Chapitre 16, Adam



16

Adam

« Flash-Back »


Debout devant ma porte, les bras ballants, je réalise à peine la scène qui vient de se dérouler devant mes yeux. Tout était si parfait que je peine à admettre que ce que nous avons partagé ces dernières heures vient de s'écrouler en à peine quelques minutes, par ma faute.

J'ai rencontré Emma il y a maintenant un mois, au fil de soirées communes nous avons commencé à nous apprécier et donc à nous côtoyer plus intimement. Nous nous voyions de temps en temps, sans réellement savoir où cela nous mènerait, laissant le temps faire les choses sans même définir notre relation, puis j'ai rencontré Aria.

Ces derniers jours ont été si intenses que je n'ai songé à contacter Emma. Certes, j'ai reçu quelques messages de sa part, mais il est évident que pour rien au monde je ne voulais gaspiller le temps que je pouvais passer avec Aria à prendre le temps d'aller voir Emma pour lui dire les choses. Loin de moi l'idée de cacher l'existence d'Emma ou même de vouloir jouer sur deux tableaux. Je vivais simplement l'instant présent sans me soucier de quoi que ce soit d'autre qu'Aria. Pourtant, voilà qu'aujourd'hui je le paie amèrement. Il est évident que je viens de faire une énorme erreur. Je n'ai jamais voulu blesser Aria et voilà que je viens à peine de le faire, juste après lui avoir dit qu'elle pouvait compter sur moi, après lui avoir promis que je ne l'abandonnerai jamais. Je ne peux imaginer la piètre opinion qu'elle a de moi en cet instant, cette pensée me retourne l'estomac et me piétine le cœur. Je dois tout lui expliquer, mais elle n'a pas voulu m'écouter, alors comment faire ?

Je n'ai pas le choix, je ne peux pas abandonner maintenant, je lui ai fais une promesse que je compte bien tenir.

Je me mets à courir précipitamment, j'ouvre la porte de la cage d'escalier et les dévale deux par deux. J'ouvre la portière de ma voiture et me glisse derrière le volant. Je démarre au quart de tour et commence à rouler.

Soudain je me demande, part où commencer ? Je ne sais même plus quel jour nous sommes. Est-elle allée à l'internat ? A l'école ? Je tourne à droite et commence à rouler en direction de son école. Je change de file à tout bout de champs et me faufile ainsi au travers la circulation dense de New-York. Lorsque je me gare devant la grande porte vitrée qui m'est à présent si familière, je saute de la voiture et entre sans prendre la peine de saluer l'hôtesse d'accueil qui me dévisage depuis son bureau.

Je me faufile dans les couloirs à sa recherche, je les parcours un à un, en vain. Je regarde par le petit hublot se trouvant sur chacune des salles de cours afin de voir si parmis toutes ces ballerines qui virevoltent, je l'aperçois, mais non. Je me dirige à présent vers le vestiaire, je me poste devant la porte, au cas où elle s'apprêterait à en sortir. J'attend en vain, sentant peu à peu mon cœur s'affoler, où est-elle allée ?

Soudain, un visage familier apparaît au bout du couloir. Je me précipite, après avoir trébucher plusieurs fois sur les nombreux sacs se trouvant à terre, j'arrive enfin à son niveau.


- Éphira c'est ça ?

La grande blonde se tourne vers moi et écarquille les yeux.

- Toi ! Le fou de la soirée ! Qu'est ce que tu fais là ?

- Je ne suis pas un fou ! Je cherche Aria, est ce que tu l'as vu ?

- Mais qui es-tu à la fin ?

- Ecoutes, quand je t'ai parlé la première fois je ne connaissais pas Aria, c'est vrai, mais ça a changé, nous avons passé ces deux derniers jours ensemble.

- Je comprends mieux pourquoi je ne l'ai pas vu, mais puisque tu étais avec elle, pourquoi la cherches tu ?

- Parce qu'on s'est disputés et qu'elle est partie, je dois la retrouver, s'il te plaît dis moi si tu l'as vu, lui dis-je presque suppliant.

- Elle n'est pas là, mais si elle ne veut plus te voir tu ferais mieux de déguerpir et vite, avant que je ne te mette à la porte moi-même !

- Èphira, je sais que tu ne me connais pas et que j'ai été insistant à la soirée, ça a pu paraître... Bizarre je te l'accorde, mais je t'assure que je ne veux aucun mal à Aria, je tiens à elle, vraiment.

