Chapitre 21, Aria

21

Aria

« Flash-Back »

Je sors de la voiture et saisis immédiatement la main d'Adam. Je suis toujours complétement émerveillée part ce début de soirée que nous venons de passer. Ce restaurant était tout simplement fabuleux ! Jamais je n'avais vu ça, des serveurs qui se transforment en bête de scène, c'était incroyable. C'est à l'image du New-York que je commence à aimer de tout mon cœur. A Paris, il est impensable d'imaginer voir ça un jour, tout est tellement plus coincé, plus stricte. Ici, tout est si vivant, je crois que cette ville est le paradis pour tous les artistes !

Nous marchons main dans la main et je me demande bien quelle va être cette deuxième partie de soirée que je vais selon lui adorer. Lorsqu'Adam s'arrête enfin, nous nous trouvons devant ce qui semble être une boîte de nuit. Sur le moment, je dois dire que je suis un peu déçue. Les boîtes de nuits ne sont pas franchement ma tasse de thé et je pensais qu'il le savait. Pour ne pas gâcher cette soirée qui avait si bien commencé, je décide de ne rien laisser paraître et le suis à l'intérieur.

Après avoir déposé nos affaires au vestiaire, nous nous dirigeons vers le bar. Je dois dire que c'est tout de même incroyable à voir, elle est tout simplement immense. Construite telle une tour, les espaces sont ronds et plusieurs étages surplombent le rez-de-chaussée où se trouve la piste de danse.

- Tu veux boire quelque chose ? Me demande Adam.

- Oui, du vin blanc s'il te plaît.

Une fois nos verres en main, Adam me fait signe de monter. Je m'engage dans les interminables escaliers, me demandant intérieurement ce que cette boîte de nuit peut bien avoir de si spécial, car après ce dîner je ne peux m'empêcher de penser qu'Adam ne m'a pas emmené ici par hasard, tout en sachant que je n'aime pas particulièrement fréquenter ce genre d'endroit. J'essaie d'observer tout ce qui se trouve autour de moi, sans rien remarquer de spécial. Il y a beaucoup de monde et il est difficile de se frayer un chemin.

Une fois au dernier étage, Adam nous installe sur une petite table qui visiblement nous était réservée. Nous trinquons et je tente de garder le sourire, pour ne pas lui montrer que l'endroit ne me plait pas tant que ça.

- Tu n'aimes pas, n'est ce pas ? Me dit-il, un petit sourire niché au coin de ses lévres.

- Non, ce n'est pas ça, dis-je en tentant de masquer ma gêne.

- C'est bon, tu peux me le dire Aria, je commence à te connaître.

- Bon d'accord, c'est vrai que je ne m'attendais pas à une boîte de nuit, ce n'est pas vraiment mon truc et je pensais que tu le savais. Mais ne t'inquiète pas, je suis sûre que nous allons passer une super soirée quand même, tu ne pouvais pas savoir ! Dis-je pour le rassurer.

- Si, je le savais. Pour tout te dire, cette boîte n'est pas comme les autres et je pense qu'elle va te plaire.

- Comment-ça, pas comme les autres ?

- Sois patiente, tu vas voir ça d'ici quelques minutes.


Intriguée, je sirote mon verre tranquillement, attendant patiemment que je ne sais trop quoi se produise, révélant au grand jour le mystère de cet endroit.

Les minutes passent et je dois bien avouer que je ne comprends toujours pas ce que cet endroit peut bien avoir de si spécial. Pour le moment, tout se déroule exactement comme dans n'importe quelle discothèque. Des amis se retrouvent pour boire, certains un peu trop d'ailleurs. Quelques uns se déhanchent sur la piste de danse et d'autres font la queue devant le fumoir ou le bar. Rien d'anormal à signaler, mis à part quelques énergumènes vivants, bien que finalement cela soit devenu plutôt banal à notre génération.

Je croise le regard d'Adam qui semble visiblement beaucoup s'amuser en m'observant.

- Qu'est ce qu'il y a de drôle ?

- La tête que tu fais ! On croirait que je viens de t'emmener en enfer ! S'esclaffe t'il.

- En enfer peut-être pas, mais dans le monde des gens bizarres, ça oui ! Non mais regarde
le type là-bas, il danse tout seul avec une bière dans chaque main, en chantant comme un dingue tout en roulant des yeux. Il est possédé ou quoi ?

