Chapitre 2 : Routine perturbée

Les jours d'Eloïse étaient heureux à Kamar-Taj. Elle étudiait avec ferveur et se révéla d'un immense talent. Elle apprenait très vite, et; loin de mépriser l'enseignement des Maîtres, elle empruntait illégalement assez fréquemment des livres bien au-dessus de son niveau pour en savoir toujours plus. 

La vie simple et organisée du Sanctuaire lui apporta bientôt la paix qu'elle cherchait si ardemment. Elle avait quelques camarades avec qui elle s'entendait bien mais comme dans le fond, elle était un peu solitaire, elle passait énormément de temps seule, à apprendre, s'entraîner et lire. 

En une année et demie, elle eut appris tous ce qu'elle pouvait apprendre. À vrai dire, les seuls livres qu'elle ne put toucher furent ceux uniquement réservé au Sorcier Suprême. 

Elle patientait et son art était déjà tant développé que les maîtres se rendirent à l'évidence qu'elle semblait avoir été prédestinée aux Arts Mystiques. Comme tant d'autres, elle avait hâte d'être désignée par une relique mystique. 

Elle en parla à ses Maîtres qui reconnurent qu'en si peu de temps, comme elle avait tant évolué, elle méritait bien qu'on la mette en présence de Reliques. Si l'une d'entre elle la choisissait, elle aurait le droit de la prendre pour elle. 

C'est toute excitée que ce matin là, Eloïse se réveilla. Elle allait peut-être enfin recevoir une relique !!

Wong, ainsi que Maître Oshoi et Maître Ryanês l'accompagnèrent dans la pièce des reliques de Kamar-Taj. 

— Toutes les reliques ne sont pas présentes. Si aucune ne te désigne, Eloïse, nous irons au Sanctuaire de New York où se trouve le reste des Reliques. Déclara Wong. 

La jeune femme acquiesça, un peu anxieuse. Et si aucune des Reliques ne la choisissaient ?

Les trois Maîtres invitèrent la jeune femme à avancer au milieu de la pièce, se positionnant au milieu du cercle gravé au sol, entouré d'une multitude d'écriture qu'elle avait appris à déchiffrer. 

 Cinq secondes passèrent avant qu'il ne se produise quelque chose. 

La totalité des Reliques présentes se mirent à osciller, certaines brillèrent et d'autres bougèrent. 

Les trois maîtres, muets d'étonnement, observaient ce phénomène unique. 

— Cela.. veut dire que.. Murmura Maître Oshoi.

— Elle est digne de toutes les Reliques.. Finit tout bas Wong. 

Ils se turent, pour savoir si une Relique finirait par s'imposer. 

Au moment où Eloïse se disait qu'elle avait lamentablement échoué, une sort de diadème au branche d'argent tressé s'approcha d'elle en lévitant. Il était orné, au centre, d'un cristal jaune d'une pureté et d'une clarté sans pareilles. Il s'agissait d'une magnifique pierre de citrine, aux reflets d'or.  

Le diadème s'ajusta à la tête d'Eloïse et s'installa sur son front. Au moment où il fut parfaitement ajusté, il devint invisible aux yeux des Maîtres. 

Elle commença à se tourner vers eux, avant d'entendre deux objets supplémentaires voler vers elle. C'étaient deux bracelets d'armure en fer gravé, qui vinrent se placer sur les poignets de la jeune femme, protégeant ses avant-bras. 

Enfin, l'agitation dans la salle s'apaisa et les Maîtres regardèrent avec un soupçon d'admiration la jeune femme.

— Savez-vous de quelles Reliques il s'agit là ? Demanda Oshoi

Eloïse dut avouer qu'elle n'en savait rien. 

— Vous avez été choisie par le cristal de Woi.. et les bracelets d'Hachiman. Murmura Ryanês.  

— Ce sont des Reliques très anciennes.. et très puissantes. Vous êtes la première à les porter depuis leur utilisateur originel.. Compléta Wong. Je ne sais ce qui vous attend mais à n'en pas douter, vous aurez un rôle important à jouer dans le monde mystique..

Eloïse osa à peine poser la question qui trottait dans sa tête. 

— Je n'en ai jamais entendu parler.. Que font ces Reliques ?  

