Chapitre 2

Charles O'Kolmes, détective réputé, habitait la résidence des Hortensia. Il avait une femme, Marie - la douceur incarnée. Ils avaient tous deux d'étranges habitudes, comme celle d'attendre vingt heures précises pour manger le repas du soir, mais ces quelques excentricités n'entravaient pas de beaucoup leur quotidien et ils menaient une vie calme et rangée.

Seulement voilà, Charles se lassait de cette tranquillité. Il était un détective dont la perspicacité avait depuis longtemps fait ses preuves et ces derniers temps, plus rien ne pouvait le distraire ni même le surprendre. Son plus grand triomphe dans ce petit quartier était d'avoir retrouvé le caniche de sa voisine Monique (le cabot s'était caché dans un pot de fleur). Rien qu'à l'évocation de ce souvenir, Charles se sentait profondément dépressif. Cette mégère ne l'avait même pas remercié, toute occupée qu'elle était à gronder sa sale bête d'avoir fugué.

Ce matin, un 7 mai comme les autres, notre détective se rendait au commissariat, comme à son habitude. Sa naturelle - mais toujours aussi surprenante - ponctualité le fit arriver à huit heure et demie pile au poste. Il passa devant le policier stagiaire, Leonardo - un grand jeune homme très amical et un peu maladroit aux cheveux épais et aux origines italienne - et se commanda un café. 

« Quoi de neuf ? lui demanda-t-il.

- Le vieux Gérard de la rue des Lilas à perdu sa pipe, l'informa Leonardo. »

Charles soupira bruyamment. Il n'arrivait pas à croire que quelqu'un avait le culot de le payer lui, détective parmi les pus renommés, pour retrouver les pipes des centenaires et les caniches des mémés. Et pourtant, c'était bel et bien ce qui se passait. Charles regrettait le temps où il habitait à Paris. Là-bas, il avait un bureau de détective privé et toutes sortes de gens venaient le trouver. Il enquêtait sur des affaires de contrebande, des enlèvements, parfois même des meurtres ! Mais Marie avait été très claire quand elle lui avait déclaré, avec toute la fermeté dont elle pouvait faire preuve : « On fait nos valises, on prend le train, et on se trouve un coin tranquille ! ». Il lui avait alors demandé où ils iraient et elle avait répondu le plus simplement du monde « Partout où les appartements ne feront pas deux mètres cube et où on ne sentira pas constamment cette épouvantable odeur de pot d'échappement. ». Et ils étaient parti, il y a huit ans de cela. Depuis, Charles était entré dans la police et s'était installé cette petite routine qui n'avait de plaisant que la régularité d'un mécanisme d'horlogerie qui ne déplaisait pas à notre homme.

Leur vie était donc désormais paisible... et même un peu trop paisible.

La journée passée - et ayant retrouvé la pipe de Gérard - Charles O'Kolmes rentra chez lui de son pas précis, mangea à huit heures et se coucha peu après.

Il dormit comme une souche cette nuit là.

Mais au matin, un cri de terreur perçant le tira du lit. Par réflexe, il enfila une robe de chambre et des pantoufles en quatrième vitesse - et ce alors que Marie ouvrait à peine les yeux. Il dévala les escalier le plus rapidement possible jusqu'au quatrième étage, d'où venaient les cris. Il lança un regard circulaire. Personne n'était encore arrivé. il se tourna vers la porte de l'appartement d'Hector Marchand, qui était grande ouverte. Prudemment, il risqua un coup d'œil à l'intérieur... debout dans le petit salon, aussi blanche que son tablier, s'appuyant sur son balais à côté d'un seau d'eau renversé, la femme de ménage de l'immeuble vacillait. 


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