Chapitre 27, Aria
27
Aria
« Flash-back »
J'ai dis oui, aussi fou et improbable que cela puisse paraître, j'ai accepté de rester vivre â New-York. J'ai moi même du mal à le réaliser et lorsque notre avion s'envole pour regagner New-York, je ne peux m'empêcher de me demander si ce projet complètement fou est vraiment réalisable. J'en ai vraiment envie, mais je suis morte de peur. Allons nous réussir à subvenir à nos besoins jusqu'à mes 18 ans ? Vais-je réussir à intégrer l'école de L'American Ballet Theatre ? J'aimerai y croire mais je ne peux m'empêcher de songer à Elisabeth et à tout ce dont elle serait capable de faire pour m'en empêcher, ce qui m'oblige à garder une certaine réserve et à ne pas me réjouir trop vite.
Pourtant, j'en crève d'envie.
La perspective d'un avenir à New-York aux côtés d'Adam est loin d'être celle qui était prévue il y a encore quelques semaines, mais au moins c'est la mienne, ce qui lui confère une valeur inestimable. La simple idée de rester ici, de vivre ma vie, de suivre mes rêves, de faire mes propres choix et tout ça aux côtés de l'homme dont je suis folle, c'est évidemment très attirant.
Qui ne le voudrait pas ?
J'ai envie d'y croire, j'ai envie de me dire que tout cela est possible, qu'Adam et moi allons rendre ce souhait réalisable. Je n'ai pas envie de penser à Elisabeth, je n'ai pas envie de penser à tout ce qui pourrait se mettre en travers de notre chemin. J'ai simplement envie de me dire que nous allons y arriver, je ne sais pas encore comment, mais je veux y croire.
Je décide donc de chasser toutes mes mauvaises pensées et me concentre sur le film qui semble attirer toute l'attention d'Adam. Je pose ma tête sur son épaule et inhale son odeur qui me rassure chaque fois que je suis angoissée. Je ferme les yeux, minute après minute je sens mon esprit devenir brumeux et ma conscience s'évanouir pour plonger dans un profond sommeil où seules quelques images d'Adam et moi, marchant main dans la main dans West Village tels de vrais New-Yorkais s'insinuèrent.
- Aria ! on est arrivés !
La légère pression de la main d'Adam sur la mienne acheva de me réveiller. Je mis quelques secondes à reprendre mes esprits et à comprendre que nous devions descendre de l'avion. L'atterrissage ne m'a même pas réveillé, ce qui je dois dire est un exploit ! Je ramasse mes affaires et me lève pour suivre Adam dans la petite allée centrale de l'avion afin de regagner le terminal de l'aéroport. Une fois arrivés, nous nous dirigeons vers la douane où nous devons nous séparer. Adam étant de nationalité Américaine, passe un simple contrôle de routine, quant à moi je dois faire vérifier mon passeport, mon visa, mon autorisation de sortie de territoire et répondre à quelques questions.
Tout en patientant que mon tour arrive, je me suis remise à penser à vive allure et à tenter de tout analyser, je sais, c'est épuisant. Je n'y avais pas pensé, mais je vais avoir besoin d'un visa pour rester ici. Si tout se déroule comme prévu, je devrais obtenir un visa étudiant grâce à l'école, mais je crains qu'Elisabeth ne doivent donner son accord. Une nouvelle fois, je commence à m'angoisser. Il n'y a rien à faire, je n'arrive pas à tout prendre à la légère, à vivre au jour le jour et à laisser les choses venir sans m'en préoccuper. J'ai besoin de tout savoir, de tout contrôler, c'est plus fort que moi.
Lorsque je retrouve Adam, il a déjà récupéré nos valises, nous nous dirigeons donc vers le parking pour retrouver sa veille Cadillac rouge. Je fais tout mon possible pour masquer mes angoisses et étonnamment, ça semble fonctionner. Le sourire aux lèvres depuis la veille au soir, Adam semble être sur un petit nuage, il ne prête guère attention à tout ce qui se passe autour de lui. Lorsqu'il tourne la clef pour faire rugir le moteur, je ne peux détacher mon regard de lui, ce qu'il finit par remarquer.
- Qu'est ce qu'il y a ? J'ai un bouton sur la joue ? Demande t'il en passant machinalement un doigt sur sa joue, ce qui me fit immédiatement rire.
- Mais non idiot, je reste simplement stupéfaite devant ce sourire béat que tu affiches depuis hier soir, tu n'as pas de crampe à la longue ?
