Chapitre 23, Aria

23
Aria

« Flash- Back »

Adam gare sa voiture devant mon internat et je saute rapidement hors de la voiture. Je passe la porte d'entrée sans même prendre le temps de jeter un regard à la gardienne, soucieuse qu'Élisabeth ai déjà passé un coup de téléphone suite à mes absences à l'école. Je me précipite vers ma chambre où je me dépêche de mettre quelques affaires dans un sac avant de laisser un mot sur le lit d'Èphira pour la prévenir et lui demander de me couvrir autant qu'elle le pourra. Une fois cela terminé, je sors rapidement et retrouve Adam dans la voiture.

-       Et bien ! Ceux qui disent que les femmes ne savent pas se préparer rapidement, c'est qu'ils ne t'ont pas rencontré, me lance t'il rieur.

-       Honnêtement, je ne me prépare pas si vite d'habitude, mais j'ai eu peur que la gardienne m'empêche de partir sous les ordres d'Elisabeth, dis-je essoufflée d'être allée si vite.

-       Tu penses vraiment qu'elle ferait ça ?

-       Oh que oui, et même pire encore, tu peux me croire.

-       Décidemment, de ce que tu m'en dis cette Élisabeth n'a pas l'air très commode.

-       C'est le moins que l'on puisse dire, dis-je en grimaçant.

-       En tous cas, personne ne t'a empêché de venir, tu peux te détendre maintenant. Je veux que ces trois jours te permettent de souffler un peu, promets-moi de ne pas penser à elle et de ne pas angoisser tout le séjour ?

-       Promis, je vais essayer. Crois-moi, je suis la première à souhaiter être capable de faire ça !

-       Tu en es capable, j'en suis sur. C'est ta vie, elle n'appartient qu'a toi, tu en es maître, ne l'oublies jamais.

Je lui réponds d'un sourire timide et tourne mon visage vers la fenêtre pour observer le paysage qui défile et ainsi me perdre quelques instants dans mes pensées.  Maître de ma propre vie, ça paraît si normale, si logique et pourtant, c'est bien plus compliqué que ça en à l'air.

Lors de notre naissance, nous dépendons totalement des autres, pour prendre soin de nous mais aussi pour notre survie, pour nous alimenter, nous hydrater et pour toutes ces choses que nous sommes incapables de faire nous mêmes. Puis nous grandissons, alors certes je n'ai pas grandi comme les autres enfants, je suis partie très tôt chez Élisabeth et ses exigences sont peut-être plus élevées que la moyenne. Mais dans tous les cas, tous les enfants dépendent de leurs parents ou d'une personne détenant l'autorité, on doit faire ce qu'ils nous demandent et ainsi est la vie de tous les enfants. Puis, presque du jour au lendemain, sans crier garde, on nous dit de vivre notre vie, de prendre nos propres décisions, d'être « maître » de nos vies comme l'a si bien dit Adam. Ce, alors que nous n'avons jamais eu l'habitude de faire nos choix seuls et de vivre comme bon nous semble.

Alors non, ce n'est pas si simple que ça.

-       A quoi tu penses ? Me demande Adam, interrompant le fil de mes pensées.

-       A rien, j'étais juste ailleurs.

-       Aria la mystérieuse est de retour ! Lance t'il rieur .

-       Pardon ? Et toi alors ?

-       Moi ? Mystérieux ? Répond t'il l'air faussement offusqué.

-       Dis-moi où nous allons dans ce cas ! Dis-je, défiante.

-       Tu penses vraiment m'avoir comme ça ? Il va te falloir un peu plus d'entraînement si tu veux mon avis !

-       Mais allez, s'il te plaît ! Ce n'est pas cool !

-       Même sous la torture je ne dirais rien !


Faisant mine de bouder, je croise mes bras sur ma poitrine et le regarde en faisant des yeux de biche, tentant par tous les moyens de le faire craquer. Les dernières minutes de notre trajet se sont déroulées ainsi, il n'a même pas consenti à me donner un tout petit indice. Lorsqu'Adam se gare, je tourne enfin mon regard vers la fenêtre et je réalise avec stupéfaction que nous sommes à l'aéroport.

-       A l'aéroport ?! Dis-je les yeux écarquillés, mais où est-ce qu'on va ?

-       Tu verras bien, encore quelques minutes de patience !