Adam regarde l'intéressé puis part dans un fou rire si contagieux que je n'ai pu m'empêcher de rire à mon tour.

- Alléluia ! s'exclame t'il, j'ai enfin trouvé quelqu'un qui voit tout ça du même œil que moi !

- Ah parce que toi aussi tu trouves ça bizarre ? Je suis ravie de ne pas être la seule.

- Bien sûr que c'est bizarre ! Je te rassure, c'est nous ici les gens normaux.

- Merci de cette précision parce que je commençais à me dire que c'était moi le problème.

- Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas pour voir ça que je t'ai emmené ici.

- Ouf ! Dis-je en rigolant à nouveau.


Soudain, la musique se coupe. Les gens qui se trouvaient aux tables à côtés de nous se précipitent soudain vers les rambardes pour regarder vers le rez-de-chaussée. Adam saisit ma main et se faufile habilement parmi la foule pour nous hisser au premier rang. Collée à la rambarde, je regarde en bas sans comprendre ce qu'il se passe. Quelques secondes plus tard, le musique retentit de nouveau, nous laissant entendre un son beaucoup plus hip-hop que ce qui passait précédemment.

Le regard toujours rivé vers le bas, je remarque cinq hommes et deux femmes se diriger vers le centre de la piste de danse.

Un attroupement se forme autour d'eux et je ne comprends toujours pas ce qu'il se passe. Je jette un regard intrigué vers Adam qui, tout sourire me fait signe de regarder. Je porte alors à nouveau mon regard vers le bas, lorsque soudain, ils se mettent à danser. Ils s'élancent dans une chorégraphie hip-hop plus qu'impressionnante. Captivée, je scrute chacun de leurs mouvements. La foule se déchaîne pour les encourager et étonnamment, je me prends au jeu et pour une fois, j'ai l'impression de ne faire qu'un avec cette foule dont je m'écartais quelques minutes plus tôt.

Quelques secondes plus tard, d'autres danseurs les rejoignent sur la piste et une immense battle commence. Diverses troupes s'affrontent et dansent divinement bien. Je détache enfin mon regard pour trouver celui d'Adam.

- Mais c'est génial ! Lui criai-je pour me faire entendre.

- Je suis content que ça te plaise, me dit-il en encerclant ma taille.

- Tu plaisantes ? C'est dément ! Dis-je toute excitée.


Un sourire radieux se dessine sur ses lèvres et à l'unisson, nous sautons, nous tapons dans nos mains et nous hurlons des mots d'encouragements au même titre que toutes les autres personnes autour de nous. Je ne me suis jamais autant amusée qu'a ce moment précis. Je me sens si vivante, je ne pensais pas qu'il était possible de ressentir ça. Jamais je ne pourrai suffisamment remercier Adam pour me faire découvrir toutes ces choses qui me font vibrer, pour me faire découvrir le monde d'un nouvel œil, me faisant ainsi profiter de tous les bonheurs simples qui s'y trouvent.


- Merci Adam, lui dis-je en déposant un baiser sur ses lèvres.

- Tout le plaisir est pour moi, me répond-il.

Une fois ce merveilleux show terminé, nous avons décidé de partir. Une fois dehors, je prends le temps d'inspirer une grande bouffée d'air frais. Les cheveux en bataillent, le maquillage surement un peu dégoulinant, je ne dois pas être terrible à regarder et pourtant, je m'en contre fiche. Je viens de passer l'une des meilleures soirées de ma vie, je me suis sentie vivre et ça, ça n'a pas de prix.

- C'était génial Adam ! Je ne m'attendais pas du tout à ça !

- J'ai bien vu, tu aurais vu ta tête en arrivant, c'était hilarant !

- Et pourtant j'ai essayé de le cacher, je te le jure !

- Tu es une piètre actrice, heureusement que tu as choisi la danse ! Me dit-il moqueur.


Nous rions de bon cœur tout en nous dirigeant vers la voiture. Déjà, cette merveilleuse soirée se termine, me rendant un peu nostalgique.

- Je te ramène à l'internat, je ne voudrais pas que tu te fasses taper sur les doigts à cause de moi. Je crois qu'on a déjà dépassé le couvre feu !