- Très drôle ! Je suis simplement heureux, tu devrais essayer pour voir, dit-il accompagné d'un petit sourire en coin, tout en s'insérant dans la circulation pour regagner Manhattan.
- Toi aussi tu es très drôle dis-moi ! Je suis heureuse figures toi ! Dis-je en croisant mes bras sur ma poitrine.
- Ravi de l'entendre, et est ce que j'y suis un tout petit peu pour quelque chose ? Lance t'il le regard à la fois amusé et on ne peut plus sérieux.
- Peut-être bien, qui sait ? Dis-je en haussant les épaules théâtralement.
- Peut-être bien ? Si tu crois que je vais me contenter d'un « peut-être bien » tu te trompes royalement !
- Et bien il faudra t'en contenter pour aujourd'hui car je ne te ferais pas le plaisir de te dire ce que tu souhaites entendre, dis-je en haussant un sourcil.
- Ça m'aurait étonné, lance t'il en riant.
Nous avons continué à nous taquiner jusqu'à ce que nous soyons arrivés sur l'île de Manhattan où la circulation nous empêche d'avancer à plus de 20 km/h. Je regarde le paysage défilé par la fenêtre, me disant que je pourrais bien m'habituer à ce décors, que je pourrai même aimer vivre ici. Broadway et l'art, Times square et ses lumières, West village et ses petites maisons nichées en haut de grands escaliers, le pont de Brooklyn et sa vue splendide, tout cela pourrait devenir « chez moi » et je dois bien avouer que plus j'y pense, plus je le désire. Bien sûr, je ne peux m'empêcher de songer à tout ce que j'abandonnerai à Paris. Mes amis, mes habitudes, mon école, mes professeurs, mais surtout, l'atelier de ma mère. Ce dernier me tient à cœur bien plus que n'importe quoi d'autre, me dire que je ne pourrai plus m'y rendre dés que le besoin s'en fait sentir, dés que je dois prendre une décision importante, dés que je ressens le besoin de me retrouver, c'est difficile à imaginer.
- Tu rentres avec moi où tu veux aller à l'internat ? M'interrompt Adam, mettant ainsi fin au flux incessant de mes interrogations.
- A l'internat. Après ce que j'ai dis à Elisabeth, je suis certaine qu'elle va appeler ce soir pour savoir si je suis bien là, il vaudrait mieux que j'évite de la contrarier, surtout si on veut mettre notre plan à exécution.
- Tu as raison, il vaut mieux essayer de bien faire les choses.
- Demain je vais en cours, je finis à 17h, si tu veux on se retrouve après, on mange ensemble et ensuite je devrai rentrer pour le couvre feu à 22h.
- C'est vraiment une prison cet internat ! Lance t'il, agacé de ne pas pouvoir passer toutes ces soirées avec moi.
- Il vaut mieux ne pas passer les soirées de cette semaine ensemble, pour qu'Elisabeth ne débarque pas ici et pouvoir profiter de toutes les soirées qui vont suivre.
- Oui, je sais que c'est plus sage, mais ça m'énerve quand même !
- Ça va passer vite, tu verras !
C'est sans grand enthousiasme qu'Adam m'a laissé devant les portes de l'internat. Je dois bien avouer qu'en voyant la voiture s'éloigner, j'ai moi aussi senti se profiler un petit coup de blues. Après ce week-end fabuleux et riche en émotion, je me sens tout à coup très seule.
J'ouvre la porte, fais un signe de tête en direction de la surveillante et me dirige vers les escaliers. Je monte au deuxième étage et une fois devant ma porte, je glisse ma clef dans la serrure et le tourne afin de déverrouiller la porte.
- Aria ! Hurle Éphira en me sautant au cou.
- Ephi ! Bon sang, tu m'as fait peur ! Dis-je après avoir fait un bond.
- Désolée ! J'attendais ton retour avec impatience ! lance t'elle toute excitée.
- Ah bon ? Pourquoi ? Dis-je innocemment.
- A ton avis ! Pour tout savoir ! Racontes moi tout, je veux tous les détails ! C'est quoi cette histoire de week-end improvisé ?
- Adam m'a fait la surprise, on est parti à Naples, en Floride.
- Sérieusement ? Vous avez pris l'avion ? Dit-elle abasourdie.
- Oui, il faut que je te montre des photos de l'hôtel, c'était sublime, le coucher de soleil était à couper le souffle, dis-je en sortant mon téléphone pour lui montrer les quelques clichés que j'avais pris.