Nous descendons de la voiture, Adam ouvre le coffre et y récupère nos petits bagages avant de s'engager dans l'allée qui mène à l'intérieur de l'aéroport. Je le suis, pensive. Je commence tout de même à me demander si j'ai bien fait de lui faire confiance aveuglement, je commence même à avoir une petite appréhension.

Qui dit Aéroport dit Avion, qui dit Avion dit distance tout de même assez conséquente. Suis-je folle de suivre un homme que je connais à peine, je ne sais où, dans un pays qui déjà à la base n'est pas le miens ? Dis comme ça, je commence à me trouver complétement irresponsable, ce qui commence à me faire hésiter. Adam remarque que quelque chose ne va pas et s'arrête pour me faire face.

-       Hey ! Tout va bien ? Tu fais une drôle de tête ! Me dit-il, inquiet.

-       Oui ça va, c'est juste que je ne suis plus très sûre de vouloir faire ça, dis-je gênée.

-       Si tu ne veux pas le faire, il n'y a aucun souci, j'annule tout. Il n'y a aucune obligation. Je pensais juste que ça te ferait plaisir de découvrir une autre ville que New-York, mais on peut aussi rester ici, ça me va tout à fait, dit-il calmement.

Ses propos me rassurent immédiatement. Bien évidemment un fou qui aurait voulu me kidnapper aurait dit exactement la même chose pour faire taire mes soupçons, je le sais bien,oui, je regarde beaucoup la télé ! Mais honnêtement, je sens que je peux avoir confiance en lui. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais c'est ainsi, je sais qu'a ses côtés, je ne crains rien, bien au contraire. Rassurée, je sourie enfin et me remets à marcher.

-       Aria, tu es sûre ? Me demande t'il hésitant.

-       Oui, tu as raisons, c'est super de pouvoir visiter une ville que je ne connais pas et c'est tout aussi bien de passer ces trois jours en dehors de New-York, dis-je à présent convaincue.

-       Je ne veux pas que tu te forces, si tu ne le sens pas, on reste ! Dit-il en s'arrêtant à nouveau, tout en saisissant mon poignet pour m'obliger à faire de même.

-       Je ne me force pas, je t'assure ! J'ai juste eu un petit moment d'hésitation, mais comme tu l'as dit tout à l'heure, je suis maître de ma vie, et là j'ai envie de partir avec toi, alors allons-y !

Après m'avoir observé quelques secondes afin d'être certain que j'étais bien sûre de Moi, il se décide enfin à se remettre à marcher .

-       Dans ce cas, c'est parti ! Dit-il en entrelaçant nos doigts.

Nous marchons encore quelques mètres avant de nous arrêter devant le panneau d'affichage indiquant toutes les informations relatives aux prochains départs.

-       Alors, à ton avis, où est-ce que nous allons ?

Je parcours alors la liste des différentes destinations affichées. La France, La Chine, L'Australie sont des destinations que j'élimine d'office, en trois jours, ça me semble impossible. Je jette alors mon dévolue sur les différentes villes américaines présentes sur la liste. Boston, Philadelphie, Naples, Chicago.

A vrai dire, je n'ai absolument aucune idée de ce qu'aurait pu choisir Adam. Tout d'abord parce que je n'ai absolument aucune idée de la distance entre New-York et ces villes, je ne peux donc dire quel choix serait le plus probable, et également parce que je ne connais absolument pas les caractéristiques propres à chacune de ces villes.

-       Aucune idée ! Dis-je perplexe, après quelques minutes de réflexion.

-       Allez, tentes ta chance ! Rigole Adam, bien content de faire ainsi perdurer le suspens.

-       Chicago ? Dis-je au hasard.

-       Perdu ! Me lance t-il, un petit sourire victorieux collé aux lèvres.

-       Bon allez, dis-moi maintenant !

-       Bon d'accord, nous partons pour Naples ! Me dit-il enfin, tout sourire.

Je reste un instant silencieuse sous le regard inquisiteur d'Adam.

-       Quoi ? Ça ne te plaît pas ? Dit-il soudain un peu anxieux.

-       Ah non ce n'est pas ça ! M'empressais-je de dire pour le rassurer. C'est juste que je ne sais absolument pas où c'est, je me sens un peu bête du coup.

