Chapitre 17

PDV Siyeon, le lendemain

Je soupirai de frustration et pressai le pas pour rejoindre mon groupe. On était présentement en excursion de groupe dans Kyoto et, plongée dans mes pensées, la ville m'inspirant de nouvelles tenues, je n'avais pas remarqué que ma bande m'avait distancé. C'était étonnant qu'ils n'aient pas remarqué ma présence...

Par chance, je me souvenais de notre itinéraire, alors je choisis de me rendre à notre prochain lieu touristique. Cependant, au détour d'une rue, une main m'attrapa le poignet et me tira brusquement sur le côté. Je glapis de surprise et, la seconde d'après, j'étais plaquée contre le mur, une main sur ma bouche. Je sentis la peur monter irrémédiablement en moi et elle se transforma en terreur quand je découvris l'identité de la personne qui me retenait.

Asano.

"Tu croyais que j'allais abandonner si facilement ? Si je ne peux pas t'avoir en te séduisant, je t'aurais par la force."

Ses yeux violets brillaient d'une lueur étrange, une lueur qui me fit froid dans le dos. Je me mis à trembler, ce qui le fit sourire sadiquement.

"Cette fois-ci, c'est moi qui suis en position de force, petite fleur..."

J'essayai de me dégager, mes mains étant heureusement libres mais cela ne déclencha qu'un rire sec du roux, qui s'empressa de m'emprisonner les poignets avec sa main libre

"Qu'est-ce-que je vais bien pouvoir faire de toi ? Voyons..."

Il se lécha les lèvres, me regardant comme si j'étais une proie. Ma peur redoubla et des larmes commencèrent à envahir mes yeux. Il n'allait quand même pas... faire ce à quoi je pensais ?!

Les larmes coulaient sur mes joues alors qu'il attachait mes mains avec sa cravate d'uniforme, me les bloquant dans le dos. Sa main désormais libre descendit lentement, me caressant la gorge, passant au creux de ma poitrine pour atteindre mon pantalon. Je gigotai dans une tentative désespérée de me libérer mais il appuya davantage sa main sur ma bouche pour m'en dissuader.

"Laisse-toi faire, je te garantis que tu vas adorer...", susurra-t-il en déboutonnant mon pantalon.

J'étais paralysée de terreur, redoutant et anticipant la suite. Cependant, lorsque les doigts d'Asano entrèrent en contact avec la peau de mon ventre, j'eus comme une illumination. Je mordis alors la main qui entravait ma bouche. Surpris, Asano se recula légèrement.

"KARMA !!! VIENS M'AID-"

Asano venait de nouveau d'appuyer sa main sur ma bouche pour me faire taire. Son regard brillait de perversité, mais aussi de colère.

"Tais-toi ! Je t'interdis d'appeler à l'aide ! Bientôt, tu crieras mon nom de plaisir.

- Jamais ! Karma... je t'en prie... tu m'as promis de toujours me protéger. Viens m'aider ! Je ne veux pas... je ne veux pas...", songeai-je avec ferveur en fermant les yeux, les larmes dévalant mes joues.

PDV Karma

"Comment on a pu la perdre ?! m'énervai-je.

- Désolé...", soupira Nagisa, inquiet et coupable. "Si je ne vous avais pas autant absorbé avec l'histoire de Kyoto... on aurait remarqué son absence plus tôt.

- Ce qui est fait est fait.", le rassura doucement Kayano.

Je me passai la main dans les cheveux, profondément inquiet. Kyoto était immense ! Comment retrouver Siyeon ? Depuis quand on l'avait perdu ? 

"Bordel, pourquoi j'ai pas fait gaffe ?! D'habitude, je suis incapable de la quitter des yeux ! S'il lui arrive quelque chose par ma faute... je suis nul bordel !"

Mon portable vibra, interrompant mes pensées affolées. Mon coeur s'emballa en voyant que c'était un message de Siyeon. Je tapai précipitamment mon code, les doigts tremblants, et ouvrai la conversation avec la noiraude. Mon coeur s'arrêta cette fois-ci, en voyant son message. Il était court, très court, et accompagné de la position GPS de son téléphone.

