Chapitre 4
Et ils commencèrent la fouille. Le stagiaire passa au crible toute la pièce, examinant avec attention les meubles, le sol, les tapis, tandis que Charles inspectait le contenu de chaque tiroir, vérifiait le moindre recoin des placards et observait à la loupe jusqu'au plus petit grain de poussière traînant sur les cravates d'Hector.
A midi, Marie, toujours aussi prévenante, leur apporta des sandwiches (et informa Charles qu'il n'était toujours pas habillé - il n'avait pas eu l'occasion de remplacer sa robe de chambre par son habituel costume en tweed depuis qu'il l'avait enfilée quelques heures plus tôt en descendant à la hâte l'escalier). Celui-ci rectifia son oubli très vite et ils profitèrent de cette pause repas pour faire le point sur leurs trouvailles. Leonardo présenta un cheveu qui traînait près du canapé, un fil de coton rouge qui s'était coincé dans le cactus posé à l'entrée de l'appartement, à côté de la porte et montra à son supérieur une empreinte de pas.
« Quelle pointure ? interrogea Charles.
Leonardo sortit un mètre de sa poche.
- Entre 40 et 45 selon les modèles.
- Tu as vérifié que ce n'était pas celle d'Hector ?
- La marque ne correspond à aucune de ses chaussures.
- Bon boulot. Le cheveu ?
- Brun, peut-être noir.
- Ça pourrait être celui de la victime, fit remarquer le détective, pensif. Où l'as-tu trouvé ?
Le stagiaire italien pointa une zone délimitée par du gros scotch orange au pied du divan.
- Pas très éclairant, trancha Charles. Le fil ?
- Appartient à un pull, une écharpe ou un peignoir rouge.
- Difficile à dire, en effet. Néanmoins il est la propriété de l'assassin.
Le regard interrogatif de Leonardo l'encouragea à expliquer :
- J'ai passé au crible toutes les armoires de M. Marchand et je peux te garantir qu'il n'a aucun vêtement de ce genre.
Leonardo hocha la tête, puis demanda :
- Et toi ?
Sans un mot, le détective irlandais saisit un mouchoir blanc taché de rouge posé sur la table à côté de lui. Le tissu enveloppait un long couteau, ou plutôt un poignard. Leonardo laissa échapper un glapissement. L'objet avait visiblement fait forte impression sur lui.
- L'arme du crime ? chuchota-t-il.
- Absolument, j'ai vérifié, il correspond parfaitement à la blessure.Et, au passage, l'hypothèse du suicide peut être immédiatement rejetée, l'angle de la plaie ne laisse aucun doute, et quand bien même, il n'aurait pas eu le temps d'envelopper le couteau dans un mouchoir, de le mettre sur sa commode et de se passer un drap par dessus. Mais en fait, le mouchoir est bien plus intéressant.
- Ah ? fit le jeune garçon, intéressé.
- Tout juste le couteau aurait-il pu nous servir à comparer l'ADN du sang et celui du cheveu. Encore que, ce n'était pas utile puisque la victime est toujours là !
- Il arrive qu'elle disparaisse ? demanda Leonardo, de plus en plus intrigué.
- Bien sûr ! répondit Charles en riant. C'est même très courant, et, il faut le dire, bien commode pour le meurtrier : pas de mort, pas de meurtre, tout du moins en apparence ! Mais je digresse. Oui, le mouchoir est plus éclairant.
- En quoi ?
- Il nous en apprend beaucoup sur la personnalité de son propriétaire. D'ailleurs, c'est une erreur de l'avoir laissé, et rien qu'à ça on sait déjà que notre meurtrier est débutant.
Il fit une pause, les yeux dans le vague.
- Oui, murmura-t-il. Une grossière erreur.
Puis il se reprit.
- Par exemple, vous pouvez être sûr que Malika Durand utilise des mouchoirs en papier.
- On peut donc la rayer de la liste puisque celui-ci est en tissu ! s'exclama Leonardo que l'excitation commençait à gagner.
- Pas si vite ! Imagine qu'elle ait déposé ici celui du colonel Merlot pour le faire accuser !
- Tu la crois coupable ?
- Pour l'instant je ne doit pas me prononcer, ou toute l'enquête en serait compromise. mais il faut prendre le temps de considérer toute les éventualités, même celles qui nous paraissent les plus absurdes. Les interrogatoires vont grandement nous aider à se faire une idée des événements de la soirée d'hier.
- On s'y met maintenant ? demanda Leonardo.
Après un instant de réflexion, Charles décréta :
- Non, on ferait mieux d'appeler d'abord un médecin légiste qui nous aidera à évaluer l'heure du crime et qui nous dira si il y a des étrangetés quelconques dans ce cadavre. Tu t'en charges ? »
Le jeune policier fit ce qu'on lui disait, pendant que Charles faisait un dernier tour de l'appartement au cas où quelque chose leur aurait échappé. Leonardo venait de raccrocher quand il entendit un "Ha !" triomphant.
Il se précipita dans la chambre d'Hector d'où venaient le cri pour trouver Charles, la tête enfoncée dans la penderie.
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