- Tu as l'air vraiment affolé... Bon, elle n'est pas là mais si je la vois je te tiens au courant, d'accord ?

- Merci beaucoup ! Merci ! Dis-je en écrivant mon numéro de téléphone sur le bout de papier qu'elle venait de me tendre.


Après l'avoir remercié encore une ou deux fois, je me précipite vers la sortie. Je remonte à bord de ma voiture et m'engage à nouveau dans le traffic. Je me dirige à présent vers son internat. Bloqué dans les bouchons, j'expire bruyamment. Je réalise soudainement qu'a part son école et son internat, je ne sais où chercher. Est-ce qu'il y a des endroits ici qu'elle affectionne particulièrement, où elle aime aller pour réfléchir, se ressourcer ? Connaît-elle d'autre personnes qu'Éphira chez qui elle aurait pu se réfugier ? Je n'en ai aucune idée, ce qui me démoralise peu à peu.

Une fois garé devant son internat, je me précipite hors de la voiture et sonne à la grande porte d'entrée. Une femme ouvre la porte, vêtue d'un tailleur ajusté à la perfection et de hauts escarpins noirs qui s'accordent parfaitement à sa tenue, les lèvres pincées, elle me dévisage sans aucune discrétion.


- Que voulez-vous ? Me dit-elle, aussi froide que du marbre.

- Je viens rendre visite à Mlle Aria Rollins, est-ce qu'elle est là ?

- Tiens dont, et qu'est-ce que Mlle Rollins voudrait avoir à faire avec vous ? Dit-elle en passant ses yeux sur moi de haut en bas, afin de me faire comprendre que je ne suis pas franchement à son goût.

- Nous sommes amis, dis-je en tentant de retenir mon manque de politesse qui risque de surgir à tout moment.

Un petit ricanement s'échappe de ses lèvres, je la regarde avec insistance, lui rappelant que je venais de lui poser une question à laquelle je comptais bien avoir une réponse.

- Mlle Rollins n'est pas là, mais si vous la trouvez, dites-lui qu'elle passe me voir dans mon bureau à son retour, j'ai à discuter avec elle.


Sans prendre la peine de répondre, je tourne les talons et me dirige à nouveau vers ma voiture. Je marche un instant autour d'elle, la tête enfouie au creux de mes mains. Où pourrait-elle être ? Je n'en ai aucune idée et je me maudis de ne pas avoir pris le temps de lui poser ce genre de questions.

Pris d'une soudaine colère, je frappe frénétiquement le pneu de ma voiture d'un coup de pied que je n'ai pu retenir. Au bout de quelques minutes à tourner en rond, je reprends place derrière le volant. Je commence à rouler sans savoir où aller, alors je parcours les rues de Manhattan, j'observe chaque trottoir, chaque chevelure brune que j'aperçois, chaque terrasse de café.

Il est à présent 17h et je roule maintenant depuis plusieurs heures, pourtant je ne me décourage pas, je refuse d'abandonner. Alors, je continu de rouler, d'observer, je scrute chaque recoin, chaque piétions. Voyant que cela ne me mènera nul part, je décide de retourner à son internat, peut-être est-elle rentrée ?

C'est en arrivant au coin de la rue que je l'ai aperçu, elle n'était plus qu'a quelques mètres de la porte d'entrée. J'ai appuyé sur l'accélérateur puis j'ai pilé à son niveau. Surprise par le bruit des pneus crissant sur le sol, elle s'est tournée vers moi en sursautant. D'un geste brusque j'ai ouvert ma portière pour m'extirper de la voiture puis l'ai claqué derrière moi.


- Aria ! Je t'ai cherché partout ! Dis-je en me précipitant vers elle.

- Ce n'était pas utile, me répond t'elle en recommençant à marcher.

- Aria bon sang ! Écoutes moi !

- Je n'en ai pas envie.

- Et bien tu vas le faire quand même ! Dis-je en saisissant son poignet pour l'arrêter.

- Pour qui tu te prends ? Tu as vraiment du culot pour oser venir me trouver et me donner des ordres !

- Aria, laisses moi t'expliquer et si tu veux toujours partir, je te laisserai faire, d'accord ?

- Très bien, dit-elle accompagné d'un regard qui signifait « si tu veux me faire changer d'avis, bonne chance ».

