Chapitre 15, Aria

15

Aria

« Flash-back »

Je n'aurai jamais pensé raconter cette partie de ma vie à un homme que je connais à peine et pourtant, c'est arrivé.

Encore troublée, je regarde le paysage défilé par la fenêtre, n'osant plus regarder en direction d'Adam. Lorsque je lui ai parlé de mon frère, j'ai vu aux creux de ses yeux tout ce que je déteste, de la pitié. Pourtant cette fois c'était différent, ça ne m'a pas énervé, ça ne m'a pas donné envie de partir en courant. Cette fois, ça m'a profondément touché. J'ai sentie mon corps se décharger d'un poids qu'il retenait depuis bien trop longtemps. Je ne saurai décrire ce qu'il s'est passé entre nous sur cette plage mais ce que je peux dire, c'est que quelque chose à profondément changé en moi. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai eu l'impression de compter réellement pour quelqu'un. C'est tout simplement incroyable à mes yeux que cela se soit produit avec Adam, que je ne connais que depuis quelques jours. Je n'arrive pas à mettre de mots sur ce que je ressens, mais je sais que c'est différent de toutes ces émotions qui se battent en moi depuis des années.


Nous n'avons pas dit un mot jusqu'à ce qu'Adam gare la voiture devant chez lui. Je crois que ni lui, ni moi ne savions quoi dire, par peur de briser ce moment que nous savions tous deux hors du temps et tout simplement inqualifiable. Après avoir coupé le moteur, il s'est tourné vers moi et m'a observé un instant. Au bout de quelques secondes j'ai fais de même et lorsque mon regard s'est plongé dans le siens, j'y ai vu ce qu'il n'osait me dire. Ni lui, ni moi n'avions besoin de mots, il n'en existait d'ailleurs aucun pour dire ce que nous voulions.

A cet instant précis, assise dans cette veille voiture rouge, j'ai su qu'Adam allait changer ma vie. Je ne savais pas encore pourquoi ni comment, mais je savais qu'a compter de ce jour, tout serait différent. Je me suis penchée délicatement vers lui et d'une douceur que je me découvrais, j'ai saisie ses lèvres. Il s'est emparé des miennes et a posé sa main droite sur ma nuque pour m'attirer plus prés de lui. Une foule de sentiments s'est alors emparée de mon corps tout entier. J'ai sentie ma tête commencer à tourner, j'ai sentie mon ventre fourmiller, ma peau se sensibiliser. Lorsque nos lèvres se sont enfin séparées, il est resté à seulement quelques centimètres de moi, les yeux toujours braqués aux miens, il a enfin brisé ce silence qui nous entourait.

-       Aria, j'aimerai que tu prennes conscience d'une chose.

-       Laquelle ? Dis-je, surprise.

-       A partir d'aujourd'hui, tu ne seras plus jamais seule.

Incapable de trouver mes mots, j'ai sourie. Un sourire qui pour la première fois depuis bien longtemps, était sincère.

-       Je te le promets, ajoute t'il en caressant ma joue du bout des doigts.


Lorsque nous sommes enfin sortis de la voiture, c'est légère que je montais les escaliers qui menaient à son appartement. C'est le sourire aux lèvres, main dans la main que nous sommes arrivés dans le couloir, mais ce fut de courte durée. J'ai immédiatement repéré cette jeune fille, devant la porte d'Adam qui avait les yeux braqués sur nous. Instantanément, j'ai sentis mon corps se raidir à nouveau. Adam qui jusqu'alors me regardait, semble sentir mon malaise et dirige son regard dans la même direction que le miens. Il s'arrête brusquement, la jeune femme se précipite alors dans notre direction d'un pas assuré. Lorsqu'elle s'immobilise devant nous, ses yeux fixent un instant nos mains entrelacées avant de se poser sur moi et de me détailler de la tête aux pieds, pour finir par revenir en direction d'Adam.

-       C'est qui celle là ? Dit-elle visiblement contrariée.

-       Emma, qu'est ce que tu fais là ? Lui repond t'il tout en serrant plus fort ma main, m'empêchant ainsi de la retirer.

-       Tu te fiches de moi ? Lui répond t'elle à présent furieuse.

-       Emma, ce n'est pas le moment, tu devrais rentrer chez toi.

-       Pardon ?! Je t'ai posé une question Adam ! Qui est cette fille ? Dit-elle sans même me regarder.

-       Cette fille à un prénom, je m'appelle Aria. Et toi, qui es tu au juste ? Dis-je en me plaçant devant elle. Ses yeux à présent rivés aux miens, je vois un sourire narquois se dessiner au coin de ses lèvres.