- Alors là, je m'en contre fiche ! M'exclamais-je en balayant l'air d'un revers de main.

- C'est que tu deviens rebelle ! Attention, tu risquerais d'y prendre goût, dit-il en riant à nouveau face à mon comportement qui semble le surprendre.

- Je suis bien plus rebelle que tu ne le penses ! Dis-je en pointant mon index sur son torse.

- Ah oui ? J'ai du mal à y croire, mais bon, je vais faire comme si ! Me répond-il en saisissant mon index pour y déposer un baiser.


Une fois assis dans la voiture, Adam démarre et s'engage sur la route. Je regarde par la fenêtre, admirant au passage toutes les impressionnantes lumières de la ville. Je n'ai nullement envie que cette soirée de termine et sur un coup de tête je me tourne vers Adam.

- Je n'ai pas envie de rentrer à l'internat.

- Ah bon ?

- Non, j'ai envie de rester avec toi, enfin, si ça ne te dérange pas... Dis-je, soudain un peu gênée par mon initiative.

- Le jour où tu me dérangeras n'est pas prêt d'exister Aria !

- J'espère bien ! Lui dis-je en souriant.

Adam fit demi-tour sans attendre, prenant ainsi le chemin de son appartement. Cette soirée fut incroyable et pour rien au monde je ne voulais qu'elle se termine. Heureusement, il nous restait quelques heures devant nous avant le levé du jour, je comptais bien profiter de chacune d'elles.


« Fin du Flash-back »

Emerveillée, j'admire la tour Eiffel scintiller devant mes yeux. Je la vois presque chaque jour et pourtant, je ne l'avais jamais admiré ainsi. Tout comme à New-York il y a deux ans, Adam me fait voir le monde qui m'entoure différemment. C'est comme si avec lui, tout prenait vie, comme si chaque chose, chaque paysage, chaque couleur, prenait tout son sens.

Je dirige à nouveau mon regard vers Adam, me demandant comment peut-il bien faire pour toujours avoir des idées si incroyables. Je peine à réaliser que je suis ici, à Paris, sur un toit en compagnie d'Adam. Il y a encore quelques jours, cette idée était inconcevable et pourtant, nous voilà. Je passe mon temps à blâmer le destin, mais ce soir je me dois d'avouer que pour la première fois depuis bien longtemps, il a tout cartonné.

- Tu penses à quoi ? Me demande tendrement Adam.

- Au destin. J'étais en train de me dire que je passais mon temps à le blâmer mais que là, il avait plutôt bien joué !

- C'est vrai. Tout est écrit Aria, et je sais qu'il ne pouvait en être autrement. Je l'ai toujours su.


Il saisit ma main et y dépose un énième baiser. Il se lève et m'incite à en faire autant. Il lâche ma main et fait le tour de la table pour récupérer le petit panier en osier, il le pose sur sa chaise afin de l'ouvrir. Il en sort une enceinte sans fil qu'il pose délicatement sur la table. Sous mon regard surprit et intrigué, il sort son téléphone portable de sa poche et active son Bluetooth afin de mettre de la musique.

Les premières notes de perfume de rag'n'Bone Man retentissent au moment où il saisit ma main.

- M'accorderiez vous cette danse, mademoiselle Rollins ?

- Avec grand plaisir, Monsieur Starling.

C'est avec élégance qu'il m'attire à lui et pose sa main droite aux creux de mes reins. Je saisis sa nuque à mon tour et nous commençons à danser. Etonnamment, il prend immédiatement le contrôle et mène la danse. Me guidant avec assurance, il me fait virevolter à mon plus grand plaisir.

- Ne me dis pas que tu as participé a danse avec les stars quand même ?

- Certainement pas, me dit-il en riant.

- Où as-tu appris à danser comme ça ? La dernière fois que j'ai essayé de te faire danser, mes pieds ont mit des semaines à s'en remettre !

- Tu exagères ! Bon d'accord, peut-être pas. J'ai pris des cours à New-York. J'ai eu envie d'apprendre, me dit-il en me faisant tourner avant de m'attirer de nouveau à lui.

- Et bien, c'est réussi ! Tu féliciteras ton prof pour moi ! Dis-je en lui faisant un petit clin d'œil moqueur.

