Chapitre 26
PDV Siyeon
"Ma tête..."
J'ouvris difficilement les yeux, sonnée. Qu'est-ce-qu'il s'était passé ? Non, d'abord, où est-ce-que j'étais ?
La panique monta en moi mais je respirai lentement pour la faire refluer, comme Irina me l'avait appris. Je devais analyser la situation avant de paniquer.
Je regardai autour de moi, mais l'endroit où j'étais était trop sombre pour que j'y vois quelque chose. Je voulus lever les mains, mais un tintement métallique me répondit alors que je les sentais entravées par quelque chose. Je bougeai les pieds mais même constat. J'étais attachée à quelque chose, une chaise je dirais, dans une pièce sombre.
Bon maintenant que je savais dans quelle situation j'étais, comment j'y étais arrivée ? Mon dernier souvenir était le message envoyé à Karma. Après, c'était le trou noir. J'avais certainement dû être assommée puis transportée ailleurs. Mais par qui, et pourquoi ?
Après une seconde de réflexion, la réponse me parut évidente. C'était forcément Asano qui m'avait enlevé, et certainement pour terminer ce que Karma avait interrompu à Kyoto. Je peux paniquer, là ?
Non non non ! Pas question d'être encore une demoiselle en détresse ! D'abord, on essaie de s'en sortir seule ! Je ne dois pas partir du principe que Karma viendra toujours à ma rescousse, je dois me débrouiller seule !
"Bon, maintenant Asano, montre-toi ! Je sais que c'est toi qui m'as enlevé ! Qu'est-ce-que tu veux à la fin ?!", criai-je.
Seul le silence me répondit. Cependant, une dizaine de minutes après, j'entendis des pas qui se rapprochaient de moi. Finalement, ce qui devait être une porte fut ouvert, me rendant complètement aveugle en raison de l'importante luminosité qui jaillissait.
"Eh bien, tu es moins idiote que tu n'en as l'air, Lee."
Lorsque mes yeux furent habitués à la lumière, je fis qu'Asano était effectivement là, accompagné d'hommes baraqués habillés de noir.
Je profitai de la lumière pour regarder autour de moi. J'étais dans une sorte de cellule, les pieds et les mains attachés à chacun des pieds d'une chaise en fer, sur laquelle j'étais assise, avec des menottes. Il y avait aussi une caméra dans un angle, qui devait certainement me filmer de face en direct, ce qui expliquait pourquoi Asano était descendu.
"Cependant, je ne vais rien te faire. Tu as une bien meilleure utilité que simplement ça. En même temps, qui voudrait de toi ? Tu n'as pas de formes, rien du tout qui puisse plaire à un homme. Je voulais juste faire rager Akabane. Tu crois vraiment que tu l'intéresses ? Quand il comprendra ton inutilité, il te jettera comme une moins-que-rien, parce que c'est ce que tu es.", ricana Asano, hautain.
Je crois que les coups de poêle à frire ont fini par le rendre fou...
"Très bien, alors explique-moi l'utilité que tu me séquestres ?!
- Tu es la petite amie d'un mec sacrément friqué, exactement ce dont nous avons besoin. Vraiment, il ne fallait pas me chercher. Si tu avais tenu ta langue concernant Kyoto, tu ne serais pas là Lee. Tu as mis les pieds dans quelque chose qui t'échappe. Tu seras notre poule aux oeufs d'or jusqu'à la fin !
- Si c'est le cas, j'ai au moins le droit de savoir dans quoi j'ai mis les pieds, du coup. Parce que j'ai l'impression que tu as pris trop de coups de poêle sur la tête...", rigolai-je.
Ok, d'où me vient ce courage ?!
"Tu as pris du poil de la bête depuis la dernière fois.", constata Asano. "Enfin peu importe. Tu vas rester bien tranquillement ici. Si tu es sage, tu auras de la nourriture trois fois par jour. Sinon, ce sera une fois par semaine. Bienvenue à Shinigami Lee. Ce sera ta tombe. Bon vent !"
Il se tourna et partit avec les hommes baraqués après avoir verrouillé la porte. Cependant, il eut la "gentillesse" de laisser la fenêtre de la porte ouverte pour que je puisse être un minimum éclairée.
Bon, visiblement, j'ai mis les pieds dans un truc énorme. C'est quoi Shinigami ? Je sais que cela veut dire "Dieu de la Mort", mais concrètement, cela voulait dire quoi ? Que j'avais mis les pieds dans un repaire d'assassins ?
"Peut-être pas d'assassins, mais en tout cas, de gens peu recommandables...", murmurai-je pour moi-même.
En me contorsionnant, je réussis à atteindre l'une de mes poches de pantalon, où j'avais glissé une aiguille de couture la semaine dernière. J'avais oublié de la retirer depuis donc, logiquement, elle était toujours là.