Siyeon - 11h45
SOS !

"Je sais où elle est ! Mais je crois qu'elle a des problèmes... dis-je d'une voix blanche.

- Rio et toi, allez-y. Nous, on va chercher les profs.", réagit Nagisa. "Envoie-moi sa position."

Je hochai la tête et transmis les coordonnées à mon meilleur ami avant de courir avec Rio. Jamais je n'avais courus aussi vite de toute ma vie, et on arriva en moins de cinq minutes à la position GPS de son téléphone.

La vision que j'eus alors me glaça le sang. Coincée contre un mur, le visage ruisselant de larmes et les yeux fermés de terreur, Siyeon était sur le point de se faire violer. Violer, par Asano.

Mon sang ne fit qu'un tour et je me précipitai vers lui pour le frapper et lui faire lâcher la noiraude.

"Salaud ! T'allais la violer !!"

Je le bloquai au sol et lui assénai des coups de poings encore et encore. J'étais incontrôlable.

"Je t'interdis de la toucher !! Je vais te faire payer !!

- Karma, il y a plus important ! Arrêtes ! m'ordonna Rio.

- J'vais le buter !! Il aurait violer Siyeon si on était pas arrivés !

- Je sais, mais elle a besoin de toi..."

Je grognai de rage mais me détournai d'Asano, qui était en sang. Je m'approchai de Siyeon et la vision de ses larmes coulant par milliards sur ses joues, son corps entier tremblant comme rarement j'avais vu un corps trembler... cette vision me brisa le coeur.

"Rayon de Soleil..."

Elle leva ses grands yeux bleus vers moi. Ils étaient écarquillés de peur, de terreur. J'ouvris mes bras et elle s'y jeta en sanglotant contre mon torse. Je refermai mes bras sur elle et posai ma tête sur la sienne, lui murmurant des paroles réconfortantes et déposant des baisers sur sa tête.

"Ramène-moi à l'auberge... tout de suite... s'il te plaît... hoqueta Siyeon.

- D'accord. Rio, préviens les profs et explique-leur. Asano s'en tirera pas aussi facilement, je t'en fais le serment Rayon de Soleil."

Un simple reniflement me parvint, tandis que Rio hochait la tête. Je détachai doucement Siyeon de moi et elle essaya de boutonner son pantalon et sa chemise. Rio s'approcha et l'aida à le faire, car ses mains tremblaient beaucoup trop pour qu'elle réussisse à quoi que ce soit. Je pris ensuite la noiraude en princesse et pressai le pas vers l'auberge.

J'étais furieux. Furieux et profondément inquiet pour Siyeon. Inquiet avec une terreur viscérale qui me prenait les tripes. Si on était arrivés quelques minutes plus tard... brrr...

La jeune styliste sanglotait toujours dans mes bras, ses pleurs intarissables malgré mes tentatives pour la calmer. Qu'est-ce-qui pourrait le faire après tout, après ce qu'elle venait de vivre ? N'empêche, j'aimais pas la voir pleurer. Siyeon ne devait pas pleurer, je ne veux plus jamais la voir pleurer !

Une fois arrivés à l'auberge, je montai les marches quatre à quatre pour rejoindre la chambre des filles. 

"Tu veux prendre une douche ?", proposai-je d'une voix douce.

A travers ses larmes, elle hocha doucement la tête. Je déposai un baiser sur son front.

"D'accord, je vais te prendre des affaires. Et je vais rester avec toi."

Ses yeux s'écarquillèrent d'affolement.

"Non non ! C'est pas ce que tu crois. Je regarderai pas, je me mettrai dos à la douche. Je veux juste pas te laisser toute seule avec tes pensées après ce qu'il vient de se passer. Tu veux bien ?"