-       C'est en Floride, on en a pour à peine trois heures d'avion et pourtant, tu vas être complétement dépaysée ! Arrêtes de te sentir bête ! Tu penses vraiment que je connais toutes les villes de France ? Autant te le dire tout de suite, je ne connais que  Paris ! Dit-il en riant.

-       Effectivement, je ne suis pas la pire, dis-je en riant à mon tour.


Pressée de découvrir cette ville qui selon Adam est l'une des plus belles de Floride, je le suis jusqu'à la sécurité où nous passons tous les contrôles. Heureusement, mon autorisation de sortie de territoire m'autorise également à circuler seule dans le pays.  Une fois toutes les étapes terminées, nous nous sommes installés dans la zone d'embarquement. Adam me révèle quelque uns des secrets de cette ville mystère et j'ai de plus en plus hâte d'y être. Les plages, le coucher du soleil, les dauphins,  qui ça ne ferait pas rêver ?

Je vois à son regard que mon enthousiasme lui réchauffe le cœur et ça ne peut que me rendre heureuse. Plus les minutes passent et plus je me sens vivante. Oui, je n'ai que dix-sept ans, oui, je m'apprête à partir dans une ville que je ne connais pas avec un homme que je connais peu, alors que je devrais être en train de m'entraîner d'arrache pied pour tirer un maximum de bénéfice de ce stage, et alors ? N'est-ce pas ça la vie, après tout ? Prendre des risques, suivre son cœur, vivre, tout simplement ?

Je pense que oui, c'est cela que l'on appelle « vivre sa vie », je commence seulement à en prendre conscience et je pense qu'il était temps que je me réveille, que j'ouvre les yeux sur ce monde autour de moi qui ne demande qu'a être exploré. Ce monde que je commence seulement à découvrir, grâce à Adam.

Toute ma vie, courte certes, je n'ai vu que la danse. J'ai mangé danse, j'ai dormi danse, j'ai marché danse et au final, je ne me suis jamais intéressée à rien d'autre. Je commence seulement à réaliser à quel point ma vie n'a alors tourné qu'autour d'elle. Adam m'apprend chaque jour à ouvrir les yeux sur le monde qui m'entoure, à m'intéresser à toutes ces petites choses qui peuvent sembler futiles mais qui donnent à la vie tout son charme. A travers ses yeux, je découvre tout un univers dont je ne soupçonnais même pas l'existence et pour ça, je lui en serais éternellement reconnaissante.

J'inspire un grand coup et un petit sourire se dessine sur mes lèvres.  Je pars à l'aventure, ça m'aurait fait peur il y encore quelques semaines, pas plus tard que tout à l'heure j'ai faillis me défiler et pourtant, je suis à cet instant même, persuadée de faire ce qui est juste, de suivre mon chemin, celui qui était devant moi tout ce temps et que je ne voyais pas.

L'hôtesse d'accueil appelle les passagers de notre vol à embarquer, interrompant ainsi mes songes. Adam se lève et je fais de même. Il saisit ma main et me regarde un instant, le sourire aux lèvres.

-       Prête ?

-       Tu n'imagines pas à quel point !


« Fin du flash-back »


   Lorsque j'ouvre la porte de l'appartement, je remarque qu'il est plongé dans le noir. Je me souviens alors qu'Ephira a prévu de rentrer tard, ce qui je l'admets, me file le cafard. Après cette fin de soirée écourtée et plus qu'agitée, j'aurai aimé qu'elle soit là pour lui demander son avis. Je traîne des pieds jusqu'à ma chambre, je pose mon sac à main sur une chaise puis je me laisse tomber sur le lit. Je sors mon téléphone de la poche de ma veste, en voyant que je n'ai aucun message ni aucun appel manqué, mon cœur se sert.

Je ne veux pas perdre Adam, pas une deuxième fois, je sais que je ne le supporterai pas. Je me laisse aller à penser que le suivre durant sa tournée serait peut-être la meilleure chose à faire, mais je ne peux définitivement pas me résoudre à cette idée. Je n'ai pas envie de le faire par crainte de le perdre si c'est pour par la suite, lui en vouloir et inconsciemment le lui faire payer. Evidemment, ça serait choisir la facilité. Je n'ai plus de travail, j'ai coupé les ponts avec Elisabeth, ma vie à Paris est loin d'être celle que j'aimerai avoir. Alors oui, beaucoup penseraient que c'est le meilleur moment pour partir, changer d'air et laisser mes problèmes derrière moi. Mais soyons honnête, fuir ne changera rien et quand je reviendrai, mes problèmes seront toujours là et il sera encore plus dur pour moi de les retrouver après avoir vécu deux mois comme s'ils n'existaient pas, dans une petite bulle avec Adam.