Touchée par cette confession, j'enfouie mon visage dans son cou, inhalant son odeur qui m'avait tant manqué. J'y dépose un baiser et reste ainsi jusqu'à ce que la musique se termine, bercée par ses mouvements doux et aguerris, savourant chaque seconde qui défile. Les dernières notes de la musique disparaissent pour laisser place au silence. Pourtant, aucun de nous ne s'arrête. Nous continuons à savourer le contact de l'autre, comme pour rattraper le temps perdu.

Puis, une autre musique commence. Les premières notes ne me disent rien, mais leur douceur me rendent encore plus légère. Je ferme les yeux et je me laisser aller à cette plénitude qui depuis le début de cette soirée, menaçait de s'emparer de moi. Je n'ai plus ressenti ça depuis tellement longtemps que je m'y perds volontiers, consciente de la chance que j'ai d'être ici ce soir, avec lui.

Les notes de piano cessent et une voix transperce le silence, une voix que je reconnaîtrais parmi des milliers d'autres. Instantanément je me redresse pour trouver le regard d'Adam. Ses yeux transpercent les miens et m'enivrent, exactement comme ce soir là, il y a deux ans.


« Lorsque ton visage est apparu au milieu de la foule,
J'ai su qu'il était celui qui changerai ma vie.
Lorsque tes yeux se sont plongés aux creux des miens,
J'ai su qu'ils seraient ceux qui me tiendraient en vie.
Je n'ai pas de mot pour exprimer ces idées,
Je n'ai que ceux pour dire que je n'ai rien décidé.
Tu es apparu et mon cœur à su,
Que dorénavant, monotone ma vie ne serait plus.
Je sais que mes mots te font peur,
Mais je me dois d'exprimer les chants de mon
cœur.
Alors s'il te plaît, ne prends pas peur.
Laisses toi guider et écoutes ton cœur,
Je te promets que quoi qu'il arrive, ça ne deviendra jamais une erreur. »


- C'est la chanson que tu m'avais chanté à la plage... Dis-je dans un murmure.

- Oui, me dit-il gêné, ne sachant pas si ça me faisait plaisir ou non.

- Je ne l'ai pas entendu quand j'ai écouté tes chansons, dis-je confuse.

- C'est normal, celle-ci n'est pas commercialisée.

- Pourquoi ?

- Parce qu'elle est bien trop précieuse. C'est ta chanson Aria, elle t'appartient. C'est le premier cadeau que je t'ai fait et elle aura toujours pour moi une valeur inestimable.

- Merci, dis-je en me blottissant à nouveau contre lui pour qu'il ne puisse pas voir les larmes qui s'échappent de mes yeux.

Je ferme à nouveau les yeux et reçois chaque mot de cette chanson en plein cœur, exactement comme la première fois où il me l'a chanté. Un instant, je suis à nouveau sur cette plage, je nous vois à nouveau si jeunes et insouciants. A nouveau, nous nous regardons comme si rien au monde ne pouvait nous séparer, comme si la fin du monde pouvait bien se produire là, maintenant, ça n'aurait aucune importance. Je nous revois nous aimer de cette force qui nous consumait, mais qui paradoxalement nous rendait si vivant. Je nous revois croire que nous étions plus forts que tout, croire qu'ensemble, nous pourrions nous dresser contre la terre entière sans jamais être vaincu. Cette pureté, cette naïveté me manque. Car aujourd'hui, nous sommes deux adultes parfaitement conscients de la difficulté de la vie, de notre amour.

- Tu sais Adam, tu avais raison.

- A propos de quoi ? Dit-il en me caressant tendrement les cheveux.

- Ça n'est jamais devenu une erreur. Ça n'a pas été aussi simple qu'on le pensait, rien ne s'est passé comme nous le souhaitions, on a eu mal, terriblement mal, mais jamais je n'ai considéré notre amour comme une erreur.

- Moi non plus Aria. Je le savais déjà le jour où je t'ai chanté cette chanson et je le sais toujours aujourd'hui. Ça ne changera jamais.


Je redresse la tête pour lui faire face, il pose délicatement sa main sur ma joue et saisit mes lèvres avec une telle tendresse que je ne peux que m'abandonner à ce baiser, laissant toutes ces sensations m'envahir à nouveau et prendre possession de mon âme, me faisant tomber dans les méandres de mes souvenirs. Cet amour puissant, cet amour déchirant, cet amour enivrant, je m'y abandonne à nouveau, le laissant combler ce vide qui s'était installé au creux de ma poitrine depuis si longtemps.


