Chapitre 25

PDV Siyeon

Plusieurs semaines passèrent. Les préparatifs pour la fête avançaient de plus en plus vite, mais j'étais très souvent occupée, malheureusement. J'étais toujours en train de courir à droite à gauche. Mes seuls moments de détente étaient le soir, avant que Karma ne se couche, et le matin, après que Karma soit levé et avant d'aller en classe. Le reste du temps, j'étais constamment dans mon atelier ou chez Karma pour les répétitions avec le groupe. J'avais décidé de chanter avec eux, tout compte fait, au grand bonheur du rouge.

Heureusement, mes heures de labeur furent assez vite récompensées. Comme je l'ai dit, les préparatifs avançaient de plus en plus vite, notamment au niveau des costumes. La moitié des tenues du défilé étaient terminées, et toutes celles pour les danseurs de l'école d'Andréa aussi à l'exception de celui d'un des solos de ma meilleure amie. Nos tenues de scène étaient prêtes également, hormis celle de Karma que j'avais décidé de faire au dernier moment pour éviter qu'elle ne soit plus à sa taille une semaine après. Donc, malgré une période overbookée, le rythme avait significativement ralenti ces derniers jours, ce qui m'avait permis à la fois de passer plus de temps avec mon copain et de finaliser un projet sur lequel je travaillais depuis bien quatre ans maintenant.

"Rayon de Soleil, on va boire un truc en ville ? On a bien mérité de prendre une pause, vu le rush qu'on vit depuis quelques semaines, me proposa Karma.

- Une prochaine fois, désolée Mon Ange. Je dois finaliser le dernier costume d'Andréa et je dois aller à son école pour ça. Mais tu peux venir avec moi si tu veux.

- Ah pas besoin, je vais te laisser travailler. Mais tu me dois un verre Princesse !", répliqua-t-il avec un clin d'oeil.

Les joues rouges, je hochai la tête. J'avais de la chance d'avoir Karma, peu de personnes prendraient à ce point au sérieux ma passion pour le stylisme. D'autres auraient préféré que je me concentre davantage sur notre relation, surtout vu l'attention que m'avait porté Karma le temps que j'aille mieux après mon presque-viol, mais cela ne semblait pas le déranger plus que ça.

"Par contre, quand la fête sera passée, je risque sûrement de te monopoliser pendant longtemps, très longtemps, me dit-il, son regard sérieux contredisant le ton taquin employé.

- Haha ! On fera tout ce que tu veux, c'est promis. Merci Mon Ange.

- C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, comme on dit. Enfin... je veux dire, je m'en souviendrai."

Je lui souris. Karma avait vraiment tout retenu de moi, y compris mon aversion pour tout ce qui touchait à la plaisanterie et aux expressions sur des handicaps. C'était quand même flatteur, surtout qu'on se détestait au moment où je lui avais dit ça. Ce garçon est... unique en son genre, littéralement.

Finalement, je déposai un baiser sur ses lèvres, lui soufflant un "je t'aime", et quittai notre salle de classe pour prendre le bus jusqu'à l'école d'Andréa, ayant déposé le costume le matin même.

Dans l'atelier de couture, je retrouvai ma meilleure amie et on discuta des derniers détails de sa tenue.

"Regarde, la fermeture éclair est là.", indiquai-je en montrant une fine fermeture argenté sur le côté gauche. "Tu l'ouvres et, pouf !, ton véritable costume sera révélé. Tu n'auras qu'à jeter le faux dans les coulisses, sur le côté droit. Je serai là pour le récupérer.

- Tu sais déjà à quoi ressemblera la scène ? s'étonna Andréa.

- J'ai étudié les plans d'Itona. Il construit une scène pour le défilé et il suffira d'appuyer sur un bouton pour que la scène de spectacle remplace celle du défilé. Enfin... en théorie. Ritsu et lui travaillent encore dessus. Bref, tu veux modifier des trucs, que ce soit sur le faux ou sur le vrai costume ?

- Non, c'est parfait. Il faut juste finaliser le tout."

Je me mis aussitôt au travail, pendant qu'Andréa répétait une énième fois l'un de ses solos en marmonnant pour elle-même. D'ordinaire, l'une comme l'autre détestions lorsque l'une de nous observait l'autre travailler mais, cette fois-ci, nous étions trop absorbées par ce que nous faisions pour déranger l'autre, même sans le faire exprès.

Une fois le costume terminé, je le fis essayer à Andréa pour être certaine qu'il lui allait parfaitement, puis, une fois protégé dans une housse en tissu, je le pendis avec les autres costumes pour la fête de Kunugigaoka. Mon atelier était trop exigu pour contenir toutes les pièces de la fête, au point qu'on utilisait un local à disposition de notre classe, vide, pour y entreposer les tenues du défilé sous housse. Dans mon atelier, il ne me restait plus que les tenues du groupe de musique et celles non terminées pour le défilé.