- J'hallucine ! Pourquoi ça ne m'arrive jamais à moi ? Moi aussi je veux un mec qui me kidnappe trois jours pour m'emmener sur un petit paradis ! Ce n'est pas juste ! Dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine, faisant mine de bouder.
- Ça t'arrivera aussi, j'en suis sûr !
- Je n'en suis pas si certaine, mais bon, je vais le vivre à travers toi ! Je veux tout savoir dans les moindres détails ! Répond t'elle en riant.
Les heures défilent sans que je les vois passer. Assise chacune sur notre lit, je lui raconte mon week-end et me confie à elle comme jamais je ne me suis confiée à personne. J'ai très peu d'amies fille en France, je suis plus proche des garçons. A l'école, la rivalité est le maître mot, laissant très peu de place à l'amitié. Je dois bien avouer que ça fait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler, à qui confier mes doutes, avec qui partager mon bonheur. Je n'aurai jamais pensé qu'Èphira deviendrait cette personne. Pourtant, malgré nos différences, nous nous sommes énormément rapprochés depuis le début du stage.
- Éphi, je dois t'avouer quelque chose, dis-je hésitante.
- Quoi encore ? Il ne t'a pas demandé en mariage quand même ? Dit-elle pour se moquer.
- Non mais ça ne va pas ? Dis-je en riant à mon tour.
- Bon aller, craches le morceau !
- Il m'a demandé de rester...
- Comment ça ? De rester ici à New-York, genre pour toujours ?
- Oui, c'est dingue non ?
- Plutôt oui ! Ce mec est fou ! Dit-elle en partant dans un énième fou rire. Même si j'adore sa spontanéité et ses rires incessants, je dois dire qu'a cet instant, je suis un peu gênée.
- Tu sais ce qui est encore plus fou ? J'ai dis oui ! Finis-je par lâcher.
Un blanc. Quelques minutes de silence et les yeux d'Èphira écarquillés et rivés sur moi, voilà exactement la réaction que j'attendais.
- Tu peux répéter ? Finit-elle par dire, ironique.
- Ça va, ce n'est pas non plus si surprenant que ça !
- Tu rigoles ? lance-t-elle en faisant mine de s'étouffer. Toi, Aria, la nana qui contrôle tout, qui prévoit tout, qui organise tout sur des années, qui déteste l'imprévu, l'inconnu, tu as accepté de rester vivre aux Etats-Unis avec un mec que tu viens à peine de rencontrer ? Même moi je ne l'aurai pas fait ! Alors un peu que c'est surprenant ! T'es complétement cinglée oui !
Cette fois, c'est moi qui suis partie dans un fou rire incontrôlable. L'angoisse, les doutes, les nerfs qui lâches, quoi qu'il en soit, je n'arrivais pas à m'arrêter. Ephira n'a pas tardé à me rejoindre et nous avons mis environ 10 minutes à retrouver notre respiration.
- Bon d'accord, c'est vrai que c'est surprenant de ma part. J'ai des doutes, c'est certain. J'ai la trouille aussi, une sacrée trouille. Mais j'en meurs d'envie Éphi, vivre ma vie, faire mes propres choix, rester avec Adam, danser comme je le souhaite, j'en rêve ! C'est le moment ou jamais de sauter le pas !
- Je ne connais pas beaucoup cet Adam mais ce dont je suis certaine, c'est qu'il est fou de toi, ça se voit à des kilomètres, et ça a l'air d'être un mec bien. De ce que tu m'as raconté sur ta vie à Paris, je comprends que ça soit tentant, je ne te dirai pas de ne pas le faire, toi seule sait ce qui est bien pour toi. La seule chose que je peux te dire, c'est de suivre ton cœur !
- C'est justement ce que je compte faire, pour une fois dans ma vie, je veux laisser parler mon instinct et laisser ma conscience de coté !
- Alors fonce ! Mais saches que tu m'emmerdes quand même ! Moi qui comptais sur toi à notre retour à Paris pour tenir le rôle de meilleure amie, je vais devoir te trouver une remplaçante maintenant !
- Certainement pas ! Tu connais skype ? Le téléphone ? L'avion ? Les vacances ? Dis-je en riant.
- Bon d'accord, mais tu auras une période d'essai, histoire d'être certaine que tu ne vas pas me zapper au bout de deux semaines avec ton bel apollon !
- Marché conclu dis-je en lui tendant la main pour sceller cet accord.