J'intensifie notre baiser et l'attire au plus prés de moi. Je veux sentir son corps contre le miens, je veux que son odeur enivre mes narines, je veux que la chaleur de son corps m'enveloppe et me berce de cet amour qui m'avait tant manqué. Je veux sentir sa peau contre la mienne, ses mains sur chaque parcelle de mon corps. Fiévreux, il me serre contre lui avec force, comme s'il lisait dans mes pensées. Je fais glisser sa veste sur ses épaules, la laissant tomber au sol. Je déboutonne sa chemise et passe délicatement mes mains sur son torse brûlant, me délectant de la sensation de sa peau douce glissant sous mes doigts. Ses mains se hissent sous ma robe et me caressent le dos, avec une hâte non dissimulée.

Haletante, je déboutonne le reste de sa chemise et lui retire. Nos regards se croisent et s'électrisent, envahis par ce désir presque irréaliste. Il descend la fermeture éclair de ma robe et fait glisser mes bretelles afin de la laisser tomber à terre. Il tire légèrement sur ma main pour m'attirer à nouveau contre lui. Délicatement, il me soulève afin de m'étendre sur sa veste avant de s'allonger sur moi, en déposant des baisers sur chaque parcelle de mon corps avec amour et désir. Au bord du gouffre, je me suis abandonnée à lui comme jamais je n'ai pu le faire avec un autre. Je me suis abandonnée à ses mains, à ses lèvres, à son corps.

***


Étendus là, à admirer les étoiles, main dans la main, aucun de nous ne parle, peut-être par peur de briser l'instant magique que nous venons de vivre. Il me suffit de fermer les yeux pour à nouveau sentir les mains d'Adam caresser mon corps avec cette tendresse qui m'a toujours fasciné. Comme il y a deux ans, j'ai l'impression qu'elles ont laissé sur ma peau une marque invisible et indélébile. Cette fois, aucun de nous n'était ivre et c'est tellement différent. Ce soir, j'ai l'impression de l'avoir vraiment retrouvé. Nos cœurs se sont unis à nouveau, nos âmes se sont entremêlées et nos corps se sont imprégnés l'un de l'autre, assoiffés d'amour et de retrouvailles. Son pouce dessine des petits cercles sur la paume de ma main et je demande silencieusement à ma mémoire de graver cette soirée dans la partie « à ne jamais oublier » de mon cerveau.


- Aria ?

Je me hisse sur mon avant bras afin de pouvoir plonger mes yeux dans les siens.


- Il y a quelque chose que je dois te demander, dit-il anxieux.

- Oui ? Répondis-je, anxieuse à mon tour.

Il prend une grande inspiration et braque à nouveau son regard au mien.


- Je sais que nous venons seulement de nous retrouver et que c'est encore très frais, mais je ne peux pas faire comme si le monde s'était arrêté de tourner, même si dans un sens, c'est un peu le cas. La vie continue et nous devons faire face à la réalité.

- Où veux-tu en venir, je ne comprends pas ? Dis-je en fronçant les sourcils.

- Je repars dans trois jours Aria, je veux que tu viennes avec nous.

Mes yeux s'écarquillent et je réalise soudain qu'effectivement, le temps ne s'est pas arrêté. Pas une seule seconde je ne m'étais rendue compte que nous étions à Paris, chez moi et non chez lui et qu'il n'était là que pour quelques jours. Comme si le reste du monde s'était figé autour de nous et reprenait à nouveau vie, ma chute est brutale.

- Je sais que tu n'y as pas pensé, moi non plus au début, mais depuis notre conversation d'hier je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Il est hors de question que je te perde à nouveau Aria.

- Je ... Je ne sais pas quoi te dire Adam. C'est vrai que je n'y avais pas pensé une seule seconde. C'était trop beau pour être vrai.

- Ne dis pas ça Aria, s'il te plaît ! On peut être heureux n'importe où et tu le sais ! Tant qu'on est ensemble c'est tout ce qui compte, non ? Me dit-il d'une voix suppliante.


Je laisse tomber mon visage au creux de mes mains. Passer du septième ciel à ça, c'est ce qu'on peut appeler une chute libre. Mon cerveau est en ébullition, je suis incapable d'avoir la tête froide et de réfléchir correctement.

