direction de la réserve de l'école, pour trouver ce dont j'avais besoin. Ma sortie avec mon camarade de classe n'avait pas seulement aidé à ce que j'accepte mon passé, mais elle avait aussi débloqué mon inspiration. Cette promenade m'avait fait du bien, je me sentais tellement plus légère.
Je passai bien une demi-heure dans la réserve pour récupérer les différents tissus, rubans et fils dont j'avais besoin. C'était l'avantage de faire les costumes de deux classes de danse : les dépenses de matériel dont on avait besoin étaient entièrement prises en charge par l'école.
Je ressortis plus tard avec des sacs pleins de matériel. Je rentrai le plus vite chez moi, croisant au passage Karma, à travers la fenêtre de sa maison, car il habitait à côté de l'école de danse. A peine arrivée, je saluai Ritsu et Halmeoni avant d'aller m'enfermer dans mon atelier. Je déposai les sacs au sol délicatement avant de relever mes mèches sombres en un chignon brouillon. J'attrapai ensuite mon carnet de croquis afin d'avoir les designs des deux costumes sous les yeux. Je les avais dessiné aussitôt après être rentrée de ma promenade avec Karma.
Une fois prête, je fis craquer mes doigts. Il était temps de se mettre au travail.
PDV Karma, le lendemain
Je souris légèrement en regardant le panneau que j'avais fait pour notre exposé. Je n'avais pas spécifiquement la fibre artistique mais Lee et moi avions fait un croquis de l'organisation des différents éléments alors j'étais plutôt content. C'était simple mais génial selon moi. Et puis, Madame Pouffe jugeait l'oral, pas le support.
Fier de ce que j'avais fait, je roulais le panneau et mis un élastique pour le maintenir enroulé. Je le glissai dans mon sac et hop ! direction la maison des Lee.
Comme toujours, ce fut Ritsu qui m'ouvrit. Elle m'offrit un sourire chaleureux, de même que la grand-mère de Lee qui était juste derrière. Je les saluai et entrai. Kim-Yu me fit comprendre que sa petite-fille était à l'étage puis fit signe à Ritsu pour qu'elles s'en aillent. Je me retrouvai donc seul dans le salon avec, j'en étais certain, Lee qui travaillait sur un costume de Casse-Noisette.
Depuis lundi, il n'y avait pas eu de grand changement. Lee ne parlait pas plus qu'avant à l'école, elle restait encore seule. Mes amis ne comprenaient pas comment j'avais fait pour qu'elle me parle mais avec la discussion que j'avais eu avec elle en début de semaine, je me disais qu'il lui fallait sûrement un peu de temps. Au moins, maintenant, elle nous faisait "coucou" de la main quand on venait lui dire bonjour (parce que, oui, Rio, Nagisa et Kayano avaient décidé de ne pas renoncer à la faire parler).
Je montai à l'étage, pressentant que la noiraude ne m'avait pas entendu. Je me dirigeai directement vers son atelier et toquai à la porte. Il se passa une dizaine de secondes avant que le panneau en bois ne s'ouvre, dévoilant une Lee complètement décoiffée, le teint pâle avec des cernes de la taille du Pacifique.
"Tiens salut Karma !
- Hey ! Il faut qu'on travaille, tu te souviens ?"
Pour toute réponse, elle se poussa pour m'inviter à entrer. Surpris, je m'exécutai et elle referma la porte derrière mon passage avant de se remettre à son travail. Pour autant, elle n'ignora pas ma question.
"Je n'avais pas vu le temps passer, mais je dois absolument terminer ces costumes. Désolée de t'avoir fait venir pour rien... me répondit-elle sans lever les yeux du bas d'une robe qu'elle était en train de coudre.
- C'est cool, je comprend. Je ne savais pas que tu créais des vêtements.
- Maintenant tu le sais. Je voulais garder ma passion pour moi mais j'ai finis par me rendre compte que c'était ridicule, d'autant plus que je t'ai promis de ne plus te mentir. C'est vrai quoi ! Je porte mes propres vêtements et j'ai ouvert une entreprise, c'est idiot de cacher ça.
- Ouais, je confirme.
- Et voilà ! Premier costume terminé ! Au suivant !"
Je ris légèrement devant l'enthousiasme de la noiraude. Cela se voyait comme un nez au milieu de la figure qu'elle aimait créer des vêtements. Cependant, mon rire s'étouffa dans ma gorge quand je vis le résultat de son travail pour être remplacé par une expression de béatitude. C'était une robe longue en satin rouge Noël. Le bustier possédait des broderies vert sapin et de la dentelle délicate de la même couleur partait du décolleté pour remonter vers les épaules, et il y en avait même au bout des manches ballons courtes. Le satin accrochait les rayons du soleil, lui donnant ainsi une couleur écarlate respirant la joie et l'amour. Elle était vraiment magnifique.
