PDV Karma

Je soupirai, à moitié somnolant, alors que notre professeur, Koro, nous faisait cours. En qualité de classe E, nous n'avions que trois professeurs : Monsieur Karasuma, prof de sport, Madame Pouffe, prof d'anglais, et Monsieur Koro, qui nous enseignait toutes les autres matières. On était un peu les parias de l'école, notre classe de troisième réunissait les cancres et les fauteurs de trouble. On était mis à l'écart, n'ayant même pas accès à la cantine, mais nous avions malgré tout notre salle de classe dans le bâtiment ainsi qu'un espace en plein air qui servait de cour de récréation et de terrain de sport et un gymnase, à l'écart des autres classes. C'était une chance que le bâtiment en haut de la montagne était beaucoup trop dangereux, sinon on aurait sûrement terminé là-haut...

Bref, en ce moment, on avait cours de maths et je dormais à moitié. Sans me vanter, j'avais un excellent niveau sans vraiment travailler, capable de rivaliser avec Asano, le meilleur élève des troisièmes. Ma présence dans la classe E était due au fait que je séchais et me battais beaucoup. Depuis que Koro était notre prof, je m'étais un peu calmé. Je continuais à sécher parfois mais bon, on ne peut pas devenir complètement une autre personne non plus...

Koro était un prof bizarre, comme Karasuma et Madame Pouffe. Ils nous formaient à être des "assassins", notre but étant de "tuer" Koro avant la fin de l'année, avec des couteaux en plastique et des armes à air comprimé absolument inoffensifs. Si on réussissait, on aurait deux semaines de vacances, comme ça, en plus des vacances normales, et aussi un superbe cent sur cent dans la matière de notre choix. Ces profs nous incitaient à cultiver nos différences et à transformer nos faiblesses en force afin de tenir tête aux élèves favorisés des autres classes. J'y croyais pas trop au début, mais j'étais obligé d'avouer que cette méthode atypique était efficace : notre classe avait pas mal progressé en quelques semaines. On était tous unis. En même temps, Koro était un monstre ! Personne n'arrivait à lui porter un coup qui serait mortel avec de véritables armes. Il était hyper intelligent, il me faisait penser à Mavis dans Fairy Tail : à croire qu'il savait ce qu'on allait faire avant même qu'on y pense.

Lorsque quelqu'un toqua à la porte, je me redressai vivement, soudainement réveillé. Koro interrompit son cours et permit à la personne d'entrer. C'était Asano, le directeur et père de mon rival chez les élèves favorisés, accompagné d'une jeune fille. La première chose notable était son absence d'uniforme, dont le directeur ne semblait pas trop se formaliser. En même temps, moi non plus je ne le portais pas vraiment. Du moment que c'était des élèves de la E, Asano senior n'en avait rien à faire. 

La deuxième chose notable était ses cheveux qui lui arrivaient au genou. Ils étaient lisses, d'un noir brillant et soyeux. Elle avait des yeux bleus bridés et une peau bronzée. 

En jetant un coup d'oeil à sa tenue, je révisai mon jugement. La chose la plus notable chez elle, ce n'était pas son absence d'uniforme, même si c'était ça techniquement, mais plutôt son style vestimentaire : elle portait des bottes blanches, jusque là rien d'anormal, un jegging bleu marine à motif de dragon chinois, une tunique blanches avec brodée "KDA" en lettres bleues métallisées sur la manche gauche ainsi qu'une sorte de bouche de dragon de la même couleur que son pantalon et de maquillage d'yeux qui semblait fait à la bombe de peinture rose. Sur sa tête trônait fièrement une casquette blanche et or avec, encore une fois, brodée "KDA". La visière n'était pas droite, comme la mettent les gens normalement, mais décalée sur le côté, servant ainsi plus comme accessoire de mode que comme protection contre le soleil. Elle tenait une doudoune blanche à la main.

Après quelques mots échangés avec Koro, Asano senior partit et notre prof se tourna vers nous.

"Les enfants, une nouvelle élève intègre notre classe d'assassins en herbe !", s'écria joyeusement Koro. "Accueillez chaleureusement Siyeon Lee !"

Notre classe applaudit de bon coeur mais notre nouvelle camarade n'ouvrit pas la bouche. Elle nous adressa un simple signe de tête respectueux avant que Koro ne la fasse s'installer près d'une fenêtre.