- J'ai rencontré Emma il y un mois, on commençait à se fréquenter c'est vrai, mais on ne s'est jamais dis « être ensemble », on se voyait juste de temps en temps sans trop savoir où ça nous mènerait. Puis je t'ai rencontré, je ne pensais qu'a toi, chaque seconde, j'ai tout fait pour savoir où te trouver et j'ai passé ces derniers jours à tout mettre en œuvre pour que tu acceptes d'apprendre à me connaître, puis nous sommes partis tous les deux à la plage. Je l'ai complétement oublié, voilà. C'est méchant je sais, mais ma rencontre avec toi n'a rien de comparable avec elle, je n'ai aucun sentiment à son égard, je ne pensais plus qu'a toi. Je n'ai jamais voulu jouer sur deux tableaux, je serai aller la voir pour lui dire que je ne comptais plus la revoir, mais ces derniers jours ont été si intenses, que je n'ai pas pu. Aria, je te jure que j'étais honnête avec toi, tout ce que je t'ai dit est la pure vérité, tu dois me croire.

- Pourtant, elle m'a dit de me méfier de toi, que tu étais le plus gros salaud qu'elle ai connu, dit-elle toujours défiante.

- Parce que je ne lui ai pas donner le dixième d'attention que je t'ai donné à toi, parce qu'un regard lui à suffit à voir que rien n'était comparable. Parce qu'elle est jalouse.

- Je ne vois pas de quoi pourrait-elle être jalouse, c'est ta copine et moi je ne suis rien d'autre qu'une fille que tu viens juste de rencontrer.

- Crois-moi, elle à de quoi être jalouse, de ce que je ressens déjà pour toi, de tous ces sentiments qui me parcours quand je pose les yeux sur toi, de ce besoin que j'ai d'être auprès de toi, de cette peur que j'ai de te perdre.

- Comment pourrait-elle le savoir ? Elle ne nous a vu que quelques minutes.

- Je n'ai jamais été comme je suis avec toi avec qui que ce soit Aria, jamais une femme n'a vraiment attiré mon attention comme toi tu l'as fait, jamais je ne me suis senti comme ça.

- Si tout ce que tu dis est vrai, prouves le moi.


Sans attendre une seule seconde, je tire sur son poignet pour l'attirer à moi, je saisie ses hanches et la colle contre mon corps, je prends sa nuque et saisie violemment ses lèvres, je l'embrasse avec toute l'ardeur dont mon cœur est envahi. Fiévreux, j'intensifie encore notre baiser, je l'embrasse comme si ma vie en dépendait. Plus rien autour n'avait la moindre importance, il n'y avait plus qu'elle et moi, et tout ces sentiments qui parcouraient mon corps entier avec une telle frénésie qu'ils me faisaient tourner la tête si violemment que je luttais pour tenir debout, mais je ne la lâchais pas, il en était hors de question, jamais.


« Fin du Flash-Back »


Debout dans le hall de cet immense hôtel qui me parait pourtant tellement petit soudainement, j'encaisse difficilement les dernières paroles d'Aria. Je savais qu'elle m'en voulait et je savais aussi que tout était ma faute, elle a raison, je lui ai fais des promesses que je n'ai pas tenu, et je ne pourrai jamais me le pardonner. La violence de ses mots et la tristesse de sa voix m'ont foudroyé. Je reste ainsi, le regard perdu dans le vide, à laisser chaque parcelle de mon corps se décomposer peu à peu, abattu, je suis incapable de bouger.


- Adam ! Que s'est il passé ? Lance Louka en arrivant à mon niveau, essoufflé.

- Elle est partie, dis-je le regard toujours vitreux.

- Je suis désolé Adam, c'est ma faute.

- Qu'est ce que tu veux dire par là ? Lui répondis-je, reprenant peu à peu mes esprits.

- Je mangeais avec elle, on discutait et je l'ai énervé, c'est ma faute si elle était en colère, je suis vraiment désolé.

- Tu as fait quoi ? Dis-je en me tournant pour lui faire face.

- Je voulais juste lui faire comprendre qu'elle avait merdé hier, je voulais juste lui faire entendre raison, je suis désolé Adam, dit-il en baissant les yeux.

- Comment as-tu osé ? Dis-je en m'approchant à seulement quelques centimètres de lui, sentant la colère m'envahir de plein fouet.

- Je... Je ne voulais pas empirer les choses au contraire, je t'assure.