- Qu'est ce que tu me demandes exactement, de te suivre à New-York ? Demandais-je, perdue.

- Pas vraiment... On est en tournée actuellement, on est sur les routes d'europe pendant encore deux mois avant de retourner à New-York. C'est pour ça que je te demande de venir avec nous, sinon je serais resté.

- Donc tu me demandes de partir en tournée avec vous ?

- Oui...

- Mais qu'est ce que je ferais moi ? Je n'ai pas ma place la dedans Adam...

- Bien sûr que si tu as ta place ! Tu seras avec moi, et avec les garçons ! Tu assisteras aux concerts, tu pourras visiter toutes les villes que nous parcourrons. Nous pourrons nous balader la nuit, main dans la main comme nous aimons tant le faire, dans toutes les capitales européennes !

- Mais j'ai ma vie ici Adam, je ne peux pas tout abandonner comme ça et partir sur les routes, c'est ta vie ça, pas la mienne !

- Mais pourquoi ça ne pourrait pas être la tienne aussi ? Tu as déjà tout plaqué Aria ! Tu n'as plus d'appart, plus de boulot !

- Merci de me le rappeler ! Dis-je en me levant pour enfiler ma robe.

- Aria, je veux juste te dire que rien ne t'en empêche, où est la Aria qui n'avait plus peur de rien et rêvait d'aventures à mes côtés ? A présent, plus rien ne se dresse contre nous, on peut le faire !

- Tu penses vraiment que c'est aussi simple que ça ? Mais bordel réveilles toi Adam ! On n'a plus dix-sept ans, on n'est plus des enfants. Tu veux savoir ce qui me retient ? Et bien justement le fait que je n'ai plus rien ! Je t'ai retrouvé, c'est vrai, mais j'ai perdu tout le reste Adam ! Je ne sais même pas ce que je vais faire de ma vie, il faut que je prenne le temps de me retrouver, de trouver où je veux danser et comment, d'encaisser tout ça.

- Mais justement ! Tu peux profiter de ces deux mois pour réfléchir à tout ça !

- Adam, s'il te plaît arrêtes. Ne gâche pas cette sublime soirée.

- Alors quoi ? Dis-moi ce que tu proposes ?

- Profitons de ces trois jours autant que nous le pouvons et nous verrons ensuite. Je ne veux pas penser à tout ça, je ne veux que toi, je veux profiter de chaque seconde.

- Et après quoi ? Je repars et au revoir ? C'est ça ?

- Mais pas du tout Adam ! Tu dis n'importe quoi ! Deux mois c'est court comparé à ces deux années que nous venons de vivre, on peut se retrouver après et décider ensemble de ce que nous décidons de faire.

- C'est hors de question Aria ! Je refuse d'être séparé de toi à nouveau ! Tu peux comprendre ça ? Dit-il, à présent furieux.

- S'il te plaît, calmes toi et essaie de te mettre à ma place. Ce sont tes concerts, ton monde, ta tournée, tes amis, c'est facile pour toi, mais ce n'est pas mon monde Adam. Profites en, c'est ton rêve, vis-le à fond, et nous aurons tout le temps de vivre le notre ensuite. Moi aussi ça me fait mal de penser qu'a peine réunis, nous allons devoir encore nous séparer, mais je sais que cette fois, c'est provisoire. On s'appellera, je pourrai même venir te rejoindre un ou deux week-end, mais je dois rester ici pour régler mes affaires Adam. Tout s'est effondré, je dois tout reconstruire. Essaie de comprendre, s'il te plaît.

- Non, je ne comprends pas ! Dit-il, les larmes aux yeux. Comment peux-tu envisager ça ? Je viens à peine de te retrouver, je ne peux pas repartir sans toi ! C'est impossible Aria ! Comment veux-tu que je vive mon rêve à fond sans toi ? Tu es consciente de ce que tu me demandes ?

- Arrêtes Adam ! Stop ! On est en train de ruiner notre soirée ! S'il te plaît, calmes toi et profitons juste d'être ensemble.

- Je suis désolé, je ne peux pas.

Il reboutonne rapidement sa chemise, enfile sa veste et se dirige vers l'escalier.

- S'il te plaît, ne pars pas, dis-je fébrilement.