Celui que je surnommais le poulpe, il avait toujours des vêtements à motif de poulpe, reprit son cours comme si de rien n'était. Puisque je ne suivais pas ce que disait Koro, je pus voir que la nouvelle n'écoutait pas non plus. Son regard bleu était tourné vers une couleur similaire, celle du ciel. Probablement une bonne élève, me disais-je à ce moment-là. Elle avait dû arriver en E à cause de son comportement, pourtant elle n'avait pas la tête d'une fauteuse de troubles, comme Rio ou moi.

La journée passa, comme d'habitude. La nouvelle n'avait prononcé un seul mot à quiconque et n'écoutait absolument aucun cours. Ce dernier point me laissait penser qu'elle devait être une surdouée. Même moi j'écoutais les cours à moitié au moins, on avait des examens blancs la semaine suivante... bah, on verra bien.

PDV Siyeon

Après une journée à m'ennuyer au collège, je rentrai à pied chez moi. Je sortis mon casque personnalisé aux couleurs de mon groupe de k-pop préféré, K/DA. Il était violet avec des motifs couleur or de coeurs, de kamas, de canons de cristal et de crânes, pour respectivement Ahri, Akali, Kai'sa et Evelynn. D'ailleurs, la tenue que je portais actuellement était une tenue à thème K/DA, plus particulièrement à thème Akali.

Ce fut donc sans grande surprise que je mis l'une de leurs chansons, la seule pour être honnête. Oui, j'étais fan d'un groupe qui n'avait sorti qu'une seule chanson en deux ans de carrière... je savais qu'elles allaient revenir, c'était obligé. Leur première chanson avait fait un carton immense !

Dès les premières notes, un léger sourire incurva mes lèvres.

https://youtu.be/UOxkGD8qRB4

Après une dizaine de minutes de marche avec la même chanson dans les oreilles, j'arrivai dans le quartier où j'habitais avec Halmeoni. C'était l'appellation coréenne pour mamie/grand-mère.

Je sortis mes clés de mon sac et déverrouillai le portail pour entrer dans le jardin. Malgré la fraîcheur de ce début de novembre, Halmeoni et Ritsu étaient dehors. Ritsu était une IA qui veillait sur ma grand-mère, surtout quand j'étais pas là. Elle était là depuis mon entrée en sixième, alors elle était comme une soeur pour moi, même si elle était un robot...

Je m'avançai après avoir refermé le portail à clé et les rejoignis. Je me mis devant Halmeoni, qui sourit en me voyant. Je lui rendis son sourire et abaissai mon casque pour le mettre autour de mon cou afin d'engager la conversation avec elle.

(NDA : coréen, langue des signes coréenne)

"Bonjour Halmeoni, ça va ?

- A merveille, merci Sonyeo ! Comment s'est passé ta journée ?

- Comme toujours, ne t'en fais pas pour moi. Je me suis faite quelques amis, signai-je avec un grand sourire pour cacher le fait que je lui mentais.

- J'en suis ravie, mais le principal est que tu obtiennes tes examens. Il faut que tu travailles sérieusement et que tu ne sèches plus."

Je soupirai, le sachant pertinemment. Depuis le début du collège, je séchais souvent les cours et je ne travaillais pas, et c'était la raison pour laquelle j'étais arrivée à Kunugigaoka seulement deux mois après la rentrée des classes. J'étais déjà passée par deux collèges en deux mois, chacun d'eux m'ayant viré parce que je séchais tout le temps. J'y peux rien, aller au collège ne me servira à rien pour faire le métier que je veux. En plus, ce n'était même pas intéressant, même les cours de Monsieur Koro malgré ses efforts évidents. Mais je ne voulais pas décevoir Halmeoni, alors je lui avais promis de faire des efforts dès mon entrée à Kunugigaoka. Ma bonne résolution était partie en fumée aussitôt après m'être assise sur ma chaise de la salle de classe...

"Sinon, qu'as-tu créé de beau ces derniers temps ? m'interrogea Halmeoni d'un air intéressé.

- Une tenue qui irait bien à Ahri des K/DA ! Mais je n'en suis pas encore satisfaite...

- Je suis persuadée qu'elle est très bien, tu as un don Sonyeo."

Je lui souris, touchée par le soutien qu'elle m'apportait depuis toujours de ce côté-là. Je me tournai ensuite vers Ritsu.

