Chapitre 29, Aria
29
Aria
« Flash-back »
« Je prépare mes affaires, j'accompagne Èphira à l'aéroport et je te retrouve chez toi, j'ai hâte ! »
Après avoir pianoté ces quelques mots à Adam, je pose mon téléphone sur la table de nuit et termine de ranger mes dernières affaires dans ma valise. Je m'assois sur cette dernière pour pouvoir la fermer, non sans peine. Je regarde autour de moi quelques instants, réalisant à peine que ça y est, c'est terminé. Ce mois que je pensais voir passer si lentement est finalement passé si vite. Je peine à réaliser tous les changements qui se sont opérés dans ma vie en si peu de temps. Toutes ces rencontres, tous ces sentiments, j'ai l'impression d'avoir vécu en un mois bien plus de choses que ce que j'ai vécu en 17 ans. J'ai aussi l'impression d'avoir énormément changé. Il y a seulement quatre semaines, j'étais loin d'imaginer que ce voyage changerai ma vie à ce point.
- Bah alors ! On rêvasse ? Allez on se dépêche ma petite feignasse, mes affaires ne vont pas se ranger toute seule ! Me taquine Ephira en revenant de la salle de bain les bras chargés de tous ses produits de beauté.
- Parce que tu penses vraiment que je vais ranger tes affaires ? C'est beau de rêver ! Dis-je en me relevant.
- Bien-sûr que oui ! Et comment je fais moi si tu ne m'aides pas ? J'ai besoin de tes talents d'organisatrice sans quoi cette valise ne se fermera jamais, dit-elle en faisant sa petite moue qui me fait toujours céder.
- Arrrrg ! Tu sais comment me faire céder et ça m'énerve ! Dis-je en me dirigeant vers son lit pour l'aider à ranger ses affaires.
- Qu'est ce que je ferai sans toi ? Dit-elle en affichant un sourire triomphant.
- N'en rajoute pas non plus !
Nous restons quelques minutes en silence à terminer sa valise, c'est la fin d'une belle aventure et ça fait toujours un pincement au cœur de réaliser que c'est terminé, qu'il est temps de passer à une nouvelle aventure, où les choses seront forcément différentes.
- Tu sais ma belle, tu vas terriblement me manquer, finit-elle par dire, les larmes aux yeux.
- Ah non, pas de larmes ! Ça y est, je pleure aussi maintenant, c'est malin ! Dis-je en essuyant mes yeux.
- On s'appellera ? Je ne veux pas qu'avec le temps on perde contact, je sais qu'on ne se connaît pas depuis très longtemps, mais tu es devenue rapidement très importante dans ma vie et je ne veux pas te perdre, dit-elle en me prenant dans ses bras.
- Éphi ... Si tu savais à quel point tu comptes aussi pour moi, en 17 ans je n'ai jamais noué d'amitié aussi forte que la notre alors qu'on ne se connaît que depuis un mois. Je pense qu'il n'y a pas de hasard, on devait se rencontrer. Même si au début je t'ai prise pour une nana superficielle qui pensait qu'a picoler, te n'es finalement pas trop mal tu sais !
- Toi non plus tu n'es pas trop mal, même si au début je t'ai prise pour une sainte ni touche, dit-elle accompagné d'un petit clin d'œil moqueur.
- C'est ça moque toi, n'empêche que la sainte ni touche elle reste ici avec un bel américain alors que toi tu repars toute seule, dis-je en riant.
- Mouai, ça c'est pas juste ! Dit-elle en faisant mine de bouder. Tu as intérêt de me faire le point sur ton comte de fée au moins une fois par semaine, c'est compris ?
- Promis ! Dis-je en l'embrassant sur la joue. Elle va tellement me manquer.
- Bon, je pense qu'on est prête ! Tiens, avant que j'oublie, je te donne la carte SIM de mon téléphone, il reste un peu de temps de communication à utiliser et ce n'est valable qu'ici, ça ne sert à rien que je la garde.