"Oui, moi aussi je suis plutôt fière ! s'exclama Lee en voyant ma tête.
- Tu as de quoi ! C'est rare que quelque chose me laisse sans voix...
- Je vais le prendre comme un compliment. J'ai passé la nuit dessus, depuis que je suis rentrée de l'école de danse en fait.
- En parlant de ça... tu as parlé à Andréa ? voulus-je savoir.
- Oui et il s'avère qu'en fait, elle savait déjà que je mentais, comme tu le pensais. J'arrive toujours pas à croire qu'elle m'ait pardonné facilement.
- J'ai toujours raison.", dis-je avec malice. "Plus sérieusement, cela ne m'étonne pas. Sinon, elle ne serait même pas restée amie avec toi. Mais ça veut pas dire que tu peux continuer à mentir pour autant.
- Je sais, je lui ai promis de ne plus mentir. Tous les deux... vous avez raison. Halabeoji était incroyable, Halmeoni est exceptionnelle. Je devrais être fière d'avoir été élevée par eux, plutôt que de me concentrer sur le fait que je n'ai pas de parents.
- Tu sais, parfois, vaut mieux ne pas avoir de parents. Les miens me négligent...
- Je l'avais bien compris, rassure-toi. Il me faudra un peu de temps je pense, mais je suis prête à aller de l'avant, et c'est grâce à toi.
- J'ai rien fait, j'ai juste dit ce que je pensais, répondis-je en haussant les épaules.
- Haha, tu es plus modeste que tu en as l'air ! Tu ne te rends même pas compte tout ce que tu fais pour moi. Avant, j'avais renoncé à progresser à l'école et je refusais de dire la vérité à Andréa. Et bam, tu arrives et, en quelques semaines, tu arrives à renverser la situation.
- Je sais juste me montrer très... persuasif.", rigolai-je. "Blague à part, tu devrais te reposer un peu, tu as l'air épuisée.
- Non, ça va, rassure-toi. J'ai l'habitude de faire des nuits blanches pour terminer des commandes ou des costumes.
- Mouais...
- Je t'assure !", insista Lee en me souriant. "Je serai d'aplomb en classe, demain.
- J'te fais confiance. Pour être tout à fait honnête avec toi, ça fait quelques temps que je sais que tu crées des vêtements, c'est pas pour rien que je voulais reprendre les cours de soutien. Je n'ai rien dit parce que ça me regardait pas. Et puis, on était pas hyper proches, alors bon...
- Comment...
- Je t'ai juste surprise en train de travailler sur un croquis dans un atelier digne d'une styliste. je suis très loin d'être idiot, tu le sais parfaitement.
- Oui, pardon !", rit la noiraude, gênée.
Je lui souris et elle se mit au travail, un autre croquis punaisé sur son tableau en liège.
"C'est pour quoi ces costumes ?
- Le rôle de Clara, dans Casse-Noisette. C'est Andréa qui l'interprète et je suis la couturière attitrée de sa classe et de celle de Dana. Il me manquait juste les costumes du rôle principal, je m'étais déjà avancée sur le reste, mais j'étais en panne d'inspiration. Je profite de mon élan !
- C'est normal. Je peux t'aider ?
- Pas vraiment, mais tu peux rester si tu veux, ça me gêne pas. D'habitude, je met de la musique alors ça ne me changera pas.
- Qu'est-ce-que tu écoutes comme musique ?"
Elle ne répondit pas pendant un moment, sûrement concentrée sur une étape délicate du prochain costume. Actuellement, elle mesurait et coupait le tissu. Elle passa ensuite à la machine à coudre.
"J'écoute K/DA surtout, même si elles n'ont sorti qu'une chanson.
- K/DA ? Je connais pas... attends, je vais chercher sur YouTube."
Je sortis mon téléphone et ouvrai l'application. Je trouvai rapidement la chanson en question et la lançai. Je fus surpris d'entendre la voix de la styliste en herbe s'élever.
https://youtu.be/e4Gztx5C9eY
"Tu chantes bien. En fait, tu es une véritable artiste dans l'âme.
- Haha, non pas tant que ça. Tu verrais Andréa danser... ça, c'est de l'art. Elle excelle dans absolument tous les styles de danse.
- Et alors ? Toi, tu es incroyablement douée pour le stylisme et tu as une jolie voix."