"Tout s'est bien passé aujourd'hui ?

- Comme toujours, je suis continuellement vigilante. Kim-Yu va bien Unni, je veille sur elle. Je pense qu'elle se sent seule malgré tout... pourquoi n'inviterais-tu pas des amis à la maison ? me demanda Ritsu, bien que connaissant la réponse.

- Tu le sais très bien Ritsu. Comment veux-tu que je m'intègre dans une classe en sachant parfaitement comment ça va finir ?

- Tu devrais en parler à Kim-Yu.

- Halmeoni n'a pas à savoir ça. Cela ne ferait que la blesser plus qu'elle ne l'est déjà depuis la mort de Halabeoji... soupirai-je.

- Ton grand-père n'aimerait pas que tu continues à lui cacher ça Unni."

Je haussai les épaules. Halabeoji était mort quand j'avais neuf ans. Il m'avait appris à parler coréen, anglais, japonais et la langue des signes coréenne, surtout la langue des signes puisque Halmeoni était sourde de naissance. Ritsu ne comprenait que le coréen, Halmeoni ne communiquait qu'avec la langue des signes coréenne et le japonais s'était vite avéré indispensable pour communiquer avec les Japonais. Quant à l'anglais, il disait que c'était bon pour ma culture générale. Avant sa mort, je parlais coréen avec lui. 

Je montai dans ma chambre après avoir salué ma grand-mère. A peine entrée, je fermai la porte et abandonnai mon sac de cours contre le lit. J'avais des devoirs pour le lendemain mais je ne comptais pas les faire : je ne comprenais strictement rien et je n'avais pas envie de perdre trois heures à essayer de comprendre en vain des phrases à la signification nébuleuse pour moi. Et malgré le fait que je parlais couramment anglais, je ne comprenais pas plus que ça les cours de Madame Poufanovitch. 

A la place, je me dirigeai vers la pièce que Halabeoji utilisait comme bureau avant qu'il ne me la transforme en atelier pour mes huit ans. Je poussai la porte et la refermai, alors qu'un sourire se dessinait sur mes lèvres en embrassant du regard la pièce organisée en un chaos ordonné, avec les tissus, les mannequins arborant des vêtements en cours de fabrication, le bureau où je créai les croquis de mes créations, les étagères avec les multiples accessoires en tout genre dont la conception était en cours ou achevée... c'était le parfait atelier de mode. Un peu petit, mais parfait pour une petite entreprise de mode...

Je relevai mes longs cheveux noirs et y plantai un crayon pour les maintenir en un chignon brouillon. Je me dirigeai vers le mannequin sur lequel je travaillais ces derniers temps. Non, je n'étais pas satisfaite, vraiment pas. Pourtant, l'ensemble était superbe et je l'adorais mais je n'étais pas satisfaite par rapport à mon idée de départ. En fait, je m'étais carrément éloignée de mon idée de départ, qui était d'imaginer une tenue qu'Ahri pourrait porter pour une célébration typiquement coréenne.

"Bon, tant pis. Je peux toujours garder cette tenue et la porter sans la perruque et les queues...", songeai-je.

M'étant mise d'accord avec moi-même, je retirai l'ensemble et allai le mettre dans mon armoire, dans ma chambre. Je mis ensuite les neuf queues et la perruque dans un tiroir, là où je mettais les pièces de mes créations qui s'avéraient inutiles, car je pouvais toujours en avoir besoin plus tard, que ce soit pour agrémenter une autre tenue ou juste pour récupérer les matières utilisées pour les concevoir.

Après cela, je me dirigeai vers mon bureau pour récupérer le carnet de croquis réservé aux commandes de l'entreprise que j'avais lancé avec ma grand-mère et me mis au travail. J'avais des commandes à terminer !

---

Et voici le premier chapitre de cette fanfiction, en avant-première ! Dorénavant, je pense que, pour chaque histoire que j'écris, je ne commencerai à la publier que lorsque je l'aurais terminé, pour être sûre de vous offrir l'histoire complète. Parce que j'ai énormément d'histoires publiées en cours pour lesquelles il n'y aura jamais de suite, ou que j'ai mis en pause sans avoir la certitude de les continuer un jour. Donc, plutôt que de vous faire patienter pour rien, je ferai comme ça désormais.

Voilà, biz !
Angel