- Comment as-tu osé aller manger avec elle ? Comment as-tu osé lui faire la morale ? Comment as-tu osé te mêler de ça ! Dis-je en haussant le ton.

- Je voulais t'aider, je t'assure Adam, je ne voulais pas que ça se passe ainsi.

- Ce ne sont pas tes affaires Louka ! Tu n'as pas à te mêler de ma vie ou de celle d'Aria ! C'était à moi de lui parler tu m'entends ! A moi ! Ce n'était pas ton rôle. Ce n'est pas ta copine bordel ! Quand est-ce que tu vas comprendre ça ? Maintenant elle est partie et c'est ta faute ! C'est ça que tu veux en fait ? Foutre la merde entre nous ! Laisses nous en paix tu m'entends ?! dis-je en attrapant le col de son pull, à présent furieux.

Mika me saisit par les épaules pour me forcer à reculer et à lâcher Louka, il nous observe un à un, visiblement interloqué de nous voir ainsi nous donner en spectacle dans le hall de l'hôtel.

- Mais bon sang qu'est ce qu'il vous prend à tous les deux ?!

- Dis lui Mika, dis-lui de ne plus jamais approcher Aria ou je te jure que je vais lui faire comprendre, dis-je, toujours empli de rage, incapable de me calmer.

- Mais qu'est ce qu'il s'est passé ici ?

- Vas y, dis-lui ! Dis-je à l'intention de Louka, en le foudroyant du regard.

- J'ai mangé avec Aria ce matin, je voulais juste lui parler d'hier soir et lui faire entendre raison mais elle ne l'a pas bien pris, alors elle est partie. Je voulais juste vous aider, je t'assure, dit-il à mon intention cette fois.

- Ah oui tu nous as bien aidé ! Tu sais ce qu'elle m'a dit avant de partir ? Toutes les horreurs qu'elle ma balancé à la figure ? Par ta faute ! Dis-je essayant à nouveau de m'approcher de lui malgré Mika qui resserre son emprise sur moi afin de m'en empêcher.

- Calmes toi Adam ! Tu te donnes en spectacle là, montons régler ça dans nos chambres ! Me réprimande Mika.

- Je n'en ai rien à faire, que tout le monde regarde ! Il fait toujours ça et tu le sais Mika ! Il ne peut pas s'empêcher de fourrer son nez dans mon histoire avec Aria ! Il est toujours dans nos pattes et ne manque pas une occasion de passer du temps avec elle ! Tu sais que c'est vrai, et c'est moi que tu engueules ?

- Je ne t'engueule pas Adam, j'essai de te calmer et je te propose de montrer pour régler ça, entre nous ! Dit-il d'une voix calme.

- Allez vous faire voir ! Tous les deux ! Dis-je en poussant Mika pour qu'il me lâche.

- Adam mais reprends toi bon sang !

- Je ne veux plus vous voir, ni toi, ni ce traitre de Louka ! Je pensais que tu serais de mon côté mais encore une fois je me suis trompé. Toi ! Dis-je en direction de Louka, ne t'approches plus jamais d'Aria ou je te jure que tu vas le payer très cher ! Elle ne t'aimera jamais tu m'entends ! Il faut te faire une raison !


J'ouvre brutalement la porte d'entrée et sors de l'hôtel où je me sentais peu à peu étouffer. Je remonte la rue à grandes enjambées, je marche vite jusqu'à en être essoufflé, puis je cours. Je n'arrive pas à me débarrasser de la colère qui m'a envahie, j'ai envie de courir et de ne plus jamais m'arrêter, j'ai envie de laisser derrière moi toute cette rage, toute cette peine.

A bout de souffle, après plus de deux heures de courses effrénée, je regagne enfin ma chambre. Mais la colère n'a pas disparu, elle est encore là, je la sens couler dans mes veines, me traverser de pars en pars, je la sens aveugler mes pensées, me tourner la tête. Violemment, je brise tout ce qui se trouve dans mon champ de vision, hurlant toute la haine qui me consume de l'intérieur. Haine envers Louka, envers Aria, mais surtout envers moi-même.

Lorsqu'elle est là, je ne suis plus le même homme, je ne me reconnais pas. Comment ai-je pu dire toutes ces horreurs à Louka, lui faire mal volontairement alors qu'au fond de moi je sais qu'il n'a pas pensé à mal ? Pourquoi ai-je ainsi rejeté mes amis les plus précieux ? Quand il s'agît d'elle, je n'arrive plus à me contrôler. Je ne maîtrise plus rien et je me laisse submerger par toutes ces émotions qui m'envahissent et me tourmentent.

