Chapitre 10
PDV Karma, le lendemain
"Voilà ce que j'appelle un problème...", reconnut Rio.
La blonde me fixa quelques secondes, intégrant les événements dont je venais de lui faire part ainsi que de mon ressenti vis-à-vis de tout ça. J'avais attendu une heure assez décente pour pouvoir me pointer chez ma meilleure amie. Je serais bien allé voir Nagisa mais c'était un éternel optimiste et ce n'était pas ça qui allait m'aider à sortir de ce pétrin. Rio était maligne, comme moi, il était naturel que j'aille la voir en premier dans ce genre de moment, quitte à me faire charrier.
"Tu t'es foutu dans un sacré pétrin Karma.
- J'avais pas besoin de toi pour le comprendre !
- Je sais, je sais. Mais je comprend même pas pourquoi les paroles d'Asano t'ont atteint à ce point !
- Siyeon est mon amie, je veux la protéger."
Rio me regarda dans les yeux et haussa un sourcil, sceptique.
"Karma, je suis ta meilleure amie et ton ex au passage, je te connais plus que tu ne te connais toi-même. N'essaie pas de me faire avaler ça. Lee n'est pas une simple amie pour toi, sinon tu n'aurais même pas réagi aux provocations d'Asano.
- Siyeon est mon amie !", répétai-je, indigné. "Elle est mon amie et elle a déjà assez de mal à aller vers les autres ! Je ne veux en aucun cas que quelqu'un comme Asano se joue d'elle !
- Parce que tu crois qu'elle préférerait que, toi, tu te joues d'elle ?!"
Je soupirai de frustration, conscient que la blonde avait raison. C'était un point que j'avais assez facilement soulevé mais je me mordais les doigts de m'être fait avoir par Asano.
"Ecoute.", reprit Rio. "Avant de faire quoi que ce soit, il faut que tu cernes avec précision tes sentiments pour Lee. Je doute qu'elle soit vraiment une amie pour toi, mais je peux me tromper. Si c'est le cas, alors il faudra en parler avec elle. Après tout, c'est elle la première visée par tout ça. Mais je suis d'accord avec toi : on ne peut pas la laisser se faire avoir par Asano. Elle fait partie de notre classe et s'il le faut, on enrôlera toute notre classe. Quiconque s'en prend à un membre de la classe E aura affaire à toute la classe, crois-moi sur parole.
- Et comment tu comptes convaincre toute la classe ? Je te rappelle qu'elle a ignoré tout le monde pendant des semaines.
- Figure-toi que votre exposé a changé pas mal de choses. Ils ont compris qu'ils l'avaient peut-être mal jugé. Je sais pas trop en quoi votre exposé a changé les choses mais c'est un constat que j'ai pu faire hier avec Nagisa et Kayano. Seuls Terasaka et sa bande sont encore sceptiques mais les autres veulent apprendre à la connaître.
- Je pense qu'il lui faudra du temps. Je ne vais pas étaler sa vie mais disons qu'elle a tendance à mentir contre son gré, c'est plus fort qu'elle, surtout quand il s'agit de sa famille. Elle veut changer, elle compte changer, mais il lui faudra du temps pour passer outre cette mauvaise manie.
- Si tu dis ça, c'est que j'ai mis les pieds dans le plat l'autre jour et que ses parents ne sont pas danseurs à l'Opéra de Paris, grimaça Rio.
- Ouais, t'as tout compris. C'est un sujet sensible.
- J'en prend note, pour ne plus faire la gaffe. Et sinon, tu sais comment tu vas t'habiller ?
- Pour ?
- Le jour de Noël. Tu n'es pas censé le passer avec Lee ?
- Si, elle ne m'a pas trop laissé le choix.
- Karma, cela fait bien deux ans que j'essaie de te convaincre de passer Noël dans ma famille ou celle de Nagisa et tu as toujours refusé. Va pas me dire que ça n'a rien à voir !
- Rio, fiche-moi la paix avec ça. Je sais encore ce que je ressens ! m'énervai-je.
- Non, les gars sont tous atteints d'une cécité particulièrement virulente concernant les sentiments. Alors il faut que tu fasses vraiment le point sur ce qu'il y a en toi.