Oshoi reprit la parole avec sagesse. 

— Le cristal de Woi et une puissante relique qui repousse les démons et autres créatures maléfiques. Il est extrêmement puissant. Je parierai que pas un seul des démons, à moins qu'il ne fut le plus grand d'entre eux, ne puisse s'approcher de vous à plusieurs dizaine de kilomètres. 

Eloïse passa doucement ses doigts sur le diadème que les trois autres ne voyaient plus. 

— C'est impressionnant.. Et.. Les bracelets ? 

— Les bracelets, continua Wong, appartenaient à Hachiman, le Dieu guerrier protecteur du Japon.. Ces bracelets décuplent les capacités physiques de leur porteur et confère la capacité de voler. 

— Pratique.. Répondit-elle tout bas en se demandant si elle pouvait vraiment voler. 

Mais à l'instant même où elle pensait cela, ses pieds quittèrent le sol tout naturellement. 

— Ah ! S'exclama t-elle, surprise.

Elle se concentra pour rejoindre les dalles de pierre et les trois Maîtres lui firent signe de sortir. 

Une fois qu'elle fut à l'extérieur, Wong et Ryanês s'éloignèrent tandis que Maître Oshoi resta un moment avec elle. 

L'enseignante, un peu âgée maintenant, regarda Eloïse avec un brin de fierté. 

— Ces Reliques sont remarquables, tout comme tu l'as été en temps qu'élève. 

Eloïse se pinça les lèvres. Pourquoi avait-elle l'impression que cette phrase résonnait comme un aurevoir ? 

— Eloïse.. Nous devons nous réunir avec les Anciens pour savoir que faire de toi. Tu es sûrement l'élève la plus douée que Kamar-Taj ait vu depuis au moins un millénaire.. Nous n'avons plus rien à t'apprendre sauf si un jour tu deviens Sorcière Suprême, auquel cas tu devras parfaire ton apprentissage seule. 

La jeune femme regarda son maître qui sourit. 

— Nous aurons notre réunion demain. Nous t'enverrons chercher afin de tenir compte de ta décision également car nous ne pouvons pas faire fi de ta volonté non plus. Réfléchis à ce que tu veux faire et tu nous diras demain. 

Eloïse acquiesça et salua la vielle enseignante qui s'éloigna aussitôt après. 

C'est vrai.. Qu'allait-elle faire maintenant que sa formation était terminée ? Elle avait l'impression que Kamar-Taj était sa maison.. Quitter le sanctuaire lui semblerait bien difficile. Mais d'un autre côté, elle voulait essayer de retourner dans le monde. 

C'était une idée qui avait germé dans sa tête petit à petit. Elle pensait vivre "dans le monde" un moment avant peut-être de revenir à Kamar-Taj pour à terme y enseigner. 

La nuit parut bien courte à la jeune femme et eut l'impression qu'elle venait de fermer les yeux quand on vint la réveiller. 

***

— Sans aucun doute.. Elle a largement dépassé le niveau de Kaecilius.. Et pourtant, il était doué. Elle a même plus vite appris en pratique que Stephen Strange. Résumait Wong.

Ledit Sorcier Suprême, qui se tenait là, fronça légèrement les sourcils. Il avait été détrôné de sa place de génie par cette.. Eloïse ? 

Et pourtant, il était un génie. Avant d'atterrir à Kamar-Taj, il n'avait eu besoin que de cinq ans pour apprendre ses douze années de formation. Au lieu de devenir neurochirurgien à 30 ans, il l'était devenu à seulement 21 ans, devant le plus jeune neurochirurgien de tous les temps.

 Durant le secondaire, il avait sauté deux classes obtenant son bac S avec mention excellent à 16 ans. Il avait alors tranquillement exercé son métier jusqu'à trois ans auparavant, l'année de ses 28 ans, où il avait eu un terrible accident de voiture qui avait sérieusement endommagé ses mains. Il ne pouvait plus faire de gestes aussi précis qu'avant car en sollicitant trop ses mains, elles tremblaient légèrement.. 

Alors Strange avait atterri à Kamar-Taj et y avait étudié un an. Depuis, il était Sorcier Suprême et supervisait les enseignants.