Son visage se détendit très légèrement et elle hocha la tête une nouvelle fois. Je la fis s'asseoir sur le sol, ayant repéré sa valise. Je la pris et l'ouvris, piochant des sous-vêtements propres, un jean et un tricot blanc basique. Je les donnai à la noiraude, la reprit en princesse et l'amenai à la salle de bain. Une fois à destination, je m'assurai qu'elle tenait sur ses jambes avant de me mettre face à la porte, pour la laisser se déshabiller et entrer dans la touche. Heureusement, la paroi vitrée était faite de telle sorte que c'était impossible de voir à travers.

Il se passa une minute ou deux avant que j'entende la porte de la douche s'ouvrir puis se fermer. Je changeai donc de position pour me mettre contre le mur, à côté de la douche. Je savais pas trop quoi dire malheureusement, et seul le bruit de l'eau chaude qui coulait occupait le silence assourdissant qu'il y avait entre nous.

"Excuse-moi, j'aurais dû faire attention. On t'aurait pas perdu si on avait fait attention.

- Ne t'excuse pas... je m'étais perdue dans mes pensées...

- Même... j'ai pas pu te protéger. Si jamais il t'arrivait quoi que ce soit à cause de moi...

- Tu es arrivé pile à temps... merci Karma...

- De rien."

Je n'avais pas le coeur de lui parler coréen, et elle non plus visiblement. Comment pouvait-elle me remercier alors que, si j'avais fait attention, elle n'aurait même pas été dans cette situation ?!

J'entendis la porte de la douche s'ouvrir alors je tournai la tête pour laisser Siyeon se sécher et s'habiller en paix. Je sus qu'elle avait terminé quand elle vint se blottir contre moi, la tête dans mon cou. Je posai mon regard sur elle et l'enlaçai comme je pus. 

On resta quelques minutes ainsi avant de décider de retourner dans la chambre. Je choisis, à contrecœur, de laisser la noiraude seule un instant le temps d'aller chercher ma guitare, qui était dans la chambre des garçons. Je l'avais emmené avec moi, donc il était probable que Rio, Nagisa et Kayano aient deviné que j'avais repris la musique.

Je me dépêchai de la récupérer et de rejoindre Siyeon afin de la laisser seule le moins de temps possible. A peine fus-je revenu qu'elle se jeta de nouveau dans mes bras pour me serrer contre elle. Son corps était parcouru de spasmes, signe que la crise de larmes n'était pas loin. Je l'enlaçai donc, passant mes mains dans son dos dans des va-et-vient réconfortants. Je nous fis glisser au sol et Siyeon se cala entre mes bras, le visage enfoui dans mon torse.

"Karma...

- Rayon de Soleil ?

- Pourquoi ? Qu'est-ce-que j'ai fais ? Je... c'est uniquement de cette manière que... que je plais aux garçons ?

- Bien sûr que non enfin ! Arrête de dire des conneries !"

Surprise, elle leva la tête. Quelques larmes coulaient encore sur ses joues. Je les essuyai avec mes pouces, ayant pris son visage en coupe.

"Je t'interdis de dire ça Rayon de Soleil. Asano est un salop, c'est tout ! Moi, je t'aime pour celle que tu es, d'accord ? Je t'aime comme un malade, je t'aime un peu plus chaque jour. Je t'aime à un tel point, tu peux pas imaginer. Je tiens tellement à toi que, si j'ai accepté le pari d'Asano, c'était parce que je refusais qu'un autre gars t'approche. Je voulais te protéger, et je te protégerai toujours de mon mieux, même si j'ai failli aujourd'hui. C'est pas ta beauté qui m'a conquis, c'est ta gentillesse, ton dévouement, ta générosité, ta douceur, ton énergie quand tu fais ce qui te plaît. Je t'aime tellement que je pourrais tuer pour toi. Alors non, tu ne plais pas aux garçons que pour ta beauté ou... ou ça ! Moi, tu me plais juste parce que tu es toi. Tu es la douceur et la patience qui m'a toujours manqué. Je t'aime d'accord ? T'es devenue le centre de mon monde, je suis prêt à tout pour toi, pour te protéger, pour que tu te sentes aimée et en sécurité."

Au fur et à mesure de ma tirade, ses yeux bleus s'étaient agrandis d'étonnement. Elle avait toujours les larmes aux yeux mais elles semblaient vouloir y rester sagement. Siyeon finit par m'adresser un doux sourire, touchée.