C'est à cet instant précis que je me rends compte que rien a changé. Deux ans sont passés mais nous sommes toujours les deux mêmes stupides enfants qui sont incapables de se conduire en adulte, toujours incapables de discuter normalement, sans se faire du mal, sans se détruire, sans se jeter aux visages tous ces propos acerbes et blessants. Il est évident que nos sentiments n'ont pas changés, ils sont toujours aussi forts, aussi puissants, mais surtout, ils sont toujours si destructeurs, si ravageurs.

Accablé, je m'affale dans le fauteuil, le visage au creux de mes mains. Qu'est ce que je vais faire ?

Je regarde les débris au sol et me dit que je ne sais comment sortir de ce cercle vicieux qui nous poursuit depuis toutes ces années. J'aimerai tant changer les choses, mais je sais que je n'en ai pas la force, je l'ai perdu depuis bien longtemps. J'attrape mon bloc note et mon stylo et y griffonne encore une fois les maux qui me tourmentent.



« Je ne sais plus où aller,

Je ne sais plus comment nous sauver,

Je t'ai toujours aimé, je refuse de renoncer.

Pourtant, je n'ai plus la force d'espérer.

Comment croire encore en nous, alors que le monde semble s'acharner à nous détruire ?

Sommes-nous des fous, à croire que renoncer est à proscrire ?

Jamais je ne pourrai vivre sans toi,

Pourtant, il semble incohérent de continuer à avoir foi.

Et toi ?

Es-tu prêtre à rendre les armes ?

S'il te plaît, apparais devant moi et dis-moi que plus jamais je ne ferai couler tes larmes.

S'il te plaît, viens et dis-moi que nous sommes plus fort que tous ces drames.

S'il te plaît, dis-moi que nous pouvons encore devenir inébranlables.

S'il te plaît, aides moi à sauver nos âmes.»



Je déchire cette page à présent noircie, la froisse aux creux de mes mains et la jette au sol. A quoi bon ? A quoi bon écrire, a quoi bon espérer ? Il est temps que je réalise que malgré ce que la plupart des gens pensent, on ne choisi pas toujours son destin.

Je me lève et me dirige vers le mini bar, j'ouvre une bouteille de scotch et la porte à ma bouche, sans prendre la peine de sortir un verre. Lorsque le liquide me brûle l'œsophage, je sens mon corps se détendre peu à peu. Alors, il m'est impossible de m'arrêter, gorgée après gorgée je sens mes maux s'apaiser, redevenir silencieux. Enfin, je me sens mieux, je me sens léger.

Dans un état comateux, je parcours ma chambre en fredonnant, un sourire béat collé au bout de mes lèvres. Les heures passent et peu à peu, l'euphorie me quitte. Sentant à nouveau la colère reprendre ses quartiers au creux de mon être, je saisie mon téléphone. Difficilement, je cherche dans mon répertoire le numéro du téléphone que j'ai donné à Aria. Une fois trouvé, j'appuie sur « appeler ». Je sais qu'elle ne répondra pas, mais moi aussi j'ai des choses à lui dire. Après quelques sonneries, sa voix résonne dans mes oreilles et je reste ainsi quelques secondes, interloqué, elle a répondu ?


- Adam, c'est toi ?

Incapable de faire sortir un seul mot de ma bouche, pensant être entrain de divaguer, je ne dis rien.

- Adam ? Ecoutes, je suis désolée pour ce que je t'ai dit tout à l'heure, j'étais en colère et je n'aurais jamais dû te parler comme ça, dit-elle d'une voix douce.

Soudain, je reprends mes esprits et sens à nouveau ce mélange de colère et de tristesse m'envahir, ses mots résonnent en moi telle une boucle impossible à briser. Je passe ma main sur mon front et m'assois à nouveau dans le fauteuil, étourdit par l'alcool que j'ai avalé.

- Adam, s'il te plaît dis quelque chose.

- Je n'ai rien à dire en fait, je ne sais même pas pourquoi je t'ai appelé, ce n'était pas une bonne idée, salut.

- Non Adam attends, écoutes moi, je sais que tu n'es pas responsable, je suis désolée de t'avoir fait croire le contraire.

