Lucas Hastwood, lycéen invisible dans la masse d'adolescents, rentrait chez lui. Il grogna un petit "Salut" à sa mère, gravit les marches de l'escalier quatre à quatre, et balança sans délicatesse son sac trop lourd pour ses frêles épaules sur un lit défait. Il soupira en s'effondrant sur la chaise de son bureau encombré par les multiples crayons mâchouillés et les dessins ratés.

- Encore une journée de merde..., marmonna-t-il

Un trois sur vingt, une heure de colle et une brandade de morue n'était pas la définition de la journée parfaite du jeune homme. En décoiffant sa masse de cheveux roux, il bailla, fatigué, avant de s'étaler grossièrement sur le bureau, en faisant tomber quelques feuille. Dormir, dormir, il voulait dormir...

Mais sa jambe endolorie lui rappela rapidement qu'il n'avais pas le temps de se reposer. Jamais, ô grand jamais, il n'avait tant haïs les cours de sport et les crosse de hockeys qui atterrissait miraculeusement sur ses tibias. Il recula sa chaise, puis se baissa pour remonter la bas de son pantalon et vérifier les dégâts. Des bleus, beaucoup de bleus.

Un énième soupir sortit de la bouche de Lucas. Il aurait au moins une excuse pour ne plus aller courir avec une crosse trop petite, jeudi prochain... "Douleurs aux jambes". Génial, comme excuse.

Quelques minutes plus tard, il entendit des bruits de caillou qu'on lance contre une fenêtre. Un peu intrigué, Lucas se leva et vint ouvrir sa fenêtre.

Une fois qu'il se fût réhabitué à la lumière du jour, il pu distinguer que c'était sa voisine d'en face qui avait balancé les cailloux.

Lucas, après sa journée, avait totalement oublié le "rendez-vous" journalier qui avait lieu avec la jolie jeune fille qui habitait en face. Il supposait que leurs deux chambres étaient en face l'une de l'autre.

Tous les soirs, les deux jeunes gens se fixaient. Sans rien dire, ou juste un "Hey !", de la part de Lucas. Mais il aimait beaucoup regarder la voisine. La détailler, et se souvenir de ses traits pour la dessiner.

Là encore, il la regarda longuement. Elle était coiffée d'une tresse noire, lâche, et habillée d'un pull gris. Ses yeux foncés étaient encore et toujours fixés sur Lucas, même si il ne comprenait jamais ce qu'il y avait d'intéressant à regarder sur lui. Une tignasse rousse toujours décoiffée, des tâches de rousseurs qui fleurissaient de plus en plus sur son visage, des yeux verts... Pas grand chose de joli, juste un peu plus particulier que les milles et uns châtains qui se bousculaient au lycée.

Mais, pour une fois, la jeune fille envoya un papier vers la fenêtre de Lucas. Très surpris, le lycéen déballa vite la boule de papier scotchée à une petite pierre, dis lu le contenu du papier. 

- "Tu avais quoi ?"., déchiffra-t-il l'écriture brouillonne.

Au dos du papier, il griffonna la réponse. "Rien. Tu t'appelle comment ?"

Vite, il lança la papier bien collé à la minuscule pierre à la voisine.

La réponse ne tarda pas à arriver.

"Enora."