Il se montra plus intéressé. Stephen Strange gardait un vague souvenir de cette jeune femme au longs cheveux bruns ondulés et aux yeux verts. 

— Eloïse est là, Membres du conseil.  

Stephen sortit de sa rêverie. 

— Vous pouvez la faire entrer. 

 La jeune femme leur fit part de son projet et ils agréèrent sans problème aucun, demandant seulement à ce qu'elle puisse leur venir en aide si jamais il le fallait. La jeune femme n'avait que 24 ans et elle voulait sûrement vivre encore un peu dans le monde avant de retourner à Kamar-Taj.

Mais personne ne se doutait de ce qui allait se passer quelques temps après.

Le titan fou Thanos attaqua l'humanité et au terme d'une lutte sans merci, les héros de la Terre furent vaincus et la moitié les êtres vivants de l'univers partirent en poussière. Stephen Strange mourut avec eux et Eloïse, elle tenta tant bien que mal de vivre une vie normale. 

***

5 ans plus tard, peu de temps après le retour des disparus et l'annihilation de Thanos et de son armée. 

Un véritable tintamarre résonnait dans les rues de New York. Un embouteillage qui semblait n'avoir pas de fin s'étendait tout le long de l'avenue.

Eloïse marchait paisiblement dans la rue, savourant le fait de ne pas être coincée dans les embouteillages. Depuis son accident, elle gardait une peur bleue à l'idée de reprendre un jour le volant.. Alors, elle prenait les transports en commun et marchait.

La jeune mage avait décroché un travail de secrétaire à l'ambassade européenne de New York. Elle n'aimait pas follement son travail mais la petite routine apaisait ses inquiétudes.

Depuis son arrivée au États-Unis, elle avait changé de nom, dans sa volonté de ne jamais retourner auprès de sa famille. Eloïse Williams. Voilà quelle était son identité à présent. Elle avait les cheveux coupés en un carré dégradé. Son teint avait été hâlé par ses récentes vacances en Floride et elle avait pas mal minci. 

Toutes ces années, elle avait pris grand soin de réviser ses mouvements et ses sorts. Elle ne voulait rien oublier. Mais la vie tranquille de New York, maintenant que son esprit était en paix, lui plaisait. Elle avait 29 ans et vivait paisiblement sa vie d'éternelle célibataire.

Elle allait tourner au coin de Bleecker Street quand elle se rendit soudain compte que quelqu'un la suivait. Un homme. Non.. trois ou quatre en fait. Elle les avait déjà remarqué quelques instants auparavant mais là.. elle en était sûre.

Que pouvaient-ils bien lui vouloir ?

L'un d'eux était plus petit que les autres.. Une femme peut être ?
Ils portaient des manteaux vert foncé à la capuche large qui ne laissait rien voir de leurs traits faciaux.

Elle prit sur elle pour ne pas presser le pas et sentit les poils de sa nuque se hérisser.

La jeune femme avait un mauvais pressentiment. Très mauvais.

Et elle avait bien raison parce que l'instant d'après, une sorte de fil d'air s'enroula autour de son cou, la retenant.

Non seulement le "lasso" rendait plus difficile sa respiration mais de surcroît, elle sentit ses forces magiques diminuer.

Une chose était sûre, ils n'étaient pas des démons puisque que le cristal de Woi ne les avaient pas repoussé..

Dans un fourmillement, ses bras dénudés sous la légère blouse blanche à manches courtes qu'elle portait attirèrent son attention.

Là sa surprise fut totale.

— Mais.. qu'est-ce que.. ?

Sa peau tout entière semblait s'ouvrir laissant entrapercevoir sa chair à vif. Du sang coulait en abondance et son énergie magique fuyait par les plaies, remontant le long du lasso vers ces hommes étranges.

Dans un ultime sursaut de force, elle repoussa l'attaque avec un bouclier et se dégagea, courant à travers la foule, espérant les semer.

En courant, Éloïse se rendit bien vite à l'évidence.. Elle avait été considérablement affaiblie par cet assaut imprévu.

Elle les perdit de vue un moment pour mieux les apercevoir à sa droite l'instant d'après.

Elle accéléra l'allure et son cœur battait à ses tempes. Ses bras ensanglantés dégoulinaient du liquide poisseux et lui paraissaient lourds. Éloïse ne parvenait pas à les bouger.

