Chapitre 3
Le reste de la journée s'écoula lentement. Raphaël avait décidé de ne plus toucher à sa montre pour le moment, mais malgré cela, il jetait de temps en temps un regard inquiet sur la montre, craignant presque qu'elle s'arrête toute seule. Il avait également décidé de ne le dire à personne, de toute façon, qui le croirait ?
En rentrant chez lui, il laissa tomber son sac dans l'entrée, retira ses chaussures et sa veste, se dirigea vers le canapé et s'assit dessus en soufflant. Son grand-père entra dans la pièce.
- Je t'ai entendu souffler, Raph, lança-t-il. Tu n'as pas passé une bonne journée ?
- Oh, si, si, ça va, bégaya-t-il. Je suis juste un peu fatigué...
- Mmh, d'accord. Viens dans la salle à manger. On sait que tu ne voulais pas de gâteau pour aujourd'hui, mais ta Mamie et moi avons tout de même fait des muffins à la banane.
Raph suivit son papy dans la salle à manger. Il s'assit à table et Papy s'assit à son tour en face de lui. Mamie arriva peu à près avec une grande assiette remplit de muffins
- Et voilà, mon petit chat, dit-elle en posant l'assiette au milieu de la table et en s'asseyant à côté de Papy.
- Merci ça a l'air délicieux, répondit-il en souriant légèrement en attrapant un muffin.
Il prit une bouchée et ferma les yeux.
- Mmh, c'est vraiment délicieux, confirma-t-il.
Il le finit vite et alors qu'il allait en prendre un deuxième, Papy lui demanda :
- Alors, comment s'est passé ta journée d'anniversaire au lycée ?
Raph cligna plusieurs fois des yeux et jeta un coup d'œil à sa montre. Il soupira fort et appuya sur le bouton. Le temps s'arrêta alors, ses grand-parents ne bougèrent plus. Il se leva brusquement et s'adressa à eux, même s'ils ne pouvaient pas l'entendre :
- Tout va magnifiquement bien ! J'ai passé une super journée ! Alors que mon ami Diego se battait avec un autre élève, il m'a accidentellement bousculé, je suis tombé et ma montre a arrêté le temps en percutant le sol ! Tout était figé, sauf moi ! Je peux également reculer et avancer dans le temps avec elle ! Ce n'est absolument pas flippant !
Il avait dit tout cela sur un ton très ironique et en criant. Il resta un instant debout, en se prenant le visage dans les mains puis il se rassit en face de ses grand-parent, épuisé.
- Mais ça, je ne peux pas vous le dire, c'est beaucoup trop fou. Et je ne veux pas vous inquiété avec ça. On est déjà assez inquiet en ce moment.
Il eut soudain une idée. Une folle idée. Une idée aussi folle que la situation.
- Mais oui, marmonna-t-il en se relevant doucement. Je pourrais remonter le temps et découvrir ce qui est arrivé à Maya ! Et peut-être la sauver s'il le faut ! Ce serait le meilleur cadeau d'anniversaire de tout les temps !
Puis il regarda son Papy, qui s'apprêtait à reprendre une bouchée de muffin. Il se demanda s'il savait tout cela, s'il savait que sa montre était capable de faire cela.
Non, se dit-il, il ne le sait probablement. Il m'a dit qu'il n'avait jamais osé la mettre. Mais elle appartenait à son père, lui le savait sûrement.
Raph se posait beaucoup de questions, dont la plupart ne trouveront jamais de réponse. Il faudrait qu'il pose les questions directement à son arrière-grand-père. Mais bien évidemment, ce dernier était décédé, et bien avant sa naissance.
- Et je ne remonterais pas le temps jusque là ! plaisanta-t-il tout haut.
Il reprit un muffin et mordit avidement dedans.
- Bon, annonça-t-il après avoir avalé sa bouchée. Maya a disparu le 10 mars, c'est-à-dire il y a deux mois et quatre jour. Mais je vais plutôt aller au 8 mars au matin pour avoir plus de temps. Je dois donc reculer les aiguilles jusqu'à ce que le petit chiffre dans le carré arrive au troisième. Ça va être long.
Il finit son muffin en vitesse et prit le bouton de sa montre entre deux de ses doigts.
- C'est parti, lança-t-il, excité, jouons à Marty McFly. Sauf que moi, je vais pas en 1955 et je n'ai pas de DeLorean.
Et il tourna le bouton de telle sorte que les aiguilles tournent vers la gauche. Mais il n'eut pas à le tourner plusieurs fois comme il faudrait le faire avec une montre basique : le bouton tournait tout seul et les aiguilles aussi. Tout devint à nouveau flou autour de lui et se mit à bouger, il plissa alors les yeux en fixant de prêt le petit carré avec le chiffre pour ne pas louper le troisième 8. Cela allait très vite : il reculait d'une journée toute les secondes environ. Arrivé à ce 8, il appuya sur le bouton, puis remonta les aiguilles à 8h du matin. Il se retrouva alors dans sa chambre. Pour vérifier que cela avait bien fonctionné, il saisit son téléphone et l'alluma pour regarder la date et l'heure : vendredi 8 mars 2024, 8h00 (il n'y avait pas l'école ce jour-là car c'était la fin des vacances scolaires d'hiver). Mais, pour y croire vraiment, il devait voir sa sœur. Le cœur battant il sortit de sa chambre pour aller vers celle de Maya qui était seulement à quelques pas de là. Il toqua à la porte de la chambre et appela sa sœur à voix basse :
- Maya ?
Il crut attendre une éternité avant que Maya lui réponde :
- Tu peux entrer !
Il ne fallait pas le lui dire deux fois. Il ouvrit la porte un peu brusquement, fit un pas dans la chambre et se mit à dévorer sa sœur des yeux.
- Euh, tout va bien Raph ?
L'intervention de la jeune fille fit sortir Raphaël de sa torpeur. Il s'avança rapidement vers sa sœur, qui était assise sur son lit, s'assit à côté d'elle et la prit dans ses bras. Il avait l'impression qu'il ne pourrait plus jamais lâché sa sœur jumelle, sa moitié. Contrairement à la plupart des relations entre frère et sœur, Raph et Maya ne se disputaient presque jamais.
- Raph, tu m'étouffes un peu, intervint à un moment Maya.
- Oh, désolé, s'excusa-t-il tout en se ''décollant'' de sa sœur.
Cette dernière le regardait très bizarrement.
- Tu vas bien ? demanda-t-elle. Tu m'as serré dans les bras comme si tu m'avais pas vu depuis des semaines
- Ça va, t'inquiète, répondit-il. C'est juste un soudain élan d'affection.
- Euh, d'accord. Bon, on descend ?
- Oui oui, on y va. Pars devant !
Elle se leva alors, prit son téléphone posait sur la table de chevet et sortit de sa chambre. Raph était encore sous le choc. De un pour avoir réussi à remonter le temps et de deux pour avoir revu sa sœur qu'il pensait ne jamais revoir. Il regarda sa montre, impressionné. Soudain, il se rappela qu'à la date où il était, il n'était pas sensé l'avoir. Il recouvrit alors sa montre avec sa manche de sweat. Il préférait faire ça que de l'enlevait au risque de la perde. Ce serait encore plus grave s'il la perdait. Il respira un bon coup, se leva et sortit de la chambre de sa sœur.
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