Après avoir passé la soirée à papoter, à rire, à refaire le monde et à se raconter nos rêves, nous nous glissons chacune sous la couette de notre lit. Avant d'éteindre ma petite lampe de chevet, je saisis mon téléphone pour envoyer un message à Adam.
« Tu me manques déjà, à demain. »
« Fin du flash-back »
Durant le repas, Adam était là sans être là. Quelque chose semble vraiment le préoccuper mais il n'est visiblement pas disposé à m'en parler. Avant, on se disputait toujours pour ce genre de choses. Lui comme moi ne sommes pas de grands bavards et vous avons toujours eu quelques problèmes de communication, il n'a jamais été aisé pour nous de se confier. Ce soir je n'ai pas envie de lui tirer les vers du nez, je n'ai pas non plus envie de me disputer avec lui, je décide donc de faire comme si je n'avais rien remarqué. Après les discussions que nous avons eu ces derniers jours, notamment sur l'importance d'une bonne communication dans notre couple, j'estime que c'est à lui de m'en parler sans que j'ai à le forcer. Je décide donc de ne pas trop m'inquiéter et pour une fois, de lui faire confiance. Si c'est important et si ça me concerne, il m'en parlera.
Je bataille pour régler la note du restaurant, insistant sur le fait qu'il s'agit de ma surprise et que c'est moi qui l'ai invité, ce qu'il finit par accepter non sans un brin d'exaspération.
Lorsque nous regagnons la voiture, je remarque qu'un froid s'est installé entre James et Adam. Je lance quelques regards interrogateurs à ce dernier qu'il évite maladroitement. Le trajet se fait dans un silence de mort, si bien que je commence à me demander si je fais bien de rentrer à l'hôtel avec lui plutôt que de regagner mon appartement. Après tout, si c'est pour passer une fin de soirée merdique sans même savoir pourquoi, je préfère encore être chez moi.
Lorsque nous sortons de la voiture, toujours sans un mot, je commence à être vraiment agacée. Nous franchissons les portes de l'entrée de service et nous traversons le hall de l'hôtel. Attendant devant l'ascenseur que ce dernier arrive, je repère les garçons assis au comptoir du bar de l'hôtel.
- Adam tu as vu ? Les garçons sont au bar ! Je vais leur dire bonjour ! Dis-je en m'élançant sans même attendre sa réponse.
Je me dis que si moi je ne parviens pas à le sortir de ses pensées visiblement très envahissantes, les garçons y parviendront peut-être. Un verre entre amis ne peut jamais faire de mal !
- Aria ! Comment vas-tu ? Me demande Louka en m'enlaçant.
- Très bien et toi ? Dis-je en lui rendant son accolade.
Je fais également la bise à Mickael et Nate avant de prendre place sur un tabouret. Ce n'est qu'après m'être installée que je remarque qu'encore une fois, un silence de mort a pris possession de la pièce. Adam ne dit pas un mot, les garçons regardent leur verre, et moi je semble être la seule à me demander ce qu'il se passe. Puis, après quelques secondes de réflexion, je pense avoir compris.
- Ne me dites pas que vous vous êtes disputés ? Dis-je pour crever l'abcès.
- Pas du tout, me répond Adam en essayant de ne pas paraître gêné et surtout moins agacé.
- Bon allez, dites-moi ce qu'il se passe, je vois bien que quelque chose ne va pas !
- Mais tout va bien, ne t'inquiète pas, tente de me convaincre Adam.
- Ne me prends pas pour une idiote Adam, tu sais que je déteste ça, dis-je maintenant franchement agacée.
- Bon, d'accord, nous avons eu un petit désaccord professionnel aujourd'hui, ça arrive, ça ira mieux demain.
- Un petit désaccord, c'est comme ça que tu l'appelles ? Lance Louka visiblement en colère.
- Louka, ce n'est ni le lieu, ni le moment pour reparler de ça, répond fermement Adam.
- Ca t'arrange bien n'est ce pas ?
- Louka ! Lance Adam pour le faire taire.
- Je me casse, répond ce dernier en descendant de son tabouret avant de se diriger vers les ascenseurs.
Ne comprenant rien, je me tourne vers Nate et l'interroge du regard mais ce dernier me fait signe de laisser tomber. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre Adam et Louka mais je sais que ça ne durera pas. Ils se disputent tout le temps, les deux autres ne les appellent pas « les gonzesses du groupe » sans raisons. Ils sont souvent en désaccord, ils ont tous les deux un très fort caractère mais ils s'adorent, je ne me fais donc aucun souci pour eux. Je suis rassurée de voir que ce qui préoccupait Adam n'était qu'une dispute avec Louka, je comprends que ça puisse le perturber mais je sais aussi qu'ils vont se réconcilier dés demain, ils n'ont jamais tenu plus de deux jours à se faire la tête.