Sa tête tournait terriblement et elle se sentait peu à peu perdre conscience de ce qui l'entourait.

La jeune femme tourna la tête et aperçut un camion de livraison à sa gauche. Elle se glissa derrière et laissa ses poursuivant dépasser l'endroit où elle se cachait. Quand elle les vit s'éloigner, elle rebroussa chemin, heurtant la barrière d'une maison avec une porte ancienne.

Son esprit embrumé ne put parvenir à lire l'adresse qui indiquait :

Sanctorum, 177 A

Elle poussa la porte, désireuse de se cacher définitivement de ses agresseurs et la referma.

La secrétaire se trouvait dans un grand hall au parquet brun ciré. Un splendide escalier aux rampes de fer forgé se tenait là, devant elle.

Mais encore une fois, la seule chose qui la frappa fut le sang qui coulait gouttes à gouttes de ses doigts pour venir s'échouer au sol.

Deux flaques écarlates se formèrent rapidement à ses pieds et elle fit un pas en avant, demandant d'une voix pâle et blanche :

— Y a t-il quelqu'un ?

Après ce pas, la tête lui tourna plus que jamais et elle tomba à genoux, alors qu'en haut de l'escalier, une lueur orangée en forme de lasso surgissait des mains d'un homme.

Grand, mince, il avait le visage fin aux traits marqués. Ses cheveux bruns étaient sillonnés de chaque côté de sa tête par une mèche blanche. Ses yeux gris-vert luisaient étrangement. Ses habits étaient typiques des mages de Kamar-Taj et une cape rouge écarlate recouvrait ses épaules.

Éloïse ne vit que la lueur orangée avant de s'écrouler tout à fait avant de perdre connaissance.

Stephen Strange fronça un de ses sourcils.

Il observa la jeune femme qui gisait là sur le sol. Il avait immédiatement remarqué son état, il n'avait pas été chirurgien pour rien. Enfin.. il était neurochirurgien mais il savait quand même s'occuper de plaies simples.

Il soupira et sa cape s'enroula autour du corps de la jeune femme.

Il la transporta dans une chambre et la soigna.

***

Le soleil pointait à travers la fenêtre de la chambre. Dans le grand lit à la tête de lit en chêne sculpté, Éloïse était toujours inconsciente. Ses bras bandés reposaient le long de son corps, au dessus du drap.

Soudain, elle papillonna des paupières et peu à peu elle ouvrit ses yeux bleu-vert.

En un gémissement de douleur, elle se redressa et regarda autour d'elle.

La chambre était aménagée dans un style ancien. Une commode et une grande armoire ainsi qu'une table de nuit avec une lampe de chevet à l'abat-jour immaculé.

Un épais tapis rouge aux motifs noirs et bruns recouvrait une partie du plancher au bois foncé.

Éloïse bougea avec précaution son bras gauche. Elle repoussa doucement les draps et posa un pied au sol.

Elle était vêtue d'une longue chemise de nuit blanche. Éloïse rougit doucement en réalisant que l'on avait dû la déshabiller pour la changer..

Elle fit quelques pas, rejoignant la porte de la pièce.

La jeune mage poussa la porte et sortit dans le couloir.

Traversant une multitude de pièces plus étranges les unes que les autres, elle parvint enfin dans une grande bibliothèque à l'air vieux.

Elle se rapprocha d'une étagère pour regarder les livres installés là et sentit quelque chose toucher son épaule.

Une cape rouge tapotait son épaule et elle sursauta en laissant échapper un petit cri de surprise. Elle cogna l'étagère derrière elle et quelques livres lui tombèrent dessus.

— Tout va bien ? Demanda une voix.

Elle leva les yeux et vit une main tendue vers elle.

Le docteur Strange la releva et elle tenta un sourire timide.

— Pardonnez ma.. cape.. elle oublie parfois le sens des convenances..

Éloïse hocha la tête silencieusement.

— Où est-ce que je suis ? Vous êtes Stephen Strange ?

Le mage sourit chaleureusement, l'invitant à s'asseoir dans un fauteuil.

— Laissez-moi vous expliquer..

Et.. un deuxième chapitre !! J'espère qu'il vous a plu ? Dîtes le moi en commentaire ! ^^


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