Chapitre 4
La noirceur est tombée sur le quartier et les étoiles argentées brillent haut dans le ciel. Je marche vers la gare d'un pas mal assuré, grelottant dans ma mince veste de denim. Je me retourne une dernière fois vers Dex et Téa, attendant au moins un petit sourire encourageant de leur part. Ils me font un signe de la main et rebroussent chemin. Je sors mon téléphone pour avertir ma mère que je sors, mais je ne lui dis pas la vérité, sinon quoi elle paniquerait à coup sûr. Après quelques minutes de marche, j'arrive enfin à la gare désaffectée et je fige. Je prends quelques secondes pour reprendre mon souffle et me préparer à ce qui m'attend. Avec un peu de chance, j'arriverais à sortir saine et sauve dans deux heures. Avec un peu plus de chance, j'arriverais à découvrir le mystère des ados disparus de la gare. Et avec zéro chance, je me ferai kidnapper ou attaquer, je serais portée disparue et Téa et Dex tenteront de m'aider, ce sera trop tard et ils perdront une amie. Si cela se passe, j'espère de tout coeur que non, ils se sentiront mal et ça leur servira de leçon. Ceci est le pire des scénarios, et malheureusement, il serait très probable qu'il arrive. Je balaie toutes ces pensées de ma tête pour ne pas qu'elle explose, mais soudain, je me sens aussi idiote et vide du cerveau qu'une boîte de conserve. Pourquoi ai-je accepté? C'est si insensé! Trop tard pour reculer. Je me dis avec espoir que si jamais je sors de là, j'apprendrais qu'il ne faut jamais exagérer en jouant à vérité ou action car c'est dangereux, et je ne ferais plus jamais confiance à Téa et Dex.
ARGH!
Ok. Je dois y aller. Je lève bien haut la tête et m'avance d'une démarche un peu trop confiante. Je franchis le portail de fer forgé en me mordillant la lèvre. Pour me changer les idées, j'analyse le décor lugubre. Deux vieux trains rouillés pourissent sur des rails déformés. Un éclat de lumière de la lune survole le toit en bois crasseux d'une installation permettant la montée et descente des voyageurs. Ouf, on dirait cet endroit sorti tout droit d'un film d'horreur. Bon, je dois me ressaisir. Après tout, je dois rester ici seulement pendant deux heures. D'autant trouver un petit coin tranquille, m'y cacher et regarder des vidéos sur mon téléphone le temps que le temps passe. C'est facile, quand on y pense. Je me promène alors quelques minutes, cherchant un coin confortable. Quand tout à coup... Eurêka! Une grosse pile d'immenses morceaux de métal et de cuivre rouillé est fichée sur le sol boueux, et une petite ouverture est cachée juste derrière, la cachette parfaite! Non sans difficulté, j'y pénètre en prenant bien soin de ne pas me salir. Dans une position inconfortable, je m'accotte sur un genre de mur de béton à moitié effondré et ouvre mon téléphone pour plonger aussitôt dans le monde étourdissant et ensorcelant des médias sociaux. Ah! Je ne vois pas le temps passer quand tout à coup, je me redresse brusquement en entendant des drôles de murmures dont j'ai l'impression qu'ils emplissent ma tête. Je glisse mon téléphone dans la poche arrière de mon pantalon et me retourne lentement, en mode alerte. Le murmure reprend de plus en plus. J'essaie de distinguer les mots ou les lettres de ce message, ou juste de savoir d'où il provient. Soudainement, j'y vois plus clair. Les murmures, répétés plusieurs fois de suite d'un ton plaintif, sont composés chaque fois de trois lettres, répétées sans arrêt: «S.O.S.»
😱😱😱
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