- Mais, comment je vais faire pour t'appeler si tu n'as plus de numéro ? Dis-je soudain inquiète.
- Je vais te donner mon numéro français ! Je vais le réactiver dés mon arrivée en France. Je t'enverrai un message dés que serais à Paris. Bon, je descends ma valise et j'appelle le taxi le temps que tu fasses tes papiers de sortie et tu me rejoins ?
- Ça marche, à tout de suite, dis-je en sortant de mon sac à main la pochette avec les papiers que je dois remettre à la gardienne.
Je me dirige vers la porte de la chambre afin de rejoindre le couloir qui mène au bureau principal, après seulement quelques pas, le son de sa voix résonne dans mon dos, figeant chaque partie de mon corps en un instant, comme si le temps venait brusquement de s'arrêter.
- Elisabeth ? Dis-je en me tournant brusquement.
- Tu ne t'attendais pas à ça, n'est ce pas ? Répond-elle amèrement en se dirigeant vers moi.
- Non effectivement, tout va bien ? Demandais-je littéralement perplexe.
- Est ce que tout va bien ? Tu te moques de moi ? N'essaie même pas de me faire croire que tu allais justement te rendre à l'aéroport pour rentrer à la maison, ça serait perdre ton temps, et tu sais à quel point je déteste les mensonges. Tu vas m'expliquer ce qu'il se passe ici et vite Aria !
- Co...Comment tu as su ? Demandais-je du bout des lèvres, tremblante.
- Ah parce que tu pensais vraiment pouvoir manquer je ne sais combien de cours, faire le mur de l'internat à plusieurs reprises et enfin annuler ton billet d'avion retour sans que je n'en sache rien ? Mais pour qui tu me prends ma petite ? Tu es bien plus ignorante que ce que j'avais imaginé. Je pensais que tu étais un petit peu plus intelligente que ça, tu me déçois, crache t'elle avec dédain.
- Je ne rentre pas ! Lâchais-je sans même m'en rendre compte, blessée par ses derniers mots.
- Parce que tu penses vraiment avoir le choix en plus ? Laisse-moi rire ! Dit-elle en riant vraiment. Laisse-moi deviner, tu as rencontré un beau garçon qui t'a fait miroiter je ne sais trop quoi et te voilà à ses pieds prête à faire n'importe quoi ?!
- Adam ne m'a rien fait miroiter du tout ! Dis-je à présent rouge de colère.
- Donc j'ai raison, tout ça pour un garçon, dit-elle en riant à nouveau, se moquant ouvertement de moi. Ce que tu es naïve, ce n'est pas croyable. Donc tu es vraiment prête à laisser tomber tout ce pourquoi tu as travaillé pour les beaux yeux d'un garçon que tu connais à peine ?
- Je ne compte pas tout laisser tomber, je peux faire la même chose ici ! Je vais passer l'audition de l'American Ballet Theater dans deux jours, peu importe le pays où je suis, je peux réaliser les mêmes choses. S'il te plaît Elisabeth, je te jure que je vais être sérieuse et ne manquer aucun cours ! Dis-je pour tenter désespérément de la rallier à ma cause, même si je savais que c'était perdu d'avance.
- Cette école d'imposteurs ? Sérieusement ? Comment peux-tu oser ne serait-ce que l'envisager ? Ce qu'ils appellent « danse classique » est une honte ! Tu as intérêt à retrouver la raison, et vite ! Dit-elle en m'empoignant le bras.
- Je ne rentrerai pas avec toi ! dis-je en parvenant à me libérer de son emprise.
J'attrape rapidement mon téléphone dans ma poche et commence à chercher le numéro d'Adam dans mon répertoire pour qu'il me vienne en aide, malheureusement, je n'ai pas eu le temps d'appuyer sur la touche « appeler » que mon téléphone était déjà en miette après avoir percuté le mur du couloir.
- Mais tu es complétement folle ?! Dis-je en hurlant, abasourdie par la colère d'Elisabeth.