"Bingo !"
Il ne me restait plus qu'à crocheter le cliquet de chaque menotte pour les faire s'ouvrir. Karma m'avait montré comment faire une fois, alors que la serrure de ma boîte à bijoux s'était bloquée. Bon ok, cette fois, c'était des menottes que j'allais devoir crocheter, et sans pouvoir regarder ce que je faisais, pas des serrures face à moi mais bon... je n'avais pas vraiment d'autres options. Je devais au moins tenter le coup.
Délicatement, tenant l'aiguille dans ma main droite, je commençai à m'attaquer aux menottes qui la retenait tout en usant de mon talent d'actrice, acquis grâce à mes mensonges perpétuels, pour éviter de me faire griller par la caméra. Avec de la chance, la personne qui me surveillait ne verrait qu'une fille qui se contorsionne pour vérifier le contenant de ses poches sans rien trouver.
Au bout de quelques minutes, un léger tintement se fit entendre, signe que les menottes s'étaient ouvertes. Délicatement, pour ne pas faire de bruit, je fis passer l'aiguille dans ma main gauche et réitérai le processus, prenant soin de garder ma main droite comme si elle était toujours menottée.
Tout en crochetant la serrure des menottes, je réfléchis à ce que j'allais faire ensuite. J'avais approximativement dix minutes entre le moment où ils découvriraient que j'étais en train de me détacher et le moment où ils débarqueraient dans la cellule, peut-être moins si des cerbères montaient la garde dans le coin. Je ne savais absolument pas où j'étais, mais pas dans un lieu où je pouvais avoir confiance en quelqu'un visiblement. J'allais avoir du mal à me repérer. Il ne me restait plus qu'à retrouver mon sac, qui m'avait été retiré, et utiliser le GPS pour :
1. Savoir où j'étais.
2. Me barrer d'ici vers le lieu sécure le plus proche (un commissariat potentiellement)
Ah oui. Et appeler la police aussi, ou n'importe qui qui puisse me donner un coup de main. Pour être honnête, je n'avais pas beaucoup d'espoir quant à mon espérance de vie après mon évasion. Mais bon, je préférai mille fois mourir plutôt qu'être utilisée pour soutirer de l'argent à Karma. Asano n'avait pas un père riche lui aussi ?
Remarque, vu ce qu'il s'est passé, je doute que le directeur lui donne de l'argent. Et puis, Asano avait parlé au "nous", donc il parlait certainement des membres de son espèce d'organisation. Et s'ils avaient un collégien dans leurs rangs, cela voulait dire qu'ils pouvaient avoir d'autres personnes de la société enrôlées. Je veux dire, avant de le savoir, je ne pensais pas qu'Asano faisait partie d'une organisation (apparemment) criminelle. J'étais sans doute tombée sur la mafia japonaise ou quelque chose du style.
Ou tous les jeux et films que Karma avait sur ce thème m'étaient un peu montés à la tête. Mais en tout honnêtement, il valait mieux prendre cette explication comme acquise. Au moins, cela me donnait une idée du risque que j'encourais, peu importe mes choix.
La deuxième menotte tinta légèrement. Bon, il ne me restait plus que les pieds. Mais ensuite, je fais quoi ? Quand bien même j'arriverais à crocheter la serrure de la porte, je ne savais pas du tout où j'étais. J'allais vite être submergée par ceux qui en avaient après moi. Je ne passais pas vraiment inaperçue avec mes vêtements...
"Oh mais oui ! C'est vrai ! Dans mon sac, j'ai le costume du défilé de Fuwa, ainsi que la perruque et les lentilles ! Il n'est pas terminé, il manque encore le tissu transparent pour simuler les tatouages, mais il l'est suffisamment pour que je puisse le porter. Ce n'est pas le plus discret, mais mon visage sera caché à moitié et, avec la perruque et les lentilles, je devrais pouvoir passer inaperçue. Enfin, j'espère. Et je dois toujours retrouver mon sac..."
Armée de l'aiguille, je libérai le plus doucement possible mes mains et m'occupai en vitesse de mes pieds, faisant sauter les deux paires de menottes l'une après l'autre, tout en comptant dans ma tête. Une fois libre, il ne me restait presque cinq minutes. Personne n'était encore arrivé, donc il n'y avait sans doute pas de personne qui surveillait ma cellule.
Je me dépêchai de crocheter la serrure de la porte, étape bien plus simple que pour les menottes, et sortis de ma cellule.
"Non mais, ils sont sérieux ?", songeai-je en voyant mon sac de cours qui était contre le mur, juste en face de la porte de ma cellule.
Ils sont idiots ou ils me prennent pour une gentille petite fille qui obéirait sans broncher ?