- J'y vais !", dis-je simplement.
Rio me raccompagne, se doutant que j'avais besoin de réfléchir. Je fis le chemin du retour à pied, pensif. Mes pas me menèrent inconsciemment chez Siyeon.
"Je me demande si elle est déjà réveillée...", murmurai-je en regardant l'heure sur mon téléphone.
Presque onze heures. Pas sûr qu'elle soit déjà debout, vu l'heure à laquelle on était rentrés la veille (je l'avais raccompagné).
"Tiens, Cupidémon ? On avait cours aujourd'hui ?"
Je me retournai et vis mon amie, les bras chargés de sacs. Je la déchargeai de quelques uns et elle me remercia d'un sourire.
"Non, on avait pas cours t'en fais pas.
- Alors pourquoi tu es là ?
- J'ai pas le droit de venir te voir ?
- Si si, mais comme tu semblais un peu sur les nerfs hier soir, je me suis dit que tu avais besoin de rester un peu seul."
Elle déverrouilla le portail et m'invita à rentrer. Elle referma ensuite derrière moi et on rejoignit l'intérieur de la maison des Lee. La noiraude m'indiqua qu'elle allait placer les sacs et me prit ceux dont je l'avais débarrassé. Je profitai de son excursion à son atelier, les sacs contenant probablement du matériel de stylisme, pour aller saluer Ritsu et Kim-Yu. Je rejoignis ensuite mon amie à l'étage. Elle était en train de placer le contenu des sacs à l'endroit approprié de son atelier.
"Tu aurais dû dormir tu sais, tu as pas mal bossé ces derniers jours. Tu mérites de te reposer, fis-je remarquer.
- Tu sais Cupidémon, cela peut sembler bizarre mais créer des vêtements, laisser ma passion s'exprimer... cela me remplit d'une telle énergie ! D'ailleurs, ça me fait penser qu'il faut que je m'occupe du costume d'Andréa pour le concours de hip-hop. Elle représente l'école pour l'internationale.
- Et c'est quand ?
- Le mois prochain, le vingt-cinq janvier exactement. J'espère que cela me laisse assez de temps pour faire ce que j'ai en tête.
- Tu comptes faire quoi ?
- La mode phosphorescente, ça te parle ?
- C'est des tenues qui brillent dans le noir, c'est ça ?
- Exactement !", s'excita Siyeon, des étoiles dans les yeux. "Je veux faire briller sa tenue dans le noir, telle une étoile qui ne resplendit que dans le ciel nocturne !
- Mais c'est que tu deviens poète !", plaisantai-je. "Plus sérieusement, l'idée est cool ! Tu as déjà fait ça ?
- Non, mais je sais comment faire. J'ai pris de l'avance, sa tenue est déjà prête, il ne reste plus qu'à la rendre phosphorescente. Il me faudra juste le labo de sciences du collège.
- Je veux même pas savoir ce que tu comptes faire là-bas. Mais je peux t'aider sur ce coup-là, si tu veux. On aura qu'à demander à Koro si on peut rester plus longtemps dans les locaux pour travailler les sciences. Comme ça, tu auras le labo rien que pour toi.
- Tu ferais ça ?!
- Bien sûr, pourquoi je ne le ferai pas ?
- Parce que c'est à l'encontre du règlement et qu'on pourrait se faire virer. Et qu'on mentira à Koro.
- Si tu crois que j'en ai quelque chose à carrer de me faire virer... on se fera pas prendre, ne t'inquiète pas. Et puis, techniquement, on ne lui mentira pas puisque tu vas vraiment travailler les sciences.
- Pas faux.
- Il te faudra combien de temps au labo ?
- Hum... peut-être trois ou quatre heures, ou plus. Je ne sais pas trop, désolée.
- T'inquiète. Je te couvrirai le temps qu'il faudra. Tu as tout ce dont tu as besoin ?
- Non, et je ne sais même pas comment m'en procurer...
- Tu commences à me faire peur. Il te faut quoi ?
- Des déchets nucléaires.
- Pardon ?! Des déchets nucléaires ? T'es tombée sur la tête ou quoi ?!