Même si je suis rassurée, une fois dans l'ascenseur, je me peux m'empêcher d'aller à la pêche aux infos.
- Qu'est-ce que Louka à bien pu faire pour t'énerver autant ?
- Rien en particulier, c'est juste qu'il n'est jamais d'accord avec ce que je dis ou ce que je fais et qu'il ne peut pas s'empêcher de se mêler de mes affaires ! Et tu sais comme ça m'énerve quand il fait ça ! Répond-t-il visiblement agacée par ma question.
- D'accord, c'est vrai que Louka est parfois un peu envahissant, mais tu sais bien qu'il est comme ça uniquement parce qu'il tient à toi ! Il a toujours été très protecteur avec toi.
- Oui et bien justement, j'aimerai bien qu'il soit un peu moins envahissant et qu'il s'occupe un peu plus de ses affaires, lance t'il sèchement.
Je décide de ne rien répondre, je vois bien que ça ne servirait à rien. Lorsque nous pénétrons dans sa suite, je me dirige immédiatement vers la salle de bain pour prendre une douche. Je m'enferme et me glisse sous le jet d'eau brulant qui me fait un bien fou. Je mentirais si je ne disais pas que cette fin de soirée n'est pas vraiment celle que j'attendais. Elle avait pourtant si bien commencé. Même si Adam semblait un peu ailleurs, surtout au restaurant, cette soirée est pour moi extrêmement importante. Je lui ai enfin dévoilé l'existence de l'atelier de ma mère, j'ai partagé avec lui l'une des choses les plus importantes à mes yeux. Je suis donc un peu déçue qu'elle se termine ainsi.
N'ayant guère envie de retrouver ce silence pesant, je m'éternise sous l'eau. Lorsque je décide enfin à sortir, je suis surprise par une petite table dressée au milieu du petit salon.
- On a déjà mangé, tu es au courant ? Tu étais un peu ailleurs, certes, mais si tu n'as pas remarqué je pense qu'il faut appeler un médecin, dis-je en m'approchant de la table.
- Je suis au courant, mais je suis un gros nul, alors accepterais-tu de prendre un petit dessert avec moi pour que je puisse me faire pardonner ? lance t'il timidement.
Je souris instantanément devant sa petite bouille adorable, on dirait un enfant qui fait les yeux doux à ses parents pour ne pas se faire punir après avoir fait une vilaine bêtise. Je m'approche plus prés de la table pour observer ce qui s'y trouve avant de me tourner à nouveau vers lui.
- De la mousse au chocolat ? Vraiment ? Tu essaie de m'avoir par les sentiments là ! Ce n'est pas du jeu ! Dis-je en faisant mine d'être choquée pour le fait rire, ce qui eu l'effet escompté.
- Pas du tout, je veux juste te faire plaisir, dit-il faussement innocent.
- Tu penses vraiment que je vais gober ça ?
- Tout à fait !
- Bon, je vais faire semblant pour cette fois et savourer cette merveilleuse mousse au chocolat, mais ça ne se reproduira pas ! Dis-je en souriant tout en m'installant à table.
Adam prend place en face de moi et me tend une petite cuillère. Il débouche la bouteille de champagne qui reposait dans le sceau à glace et nous sert une coupe. Lorsque j'enfourne la première cuillère de mousse au chocolat dans ma bouche, je fonds. Adam explose de rire et le rose me monte aux joues.
- Mais quoi ? Elle est incroyable cette mousse ! Je n'y peux rien moi ! Comment se fait-il que personne ne m'ai dit de venir ici ?
- Parce que personne d'autre ne sait à quel point tu aimes la mousse au chocolat.
- Ce n'est pas faux, dis-je en lui souriant.
Après avoir savouré notre dessert et bu notre coupe, nous décidons de nous poser sur le balcon de la chambre. Il est presque une heure du matin mais aucun de nous deux ne souhaite aller se coucher. En cette saison, il fait encore bon et seule une légère brise nous permet de respirer. Allongés sur le même transat, nous admirons les étoiles.
- Je suis désolé Aria, pour tout à l'heure. Ce n'était pas contre toi que j'étais énervé.
