Chapitre 8, Adam

8

Adam


« Flash-Back »


-       Salut !

Son visage se tourne pour me faire face, ses yeux se plongent instantanément dans les miens, réveillant ainsi tous mes sens qui une fois de plus se retrouvent à vif. Je l'observe quelques instants sans rien dire, elle non plus ne dit rien. Gêné, je finis tout de même par rompre ce pesant silence.

-       Aria c'est bien ça ?

-       Comment tu connais mon prénom ? Et qu'est ce que tu fais là d'abord ?

-       Je te dirai bien que c'est un hasard mais je préfère être honnête, je te cherchais.

-       Moi ? Mais pourquoi ? Non en fait je ne veux pas savoir, ce qui m'intéresse c'est plutôt comment tu as su où chercher ?

-       Disons qu'après que tu sois partie de la soirée, je me suis un peu renseigné...

-       T'es un psychopathe ?

-       Non, aux dernières nouvelles je ne souffre d'aucunes pathologies mentales, Aria.

Elle me scrute quelques instants puis tourne les talons.

-       Hey ! Où tu vas ? Tu ne vas pas me planter là alors que j'ai fais tout ça pour te retrouver !

-       Et bien tu m'as retrouvé maintenant, on peut dire que ta mission est accomplie.


Agacé, je lui emboîte le pas lorsque soudain une porte battante s'écrase violemment sur mon visage me faisant tomber en arrière. Sonné, je me redresse sur les coudes et voit son visage apparaître dans l'entrebâillement de la porte. Lorsqu'elle m'aperçoit à terre, son expression glaciale laisse soudain place à un fou rire explosif. A cet instant, j'ai su que je pourrais écouter ce rire chaque seconde de mon existence. Perdu un instant dans cet incompréhensible brouillard qui avait envahit mon esprit, je ne vis pas qu'elle s'était approchée de moi. Lorsque j'émerge enfin, je remarque que sa main est tendue vers moi.

-       Allez, prends là, je te dois bien ça, on sera quitte.

Au moment ou je saisis sa main je sens à nouveau ce frisson m'envahir, cette pression s'écraser violemment contre ma poitrine. Je lève les yeux pour les plonger dans les siens, cherchant à nouveau ce contact stupéfiant, cette intensité qui m'a, il y a deux jours, transpercée de plein fouet. Non sans mal, je me redresse enfin. Gênée, elle retire sa main de la mienne d'un geste brusque et détourne le regard.


-       Je crois que c'est à ton tour de me proposer un verre pour te faire pardonner. Là on sera quitte.

-       Pour me faire pardonner ?

-       Je te signale que tu viens de me balancer une porte en pleine figure, ça aurait pu me tuer !

-       Tu n'avais qu'a pas me suivre ! Tu ne vas pas me dire que tu ne connais pas le principe d'une porte battante quand même ! Qui plus-est, je ne pense pas que tu aurais été très bien accueillis dans le vestiaire des filles.


Ne sachant plus quoi dire, je la regarde, résigné. Elle à toujours quelque chose à dire pour avoir le dernier mot et me clouer le bec, c'est dingue. Un petit sourire machiavélique se dessine sur ses lèvres, ce qui encore une fois à le don de me fasciner et de me laisser sans voix.

-       Bon, un verre.

-       Vraiment ? Qu'est ce qui t'as fais changer d'avis ? Tu as soudain des remords d'avoir faillis me tuer ? Tu as peur que j'appelle les flics ?

-       Non, c'est ta tête de cocker.

-       Ma tête de quoi ?

-       Bon tu veux aller le boire ce verre oui ou non ? Je n'ai pas toute la journée !

-       Faux ! C'était ton dernier cours, j'ai vérifié.

-       T'es bel et bien un psychopathe en fait.


Toujours avec ce petit sourire démoniaque accroché au bout des lèvres, elle retourne vers le vestiaire. Adossé au mur, je l'attends ce qui me paru une éternité. Je commençais même à me demander si elle n'avait pas filée en douce par une autre porte lorsqu'elle apparu devant moi. Les cheveux à présent détachés, un sourire d'ange dessiné sur ses lèvres, elle me paru plus douce, plus innocente et presque fragile. Encore une fois je fus fasciné par le nombre incalculable de visages que cette fille est capable d'endosser. Une seule question se mit à envahir mon esprit, qui est-elle vraiment ?


« Fin du Flash-Back »

-       Adam dépêches toi il faut qu'on parte immédiatement !!

-       Non mais ça ne va pas de débouler dans ma chambre comme ça Mika ? Tu m'as fait peur !

-       Allez grouilles toi Adam, David nous à envoyer un message hier soir pour nous dire qu'il avait avancé notre vol mais personne ne l'a vu ! On est déjà en retard l'avion décolle dans une heure ! Dans cinq minutes t'es en bas !

-       Putain mais c'est quoi ce délire !