- Je vais très bien, merci de t'en préoccuper. Mais on peut créer des vêtements phosphorescents avec des produits chimiques issus de déchets nucléaires.
- Tu pourrais pas juste acheter de la teinture phosphorescente pour teindre les vêtements ?"
La noiraude me regarda comme si je venais de dire une ânerie de la taille de l'univers.
"Ce n'est pas si simple. La teinture phosphorescente n'existe pas car le phosphorescent est composé de micro-pigments cristallins insolubles, et pas de colorants solubles. Le pigment doit donc être fixé dans une peinture ou dans le cœur de la fibre. Tout le monde le sait enfin !
- Rectification : les friands de stylisme le savent !
- Peu importe. Quoi qu'il en soit, je ne peux pas teindre son costume.
- Et pourquoi tu n'achètes pas de la peinture phosphorescente pour textile ? Cela doit exister, ça, non ?
- Effectivement, ça existe. Mais je ne sais absolument pas où en trouver.
- Je pense que ce sera quand même plus simple de s'en procurer plutôt que de trouver ces produits chimiques à base de déchets nucléaires Siyeon, tempérai-je.
- Et tu as sûrement raison, mais dans tous les cas, j'aurais besoin du labo.
- Pour ça, je vais t'aider, mais pas de déchets nucléaires. Promis ?
- Promis !"
Je lui souris et elle me le rendit. Une fois son matériel rangé, elle sortit et me fit signe de la suivre. Elle me conduisit jusqu'à sa chambre, où elle s'installa à son bureau. Elle ouvrit son ordinateur et l'alluma. Elle comptait sûrement chercher où trouver de la peinture phosphorescente.
Et, effectivement, elle tapa dans la barre de recherche "peinture phosphorescente textile". Je me penchai en avant, m'appuyant sur le dossier de la chaise de Siyeon, pour regarder à mon tour. Elle commença par se renseigner sur les meilleurs peintures existantes. Elle semblait s'y connaître en terme de sites de confiance car elle ouvrait uniquement certains liens, sans hésiter. Elle avait déjà dû faire des recherches de ce style par le passé.
"C'est bon, j'en ai trouvé.", me dit-elle au bout d'un moment, en indiquant le produit en question avec le curseur de sa souris.
Je levai un sourcil, ayant senti dans sa voix que quelque chose l'embêtait. Cependant, je me rappelai qu'elle était dos à moi et ne pouvait donc pas me voir.
"Quelque chose t'embête ?
- Oui... c'est bien plus que ce que je peux m'offrir... j'ai un peu fait flamber ma carte bancaire ce matin, pour le cadeau de Kayano et le tien. Je suis à sec, déjà que je l'étais presque ces derniers temps...
- Tu ne sais pas gérer ton argent ?
- Si, bien sûr. Mais j'attend encore que l'école de danse me rembourse ce que j'ai dû acheter pour faire les costumes de Casse-Noisette. Il n'y avait pas tout ce dont j'avais besoin alors j'ai dû prendre dans mes économies. Et puis, les commandes se font rares en ce moment, je n'ai pas l'occasion de renflouer les caisses suffisamment. Si je prend davantage dans l'argent de l'entreprise, je ne pourrais pas payer les impôts du mois prochain.
- Quelque chose me dit que tu as aussi pas mal dépensé pour une tenue en particulier, je me trompe ?
- Non, tu as raison, mais c'était prévu. Je n'avais pas pensé une seconde devoir faire tant d'achats pour Casse-Noisette, ni qu'il y aurait si peu de commandes. D'habitude, à cette période de l'année, mon carnet de commandes est tellement rempli que j'enchaîne les nuits blanches des vacances de Noël jusqu'à la mi-février. Je ne peux vraiment pas me permettre d'acheter cette peinture maintenant."
Elle lâcha un soupir, dépitée. Mon coeur se serra en voyant sa joie retomber comme un soufflé.
Je levai la tête vers l'écran pour lire le prix. Par chance, c'était vraiment loin d'être élevé pour moi, vu l'argent que mes parents me filaient pour compenser leur absence constante.
"Alors c'est moi qui vais la payer.