"Tant que j'y pense Si-chan, mes pointes pour le spectacle sont prêtes ? me demanda Andréa.

- Comme tous les chaussons pour la fête, oui. Chaque paire est dans une boîte avec votre prénom marqué.

- D'accord, je le dirai aux autres. Tu devrais y aller, il se fait tard et j'aimerais au moins pouvoir répéter une fois aujourd'hui avec Moana et Kion."

Je rigolai légèrement mais hochai la tête. Il commençait effectivement à se faire tard, le soleil était sur le point de se coucher. Je devais rentrer avant que la nuit n'arrive, par mesure de sécurité. Je rangeai donc mes affaires, dis au revoir à ma meilleure amie et sortis de l'école, envoyant un message à Karma pour lui dire que je venais de quitter l'établissement. Je rangeai mon téléphone dans mon sac, avant que quelque chose ne me frappe la tête et que je sombre dans l'inconscience.

PDV Karma

Une fois mes devoirs du jour terminés, je pris mon téléphone pour consulter mes messages, ayant pris l'habitude de l'éloigner pendant que je travaillais. Je souris en voyant un message de ma belle.

Rayon de Soleil - 19h50
Coucou Mon Ange, je pars de l'école de danse. On se voit à la maison.
Je t'aime <3

Perplexe, je regardai l'heure. Ce message datait d'il y a bien trente minutes. Que faisait-elle ? Il n'y avait même pas vingt minutes de trajet entre l'école et son quartier...

Au même moment, Ritsu entra dans la chambre.

"Karma, le repas est prêt. Tu sais où est Unni ?

- Non, elle m'a envoyé un message il y a une demi-heure pour me dire qu'elle partait de l'école d'Andréa mais depuis, aucune nouvelle.

- Il y a peut-être du trafic...

- A cette heure ? fis-je, peu convaincu.

- C'est rare, mais pas impossible. Bref, j'imagine que tu vas l'attendre pour manger."

Je hochai la tête et elle m'indiqua qu'elle conserverait le plat au chaud, avant de descendre rejoindre la grand-mère de Siyeon.

Je soupirai et laissai mon regard se perdre par la fenêtre. J'avais un mauvais pressentiment, ce genre de pressentiment qui nous dit que quelque chose d'énorme, dans le mauvais sens du terme, va nous tomber sur la tête.

Finalement, au bout de cinq longues minutes, je récupérai mon téléphone, espérant y voir un message, en vain. J'ouvris donc mon carnet d'appel et appuyai sur l'icône pour lancer un appel avec ma petite amie. Je portai l'appareil à mon oreille, mais cela sonna dans le vide.

"Bizarre...", murmurai-je en mettant fin à l'appel. "Elle répond toujours au téléphone d'habitude..."

Est-ce-que j'ai le droit de m'inquiéter, ou est-ce-que je suis un peu trop protecteur avec elle ? C'était certain que j'étais très protecteur, mais Siyeon laissait toujours son téléphone en mode son, au cas où Ritsu cherche à la joindre en urgence par rapport à sa grand-mère, fait autorisé par nos professeurs d'ailleurs. En conséquence, elle répondait toujours quand on l'appelait, sauf quand elle était en classe et que ce n'était pas Ritsu. Alors, oui, je m'inquiétais.

"Si cela se trouve, Ritsu a raison et il y a juste beaucoup de trafic. Elle doit être dans un tunnel, cela expliquerait pourquoi elle ne répond pas...", tentai-je de me convaincre.

Mouais... belle tentative d'auto-persuasion. Et qu'est-ce-que je fais moi ?!!

Je me massai les tempes en respirant lentement. Il fallait que je me calme, ce n'était sûrement rien. Son téléphone avait peut-être plus de batterie, ou elle ne l'avait tout simplement pas entendu sonner. S'il y avait beaucoup de monde dans le bus, c'était possible. Je devais arrêter de paniquer.

Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Dès qu'il s'agissait de Siyeon, je perdais les pédales. La profonde inquiétude que je ressentais présentement faisait dangereusement écho à celle que j'avais éprouvé à Kyoto... je devais garder la tête froide cette fois.

Je décidai de l'appeler de nouveau, mais j'obtins le même résultat. Cette fois-ci, je lui laissai tout de même un texto pour savoir où elle était et descendis voir Ritsu. Cette dernière gardait un oeil sur Kim-Yu mais elle tourna la tête en me voyant.

"Ritsu, tu peux localiser Siyeon ?