- C'est toi qui est complétement folle Aria, tu as perdu la raison ! Tu vas chercher ta valise et je te ramène à la maison ! Dépêche-toi parce que je t'assure que je vais perdre patience ! Hurle t'elle à son tour.
- Mais ...
- Je ne veux plus rien entendre ! J'ai déjà assez entendu de bêtises pour la journée ! Je t'ai dit de te dépêcher, dit-elle en me poussant légèrement vers ma chambre pour que j'avance.
La gorge nouée, les pommettes rouges de colère, les larmes coulant à flot sur mes joues, je me dirige vers ma chambre, usant du peu d'énergie qu'il me reste à tenter de trouver un moyen de m'échapper pour rejoindre Adam. Je n'en trouve aucun.
Ma valise dans le coffre du taxi, bloquée sur le siège arrière entre Elisabeth et une portière verrouillée, j'essaie toujours de trouver l'idée miraculeuse qui me permettrait de renverser la situation. Un instant, j'ai cru l'avoir trouvée.
- S'il te plaît, Elisabeth, dis-je entre deux sanglots, mon amie Éphira m'attendait devant l'internat pour partir à l'aéroport, je dois la prévenir, tu peux me prêter ton téléphone pour que je l'appelle ?
- Si tu parles de la petite blonde qui était devant quand je suis arrivée, je lui ai dis que ce n'était pas la peine de t'attendre et que si elle tentait quoi que ce soit je t'interdirai de la revoir un jour, me répond t'elle froidement.
- Tu as fait quoi ? Dis-je interloquée. Mais tu es un monstre ! Dis-je en lui tournant à nouveau le dos, horrifiée d'entendre ça.
- Tu peux me traiter de tout ce que tu veux Aria, je fais ça pour ton bien ! Un jour tu me diras merci ! Un garçon qui te laisse renoncer à la meilleure carrière juste pour ses beaux yeux n'est pas un homme pour toi, surement un gamin égoïste qui serait passé à une autre fille dans 6 mois.
- Mais tais-toi ! Tu ne sais pas de quoi tu parles ! Tu ne le connais même pas ! Hurlais-je dans l'habitacle.
Elle ne répond pas et seul le bruit de mes sanglots fut présent le reste du trajet jusqu'à l'aéroport. Je n'arrive tout simplement pas à m'arrêter. Plus les minutes passent et plus les battements de mon cœur me font mal, je pleure tellement que je n'arrive presque plus à respirer. Ça ne m'étais jamais arrivé. J'imagine Adam en train de m'attendre et mon cœur se brise en un milliard de morceaux. Je n'ai aucun de moyen de le prévenir, que va t'il penser ? Rien que d'imaginer lui faire de la peine me rend malade, ça me déchire de l'intérieur.
Une fois la voiture garée devant l'aéroport, Elisabeth empoigne mon bras et me force à descendre du taxi, elle récupère ma valise et nous dirige vers le guichet d'enregistrement. Tout le monde nous regarde. Rouge écarlate, le mascara coulant, sanglotant, je suis le centre d'attention de tous les passagers qui attendent leur enregistrement à coté de nous. Elisabeth est morte de honte, si elle pouvait se cacher elle le ferait sans hésiter, avec elle, tout est dans l'apparence, il n'y a que ça qui compte à ses yeux, ce que pensent les autres. En revanche moi, je m'en contre fiche. C'est alors qu'une ultime idée me vient. C'est le moment où jamais de faire un scandale, devant tout le monde Elisabeth sera mortifiée, elle me laissera peut-être partir ? Ce dernier espoir me donne le courage de puiser en moi le peu de forces qu'il me reste.
Sans crier garde, je pousse violemment ma valise. Elle glisse au sol sur quelques mètres dans un bruit strident, si tout le monde n'était pas déjà en train de nous regarder, c'est maintenant le cas. Je vois les yeux d'Elisabeth s'arrondir et sa respiration devenir saccadée, je la défie quelques instants du regard mais rien ne se passe, je vois qu'elle ne veut pas craquer devant tout le monde, je tente alors le tout pour le tout.