- Mais tu es malade ou quoi ?! Tu as vu le prix ?! s'écria-t-elle en se tournant vers moi.
- Siyeon, je peux largement me le permettre, mes parents sont friqués, t'imagines même pas à quel point. Ils compensent leur absence permanente par du fric en cascade. Si ça peut t'aider, la question se pose même pas. T'es une artiste, c'est dommage de laisser de côté ce projet par manque d'argent. Crois-moi, ça me gêne pas.
- Tu es sûr ? C'est une sacrée somme quand même...
- J'ai jeté un coup d'oeil aux tarifs de ton entreprise. Si je te dis que j'ai bien plus qu'assez pour te commander deux garde-robes extravagantes complètes, tu vois ce que je peux me permettre ?
- Tu n'as pas la tête d'un gosse de riches. Remarque, j'aurais dû me poser la question, je n'y suis jamais entrée mais ta maison est... elle sent l'argent quoi, même de l'extérieur.
- Je vais prendre ça pour un compliment Sisi. Je parle du fait que j'ai pas la tête d'un gosse de riches hein !
- Sisi ? Tu n'as vraiment pas trouvé mieux ?
- Je vais trouver mieux, mais ce sera Sisi en attendant. Alors, t'en dis quoi ?"
Elle pencha la tête sur le côté, songeuse. Elle semblait peser le pour et le contre mais sa décision fut, vraisemblablement, très vite prise.
"Si cela ne te dérange pas, je veux bien.
- Vendu !", souris-je. "Tu veux que je te remplisse ton carnet de commandes aussi ?
- Comme tu veux. C'est ton argent, pas le mien.
- Et c'est ton entreprise, pas la mienne.
- Techniquement, c'est celle de Halmeoni. Officiellement, je travaille à temps partiel, officieusement c'est moi qui m'occupe de tout.
- Oui, donc c'est la tienne en réalité. Mais je te demande parce que je ne veux pas profiter de ton talent.
- Tu me l'as dit hier, non ? Si tu avais besoin de vêtements, tu me paierais en contrepartie. Je sais très bien que tu ne cherches pas à profiter de moi.
- On fait comme ça alors, ton prix sera le mien. Je ferai l'inventaire de mon armoire, pour trier et ne pas te commander des trucs qui rentreraient même pas. Je t'enverrai ma commande via le formulaire que tu as mis en ligne.
- Tu me sauves vraiment la mise Cupidémon.
- Ah pas tant que ça, on est tous les deux gagnants dans l'histoire.
- En quoi me payer la peinture te rend gagnant ?
- J'aime pas réfréner les élans artistiques de qui que ce soit, et encore moins de toi vu ce que tu es capable de faire. En plus, j'aime bien te voir en pleine création.
- Si tu le dis. Et t'as de la chance parce que, normalement, je laisse personne entrer dans mon atelier quand je suis en pleine création.
- Alors pourquoi tu me laisses entrer ?
- Aucune idée, je sais juste que tu stimules mon imagination. En plus, quand je suis concentrée, tu ne cherches pas à relancer la conversation, tu attends que ce soit moi qui la relance ou que je dois disposée à parler.
- Bah ouais, j'y connais rien en couture mais y'a forcément des trucs où il faut que tu te concentres plus, nan ?
- Si, justement. Et tu es le seul à ce jour qui respecte ça, Andréa me dérange quand je suis en train de créer. Dana aussi, mais c'est plus parce que c'est une enfant dont on doit s'occuper.
- Andréa le sait ?
- Bien sûr, et elle le comprend parfaitement. Elle n'aime pas trop non plus que je la regarde répéter une chorégraphie tant qu'elle ne l'exécute pas parfaitement.
- C'est déjà ça."
Après avoir ajouté au panier la quantité de tubes de peinture qui lui semblait nécessaire, Siyeon me laissa la place pour que je valide l'achat et entre mes données bancaires. Elle se mit dos à moi pour ne pas les voir, ce qui me fit sourire. Je m'empressai de finaliser l'achat et entrai l'adresse de Siyeon pour le lieu de livraison, avec son accord.
"Et voilà, ça devrait arriver début janvier, annonçai-je.