-       Je m'appelle Emma, je suis sa copine.


Immédiatement, j'ai lâché la main d'Adam puis j'ai fais deux pas en arrière. Ma tête s'est remise à tourner, violemment, j'ai sentis mon cœur y tambouriner et mon ventre se tordre, me donnant la nausée. J'ai fermé les yeux et j'ai pris une grande inspiration, tentant de ne pas régurgiter mon petit-déjeuner devant elle. Adam s'est précipité vers moi et j'ai rouvert les yeux à temps pour lui faire signe de ne pas approcher plus prés.


-       C'est vrai ?

-       Aria, ce n'est pas du tout ce que tu crois, laisses moi t'expliquer ! Me dit-il suppliant.

-       Comment ça ce n'est pas ce qu'elle croit ? Bien sûr que si ! Elle vient visiblement de découvrir tout comme moi, quel beau salaud tu es.

-       Fermes-là Emma ! Dégages d'ici tout de suite !

-       Non mais attends, tu te prends pour qui à me dire ce que je dois faire ?

-       Dégages ! Dit-il en hurlant, visiblement furieux.

Surprise par la colère d'Adam et sans doute un peu effrayée, elle recule de plusieurs pas.

-       Méfis toi de lui Aria, ce type est un salaud ! Il fait comme s'il était différent, mais c'est faux, ce n'est qu'un vulgaire menteur ! Lance t'elle juste avant de tourner les talons et de se précipiter vers la cage d'escalier où elle disparaît.


Sentant mes jambes se dérober sous moi, je prends appuie au mur du couloir. Je me sens humiliée, trahie. Cette sensation m'envahie et me saccage de l'intérieur en un instant. Voilà pourquoi je ne voulais pas baisser ma garde, voilà pourquoi je ne voulais pas lui faire confiance.

J'avais peur de ressentir à nouveau cette peine qui vous envahie en un rien de temps et vous déchire le cœur. J'avais peur d'avoir mal à nouveau, c'est pour cette raison que je m'étais promis de ne plus jamais donner ma confiance à qui que ce soit. J'ai trahie ma propre promesse et j'en paie à présent le prix fort. Dévastée, je peine à trouver le courage de le regarder en face. Ce n'est pas cette Emma ni même la relation qu'Adam entretient avec elle qui me fait tant de peine, c'est simplement le fait de m'être confiée à lui, de lui avoir parlé de mon enfance et de tout ce que je tais habituellement. Lorsqu'il se tourne vers moi et tente de prendre ma main, je le repousse. Je me redresse tant bien que mal, tentant de conserver le peu de dignité qu'il me reste.


-       Aria, laisses moi tout t'expliquer s'il te plaît, je voulais t'en parler mais je n'ai pas trouvé le moment, je n'ai pas parlé à Emma depuis que je t'ai rencontré et j'ai...

-       Stop ! Tais-toi ! Je ne veux plus entendre un seul mot sortir de ta bouche. Je n'arrive pas à croire que tu ai fais ça ! Je suis la reine des idiotes, comment ai-je pu me confier à toi, te faire confiance à ce point ? Comment ai-je pu me faire avoir comme ça ?

-       Aria ne dis pas ça, s'il te plaît écoutes moi au moins !

-       Non ! Je n'ai pas envie d'écouter tes mensonges, je n'ai pas envie de rester en face de toi une seconde de plus ! Comment as-tu pu me laisser te parler de mes parents, de mon frère, de mon enfance alors que tu savais ce que ça représentais pour moi ? Alors que pendant tout ce temps, toi tu n'étais pas sincère avec moi !

-       Mais j'étais sincère ! Laisses moi t'expliquer ! Je...

-       Non ! Je t'ai dis non ! Gardes tes mensonges pour toi. Mais tu peux être content, peu importe ce que je représentais pour toi, un jeu ? Un pari ? Un défi que tu t'es lancé pour te prouver que tu étais capable de séduire la pauvre fille renfermée ? Tu as gagné, tu m'as bien eu. Dis-je en commençant à partir.

-       Tu te trompes Aria, vraiment.

-       Je me suis trompée sur toi, effectivement.