- Si son téléphone est allumé, oui je peux. Je commence sérieusement à m'inquiéter, il commence à être tard.

- A qui le dis-tu... tu peux le faire s'il te plaît ?"

L'IA hocha la tête et ferma les yeux. Il se passa quelques minutes avant qu'elle ne rouvre les yeux, dépitée.

"Désolée, je n'y arrive pas. Son téléphone est allumé mais quelque chose brouille les signaux..."

Je déglutis. Donc... Siyeon était seule, quelque part dans la nature, alors que la nuit approchait de plus en plus ?!

"Bordel ! Ritsu ! Si ça recommence, on pourra pas l'empêcher cette fois !!

- Je sais Karma, d'accord ? Mais je ne peux rien faire de plus. Même si elle utilisait le système d'urgence, on ne recevrait rien à cause de ce quelque chose...

- Bordel !!"

Je remontai à l'étage, pris dans un étrange mélange entre inquiétude viscérale, impuissance et culpabilité. Pourquoi je ne l'avais pas accompagné ?! Si j'avais su... si j'avais su, elle n'y serait pas allée seule ! Maintenant, elle était on-ne-sait-où et avait certainement de gros problèmes ! Et si cela recommençait, comme à Kyoto, elle n'y échapperait pas parce qu'on était incapables de savoir où elle se trouvait ! Et cette fois, je ne savais pas si on pourrait l'aider à se relever si l'acte était mené jusqu'au bout. Si seulement je l'avais accompagné... si seulement je pouvais faire quoi que ce soit...

Je repris mon téléphone et appelai Rio, priant pour qu'elle réponde. Heureusement pour moi, elle le fit presque aussitôt.

"Karma ?

- Rio... je sais pas quoi faire...

- Karma, que s'est-il passé ? me demanda-t-il, ayant certainement perçu ma voix inquiète.

- C'est Siyeon... elle a disparu et je... j'aurais dû l'accompagner mais... enfin... je sais pas quoi faire ! Si la même chose qu'à Kyoto se produit, je me le pardonnerai jamais !!

- Ok, j'ai pas tout compris mais tu as essayé de l'appeler ?

- Bien sûr, tu crois quoi ? Mais elle répond pas, ça sonne dans le vide. 

- Bon, déjà c'est pas normal... t'as demandé à Ritsu de localiser son téléphone ?

- Un truc brouille les signaux, donc elle y arrive pas. J'aurais tellement dû l'accompagner à l'école d'Andréa... si seulement...

- Karma, c'est pas le moment d'avoir des regrets ! Quand est-ce-que tu as eu de ses nouvelles pour la dernière fois ?

- Vers huit heures moins dix, elle disait qu'elle partait de l'école d'Andréa, justement. 

- Sa grand-mère est au courant ?

- Non, mais je pense qu'elle va très vite s'inquiéter.

- Alors il faut lui en parler avant d'appeler la police. On la retrouvera, ne t'inquiète pas. Si elle a été enlevée, ce n'est pas pour rien. Après tout, tes parents sont friqués, les kidnappeurs vont certainement demander une rançon.

- Comment tu sais qu'elle a été enlevée ?

- Comment veux-tu qu'elle ait disparu autrement ? 

- D'accord, mais pourquoi forcément pour l'argent ? C'était pas plus simple de m'enlever moi pour demander une rançon à mes parents ?

- Tu accordes certainement plus d'attention à Siyeon que tes parents ne t'en portent Karma. Enlever Siyeon est, d'un point de vue logique, la meilleure manière d'obtenir autant d'argent que voulu en peu de temps.

- J'ai du fric mais ça pousse pas sur les arbres non plus... mais je suis assez d'accord, sur la démarche logique je veux dire. Bon... je vais prévenir Kim-Yu. Plus vite on aura prévenu la police et plus vite on la retrouvera.

- T'inquiète. La probabilité qu'elle ait été enlevée pour être violée est quasiment nulle.

- Tu me rassures pas là...

- Ah euh... bon, va parler à Kim-Yu ! Tout de suite !

- Ok... je te tiens au courant.

- J'espère bien ! Moi, je vais prévenir notre classe. Ils nous tiendront au courant si jamais ils ont de ses nouvelles, on sait jamais. 

- Rio... merci...

- T'aurais fait la même chose pour moi, et puis Siyeon est mon amie. En plus, j'ai bien vu dans quel état tu étais quand on l'a perdu à Kyoto, donc il vaut mieux qu'on t'indique quoi faire, le temps que tu te donnes quelques claques."

Je n'eus même pas l'envie de nier, parce que je savais qu'elle avait raison. Je raccrochai donc après l'avoir salué et me précipitai au rez-de-chaussée. On devait vraiment la retrouver...

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