Sans aucune réponse, je le vois disparaître.

Je me laisse tomber sur ma chaise, le visage plongé dans mes mains. Je peine à croire que cette merveilleuse soirée vient de se transformer en cauchemar en à peine quelques minutes. Une fois de plus, ma naïveté m'a joué des tours. Je n'ai pas pensé à son départ une seule seconde, perdue dans ces instants qui m'ont éloigné de toute réalité. J'aurai dû y penser, j'aurai dû être préparée à cette discussion et pourtant, j'étais à des années lumières d'y songer. Je ne voulais pas le blesser et je ne veux pas non plus qu'il s'imagine que je ne souhaite pas être à ses côtés car c'est précisément ce que je souhaite le plus au monde.
Seulement, ma vie est devenue un immense brouillard et je ne peux pas tout simplement fuir à ses côtés, ça serait trop simple et tout le monde sait que la vie, ce n'est pas simple. Je suis presque SDF et au chômage, je ne peux pas juste laisser ma vie en plan comme ça, je dois arranger tout ça pour justement pouvoir vivre notre histoire pleinement. J'espère sincèrement qu'il le comprendra. Comme toujours il s'est laissé envahir par ses émotions et son impulsivité, mais j'espère qu'il va prendre le temps d'y réfléchir, pour nous.


Je me relève fébrilement, voyant qu'il ne revient pas, j'enfile ma veste, avale d'une traite la fin de mon verre de vin blanc et descends à mon tour les escaliers. Une fois dans la rue, je remarque James, debout devant la voiture qui me fait signe. Espérant qu'Adam m'attende dans la voiture, je me précipite vers lui.


- Adam est à l'intérieur ?

- Non Mademoiselle, je suis navré... Mr Starling a désiré rentrer à pied, mais il m'a demandé de vous raccompagner, me dit-il compatissant.

- C'est gentil, mais moi aussi je vais rentrer à pied, dis-je déçue.

- Je suis désolé Mademoiselle Rollins, mais je ne peux pas vous laisser rentrer seule à cette heure.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, je suis une grande fille, dis-je agacée.

- Comme je vous l'ai dit à notre rencontre, j'ai des filles de votre âge et je serais terrifié à l'idée de les savoir dans paris rentrer seule à cette heure. Qui plus est, si je vous laisse partir seule, il n'est pas certain que je ne me fasse pas renvoyer, me dit-il en souriant.

- Bon, d'accord, dis-je en répondant à son sourire.

James m'ouvre gentiment la portière et je grimpe à l'arrière de la voiture. Décidément, cet homme est plein de ressource. Je commence à vraiment l'apprécier, c'est un ange. Je suis contente qu'Adam ai quelqu'un comme lui pour prendre soin de lui. Lorsque James démarre, je ne peux m'empêcher de constater la boule qui s'est formé au creux de mon estomac. Je ne voulais pas que la soirée se termine ainsi et je ne peux m'empêcher de culpabiliser.

- James, je peux vous poser une question ?

- Bien sûr mademoiselle.

- Déjà, appelez moi Aria s'il vous plaît, ça me fait vraiment bizarre d'entendre des mademoiselle toutes les cinq secondes.

- C'est d'accord, Aria, dit-il en me faisant un clin d'œil dans le rétroviseur.

- Adam aimerait que je vienne avec lui pour le reste de sa tournée, mais je viens seulement de le retrouver et ma vie vient d'être totalement chamboulée. Je n'ai plus de travail, plus d'appartement. J'ai l'impression que je dois rester ici pour arranger tout ça avant de pouvoir vivre notre histoire comme il se doit, vous comprenez ? Vous feriez quoi à ma place ?

- Je ne peux pas vous dire ce que vous devriez faire, seule vous avez la réponse. Ecoutez votre cœur, c'est tout ce que je peux vous dire.

- Vous êtes bien américain vous, « écoutez votre cœur » on dirait une réplique de comédie romantique.

- Peut-être, mais ce n'est pas moins vrai.

- Peut-être... Je vais y réfléchir. Merci James.

- C'était un plaisir. Et si je peux me permettre, ne vous inquiétez pas trop, M. Starling vous aime comme jamais je n'ai vu quelqu'un aimer, et pourtant, je ne suis plus tout jeune. Il reviendra.

- Je l'espère ...

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