☆ 3ème Rêve ☆
Sylvain renouvella sa question.
-- Un soda, se décida à dire Nathan.
-- Ok et toi Agathe ? Aussi un soda ?
-- Surtout pas !
-- ...
-- Pardon... j'étais perdue dans mes pensées. Je vais prendre un jus d'orange.
Tandis que les adultes plus âgés se mettaient d'accord sur quelle bouteille de vin choisir, Nathan s'inquiétait pour son amie.
-- Tu te sens bien ? Tu es toute pâle...
-- Oui, ça va, répondit-elle sans le regarder.
-- Tu savais qu'il bossait ici ?
-- Non, ça il ne me l'a pas dit.
-- Comment ça "ça" ? Vous avez discuté longtemps ?
-- Non, j'ai écourté notre conversation.
-- Tu as bien fait.
Elle lâcha un soupir avant de déclarer :
-- Il avait raison. Tu es un peu trop pot de colle.
-- Quoi ? Parce qu'il fait des commentaires sur moi en plus ? Il est culotté celui-là ! Et tu es d'accord avec lui ?
-- Non...
-- Agathe, depuis le début de la soirée, je n'ai jamais vu tes yeux.
Malgré la colère, il s'inquiétait pour son amie. Quant à cette dernière, les pensées se bousculaient dans sa tête avec les images. Cela en devenait insupportable. Elle ne savait plus quoi dire, quoi faire.
-- Adrien, lança Nathan, Agathe n'a pas l'air bien.
Le père se pencha aussitôt vers sa fille pour savoir ce qu'il n'allait pas. Finalement, il décida de rentrer chez eux et de reporter le dîner. Il partit donc du restaurant avec Agathe sur son dos sous le regard curieux d'Eliott, et inquiets de la famille de Nathan tandis que celui-ci était de plus énervé.
++++++++++
-- Il serait peut-être préférable d'aller à l'hôpital.
-- Non ne t'en fais pas... C'est juste que je pense à beaucoup de choses à la fois.
-- Si tu as besoin de parler, n'oublie pas que je serai toujours là, rassura son père.
-- Merci. Pourtant, je ne veux pas te vexer mais maman me manque.
-- Je sais, à moi aussi...
Il borda sa fille avant de l'embrasser sur le front et de quitter la pièce.
-- Fais de beaux rêves.
☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se retrouvait face à Silas et à Nathan.
-- Te revoilà, lança ce dernier.
Agathe dû faire un travail sur elle pour ne pas sortir de ses gonds.
-- S'il te plaît, fais moi sortir de là.
-- Mais... pourquoi ? demanda son subconscient.
-- Ce rêve se transforme en cauchemar. Un cauchemar que je fais à chaque fois maintenant. Ça en devient insupportable. Je me suis même disputé avec le Nathan de mon monde.
-- Je suis désolé, souffla Silas. Si tu es sûre de ton choix, je vais t'aider.
-- Merci beaucoup, j'espérais que tu me comprennes.
-- Bien sûr, je suis toi je te rappelle.
Cette réplique fit sourire Agathe. Son subconscient avait beau être un petit peu direct et vantard, il était très serviable.
-- Alors, comment fait-on pour sortir ?
-- Nous devons trouver un portail vert émeraude. Celui-ci nous permet de nous rendre au centre du monde des rêves. Là où se trouve le grand patron qui pourra te faire sortir de là.
-- Alors trouvons ce portail ! lança Agathe.
-- Excusez-moi, je... Je peux vous accompagner ?
Agathe se retourna vers Nathan en évitant toute fois de regarder en dessous de son cou.
-- Il nous serait utile, assura Silas. Avec toute l'aventure qui nous attend, il est préférable d'être plus nombreux.
-- Ok... Par contre, tu es sûr que tu ne peux pas te rhabiller ?
-- Non désolé, répondit son locuteur un peu gêné que cela dérange Agathe.
-- Ce n'est pas le plus important, nous devons partir, dit alors Silas.
-- Et comment ?
-- À l'aide d'un portail.
-- Reste encore à le trouver, ajouta Nathan.
Pendant quelques temps, ils marchèrent groupés sans savoir vers où. Ils dûrent passer plusieurs fois au même endroit sans s'en rendre compte. Alors qu'Agathe commençait à penser qu'ils ne sortiraient jamais d'ici, une petite colonne sortit du sol.