Je dois me retrouver, il faut que je prenne le temps de réfléchir à la carrière que je souhaite avoir maintenant que je ne suis plus sous l'emprise des choix d'Elisabeth. Cette nouvelle liberté m'ouvre tout un tas de possibilités, mais pour être honnête, je n'ai jamais été habituée à faire mes propres choix, je ne sais tout simplement pas par où commencer. Je dois trouver qui je suis sans Elisabeth, ce que moi je souhaite faire. Ça à l'air simple comme ça, mais ça ne l'est pas.

Je reste ainsi, allongée sur mon lit à regarder le plafond, perdue dans mes pensées durant un temps que je ne saurai définir. Après avoir regardé mon téléphone à plusieurs reprises, j'accepte enfin l'idée qu'il ne me donnera aucunes nouvelles ce soir, ce qui je l'admets, me blesse profondément.

Je pensais qu'enfin nous avions passé un cap, je pensais qu'il avait comprit, tout comme moi je l'ai compris, qu'il fallait dorénavant que nous parlions directement de ce qui ne va pas et de ce que nous ressentons plutôt que de le garder pour nous et ainsi accumuler une rancœur, dont il est difficile par la suite de se débarrasser. Comme quoi, il ne faut jamais prendre les choses pour acquis.


Un pas en avant, deux pas en arrière. Ça nous ressemble tellement, que ça en est désespérant. Je me demande si nous serons un jour capables d'avancer dans la bonne voie et de prendre les bonnes décisions car jusqu'à présent, chaque fois que je pense cela possible, quelque chose arrive et me prouve le contraire.

C'est l'esprit tourmenté que je parviens enfin à m'endormir quelques heures plus tard, toujours sans aucune nouvelle de sa part.


****


J'ouvre les yeux dans un sursaut de panique et me redresse en un éclair.

-       Calmes toi, c'est moi, me dit Adam en posant sa main sur mon bras.

-       Tu m'as fait peur ! Dis-je, encore perturbée, le cœur battant à vive allure.

-       Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur. J'ai essayé de t'appeler mais ça ne répondait pas, j'étais en bas. Éphira est arrivée et m'a laissé entrer.

-       Et tu ne t'es pas dit que tu allais me foutre la trouille à te faufiler dans mon lit en pleine nuit ?! J'aurai pu t'étrangler ! Ou te mettre un coup de lampe sur le crâne !

-       Je l'aurai bien mérité, dit-il d'une voix emplie de culpabilité.

Je ne réponds pas, tout simplement parce que je ne sais pas quoi dire. J'ai tendu le bras pour allumer la lampe de chevet, puis je me suis ravisée, me disant que je n'avais pas envie d'affronter son regard une nouvelle fois ce soir. Il est toujours plus aisé de dire ce que l'on a sur le cœur dans la pénombre plutôt qu'au grand jour, vulnérable.


-       Je suis désolé Aria, commence-t-il. Je me suis emporté et je n'aurai pas du, encore une fois je n'ai pas réussi à maîtriser mes émotions et j'ai gâché notre soirée. Je m'en veux terriblement, c'est juste que je ne m'attendais pas à ce que tu refuses, j'avais envisagé les choses uniquement de mon point de vue et je n'ai pas compris.

-       Je sais que tu ne pensais pas à mal Adam. Pour être honnête, je n'avais pas du tout pensé à ça et tu m'as ramené à la réalité si brutalement, que ça m'a fait un choc. Je n'ai même pas eu le temps d'y penser. Mais pour être honnête, je suis déçue que tu ai réagi ainsi. Je t'ai demandé de rester, on aurait pu prendre le temps d'en discuter, tu aurais pu me laisser le temps de reprendre mes esprits, mais non. Tu as repris tes veilles habitudes, tu t'es mis en colère et tu as pris la fuite. Je pensais qu'on avait dépassé ça l'autre soir... Dis-je d'une voix plus triste que je ne l'aurai voulu.

