Chapitre 35 : À jamais

Chapitre 35 : À jamais

Il était huit d'heures du matin lorsqu'on m'annonça qu'il était vraiment parti. Les médecins avaient tout fait pour le sauver mais une hémorragie interne s'était déclenchée et l'avait ravagé.

Comme simple réponse, je regardai le médecin, perdue. Puis dans un élan soudain, je me mis à crier de toute mes forces en me laissant glisser contre le sol froid de l'hôpital. Je laissai mes sanglots s'échappaient les uns après les autres. Je ne savais même plus où j'étais, ni ce que je faisais. Je criai, je pleurai ma rage, ma haine et ma douleur.

Durant des minutes entières, plusieurs personnes essayèrent de me calmer mais rien n'y faisait. Puis, j'entendis une voix que je connaissais très bien m'appeler, puis des bras m'entouraient. Je resserrai seulement mon étreinte contre cette personne en continuant de lâcher des torrents de larmes inépuisables.

"Ça va aller, je te promets que ça ira, Mélanie. Souffla-Radouane, dans mon oreille. Tu es forte, tu es forte Mélanie.... Tu dois l'être, pour toi, pour ta sœur."

À ce moment là, ces paroles me touchaient mais la seule information qui arrivait à mon cerveau était que mon père était mort, il y a quelques minutes de cela. Les larmes ne s'arrêtaient plus malgré la fatigue qui commençait peu à peu à m'assommer.

Les médecins demandaient à ce que je me calme mais je n'y arrivais pas, je n'y arrivais tout simplement pas. C'était plus fort que moi, plus fort que nous.

"Emmenez là, et repassez demain pour les papiers. S'enquit-le docteur, avec compassion.

- Merci, monsieur. Répondit- Radouane, dans un murmure."

J'aurai aimé que Randy soit là, j'aurai tellement aimé qu'il soit là pour m'épauler. J'en avais besoin, mais ce n'était pas ce que le destin avait choisi.

J'étais toujours accrochée au cou de Radouane et je ne voulais pas le laisser de peur qu'il s'en aille aussi. Il me porta donc à travers l'hôpital alors que je pleurai et criai encore.

"Nora ! M'écriai-je, en tremblant, dans un élan de lucidité.

- Ma mère l'a emmené avec elle, ne t'inquiète pas. Dit-il, simplement."

À l'extérieur, le vent froid me paralysa mais je dû tout de même me résoudre à lâcher Radouane pour qu'il puisse conduire. Apparement, il avait enfin eu son permis, mais ce n'était pas le moment pour en juger.

J'étais toujours en panique, tremblante et perdue. Alors que la voiture avançait, j'avais l'impression que ma vie était jouée et que je n'avais plus rien à espérer d'elle.

J'étais seule, vraiment seule contre tous, contre le monde.

Je manquai de m'étouffer avec un sanglot mais je me repris difficilement. La haine et le désespoir contre tous alimentaient mes larmes et mes démons. Puis, d'un coup, tout s'assombrit et mes pensées ne furent qu'un lointain souvenir.

Quand je me réveillais dans une chambre que je connaissais déjà, les larmes me revinrent immédiatement aux yeux et coulèrent instantanément sur mes joues. L'heure sur le réveil de la table de chevet annonçait déjà plus de vingt heures trente. La maison paraissait silencieuse malgré mes sanglots que j'essayais tant bien que mal d'étouffer. Ce ne fut pas utile, puisque la porte s'ouvrit brusquement sur un Radouane totalement affolé.

"Mélanie, tu es réveillée! Ça va? Demanda-t-il, avant de réaliser ce qu'il venait de dire. Non, je suis bête, je sais que ça ne va pas, mais... Je suis là... Je te promets que je te lâcherai pas...

- No...ra... Réussis-je, à dire totalement détruite.

- Ma mère s'en ait chargé. Elle a pensé que c'était mieux pour toi qu'elle le fasse. Dit-il, un peu perdu."

Il s'approcha de moi et me tendit un mouchoir en souriant tristement. Sans comprendre, je me mis à rire nerveusement en attrapant le mouchoir qu'il me tendait.

"Elle...a... réagi... Comment? Demandai-je, en m'essuyant mon visage rougi par les larmes.