- Oh mais si je suis responsable, tu avais parfaitement raison Aria. Mais toi aussi tu l'es ! Est-ce que tu as tenté de m'écrire toi ? De venir me voir ? Tu n'as rien fait ! Tu dis que je t'ai abandonné, mais qu'as-tu fais toi ? Tu ne t'es pas battue une seule seconde pour nous ! Tu as laissé Elisabeth décider pour toi et tu n'as rien fais ! Alors oui je n'aurai pas dû croire en cette signature, mais tout ça, c'est aussi ta faute !

- C'est vrai... Dit-elle après un long silence.

- Ah et bien au moins tu le reconnais ! Dis-je en ricanant bêtement.

- Adam, tu vas bien ? Dit-elle soudain méfiante.

- Alors là c'est la meilleure blague de tous les temps, tu veux devenir humoriste ou quoi ? Dis-je en explosant de rire.

- Tu as bu ?

- Non voyons, j'ai tricoté ! Dis-je incapable de m'arrête de rire, victime de mon ivresse.

- Adam combien de verres as-tu bu ?

- Je prends jamais de verre, la bouteille ça va plus vite, tu ne trouves pas ?

- Arrêtes tout de suite de boire, tu vas te rendre malade !

- Je suis déjà malade Aria, je n'en ai rien à faire.

- Où es-tu ?

- Dans ma chambre, quelle question idiote ! Tu veux savoir s'il y a d'autres filles avec moi ? Peut-être !

- Ne bouges pas, j'arrive.

- C'est ça ouais, je n'ai pas envi de te voir de toutes façons, toi et ta tête d'ange à deux balles ! Si les gens savaient qu'en fait sous tes airs angéliques se cache un vrai petit diable capable de les réduire en miettes et de les piétiner comme de vulgaires ordures, tu n'aurais pas beaucoup d'amis !


Elle a raccroché. Comme on dit, il n'y a que la vérité qui blesse ! Ou alors elle avait peut-être raccroché avant, je ne sais plus. Peu importe, j'ai dis ce que j'avais à dire moi aussi. Si elle croit être la seule à pouvoir blesser l'autre, elle se trompe, me dis-je en saisissant à nouveau la bouteille posée sur le bar. J'avale une nouvelle gorgée, il est hors de question que je laisse la souffrance revenir et me piétiner. Ivre, je me sens fort, plus fort que tout ce qui habituellement me rend faible.

J'allume la télé et m'allonge sur le lit, je zappe de chaîne en chaîne, ricanant sans cesses de choses futiles et inintéressantes jusqu'à ce que le bruit de quelqu'un frappant à ma porte me fit sortir de mon euphorie. J'essaie tant bien que mal de me remémorer la discussion avec Aria, m'a t'elle dit qu'elle venait ? L'ai-je vraiment appelé ? Je ne me souviens plus. Ce doit être Louka, ou Mika, encore quelqu'un qui veut me faire la morale, ils peuvent aller se faire voir ! Je décide de ne pas répondre et reprends la télécommande en main afin de zapper à nouveau. Les coups portés à ma porte se font plus insistants, je me lève et me dirige vers elle, prêt à recevoir mes sois disant amis en leur disant leurs quatre vérités. Je l'ouvre brusquement et me fige aussitôt sur place. Aria, droite comme un i, les mains posées sur les hanches, me foudroie instantanément du regard. Elle me pousse légèrement afin de pouvoir entrer et referme la porte derrière elle. Elle braque à nouveaux ses yeux sur moi.


- Donc si je comprends bien, je fais n'importe quoi hier soir donc ce soir tu fais la même chose ? On en est toujours là ?

- Gardes ton opinion pour toi tu veux bien ? Tu l'as assez partagé pour aujourd'hui !

- Je t'ai dis que j'étais désolée Adam, j'étais énervée et tu es arrivés à ce moment là, je ne me suis pas contrôlée, je sais que je n'aurai pas du et je m'excuse pour ça.

- Je l'avais remarqué merci. Je peux savoir ce que tu foutais avec Louka ?

- On prenait le petit-déjeuner, j'étais aller toquer à sa chambre pour voir si tu étais là, il m'a dit que tu dormais depuis peu donc on à été manger en attendant ton réveil.

- Tu n'en a pas marre qu'il se mette toujours entre nous ? Quand vas-tu lui dire une bonne fois pour toute que tu n'en as rien à faire de lui !