- Je t'ai dit que je ne partirai pas avec toi ! Tu n'es pas ma mère ! Tu es personne ! Commençais-je en hurlant. Tu n'as pas à décider pour moi c'est compris ?
- Aria, tu te calmes tout de suite, dit-elle sèchement, regardant nerveusement autour d'elle.
- Non, je ne me calmerai pas ! Tu ne comprends toujours pas ? Je ne veux plus vivre avec toi ! Tu es un monstre ! Tu as toujours tout décidé à ma place mais c'est fini ! Plus jamais tu ne prendras de décisions à ma place ! Je ne prendrai pas cet avion ! Tu ne peux pas m'y obliger de toutes façons ! Dis-je en criant de plus en plus fort pour attirer l'attention sur nous.
- C'est ce qu'on va voir, rétorque t'elle en chuchotant.
Je la vois soudainement remonter la file de personnes qui se trouvaient devant nous pour accéder au guichet, je reste un instant muette, que fait-elle ? Après avoir dit quelques mots à l'hôtesse elle se dirige à nouveau vers moi. C'est alors que je réalise, c'est le moment ou jamais. Je me jette sur ma valise et me mets à courir vers la sortie.
- Aria ! Reviens ici tout de suite !
Je suis presque devant la porte de sortie lorsque je sens une main ferme m'empoigner le bras. Je me retourne vivement, prête à en découdre à nouveau avec Elisabeth, mais ce n'est pas elle. Un immense monsieur barbu se tient devant moi, le regard ferme, sa main énorme retenant en otage mon petit bras frêle.
- Mais lâchez-moi ! Hurlais-je à nouveau, qui êtes-vous ? Qu'est ce que vous me voulez ? Au secours ! Criais-je à l'intention des personnes se trouvant autour de moi, mais personne ne réagis.
- Je suis le chef de la sécurité Mademoiselle, vous allez me suivre calmement ou j'emploierai la force, c'est compris ?
Sans même attendre ma réponse il me fait rebrousser chemin jusqu'au guichet où Elisabeth a visiblement retiré nos billets d'avion.
- Vous ne pouvez pas me forcer à partir avec elle ! Dis-je à l'intention du chef de sécurité.
- Vous êtes mineur, c'est votre tutrice, elle a tout les droits sur vous. Point. Soit vous la suivez de votre plein gré, soit je vous escorte jusqu'à votre siège, c'est compris ? Ce ne sont pas les gosses qui vont faire la loi ! Dit-il sévèrement.
- Mais pour qui vous prenez vous ? Vous ne savez rien et vous vous permettez ce genre de réflexion ? Je suis majeure dans trois mois, je ne suis pas une gamine ! Et puis qu'est ce que ça peut vous foutre bon sang ? Dis-je en sentant de nouveaux sanglots s'emparer de moi.
- Peu m'importe, ici vous êtes sur le territoire Américain Mademoiselle, vous ne faites pas ce que vous voulez, vous êtes française à ce que je sache, et votre visa expire aujourd'hui donc vous allez rentrer chez vous comme c'était prévu.
- Mais...
- Il est inutile de polémiquer mademoiselle, c'est soit ça, soit je vous mets de force dans cet avion avec l'interdiction de remettre les pieds sur le territoire ! C'est compris ?
Je ne réponds rien, consciente de ne plus avoir aucune chance de retrouver Adam.
Je suis Elisabeth sans rien dire jusqu'à notre avion puis je m'écroule sur le siège, épuisée.