J'ai dévalé les escaliers quatre à quatre, pressée de quitter cet endroit où je me sentais étouffer. Une fois dehors, je me suis mise à courir sans même savoir où j'allais. J'avais juste besoin de sentir l'air me fouetter violemment le visage, mon sang se décharger dans mes veines à vive allure, mes poumons lutter et ma respiration s'affoler. J'avais juste besoin d'oublier. Oublier que je venais de me confier à un homme que je pensais différent, oublier qu'un instant j'ai cru qu'a ses côtés ma vie pouvait changer. Je m'en veux d'avoir été faible au point de baisser ma garde devant un tel baratineur. Je lui ai donné ma confiance et il est évident que je n'aurai pas du. Une part de moi à toujours voulu croire qu'il existait quelque part, une personne capable d'être réellement sincère avec moi, capable de me voir telle que j'étais vraiment, capable de m'aimer. Il est maintenant évident que tout ça n'était qu'utopie.

A bout de souffle, je me suis enfin arrêtée pour m'assoir sur l'un des nombreux bancs de Central Park. Le regard perdu dans le vide, je ne saurai dire combien de temps je suis restée ainsi, une éternité selon moi.

« Fin du Flash-Back »

Lorsque j'ouvre un œil, puis l'autre, la lumière du jour m'a immédiatement aveuglée. Ma tête s'est mise à tambouriner et je peine à me redresser. Je regarde autour de moi et je reconnais tout de suite la chambre d'Adam, ce que je ne sais pas en revanche, c'est comment j'ai atterri là. Je fouille dans mon esprit tant bien que mal à la recherche de mes souvenirs, lorsque soudain, la panique me saisie. Suis-je venu ici après quelques verres de trop pour sauter sur Adam ? Je tente à nouveau je me remémorer la journée d'hier et peu à peu, tout me revient.

La dispute avec Elisabeth, mon départ, l'emménagement chez Ephira, le bar, l'alcool, Adam et tout ce que j'ai dis. Un violent haut le cœur me saisit et je me lève précipitamment pour me ruer vers les toilettes pour y déverser tout l'alcool qui se baladait encore en moi. Je me redresse péniblement et ouvre le robinet du lavabo pour me passer le visage sous l'eau fraîche. Lorsque je me redresse, je croise mon reflet dans le miroir. Je déteste cette fille que j'y vois, aux yeux rouges et gonflés, au teint pâle. Je la méprise. Comme après chaque soir de débauche, je ne peux supporter mon reflet. Ces derniers temps, il y en a eu beaucoup. Adam n'est pas ici, peut-être est-il repartit ? Loin d'ici, loin de moi, ce qui serait surement la plus sage des décisions.

Je fais passer ma robe par dessus mes épaules endolories puis j'entre dans la douche. Lorsque ma peau entre en contact avec l'eau glaciale, un petit cri s'échappe de mes lèvres. Une fois sortie, je m'empresse de me rhabiller, frigorifiée, revigorée. Je trouve mon sac posé sur une chaise, je m'en empare et sors dans le couloir. En le parcourant, je passe devant ce que je me souviens être la chambre de Louka. Sans trop comprendre pourquoi, je frappe. Au bout de quelques secondes, son visage apparaît dans l'entrebâillement, lorsqu'il m'aperçoit, il s'empresse de sortir et de refermer la porte derrière lui.

-       Aria ! Ça va mieux ?

-       Ça peut aller. Tu sais où est Adam ?

-       Il est là, il s'est endormit il y a à peine une heure, je pense qu'il faut le laisser dormir un peu, il en a besoin.

-       Bien sûr... Je ne comptais pas le déranger, dis-je gênée.

-       Tu as faim ? On peut aller prendre le petit déjeuner ensemble si tu veux.

-       Pourquoi pas.


Sans un mot, nous parcourons le couloir puis nous montons dans l'ascenseur. Celui-ci nous conduit tout droit à la salle de restauration où est dressé un immense buffet. C'est à cet instant que je me rends compte à quel point j'ai faim, je n'ai rien avalé depuis ma mousse au chocolat, ici même avec Adam. Je suis Louka et prends une assiette, je me dirige ensuite à ses côtés vers le buffet et jette mon dévolu sur un croissant, une part de tarte aux pommes et un grand café noir. Il me guide ensuite à l'une des tables se trouvant prés de la fenêtre où nous nous installons.

-       Aria, tu sais à quel point je t'adore. Même si on ne s'est pas vu depuis deux ans, ça n'a pas changé. Mais je dois te dire que t'as merdé hier.

-       Je sais... Dis-je en baissant les yeux.

-       Ça t'arrive souvent ?

-       Quoi ?

-       Les soirées, l'alcool...

-       Un peu trop.

-       Je vois. Ecoutes Aria, je vais te dire la même chose que je dis à Adam chaque fois que je le récupère dans le même état que tu étais hier soir. Ça ne sert à rien, ça ne vous avance à rien, ce n'est pas comme ça que vous résoudrez vos problèmes. Vous ne faites que vous perdre un petit peu plus à chaque fois.