-       Je sais Aria... Je suis désolé, crois-moi, je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Je sais que j'ai encore beaucoup d'efforts à faire, c'est juste que comme tu l'as si bien dit, les vieilles habitudes... Elles ont la vie dure.  Je vais m'améliorer, je te le promets, je ne te dis pas que je ferai tout bien du jour au lendemain, je pense que tu sais tout comme moi que c'est impossible, mais je vais tout faire pour être à la hauteur, dit-il difficilement, déçu de lui-même.

-       Je sais Adam, je ne reporte pas toute la faute sur toi, je sais que moi aussi j'ai encore du chemin à parcourir, au fond, on est pareil, on l'a toujours su.

-       Et on s'aime, c'est l'essentiel, non ? Me demande t'il, réellement soucieux d'entendre ma réponse

-       Bien-sûr que c'est le plus important, dis-je rassurante.

-       Est ce que tu as eu le temps de penser à ma proposition ? Me demande t'il nerveux.

-       Oui j'y ai pensé. Je n'ai pas changé d'avis Adam, je préfère te le dire toute de suite. Si tu es venu pour me répéter les mêmes choses que tout à l'heure, ce n'est pas la peine.


Quelques minutes silencieuses s'installent et je ne me sens pas à l'aise. Je crains qu'a nouveau, il se mette en colère et qu'une nouvelle fois, il ne me comprenne pas, comme c'est déjà arrivé à de nombreuses reprises par le passé.

-       C'est juste que je n'arrive pas à me dire que dans trois jours, je vais devoir à nouveau être séparé de toi, dit-il enfin, sans aucune colère, tristement.

-       Je sais que c'est difficile Adam, tu penses que ça ne me fait rien ? Pour moi aussi c'est dur à encaisser.

-       Je sais... J'ai été égoïste, comme bien souvent. Tu sais très bien que même si sur le moment je me braque, je réfléchis toujours ensuite. J'ai compris ce que tu m'as dit tout à l'heure. Je sais que même si tu ne le montre pas, ce qu'il s'est passé ces derniers jours t'a profondément blessé.

Il glisse sa main sur ma joue et attrape tendrement les larmes qu'il y découvre.

-       Je sais que tu l'aimes Aria, et c'est parfaitement normal. Ne t'empêches pas de ressentir ce que tu dois ressentir, tu as le droit d'être blessée, tu as le droit d'avoir de la peine.

-       Mais je ne veux pas, dis-je fébrilement.

-       Tu ne peux pas mettre ta peine de côté et faire comme si elle n'existait pas, comme tu as la mauvaise habitude de le faire. Tu sais bien qu'un jour au l'autre, ça finira par ressortir. Tu dois y faire face, c'est la meilleure façon de pouvoir la surmonter.

-       Elle ne le mérite pas.

-       Ne le fais pas pour elle, mais pour toi.

-       Je l'ai aimé comme une mère Adam, mais elle ne m'a jamais aimé comme sa fille.

-       Je n'apprécie pas Elisabeth, c'est le moins que l'on puisse dire, et je n'apprécie pas non plus l'emprise qu'elle a eu sur toi toutes ces années, mais je pense qu'elle t'aime. A sa façon, qui n'est pas la meilleure ça c'est certain, mais qui peut recueillir un enfant, l'élever, le voir grandir, et ne pas l'aimer ?

-       Je ne sais pas, de toutes façons je ne le saurai certainement jamais.

-       La vérité n'est pas là le plus important, peu importe au fond, toi tu l'aimes. Tu ne dois pas tenter de faire comme si ce n'était pas le cas.

-       Je sais, c'est juste que j'ai toujours fonctionné ainsi, j'ai toujours rangé dans une partie de mon inconscient toutes ces souffrances, parce que sans ça, je n'aurai pas réussi à avancer.

-       Oui mais maintenant tu dois y faire face justement parce que c'est le seul moyen d'avancer encore plus loin, de surmonter tes blocages et d'enfin vivre ta vie à toi, pleinement.

-       Je sais que tu as raisons, c'est justement pour ça que je ne peux pas partir avec toi Adam, je dois me retrouver, ou plutôt me trouver, décider de mon avenir, et je ne peux pas le faire en laissant mes problèmes ici, même si crois-moi, c'est aussi difficile pour moi que pour toi d'imaginer les deux prochains mois sans toi.

-       Je comprends, ça me fait juste mal de te laisser traverser tout ça seule.