- Parfait, merci ! Je vais prendre de l'avance sur ta commande donc : direction l'atelier ! Il faut que je prenne toutes tes mensurations !"
Je rigolai légèrement devant son enthousiasme retrouvée et la suivis diligemment jusque dans son atelier. Comme la veille, elle me fit mettre sur un piédestal pour que je sois plus haut qu'elle et elle entreprit, armée d'un mètre, de prendre mes mesures sur tous les angles possibles et imaginables.
"Dis-moi, tes autres clients font comment pour que tu leur prennes leurs mesures ?
- Cela dépend. Généralement, ils indiquent juste la taille qu'ils font en vêtement. Je fais les vêtements selon les mesures qu'on me donne, mais le sur-mesure coûte un peu plus cher car cela me demande un patron qui sera presque unique.
- C'est pour ça qu'ils te donnent juste la taille, pour payer moins cher, puisque le patron est général.
- Tu as tout compris. Mais je fais du sur-mesure pour les gens que je connais ou dont j'ai déjà les mesures, sans surcoût. C'est le cas pour Dana et sa famille, Andréa et sa famille, Fuyumi, Nashi... et à peu près tous les élèves des deux classes dont je m'occupe. Les costumes sont financés par l'école mais pour le reste, ils doivent me payer. A cette liste s'ajoute Kayano, puisque je lui ai conçu une tenue pour Noël en guise de cadeau, et toi maintenant.
- Eh ben j'en suis honoré Sisi.
- J'espère que tu vas vite trouver un surnom mieux que celui-là Cupidémon."
Je ricanai légèrement, conscient qu'il était pas top. Mais j'allais trouver mieux.
Une fois les mesures prises, je décidai de rentrer chez moi, pressentant que le tri de mon armoire allait me prendre des heures entières. A cette remarque, Siyeon éclata de rire, déclenchant rapidement le mien.
"Je comprend, c'est la même chose pour moi quand je trie mes propres vêtements.", fit-elle une fois calmée. "Je vais te raccompagner.
- Merci Sisi !"
Elle me sourit et on descendit au rez-de-chaussée. Je saluai Ritsu et Kim-Yu et enfilai mes chaussures. Siyeon enfila sa doudoune, vite imitée par moi, et on sortit tous les deux. Elle déverrouilla le portail.
"On reprend les cours de soutien le vingt-six, d'accord ? Les examens sont bientôt, rappelai-je.
- Cela me va. On se voit dans trois jours donc, pour Noël.
- C'est ça ! Tu veux que je vienne pour quelle heure ?
- Dès que tu veux, tu seras toujours le bienvenu hier. Essaie juste de ne pas venir avant neuf heures, quel que soit le jour.
- Il n'y a que pour toi que je me lève aussi tôt Sisi.", dis-je avec un clin d'oeil.
La noiraude rougit brusquement.
"Tu n'es pas obligé de te lever tôt pour venir me faire cours.
- Moi, j'ai envie. Aller, je vais y aller, sinon je vais me transformer en statue de glace avant d'être rentré chez moi."
Siyeon me sourit et retira son écharpe cirres-d'Evelynn, comme elle l'appelait si bien, pour me la nouer autour du cou.
"Tiens, elle te tiendra chaud. J'ai d'autres écharpes donc ça ne me dérange pas.
- D'autres comme celle-là ?
- Non, mais ce n'est pas grave."
Je lui souris, reconnaissant. L'écharpe était étrangement plus chaude que n'importe lesquelles que je possédais. Je déposai un baiser sur sa joue et la saluai avant de commencer à m'éloigner. Je remontai l'écharpe prêtée par mon amie sur mon nez, captant ainsi une odeur entêtante, douce et sucrée, un curieux mélange entre celle de la guimauve et celle de la fleur d'oranger. L'odeur de Siyeon, très certainement.
A cette constatation, je rougis furieusement et pressai le pas pour rentrer chez moi. Une fois arrivé, je fermai la porte à clé derrière moi et partis m'enfermer dans ma chambre. J'avais du tri à faire, que ce soit dans mon armoire ou ma tête. Les paroles de Rio m'étaient vraiment trop montées à la tête...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top