-       C'est facile à dire Louka, mais ça fait tellement de bien, de se sentir loin de tout ce qui t'envahie l'esprit à longueur de journée.

-       Et là, maintenant, tu te sens toujours aussi bien ?

-       Bien sûr que non.

-       T'as pas été tendre avec lui.

-       Il ne l'a pas été non plus, je te rappelle, dis-je agacée.

-       Bien sûr qu'il ne l'a pas été, parce que vous faites toujours ça ! franchement vous n'en n'avez pas marre ? Parce que moi oui.

-       Tu ne peux pas comprendre.

-       Non ça c'est sur, je n'arrive pas à concevoir qu'on puisse autant s'aimer et autant se nuire à la fois ! Vous avez tout pour être bien ensemble Aria, vous avez cet amour que beaucoup n'ont pas la chance de trouver ne serait-ce qu'une fois dans leur vie ! Et vous, vous passez votre temps à vous détruire. Regardes où ça vous à mené !

-       L'amour ne suffit pas toujours Louka, ou parfois il est trop puissant, ingérable. Je n'ai pas d'explications à te donner, moi non plus je ne comprends pas.

-       Pourquoi tu t'es mise dans un état pareil hier soir ? Tu aurais pu l'appeler, tu aurais pu venir ici, vous auriez pu discuter. Mais tu as choisi d'aller dans ce bar et de boire à t'en retourner la tête, pourquoi ?

-       Je ne sais pas.

-       Moi je le sais, parce que c'était plus facile ! Tu as choisi la facilité, tu as choisi l'alcool plutôt que de faire face à ce que tu ressens.

-       Gardes ta psychanalyse pour toi, tu seras gentil.

-       Et voilà, tu te renfermes à nouveau et tu refuses d'admettre que ce que je dis est vrai.

-       Mais oui c'est vrai ! Oui c'est plus facile de picoler et de traîner dans les bars, oui c'est plus facile de me retourner la tête, oui c'est plus facile d'oublier que d'admettre qu'Adam m'a laissé derrière lui au moment où j'avais le plus besoin de lui, qu'il m'a laissé seule affronter cette... chose. Plus facile de ne plus rien ressentir que de me souvenir que, comme tout le monde, il m'a abandonné, alors qu'il m'avait promis qu'il ne le ferait jamais.  Dis-je en haussant le ton, les larmes aux yeux.

-       Tu sais maintenant ce qu'il s'est passé, il a essayé Aria.

-       Ah oui pardon, c'est aussi plus facile de traîner dans les bars que de rester dans un appartement où tu as grandi et où pourtant tu ne t'es jamais sentie chez toi. Avec une femme qui est censée t'élever telle une mère mais qui ne te voit que comme un putain de projet professionnel et qui gâche ta vie une deuxiéme fois en éloignant de toi la seule personne qui comptait.

-       Aria calmes toi s'il te plaît. Je ne dis pas que c'est facile, je veux juste te faire comprendre qu'Adam et toi, vous êtes pareils. Vous ne supportez pas d'être séparés et quand vous êtes ensemble vous vous détruisez. Pourtant, vous pourriez être bien ensemble, je le sais.


Je tente de reprendre mon calme, sans succès. Tout se bouscule en moi et la douleur revient s'immiscer peu à peu au cœur de mon âme. Je sais qu'il a raison, mais c'est plus fort que moi, je lui en veux. Je lui en veux de faire ressurgir tout ce qui m'a saccagé ces dernières années, je lui en veux de me mettre comme ça face à ma vie qui ne ressemble en rien à celle que j'aurais voulu. J'ai cette colère en moi dont je n'arrive pas à me débarrasser, elle me ronge et me dévore, elle me terrifie. Je me lève brusquement et le regarde droit dans les yeux.


-       Tu as raisons Louka, tu sais mieux que tout le monde. C'est facile pour toi, d'observer tout ça depuis ta tour d'argent, avec tes parents géniaux, ton enfance merveilleuse et ta nouvelle vie de rêve. Mais dis-toi une chose, tout le monde n'a pas ta chance ! Ah oui, autre chose, t'y connais quoi toi à l'amour dis moi ? Rien du tout ! Alors ta morale, tu peux te la garder, ton avis également.


Sans lui laisser le temps de répliquer, je cours vers la sortie. Une fois dans le hall, je me précipitais vers la porte d'entrée lorsque je me suis retrouvée nez à nez avec Adam. Je commences vraiment à croire que si ce fameux dieu dont beaucoup de gens chantent les louanges tous les dimanches existe, il prend un malin plaisir à me torturer.