- Je le sais, ne t'inquiète pas, tu en voulais à Louka, je l'ai bien compris.
- A louka mais pas seulement, je m'en voulais aussi à moi... Dit-il hésitant.
- Ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas.
- Tu ne comprends pas, je m'en veux beaucoup, je ne sais pas comment me faire pardonner, j'ai fais quelque chose de vraiment ...
- Je comprends Adam, je t'assure, dis-je en lui coupant la parole. Ça arrive à tout le monde, je ne t'en veux pas du tout, mais si tu veux bien j'aimerai qu'on passe à autre chose. Tu pars dans deux jours et je ne veux pas passer une seule seconde de plus à parler de choses déplaisantes.
- Mais...
- Chut ! Je veux profiter de toi chaque seconde, c'est tout ce qui compte pour moi ! Tu n'es pas d'accord ?
- Si bien sûr, c'est juste que...
- C'est juste que rien du tout, le coupais-je une nouvelle fois, je me fiche de la raison pour laquelle Louka était en colère, ces deux prochains jours je veux qu'on ne pense qu'a nous, d'accord ? Vous aurez tout le temps de régler vos problèmes ensuite. Marché conclu ?
- D'accord, finit-il par répondre après quelques secondes de réflexion. Tu as raison, profitons de ces deux jours comme il se doit, c'est le plus important, le reste peut attendre.
Enlacés, nous sommes restés dehors jusqu'à environ trois heures du matin à discuter, de nous, de la tournée, de tout. Même si l'avenir semble flou et même si tout est à faire, je suis persuadée que cette fois, nous parviendrons à construire un avenir ensemble. Ça ne sera pas simple, ça non, mais je sais que nous pouvons y arriver.
- Tu te souviens du soir où tu avais accepté de rester avec moi à New-York ? Demande t'il d'une voix douce, trahissant un brin d'émotion.
- Comme si c'était hier, dis-je en visualisant la scène.
- Je nous revois sur cette plage à Naples, tu portais une magnifique robe bleue, on venait tout juste de s'engueuler, comme d'habitude. Puis, je ne sais comment, tu as fini par dire « je reste ». C'était le plus beau jour de ma vie. Je n'avais jamais ressenti de joie si intense.
- Moi aussi, je me rappelle que mon cœur battait la chamade, que je sentais mon sang se décharger dans mes veines. Mes oreilles bourdonnaient, je n'avais jamais rien fait de tel. J'étais angoissée, excitée, impatiente, heureuse et morte de trouille en même temps, mais bon sang ce que ça faisait du bien. Je me sentais vivante.
- Quand on y repense, on était complétement fou. C'est dingue ce qu'on était naïf.
- Ça aurait pu marcher, j'en suis convaincue. Si les choses avaient été autrement, si ma vie avait été différente, ça aurait pu marcher.
- Peut-être, on ne le saura jamais. A ton avis, comment seraient nos vies à présent si on avait réussi à mettre notre plan à exécution ?
- Je ne sais pas, peut-être qu'on serait ici, exactement au même endroit, au même moment, parce que je t'aurai accompagné pour ta tournée. Peut-être que ça n'aurait pas marché, parce qu'on était trop jeunes, trop immatures. Qui sait ?
- Moi je pense que ça aurait marché, dit-il songeur, il n'aurait pu en être autrement.
- On ne sait pas, on ne le saura jamais. Mais je pense que rien n'arrive par hasard, peut-être que c'était ça notre destin ? êtres séparés pour mieux se retrouver ?
- Tu le penses vraiment ? Moi je ne pense pas que ça soit un coup du destin, je pense que pendant deux ans nous n'avons pas pu vivre notre vie comme nous l'aurions du, notre amour, parce que quelqu'un s'est justement mise en travers de notre chemin.
- C'est vrai aussi. Il y a eu tellement de choses Adam, nous n'aurons jamais toutes les réponses. Maintenant le plus important, c'est de nous concentrer sur l'avenir que nous voulons construire ensemble. Aujourd'hui plus personne ne peut se mettre en travers de notre chemin, si ça ne marche pas, ça sera uniquement de notre faute. C'est à nous de faire en sorte que ça marche.
La main d'Adam caresse délicatement mes cheveux et je sens ses bras se serrer autour de moi. Je ferme les yeux un instant et savoure le moment. Il n'y a aucun autre endroit au monde où je me sente plus en sécurité, je sais qu'a ses côtés, il ne peut rien m'arriver.
- Ça ne dépend que de nous, dis-je en m'endormant.
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