Vidée, abattue, je regarde à travers le hublot, la ville devient de plus en plus petite jusqu'à disparaître et je ne veux pas croire que tout ce qui vient de se passer est bel et bien réel. Aujourd'hui devait être l'un des plus beaux jours de ma vie et c'est un véritable cauchemar. Pourrais-je revoir Adam un jour ? Je ferme les yeux et son visage apparaît. Il doit surement déjà être en train de me détester. Je n'ai aucune notion du temps, je ne sais pas quelle heure il est ni combien de temps s'est écoulé, je sais juste qu'Adam m'attend et que je ne viendrai pas. Mes larmes refont surface et tout le long du vol je ne suis pas parvenue à les faire cesser. Alors c'est ça avoir le cœur brisé ? Je ne respire presque plus, mes yeux me brûlent, un vide s'immisce en moi pendant qu'une douleur insupportable envahit ma poitrine, comme si elle s'y installait pour ne plus jamais partir. Je pourrai jurer avoir senti mon cœur s'arrêter de battre l'espace d'un instant. Comment vais-je pouvoir continuer à vivre normalement ? Ne serait-ce que l'imaginer achève la destruction du peu qu'il restait encore de mon cœur. Je ne suis plus rien, je n'ai plus rien.
« Fin du Flash-Back »
L'un en face de l'autre, attablés au restaurant de l'hôtel, nous profitions de notre dernière soirée tous les deux.
Nous avons passé l'après-midi à parler de notre avenir, à imaginer ce que nous pourrions faire une fois sa tournée terminée, aux endroits où nous pourrions vivre, aux vacances qu'on souhaiterait partager, c'est terriblement niais et cliché, mais j'ai l'impression que nous avions besoin de faire des plans sur la comète, besoin de se rassurer, d'être certains que cette fois-ci, il y aurait bien un « après ».
- A nous ! Lance Adam en tendant sa coupe de champagne vers moi pour trinquer.
- A nous, répondis-je en faisant se rejoindre nos coupes.
Nous sommes assez silencieux, son départ n'est plus qu'une question d'heures et je pense que malgré nos efforts pour passer une bonne soirée, le moral n'est pas vraiment au rendez-vous. Ce ne sont que deux petits mois, certes, mais il faut bien comprendre que la dernière fois que nous nous sommes séparés en pensant se revoir et construire quelque chose, nous avons vécu un véritable cauchemar qui a duré deux ans. Malgré l'envie de tout oublier et d'être confiants, la mémoire du passé prend visiblement plus de place que nous l'aurions souhaité pour cette dernière soirée. Adam, lisant visiblement dans mes pensées, brise ce pesant silence.
- Ne t'inquiète pas s'il te plaît, cette fois-ci tout va bien se passer, dit-il en caressant ma main.
- Comme peux-tu en être certain ? Dis-je soudain envahie par le doute.
- Je te le promets Aria. Il n'y a aucune raison, il n'y a plus d'Elisabeth, nous sommes tous les deux des adultes, plus personne ne peut décider pour nous, pourquoi est-ce que cette fois-ci nous n'y arriverions pas ? Dit-il d'une voix rassurante.
- Tu as raisons, dis-je en lui souriant légèrement.
Je sais qu'il n'a pas tord, il n'y a aucune raison pour que cette fois-ci les choses tournent mal, mais je ne sais pas pourquoi, je n'arrive pas à calmer mon angoisse naissante, j'ai comme un mauvais pressentiment. Surement la mémoire du passé qui refuse de me laisser en paix, me dis-je en tentant de chasser ces pensées négatives pour profiter de notre derniére soirée.
- Tu comptes toujours venir dans un mois à Rome pour passer quelques jours avec nous ?
- Evidemment ! Je te l'ai promis, je viendrai ! J'espère que tu auras un peu de temps pour qu'on visite la ville, il paraît qu'elle est sublime, dis-je enjouée à l'idée de visiter la capitale italienne.
- Les concerts ne sont que le soir et une fois les balances faites le premier jour, j'aurai mes matinées et mes après-midi de libre, on visitera tout ce que tu veux, me répond t'il souriant.
- Génial ! Le colisée, le forum Romain, le château St Ange, la fontaine de Trévi, il y a tant à faire ! J'espère qu'on aura le temps de voir toutes ces merveilles, dis-je à présent toute excitée, oubliant peu à peu le mauvais pressentiment qui m'avait envahi quelques minutes plus tôt.