-       C'est justement ce qu'il me faut, j'ai toujours tout fait en fonction des autres, cette fois, je dois me fier qu'a moi.

-       Promets-moi que tu viendras me voir.

-       Je te le promets.

Je me suis glissée dans ses bras, où je me suis tout de suite sentie mieux, apaisée, sereine.
J'ai savouré ses tendres caresses jusqu'à ce que mes yeux se ferment et que je plonge dans un sommeil profond.

****


C'est l'odeur du café chaud qui m'a fait ouvrir les yeux. J'ai découvert Adam, assit sur le bord du lit, une tasse de café à la main.

-       C'est pour moi ça ? Dis-je tout sourire.

-       Je ne sais pas, je me tâte encore, dit-il en tendant le bras pour que je ne puisse pas attraper la tasse.

-       Allez ! Donnes-la moi s'il te plait ! Dis-je en faisant ma petite moue de chien battu qui le fait toujours céder.

-       Arrête avec cette tête ! Tu sais très bien que je suis incapable d'y résister, c'est machiavélique !

-       C'est le but ! Dis-je en attrapant la tasse.


Je me réinstalle confortablement, adossée à la tête de lit et bois une gorgée de café. Puis, en tournant la tête vers le réveil, je constate qu'il n'est que 8h du matin.

-       8h ? Mais tu es devenu un lève tôt ou quoi ? On a dormi seulement trois heures ! Dis-je presque horrifiée, réalisant que mon précieux sommeil venait d'être interrompu bien trop tôt.

-       Non, je te rassure j'aime toujours autant les grâces matinées, dit-il en riant. J'ai une interview à 10h, je voulais te voir avant de partir, je sais c'est égoïste, mais c'est comme ça !

-       Bon, tu es excusé, dis-je moi aussi amusée. Tu as beaucoup de rendez-vous aujourd'hui ?

-       Oui, dit-il en grimaçant. Je vais essayer d'expédier tout ça et de faire au plus vite, dès que j'ai fini je passe te chercher, ça te va ?

-       D'accord, mais c'est moi qui t'emmène quelque part cette fois !

-       Ah bon ? Dit-il, surprit.

-       Oui et interdiction de plomber l'ambiance !

-       Promis, dit-il en m'embrassant le front.


Il s'est allongé sur le lit à mes côtés et nous avons pris le temps de boire notre café dans les bras l'un de l'autre, en riant du récit de ses nombreuses anecdotes de « célébrité ».

-       Attend, tu es en train de me dire qu'ils t'ont forcé à porter un tee-shirt à paillète avec des petites perles dessus, toi le mec qui ne porte que des jeans noirs et des vestes en cuir ?

-       Je te le jure, j'ai encore tellement honte que rien que d'en parler, j'ai envi de me cacher !

Je pars dans un fou rire incontrôlable dont je mets quelques minutes à me remettre.

-       C'est bon, tu as fini ? Dit-il en riant aussi.

-       Je veux voir une photo !

-       Jamais de la vie !

-       Oh allez, maintenant que tu m'as dit ça tu n'as plus le choix !

-       Tu penses vraiment que j'ai conservé une photo d'un truc pareil ?

-       Oh non ! J'aurai payé pour voir ça !

-       Très drôle ! Dis-moi plutôt où tu comptes m'emmener ce soir ! Dit-il pour changer de sujet.

-       Ah non, c'est une surprise ! Monsieur le roi des surprises va devoir prendre son mal en patience ! Tu vas voir à quel point c'est frustrant !

-       C'est bien pour ça que je m'arrange toujours pour être celui qui fait les surprises !

-       Et bien pas cette fois ! Le seul indice que je peux te donner, c'est que je t'en ai déjà parlé !

-       Dit la fille qui n'arrête pas de blablater !

-       Attention à ce que tu dis ou j'annule la surprise et tant pis pour toi ! Dis-je en lui mettant une petite claque sur l'épaule.

-       Bon d'accord, je me tais.


C'est dans cette ambiance enjouée que nous avons terminé notre petit déjeuner jusqu'à ce qu'il soit obligé de partir, à contre cœur.

Je l'accompagne jusqu'à la porte où il me prend dans ses bras.

-       J'ai hâte d'être à ce soir, me dit-il en me serrant un peu plus fort.

-       Moi aussi, j'ai hâte.

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