- Elle a pleuré, puis maman l'a calmé et elle s'est endormie. M'expliqua-t-il, la voix tremblante.

- Elle a plus rien... On a plus rien... Plus de mère... Plus de père... On va devenir quoi, hein? M'écriai-je, alors que les sanglots revenaient en force dans ma gorge."

Radouane me prit tendrement dans ses bras et encore une fois, je me laissai aller contre lui. Il me rappelait son frère et j'avais besoin de sa présence, d'une présence masculine près de moi pour me soutenir et ça il l'avait très bien compris. Les minutes passèrent dans le silence seulement brisé par mes pleurs incontrôlés.

"Tu n'es pas seule Mélanie, ne l'oublie pas. Il y a ta sœur, moi, Lucia, Sonia, ma famille, et même Randy. On est tous avec toi et tes parents sont là, ensembles, quelque part à veiller sur toi. S'enquit-il, posément."

Je buvais ses paroles qui ne firent pas diminuer mes larmes sur mes joues mais m'apaisèrent légèrement. J'étais toujours blottie dans ses bras mais Radouane me poussa sur le lit, en éteignant la lumière.

"Repose toi, dors Mélanie. Tu en as besoin. Chuchota-t-il, alors que mes pensées partaient déjà dans un univers nouveau où la mort n'était qu'un rêve."

Malgré que je dormais, plus tard dans la nuit, j'entendis des voix qui parlait dans mon sommeil.

"Pourquoi tu n'es pas venu quand je t'ai appelé? Demanda-Radouane, énervé.

- Je n'avais pas le choix. Puis, tu sais très bien qu'il pourrait s'attaquer à elle, ce ne sera pas le première fois. Répondit-une voix rauque.

- Je sais... Mais elle a besoin de toi, frère. Tu le sais. Elle est au fond, là. S'enquit-Redouane.

- C'est la meilleure solution. Il me reste plus beaucoup de temps. J'aurai fini d'ici juin. Rétorqua-la seconde voix.

- Juin... C'est si loin... Je sais pas si elle tiendra d'ici là. Affirma-Radouane.

- Ma femme, c'est une battante. T'inquiète même pas! Et quand je reviendrai, je la ferai vivre comme une princesse. Continua-la voix inconnue.

- Si ce n'est pas trop tard... Tu sais... "

Les voix s'éteignirent soudainement et je plongeai à nouveau dans le sommeil inconsciemment.

Quand je sortis réellement de mon sommeil, il faisait déjà bien jour dehors. Les larmes s'étaient épuisées et s'étaient arrêtées de couler sur mes joues. Je me levai et me dirigeai alors vers la cuisine. Louisa, la mère de Randy, était là accompagnée de Radouane et de Nora.
Nora se leva de sa chaise et vint immédiatement se jeter dans mes bras.
Les larmes aux yeux, je la serai contre moi évitant de trop penser aux événements de la vieille. Radouane me sourit et je dis bonjour à Louisa. Je n'avais pas faim mais restai avec eux le temps que Radouane et Nora prenne leur petit déjeuner.

"Je vais m'habiller et on va à l'hôpital. S'enquit-Radouane, tristement.

- Ça marche, je vais aller m'habiller moi aussi... Répondis-je.

- Je t'ai laissé tes affaires sur une chaise. S'exclama-Louisa compatissante, en me souriant.

- Merci beaucoup. Finis-je, avant d'aller rapidement me changer."

Une fois que tout le monde fut prêt, nous primes la route pour l'hôpital. Apparement, Radouane avait appelé le lycée pour signaler notre absence. Pour moi, le lycée était l'une de mes dernières priorités à cet instant là.

Arrivée sur place, le médecin nous prit en charge. Il nous expliqua les circonstances exactes de sa mort faisant à nouveau couler les larmes sur mes joues. Ensuite, il nous envoya vers le service d'aide de l'hôpital.
Une dame d'une cinquantaine d'année nous accueillit. Elle nous parla des procédures qu'il fallait réaliser, Radouane écoutait attentivement tout en prenant des notes. Il se chargeait de tout et je ne savais même pas comment j'aurai pu faire sans lui. Je n'écoutais presque rien jusqu'à ce qu'une seconde femme entra dans la pièce.