En guise de réponse, la porte se ferme violemment. Non mais ils sont sérieux là ? On décolle dans une heure ? On n'y sera jamais ! Tant bien que mal je boucle ma valise, jette un dernier coup d'œil dans la chambre pour être sûr de ne rien oublier et me dirige vers l'ascenseur. Une fois dans le hall je vois le van garé devant l'entrée, les garçons sont déjà à l'intérieur et me font de grands signes. Le portier m'ouvre rapidement la porte et je prends place à bord.

-       Merde Adam tu pourrais courir au moins.

-       Non Louka, je ne peux pas courir non, j'ai l'impression d'être sur un putain de bateau qui ne sait rien faire d'autre que tanguer !

-       Si tu n'avais pas bu autant hier soir, ça ne serait pas arrivé, je t'avais dis que tu allais avoir une gueule de bois mémorable mais comme d'habitude tu n'as rien voulu entendre.

-       Oh ça va Louka ! Epargnes-moi ta morale pourrie.

-       Toi, gardes ta mauvaise humeur pour toi.

-       C'est bon les mecs, arrêtez ! On est tous crevés et à bout de nerf, on va dormir un peu dans l'avion et voilà !

-       Encore faudrait-il qu'on arrive à prendre cet avion !

-       On n'a pas le choix Adam on a une conférence de presse à assurer dés notre arrivée à Paris, David vient de m'envoyer un message il s'est occupé de tout l'avion va nous attendre.

-       Bah voyons on fait attendre les avions maintenant ! C'est nouveau ça ? Pour qui il se prend David hein ? Le roi du monde ?

-       Adam tu commences vraiment à nous gonfler avec ton sarcasme et ta mauvaise humeur alors boucles là. On sait que t'as trop bu hier soir, on sait aussi que tu n'es pas bien à l'idée d'aller à Paris, mais on a pas le choix, tu vas devoir prendre sur toi.

-       Ce n'est pas prendre sur lui qu'il devrait faire ! C'est prendre son putain de courage à deux mains et profiter de ce voyage pour aller frapper à sa porte.

-       Ah ouais ? Et comment je fais ça Louka ? T'es si malin alors vas-y, dis moi comment faire. Parce que au cas où tu l'ai oublié, la dernière fois que j'ai fais ça, ça ne s'est pas très bien passé. Je te rappel qu'Elisabeth à posée une main courante contre moi et à demander une mesure d'éloignement ! Cette sauvage ne me laissera jamais la voir et tu le sais, alors tes idées pourries, tu te les gardes merci.

-       Bon allez les gars, discussions close ! On ne va pas s'embrouiller maintenant.

-       Nate à raison les gars, hier soir on à réalisé notre rêve putain ! Vous vous rendez compte ! Alors ce n'est pas le moment de s'énerver, on doit profiter !

Sans rien dire, je tourne la tête vers la vitre du taxi, m'éloignant ainsi de cette altercation avec Louka qui aurait pu durer des heures. Je déteste qu'il me dise tout le temps ce que je devrais faire ou ce que j'aurais dû faire, je déteste qu'il me balance mes erreurs avec elle à la figure, je déteste qu'il parle d'elle tout simplement. Chaque fois qu'il prononce son prénom, ça me rend malade. Je sais qu'il m'en veut, il m'en veut de n'avoir pas su faire les bons choix, il m'en veut de lui avoir fait du mal, il m'en veut de ne pas avoir réussis à prendre les choses en main quand il le fallait. Il m'en veut parce qu'elle lui manque. Il m'en veut parce que lui aussi, il l'aime. Bien qu'il ne l'ai jamais admis et bien qu'il soit toujours resté en retrait, bien que je l'aime tel un frère, une partie de moi ne peut supporter de voir cette lumière brillée au fond de son regard lorsqu'il parle d'elle. Louka est celui qu'elle aurait dû choisir, je le sais, il le sait et ça me tue. Malgré tout, j'ai de la peine pour lui car s'il y a bien une chose que je puisse comprendre et que ne peux renier, c'est le poids indéniable de son absence. Je ne peux empêcher la culpabilité de m'envahir chaque fois qu'il prononce son prénom.  En revanche, jamais je ne me sentirai coupable de l'aimer et jamais ne me sentirai coupable d'être celui dont elle est tombée amoureuse, parce que ça, c'est les deux seules raisons qui me font encore tenir debout. Elles me permettent de m'accrocher, d'espérer et surtout de ne pas renoncer.

Lorsque nous prenons place à bord de l'avion, je fais mon possible pour éviter le regard désapprobateur des businessmans de la première classe, visiblement mécontents d'avoir dû patienter pour nous. Pas étonnant, à leur place j'aurai péter les plombs. Je ne pu m'empêcher d'imaginer ce qu'Aria aurait fait à leur place, elle aurait fait un scandale dans l'avion et aurait détruit tous les arguments du personnel avec son cynisme légendaire ! Cette pensée me fit sourire un instant avant de me plonger à nouveau dans ce vide, dans ce gouffre géant que je dois sans cesse tenter d'éviter. Afin de ne pas céder à cet appel du néant, je propose à Nate une petite partie d'échec. J'adore ce jeu et j'en ai toujours un format poche sur moi. Il me permet de centrer toute mon attention, au moins le temps de la partie, l'espace d'un instant, je ne pense à rien d'autre et ça fait un bien fou.