- Tout ça ? Demande t'il rieur. Je suis content de voir que tu prépares déjà notre week-end. J'ai déjà hâte d'y être, un mois c'est long quand même.
- Mais non, tu verras, tu vas enchaîner les concerts, changer de ville tous les deux ou trois jours, tu ne sauras même plus quel jour nous sommes, ça va passer super vite pour toi.
- Je n'en suis pas persuadé, mais je l'espére vraiment en tous cas, dit-il songeur.
Le serveur déposant nos desserts devant nous met fin à cette discussion. Néanmoins, en degustant ma mousse au chocolat, je reste quelques minutes rêveuse à imaginer notre week-end Romain.
Une fois notre repas terminé, nous nous levons pour nous diriger tranquillement vers le bar de l'hôtel.
- Aller, ne fais pas cette tête, dis-je en pressant sa main.
- Je ne fais pas la tête mais ils sont chiants quand même ! C'est notre dernière soirée et ils s'incrustent, me répond t'il un peu boudeur.
Cette après-midi, Louka m'a envoyé un message pour me proposer de nous retrouver tous ensemble au bar de l'hôtel pour leur dernière soirée, il a même invité Ephira. J'ai tout de suite accepté, mais lorsque j'en ai parlé à Adam, il n'a pas semblé apprécié l'idée. Je le connais par cœur, il voulait juste me garder pour lui mais au final je suis certaine que cette soirée tous ensemble va faire un bien fou à tout le monde. Je pense que nous avons tous besoin de décompresser et de dédramatiser leur départ.
- Enfin ! Vous avez pris tout votre temps les amoureux, nous fait remarquer Nate en nous serrant dans ses bras, un verre à la main.
- Encore heureux ! Et s'il n'y avait que moi on resterait que cinq minutes, lui répond Adam d'un humour noir.
- Attention Aria, si tu le laisses faire il va t'enfermer dans une cage dorée, lance Nate à mon intention.
- Mais non, ne t'en fais pas pour moi, je sais me défendre, répondis-je rieuse.
Nous prenons tous une coupe de champagne et trinquons en l'honneur de leur tournée. Je dois bien avouer que les trois coupes dégustées pendant le dîner ajoutées à celle que je suis entrain de boire commencent à me donner un peu chaud et me faire devenir guillerette. Je ne bois presque jamais donc forcément, quatre coupes dépassent largement ma capacité d'absorption. Visiblement, je ne suis pas la seule, les garçons ne nous on pas attendu pour commencer, seul Adam semble tout à fait sobre.
Une heure plus tard, tout joyeux et chantonnant, nous nous dirigeons vers la discothèque de l'hôtel afin de danser un peu.
Une fois sur la piste, je motive Adam à danser avec moi et peu à peu je vois qu'il se détend, au plus grand plaisir de tout le monde.
Les heures passent à une vitesse folle et nous sommes toujours en train de nous déchainer sur la piste, de s'amuser et de tout simplement profiter de l'instant présent. Un instant, je les observe tous et me remémore toutes les soirées comme celle-ci que nous avons passé ensemble à New-York il y a deux ans, ça me donne le sourire aux lèvres et l'envie que cette soirée ne se termine jamais.
- Je n'ai pas envie que tu partes, chuchotais-je à l'oreille d'Adam, les bras noués autour de sa nuque alors que nous dansons l'un contre l'autre sur ce qui semble être un slow.
- J'ai pas envie de partir, me répond t'il en resserrant son étreinte.
Il est déjà trois heures du matin et je n'ai aucune envie de dormir, j'ai envie de profiter de chacun des moments qu'il nous reste avant leur départ. Les garçons semblent de mon avis et commandent à nouveau une tournée de champagne. Nous trinquons une énième fois et tout le monde est de bonne humeur, tout le monde rigole et se taquine, c'est exactement comme dans mes souvenirs et je suis heureuse de toucher à nouveau à ce bonheur tout simple. Ces petits instants de partage avec les gens qu'on aime sont ce qu'il y a de plus important, et selon moi, il ne faut pas grand chose d'autre pour être heureux, c'est ce qu'il me manquait ces deux dernières années.