"Bonjour, je suis l'assistante sociale. S'enquit-elle, en nous serrant la main."

Elle s'assit face à nous aux côtés de la femme qui parlait depuis tout à l'heure avec Radouane.

"Nous avons étudié votre dossier, et vu les circonstances, votre sœur et vous allez devoir être placé en famille d'accueil. Dit-elle, simplement.

- Pardon? M'écriai-je, sortant de mon mutisme.

- C'est la loi, mademoiselle. Vous n'êtes pas encore majeure. Vous ne pouvez donc pas vous occupez de votre sœur, tant que vous n'avez pas atteint vos dix-huit ans. S'enquit-elle, sérieusement.

- Non mais je rêve! Commencai-je, en criant. Vous voulez me prendre ma sœur? Mais je ne vous laisserai jamais faire, jamais, vous m'entendez ! Je préfère encore finir dans une tombe que d'être encore séparer d'un membre de ma famille.

- Vous n'avez pas le choix, mademoiselle. Ce sera fait de grès ou de force! S'exclama-t-elle, sans une once de compassion.

- Jamais! Jamais... Cela n'arrivera jamais. Criai-je, alors que les larmes venaient à nouveau couler sur mes joues.

- Je sais qu'il y a une autre solution. S'exclama-Radouane. Une personne de sa connaissance pourrait très bien prendre Nora et Mélanie sous tutelle jusqu'à la majorité de Mélanie.

- Oui, c'est possible. Dit-l'assistante sociale contrariée. Mais il faut que la personne remplisse certains critères.

- Je vais chercher ma mère. S'enquit-il, sans un mot de plus, avant de prendre la porte."

Quelques minutes plus tard, Radouane revint avec sa mère et Nora. Nora s'installa directement sur mes genoux en me déposant un bisous sur la joue, ce qui eut le don de me calmer. La mère de Randy discuta un long moment avec l'assistante puis signa les papiers. Elle se chargerait de Nora pour le prochain mois c'est à dire jusqu'à ma majorité et elle serait ma tutrice.

À la sortie, je remerciai chaleureusement madame Riguen et Radouane me déposa chez moi pour que je prépare quelques affaires pour Nora.

"Nora, va prendre ce que tu veux emmener chez Louisa, d'accord? Dis-je, tendrement, en évitant de la brusquer."

Elle me sourit et se dirigea avec moi vers sa chambre. Au bout de deux heures, j'avais emballé toutes ses affaires et Radouane vint la chercher en voiture tandis que je les suivais à cheval pour me détendre.

Louisa installa Nora dans la chambre de Randy.
Nora semblait un peu perturbé par les événements mais elle ne posait pas beaucoup de questions et ça me rassurait. Il était temps pour moi de rentrer à la maison, car j'avais décidé de ne pas habiter chez madame Riguen. J'avais besoin d'être seule et d'avoir de l'espace. J'avais simplement besoin d'être chez moi.

"Nora! L'appelai-je, alors que j'étais sur le palier de la porte.

- Mélanie! S'écria-t-elle, en souriant. Tu vas où?

- À la maison, ma chérie. M'enquis-je, tristement.

- Je viens avec toi! S'exclama-t-elle, perdue.

- Non, tu dois rester avec Louisa, ici. Dis-je, tendrement.

- Mais... Mais... Rétorqua-t-elle, les larmes aux yeux.

- Ne t'inquiète pas, ma chérie. Je viendrai te voir souvent, d'accord? Et puis, on ira se balader aussi et quand je pourrai te reprendre avec moi je le ferai. Répondis-je, les larmes aux yeux, en lui déposant un baiser sur la joue."

Nora hocha simplement la tête et Louisa lui prit la main pour la ramener en l'intérieur. Je remerciai Radouane en le serrant contre moi avant de sortir finalement de la maison, laissant ma sœur, mon unique famille derrière moi.


#Que pensez vous de ce chapitre?
- Du comportement de Radouane et de la mère de Randy?
- De l'assistante sociale?
J'attends vos avis.

#Merci pour votre soutien, votes et lectures. À bientôt et bisous <3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top