- Il ne se met pas entre nous Adam, et je n'en ai pas rien à faire de lui, c'est mon ami et tu le sais, c'est le tiens aussi, tu divagues complétement là ! Tout ça n'a rien à voir avec lui et tu le sais très bien !

- Maintenant tu le défends ! C'est de mieux en mieux ! T'as dû te tromper de chambre, la sienne est en face !

- Arrêtes tes conneries, tu sais très bien que c'est toi que je suis venue voir, que c'est toi qui compte et que je n'ai jamais eu de sentiments pour Louka.

- Prouves le alors !

- Quoi, comment ça « prouves le » ?

Je fais un pas vers elle et l'a saisie par la taille, je l'approche au plus prés de moi, sentant son souffle chaud balayer le coin de mes lèvres. Je la regarde droit dans les yeux, elle soutient mon regard, comme toujours, elle me défi.

- Dis-moi que tu m'aimes !

- Adam ! Tu es complétement ivre, ce n'est pas le moment, dit-elle en tentant de reculer, mais je l'en empêche, plongeant mes lèvres aux creux de sa nuque, la recouvrant de petits baisers, comme elle aime tant.

- Dis-le ! Dis-je entre deux baisers, sentant son corps défaillir peu à peu aux creux de mes bras.

- Arrêtes, ce n'est pas une bonne idée, dit-elle sans pour autant tenter de m'arrêter, à peine convaincue de ses propres mots.

- Dis-le-moi et j'arrêtes, dis-je en descendant maintenant le long de ses épaules, tout en caressant son dos.

- Je t'aime, murmure t'elle, succombant à mes caresses.


Je m'immobilise quelques secondes, puis je me redresse afin de pouvoir la regarder dans les yeux. Je l'observe un instant, me sentant moi aussi défaillir peu à peu à ses mots, part ce que j'y perçois, de l'amour, du désir. Plus de colère, plus de défiance, plus de malice. Le désir s'est emparé d'elle et je perçois le combat qui se déroule en elle.

Je me jette sur ses lèvres, ne lui laissant pas le temps de laisser mon ivresse la faire résister. Je la sens douter, mais je sais pertinemment ce que je dois faire pour lui faire tout abandonner. J'attrape ses hanches et les colle contre moi, j'intensifie mon baiser, ne lui laissant aucun répit. Quelques secondes suffisent à lui faire perdre pied, tout comme moi. Ses mains se posent à présent sur mon torse, m'arrachant un frisson qui m'enivre et déchaine mon cœur et mon corps. Je sens une intense chaleur m'envahir de pars en pars, ses mains s'agrippent maintenant à mon tee-shirt pour me le retirer. Je fais de même avec sa robe que je jette au sol.

Je sens à présent la chaleur de son corps, sa peau contre la mienne. Je ferme les yeux, fiévreux. Le désir, l'amour, l'alcool se mêlent en moi et me transportent vers une autre dimension. Je ne vois plus qu'elle, je n'entends plus qu'elle, je ne sens plus qu'elle. Je me sens défaillir, je sens mes jambes devenir lourdes et mon cœur tambouriner contre ma poitrine si violemment que j'en ai le souffle coupé. Je la soulève violemment, elle enroule ses jambes autour de ma taille, les mains agrippées à mon cou. Je nous plaque au mur le plus proche, ne cessant de caresser chaque partie de son corps, sous l'ivresse de ses mains qui parcours le miens avec ardeur.

Lorsque plus aucuns vêtements ne nous séparent, je succombe à sa peau si douce dont je n'ai cessé de rêver ces deuxdernières années. J'y détache mes lèvres quelques secondes afin de la regarder,les joues rouges de désir, les yeux brillants de milles feu, elle me dévore du regard et il ne m'en faut pas plus. Reprenant avec frénésie la pluie de baisers que je déverse sur elle, je ne pense plus qu'a une seule chose, être en elle,ne faire plus qu'un. Je ne veux plus qu'une chose, unir nos deux corps, unir nos deux âmes, les entremêlés, les souder à nouveau, comme avant. Comme si Aria lisait dans mes pensées, je la sens prendre les devants et nous unir siviolemment que je n'ai pu contenir le cri qui s'est échappé de mes lèvres, un cri d'amour, de désir, de douleur, peu importe. Reprenant peu à peu les reines,je comptes bien lui faire perdre totalement pied, je veux qu'elle s'abandonne totalement à moi, comme je m'abandonne à elle, je veux la retrouver, nous retrouver.

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