Je décide d'accompagner Louka fumer une cigarette, comptant bien profiter de ces quelques minutes seule avec lui pour lui demander de veiller sur Adam en mon absence. Au final, je suis surtout là pour l'aider à tenir debout.
- C'est terminé les coupes de champagne ! Tu en as bu combien sérieusement ? Tu tiens à peine debout lui fis-je remarquer en agrippant son bras pour l'empêcher de vaciller.
- Je savais que j'aurai dû manger, dit-il pour se justifier.
- C'est ça oui, tu aurais surtout dû éviter de boire deux coupes à chaque fois que tout le monde n'en prenait qu'une seule, dis-je pour le réprimander.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, lance t'il on ne peut plus sérieusement, ce qui me fit perdre mon air sérieux et rire avec lui.
- Et bien voilà ! Tu es bien plus belle quand tu ris que quand tu m'engueules tu sais.
- Sans rire ? Allez, dépêche-toi de finir ta cigarette, j'irai te chercher un grand verre d'eau.
- Tu sais motiver les gens toi, fit-il remarquer en faisant exprés de fumer encore plus lentement que quelques secondes plus tôt.
- Je vois que t'es toujours aussi chiant ! Lui fis-je remarquer en tapant gentiment sur son épaule.
- Et toi toujours aussi rigide, répond t'il moqueur.
- Très drôle, dis-je en le lâchant volontairement pour qu'il perde l'équilibre. Après quelques vacillements il s'agrippe de nouveau à mon bras et prend un air étrangement sérieux.
- Aria, fais quand même attention à toi s'il te plaît, je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose, dit-il en me regardant droit dans les yeux, l'air grave.
- Bien sûr que je fais attention à moi, qu'est ce que tu me fais là ? Il faut vraiment que tu arrêtes les coupes toi ! Dis-je surprise par sa requête.
- Non mais je ne rigole pas Aria, dit-il insistant.
- Mais moi non plus Louka, pourquoi est-ce que je ne ferai pas attention à moi ? Demandais-je perplexe.
- Ce n'est pas toi, c'est Adam, il est pas tout rose tu sais, je voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de lui, dit-il difficilement, à nouveau envahit par l'ivresse.
- Quoi ? Comment ça il n'est pas tout rose ? Pourquoi voudrais-tu qu'il m'arrive quelque chose à cause de lui ? Lui demandais-je en tentant de capter à nouveau son regard qui semble se perdre dans le vide, sans succès.
Je n'ai pas eu le temps d'obtenir une réponse qu'Adam fit irruption dans la pièce.
- Tout va bien ? Ça fait un moment que vous êtes partis, je commençais à m'inquiéter, dit-il en scrutant Louka.
- Oui, il est juste complétement naze, il tient à peine debout, je pense qu'on ferait mieux d'aller le coucher, dis-je en lui faisant signe de m'aider à le soutenir.
Finalement, tout le monde décide de mettre fin à la soirée et d'aller profiter des dernières heures avant le départ pour se reposer un peu et récupérer de ces quelques verres en trop. Une fois Louka couché, Adam et moi regagnons sa chambre. Je me glisse rapidement sous les draps et me colle immédiatement à lui, profitant de cette proximité encore autant que possible.
- A tout à l'heure, dis-je en lui déposant un baiser dans le cou.
Adam resserre son étreinte et je sais au rythme de sa respiration qu'il est déjà en train de tomber dans un profond sommeil. Je cale ma tête sur l'oreiller, passe mon bras autour de sa taille et ferme les yeux, mais alors que je pensais m'endormir en quelques instants, les dernières paroles de Louka résonnent en moi.
« Ce n'est pas toi, c'est Adam, il est pas tout rose tu sais, je voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de lui »
Qu'entendait-il par là ?
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