Sans me poser plus de question, j'attrapai mon sac et entrai dans la première pièce venue, une sorte de vestiaire apparemment, après avoir vérifié qu'elle était vide et dépourvue de caméras. Je me changeai en vitesse, mettant ma tenue actuelle dans mon sac, à la place du costume à thème Akali que j'avais sur moi. Une fois habillée, j'attachai habilement mes cheveux en un chignon et enfilai la perruque avant de mettre les lentilles. J'attachai ensuite le masque pour cacher la moitié inférieure de mon visage.
(NDA : on imagine qu'elle n'a pas d'armes ni de tatouage)
J'entendis alors des bruits de pas précipités et je me cachai de sorte à ne pas être visible depuis la fenêtre qui permettait de voir l'intérieur du vestiaire depuis le couloir. Tout en restant attentive aux bruits de pas, je récupérai mon portable pour vérifier la date et l'heure.
J'étais restée inconsciente durant un peu plus de deux jours et il était actuellement dix heures du matin. Et, à en juger par l'unique barre qui oscillait entre la présence et l'absence, j'avais vraiment très peu de réseau et j'avais quasiment aucune chance de pouvoir appeler de l'aide sans sortir d'ici. Néanmoins, j'avais une dizaine d'appels manqués venant tous de Karma, Nagisa, Rio et Kaede, ainsi que tout autant de messages de... eh bien des mêmes personnes, excepté un qui venait de Koro et un autre d'Irina. Elle me disait juste de tenir bon et d'appliquer ses conseils, ce que je faisais actuellement pour être honnête. Je n'aurais jamais cru que ses astuces ainsi que l'enseignement d'assassin qu'on nous donnait à l'école me serait utile dans la vraie vie...
Les bruits de pas s'approchèrent de la pièce, alors je me saisis silencieusement de ma poêle, histoire de pouvoir frapper les premiers venus, ainsi que du projet sur lequel j'avais travaillé ces dernières années : il s'agissait d'un yoyo, mais un peu particulier. Il avait un fil vraiment long, aussi long que ce que j'avais pu me payer, qui était extrêmement résistant. Je l'avais testé il y a peu de temps, un jour où Karma devait travailler avec les autres membres de son groupe sur des modifications à apporter à la musique d'une chanson. Le fil du yoyo supportait largement mon poids quand je tombais dans les airs et je n'avais pas encore réussi à le couper. Après tout, l'homme du magasin l'avait coupé avec une scie ou quelque chose du genre. Avec de la chance, cela résisterait aux balles et aux armes blanches...
Je m'armai donc de ma poêle dans une main et du yoyo dans l'autre après avoir mis mon sac de classe sur mon épaule. Heureusement, les pas s'éloignèrent bien vite et je sortis avec prudence de ma cachette. Je mis le yoyo dans une de mes poches, rangeant la poêle dans mon sac de sorte à pouvoir la dégainer dès que possible.
Le truc, c'est qu'on allait me griller tout de suite avec mon sac de classe. Mon regard scanna alors la pièce et je remarquai un large sac qui devait se porter dans le dos, attaché comme une ceinture (NDA : le même sac que sur l'image un peu plus haut). Jugeant que cela ferait l'affaire, je réussis avec un peu de difficulté à déplacer le contenu de mon sac dans celui-ci, cachant l'ancien au fond de la poubelle.
J'inspirai profondément et sortis de la pièce en mode namba, la technique de marche silencieuse des ninjas enseignée par Karasuma. Je fis rapidement un repérage des différents couloirs et trouvai celui qui menait hors de ce qui semblait vraisemblablement une sorte de cachot. Par contre, j'ignorais l'utilité d'un vestiaire juste en face d'une cellule...
Je montai donc les escaliers et me retrouvai dans un couloir de ce qui semblait être une sorte de manoir, à en juger par la taille du ledit couloir ainsi que celle de la pelouse que je voyais à travers la fenêtre. Du peu que j'en voyais, le terrain qui semblait appartenir au propriétaire de cette maison était plus grand que la surface totale de notre collège...
Je dégainai mon portable. Toujours quasiment zéro réseau. J'allais sans doute devoir sortir de ce territoire pour pouvoir ne serait-ce que joindre quelqu'un... bon, au travail, en espérant que cela serve à quelque chose...
Je m'approchai de la fenêtre et l'ouvrai. Je montai sur son rebord et, jugeant la distance entre lui et le sol de moins d'un mètre, sautai sans me poser plus de questions. Je devais fuir, vraiment.
C'est pourquoi je ne pris pas vraiment le temps de réfléchir une fois que mes pieds eurent touchés terre : je me mis donc à courir comme si ma vie en dépendait parce que... c'était un peu le cas au fond.
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