Après plusieurs parties, la fatigue me gagne, j'incline mon siège, m'enroule dans ma couverture et laisse le sommeil s'emparer de moi.

-       Mais qu'est ce que tu crois Adam ? Tu penses que tu as le droit d'entrer dans ma vie comme ça et de tout saccager ?

-       Saccager quoi Aria ? Qu'est ce que je saccage au juste ??

-       Moi ! C'est moi que tu saccages !

-       Tu dis n'importe quoi, c'est toi Aria ! Tu fais tout pour que ça ne marche pas, tu fais tout pour avoir une bonne raison de partir !

-       C'est faux ! Je ne cherche pas une raison de partir puisqu'il n'a jamais été question de rester et tu le savais !

-       Ah parce que tu penses que tout est écrit à l'avance toi ?

-       Certaines choses oui ! Ma vie est à Paris pas ici alors arrêtes maintenant !

-       Comment tu peux savoir où est ta vie exactement hein ? Tu n'en as pas marre de faire toujours ce que les gens attendent de toi ?

-       Je ne fais pas ce que les gens attendent de moi Adam, la preuve, je ne fais pas ce que tu attends toi !

-       Oh oui excuses moi, tu fais ce que Elisabeth attend de toi, nuance !

-       Mais réveilles toi Adam, toi tu crois toujours que tout est simple, tu fais toujours ce que tu veux faire quand tu veux le faire, mais ce n'est pas ça la vraie vie, alors réveilles toi bon sang !

-       Aria !

-       Adam, réveilles toi bordel !

J'ouvre les yeux brusquement.

-       Adam on est arrivés ! Ça fait dix minutes qu'on essaie de te réveiller ! il faut qu'on sorte les premiers de l'avion ! Ensuite on patientera dans une salle d'attente que tout les passagers soit sortis et ai récupérés leurs bagages pour prendre les nôtres et sortir.

Machinalement je me lève et me dirige vers la sortie de l'avion, tel un robot. Encore envahis par ce rêve, par ce souvenir, je ne peux sortir un seul mot. Il paraissait si réel, j'avais presque l'impression de la sentir, si proche, là, prés de moi. Nauséeux, je suis le mouvement, perdu dans mes pensées et dans ce brouillard qui les inonde.

Dans la salle d'attente, je suis assis sur une chaise, le regard dans le vide, j'attends. Michael est assit à côté et je sens son regard posé sur moi, ce regard qu'ils ont tous depuis son départ, comme si j'étais une pauvre petite chose, un cocker comme elle dirait.


-       Arrêtes de me regarder comme ça Mika, s'il te plait.

-       Encore un cauchemar ?

-       Lâches l'affaire.

-       Adam, tu sais que tu peux m'en parler. C'est plus possible tu ne peux plus tout garder pour toi comme ça, ça va te détruire.

Un petit ricanement s'échappe de mes lèvres.

-       Ah parce que tu penses que je ne luis pas déjà ?

-       Détruit ? Non je ne le pense pas, si c'était le cas, tu ne serais pas là , si c'était le cas tu n'espérerais pas encore.

-       Qui te dis que j'espère quoi que ce soit ?

-       Tes chansons Adam, tes chansons le disent pour toi.


Sachant qu'il avait raison, je ne répondis pas, le remerciant d'un regard de ne pas continuer.

Lorsque nous sortons de la salle d'attente, nous entendons des cris, des hurlements parvenir du Hall de l'aéroport. Non pas ça... J'avais espoir qu'ayant avancé notre vol au dernier moment, nous serions tranquilles à notre arrivée, mais non. Je ne me sens pas du tout le courage ou la force d'affronter tous ces gens bien que reconnaissant de les savoir ici rien que pour nous. Encore une fois je vais devoir laisser ce masque tombé sur moi, le masque du gars super heureux, chaleureux et super content d'être ici. Je sais qu'ils n'y verront que du feu. Je le sais parce que ça, je l'ai appris d'elle, et à ce jeu, c'est la meilleure.

Enfin sortis, nous nous dirigions vers notre voiture lorsque j'aperçu la mine déconfite de Louka.


-       Louka, ne fais pas cette tête, je suis désolé pour tout à l'heure !

-       Hein ? Heu non non ne n'inquiètes pas, je ne t'en veux pas c'est juste que j'ai cru...

-       Tu as cru quoi ? Que j'étais énervé contre toi ?

-       Non non pas du tout, j'ai juste cru voir...

-       Cru voir quoi ?

-       Non rien t'inquiètes, je suis crevé je dis n'importe quoi.


Je l'observe encore quelques instants et je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Visiblement il n'a pas envie d'en parler maintenant et je ne peux que comprendre ça.

Une fois en route pour l'hôtel, regardant au travers la vitre le somptueux paysage Parisien défilé, je ne pu m'empêcher de penser une nouvelle fois à elle. Ces cinq prochains jours ici ne vont arranger ni mes pensées ni mes cauchemars. Parce que ici, on est chez elle. Cette semaine, plus aucun océan ne nous sépare.

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