Ses joues prirent une jolie couleur carmin similaire à celle de mes cheveux.
"M-Merci, c'est gentil."
Je souris, amusé.
"Et sinon, tu comptes enfin t'intégrer dans la classe ?
- J'imagine que c'est inévitable, maintenant que j'ai parlé avec Andréa. En parlant de ça, tu aurais les mensurations de Kayano ?
- Tu m'expliques comment je pourrais avoir un truc pareil ? ironisai-je.
- Nagisa est ton meilleure ami et celui de Kayano, tu sais forcément des trucs.
- Non, désolé. Mais pourquoi ?
- Je voulais lui créer une tenue sur mesure pour Noël mais je n'ai même pas ses mensurations. Ni ses goûts maintenant que j'y pense.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire alors, pour les mensurations. Concernant ses goûts, je peux t'aider, mais ce sera pas gratuit."
Elle se tourna vers moi, arrêtant son activité, pour m'offrir un sourcil levé.
"Et c'est quoi, le prix ?
- Cela fait une semaine ou deux que je réfléchis à un plan pour "tuer" Koro, et tu en es le point central. Je peux compter sur toi ?
- Dis toujours."
Elle se remit au travail et je lui expliquai mon plan.
"Ok, compte sur moi. C'est dans mes cordes. Dès que j'ai fini le costume, je m'y mets, affirma-t-elle sans lever les yeux de sa machine à coudre.
- Deal ! Je m'occupe de cuisiner Nagisa pour avoir des infos sur Kayano. Ce serait trop suspect de lui demander direct.
- Merci Karma.
- Ne me remercie pas, je suis gagnant aussi dans l'histoire : j'aime trop embêter Nagi ! rigolai-je.
- C'est étonnant qu'un garçon sadique comme toi ne m'ait encore rien fait.
- Pour l'instant, mais ne me tends pas la perche. Et, confidence pour confidence, je parle coréen aussi.
- Ah oui ? Tu parles d'autres langues aussi ?
- Anglais, français et portugais, en plus du japonais et du coréen.
- Pourquoi tu n'as rien dit ? J'aurais laissé Ritsu parler en coréen.
- Tu ne m'as pas trop laissé le temps en fait. Mais je n'ai encore jamais eu l'occasion de pratiquer avec quelqu'un qui parle cette langue depuis toujours.
- Alors on parlera coréen désormais. Parce que ton coréen est exécrable.
- Non, je voulais juste te faire réagir lundi dernier, j'ai fait exprès de mal parler coréen.
- Tu es vraiment un petit diablotin !"
Je pouffai légèrement. Sa remarque n'avait aucune valeur de reproche vu l'inflexion de sa voix. Elle avait dit ça de manière amusée, douce.
"Je sais Lee !
- Ah je t'en prie, appelle-moi Siyeon. On est amis, non ?
- Ah bon ?
- Idiot ! Je ne confie pas ma vie à n'importe qui ! Bien sûr que tu es mon ami !
- A ma décharge, c'est assez difficile de te cerner. Donc oui, je n'étais pas certain.
- Eh bien, tu l'es maintenant. Je t'aime bien, passer du temps avec toi c'est toujours une bouffée d'air frais pour moi.
- Ah oui ? dis-je avec un sourire en coin.
- Oui. J'espère que cela ne fera pas enfler tes chevilles...
- T'inquiète, mes chevilles vont parfaitement bien ! Et puis, j'aime bien nos moments sans prise de tête aussi. T'es une fille cool, mystérieuse et bizarre mais cool.
- Mystérieuse et bizarre ?
- Ouais, enfin avant que tu ne me racontes tout ça. Je te trouve plus bizarre ou mystérieuse, mais plutôt...
- Fragile ?
- Nan, pas fragile. Tu manques de confiance en toi, plutôt. Enfin bon, sans mentir, on est tous un peu mystérieux mais c'était surtout ta manière d'agir qui me faisait penser que tu l'étais. Je pense que tu me caches encore d'autres trucs, que je découvrirais avec le temps."
Elle se mit à rire mais ne répliqua pas. Je souris en l'entendant rire. Je ne l'admettrai jamais devant Lee... euh Siyeon, mais son manque de confiance en elle me donnait envie de la protéger, de l'aider. C'était une sensation assez étrange mais j'avais encore plus envie de l'aider, que ce soit à réussir son année ou s'intégrer dans notre classe.
Juste pour le plaisir de l'entendre de nouveau chanter, je remis la chanson des K/DA et mon sourire s'élargit en l'entendant chanter. Je ne saurais dire lequel de ses talents dominait l'autre : le stylisme ou le chant ?
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