"C'était très beau Petit Démon, vraiment. Cela me touche beaucoup et... j'aimerais sincèrement pouvoir te renvoyer tes sentiments... mais c'est impossible...", souffla Siyeon. "C'est impossible pour le moment, parce que je suis moi-même perdue dans mes sentiments et ce qu'il s'est passé ne m'aide clairement pas à faire du tri dans ma tête..."

Je lui souris tendrement pour la rassurer et déposai un baiser sur son front.

"Alors je t'attendrai, même si cela doit prendre des années. Je t'attendrai et, d'ici là, rien ne changera entre nous, je te le promets."

Un léger sourire soulagé naquit sur ses lèvres. Il était léger, mais c'était mieux que rien, au vu des circonstances. 

Mon regard dériva instinctivement vers ses lèvres. J'avais envie de l'embrasser, tellement envie.

"Rayon de Soleil... j'ai envie de t'embrasser, t'imagine même pas à quel point, soufflai-je en collant nos fronts.

- Moi aussi... avoua Siyeon en rougissant.

- Je peux ?

- Cela ne m'engagera à rien ?

- A rien du tout, j'ai dit que je te laisserai du temps et c'est ce que je compte faire. Je ne te mettrai pas la pression avec mes sentiments.

- Alors oui, tu peux."

Aussitôt, je scellai nos lèvres et sa bouche commença à se mouvoir contre la mienne. Ses lèvres étaient douces comme du satin et et avaient un goût dangereusement addictif. Le baiser était lent, tendre, mais il n'en restait pas moins incroyable. J'avais l'impression d'être en symbiose avec la noiraude, de percevoir le moindre de ses battements de coeur.

Malheureusement, on finit par se détacher, à bout de souffle. Siyeon m'offrit un sourire nettement plus large que plus tôt et elle semblait pas mal plus détendue. Ses yeux brillaient comme un milliard d'étoiles et son visage était tout rouge, marquant un contraste plus que saisissant. Je lui souris en retour et elle me demanda de chanter pour elle.

"Tu es sûre ? Toutes mes dernières chansons parlent de mes sentiments pour toi et...

- Si je te le demande, c'est que cela ne me dérange pas. Je suis une artiste aussi, souviens-toi. Je savais très bien que tes dernières chansons devaient en parler. L'inspiration dépend des sentiments souvent. Là... je veux juste être avec toi."

Je hochai la tête et, après un baiser sur sa tempe, pris ma guitare. Je l'accordai puis commençai à jouer.

https://youtu.be/AH0geUR9WTA

"Cette chanson est magnifique Karma..."

Je lui souris avec tendresse et posai ma guitare. Siyeon commençait à s'endormir, alors je m'installai confortablement au sol après avoir récupéré une couverture, incitant la noiraude à venir contre moi. Une fois tous les deux allongés, je mis la couverture sur nos corps et Siyeon posa sa tête sur mon torse, s'en servant comme coussin. Elle sombra rapidement malgré le fait que le soleil était au zénith, épuisée par toutes ses émotions. Je ne tardai d'ailleurs pas à la rejoindre, moi aussi exténué pour la même raison. La dernière chose que je vis avant de m'endormir fut le sourire apaisé sur les lèvres rosies de la styliste en herbe. 

Je n'en resterai pas là concernant Asano, mais ma priorité restait et resterait toujours le bien-être de Siyeon. La carotte pouvait attendre, surtout que je savais que Rio et les autres, élèves et professeurs, n'allaient pas rester les bras croisés. Et aussi détestable que soit Asano senior, j'étais certain qu'il n'allait pas laisser passer le fait qu'une élève de son école, de classe E ou non, ait manqué de se faire violer par un des meilleurs élèves. Il encourageait la discrimination envers notre classe, pas le viol ou les agressions sexuelles. En tout cas, je savais que nos trois professeurs et notre classe ne laisserait pas passer ça. Je pouvais bien les laisser s'en occuper pour le moment. Ma priorité était Siyeon.

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