-       Aria !

Adam me dévisage, avec sa mine toute endormie il semble complétement perdu et surpris de me voir ainsi courir vers la sortie. Il ne manquait plus que ça!

-       Je pensais que tu dormais dans ma chambre, dit-il voyant que je ne disais rien.

-       Non, je m'en vais, dis-je en reprenant ma route vers la porte mais il me saisit le bras m'obligeant à me retrouver de nouveau face à lui.

-       Quoi ? Pourquoi ? Je te rappelle qu'on doit avoir une discussion tous les deux ! Tu ne peux pas partir comme ça en douce après la soirée d'hier ! Dit-il à présent bien réveillé et agacé.

-       Si je le peux, et je compte bien le faire.

-       Mais qu'est ce que tu as ? Pourquoi es-tu aussi énervée ?

-       Je n'ai rien à te dire Adam, c'est tout. Ce n'est pas le bon moment ! Laisses moi partir maintenant.

-       Tu sais très bien que c'est faux, on a beaucoup de choses à se dire et il n'y aura jamais de "bon" moment pour ça.

-       Mais qu'est ce que tu veux entendre à la fin ? Que je t'en veux ? C'est ça que tu as si besoin de savoir ? Dans ce cas très bien ! Oui je t'en veux Adam ! Je t'en veux de m'avoir promis un jour que tu serais celui qui ne m'abandonnerai jamais et de l'avoir pourtant fait. Je t'en veux de m'avoir fait croire que toi et les garçons étaient ce dont j'avais toujours rêvé: une famille, pour m'avoir ensuite laissé toute seule alors que j'avais besoin de vous ! Besoin de toi ! Je t'en veux d'avoir cru Elisabeth, je t'en veux d'avoir plus cru en cette putain de signature qu'en mon amour pour toi ! Je t'en veux d'avoir arrêté de te battre. Je t'en veux d'avoir trahi tout ce qu'on s'était promis et je m'en veux à moi, de t'avoir cru. Ça te va comme ça ? On a discuté maintenant je peux y aller ?

Sans un mot, le regard rivé au miens, il lâche mon bras. Je reste ainsi quelques secondes, noyée dans son regard d'encre qui semble s'être perdu dans les méandres de l'enfer, de notre enfer. Je vois aux creux de ses yeux l'impact de chacun de mes mots, lancés tel des missiles prêts à tout détruire. Je vois son visage changé, son regard fuir. Je ne peux supporter cela une minute de plus, alors je me mets à courir, encore. Fuir est devenue mon activité principale, à ma plus grande honte. Je franchie la porte d'entrée et sans me retourner, je cours en direction du métro. Je m'engouffre à l'intérieur et m'assois dans un coin du wagon, désert à cette heure. Il ne m'a pas fallu plus d'une seconde pour m'effondrer, je pleurais à présent toute l'eau présente dans mon organisme. Sans pouvoir m'arrêter, je respirais péniblement. Louka à raison, je détruis toujours tout et je n'arrive pas à m'en empêcher.

Je choisie toujours la fuite parce que c'est plus facile. Je préfère faire mal plutôt que de montrer à quel point moi, j'ai mal. Son dernier regard me hante et je ne peux ôter cette image de ma tête. Depuis que je connais Adam, je n'arrive plus à maîtriser la moindre de mes émotions, la colère plus particulièrement. Quand elle prend possession de moi, elle m'envahie l'âme et l'esprit. Adam à cette possibilité que jamais personne n'a eu avant, car jamais je ne l'avais laissé  à qui que ce soit, celle de me détruire, celle de me mettre hors de moi, celle de mettre en exergue chacune de mes émotions, ma peur, ma jalousie, ma colère mais aussi mon amour, mon bonheur. Avec lui tout est décuplé, rien n'est contrôlable. Moi qui auparavant gérait tout ça d'une main de fer, à bien changé.

A cet instant, ce qui me fait le plus de mal est de penser réellement ce que je lui ai dis, tout en sachant que ce n'est pas sa faute. Je sais à présent qu'il a essayé, je sais qu'il m'a écrit et surtout je sais que dans son cœur, il ne m'a jamais abandonné. Pourtant, je n'arrive pas à cesser de lui en vouloir, je n'arrive pas à me libérer de cette colère qui m'anime depuis deux ans maintenant. Je n'arrive pas à me dire qu'il n'a pas pu faire autrement et que ces deux dernières années, je me suis trompée. Ce qui me tue par dessus tout, c'est de constater qu'Elisabeth avait raison. Adam, ou plutôt mon amour pour lui, fait ressortir ce qu'il y a de pire en moi.

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