-- Qu'est-ce que c'est ?
Elle s'en approcha. Il était posé dessus une petite pièce. À côté, il y avait un carton avec les caractères suivants :
Pile ---> Sortie
Face ---> Recommencez !
-- Un pile ou face ? Sérieux ?
-- C'est le seul moyen de quitter cet endroit, assura son subconscient. Comme c'est toi qui l'a vue la première, c'est toi qui doit remporter ce défi.
-- Étrange mais ce n'est pas difficile.
Elle prit la pièce dans sa main, la lança, l'attrapa dans sa paume et la retourna sur le dos de son autre main.
-- Face, mince.
Elle retenta sa chance.
-- Toujours face.
Une fois de plus.
-- Face.
Encore une fois.
-- Face...
Et encore.
-- Face...
-- Je commence à croire que la pièce tombera toujours sur face, constata Nathan.
-- Nous sommes dans un rêve donc ce n'est pas impossible, répondit la jeune femme.
-- Tu comprends vite, lança Silas un peu fier. Néanmoins, cela me paraît bien étrange. As-tu examiné la pièce ?
-- Non mais...
En retournant la pièce, elle réalisa que la pièce était truquée, il y avait deux côtés face !
-- C'est pour cela que je n'y arrivais pas ! s'écria Agathe.
Silas s'approcha de la colonne.
-- Peut-être y a-t-il quelque chose d'écrit au dos du carton.
Il souleva le carton et que fut sa surprise lorsqu'il vit une autre pièce en dessous. De plus, celle-ci avait deux côtés pile.
-- J'ai trouvé la solution ! s'exclama-t-il.
Il lança la pièce et évidemment, elle tomba sur le côté pile.
Soudain, un portail bleu roi apparut devant eux.
-- Allons-y ! lança Silas.
Silas et Nathan traversèrent les premiers et Agathe les suivit peu de temps après.
☆ ☆ Portail couleur bleu roi ☆ ☆
-- Ma mie périmée ?
-- Oui mon chou à la crème moisi ?
-- Je suis passé à la boulangerie et je t'ai pris un éclair cosmique aux pépites de crottes de lapin.
-- Oh c'est tellement adorable de ta part !
Le jeune homme se déchaussea et rejoigna sa femme afin de l'enlacer.
-- Tu pues de la bouche aujourd'hui, complimenta l'homme en se repoussant.
La femme rougit en retour.
-- J'espère que tu as faim mon petit merdier parce que je nous ai fait un repas de folie. Les enfants, descendez !
Deux garçons dévalèrent les escaliers avant de se manger la dernière marche.
-- Tiens maman, j'ai fait un dessin pour toi, déclara l'un de deux.
-- Oh mais c'est incroyable ! C'est le dessin le plus horrible que l'on ne m'a jamais offert. En plus, tu t'es trompé en écrivant mon prénom. Tu es vraiment idiot toi, conclue-t-elle en ébourriffant les cheveux de l'enfant.
-- On l'écrit comment alors ton prénom pourri ?
-- A-G-A-T-H-E, épela la femme.
Subitement, quelque chose se passa dans son esprit. Quelque chose s'était comme déclenché.
-- Bon, maintenant passons à table, lança-t-elle finalement.
Le dîner fut répugnant et le père ne manqua l'occasion de le dire.
-- Je suis repu, dit-il après avoir englouti deux assiettes remplies.
La table débarassée, toute la famille se mit à laver la vaisselle. Une fois la tâche faite, le père va sur le canapé avec un journal. Les enfants étaient sur le point de partir quand leur mère les arrêta.
-- Qu'il y a-t-il maman ?
-- Eh oh Silas, Nathan, c'est moi, Agathe.
-- Que... Que se passe-t-il ? fit son subconscient.
-- Nous devons être dans un rêve où l'on forme une famille, supposa la jeune étudiante.
-- Et... qui est le père ? questionna Nathan.
Elle ne semblait pas très fière de ce qu'elle allait dire.
-- Je... C'est... Eliott... Et il a... des yeux en cœur, cela ne me rassure pas tout...
-- Qui est-ce celui-là ? demanda Nathan.
-- Un gars qui n'arrête pas de la draguer, répondit Silas.
-- Oooh ! Oh...
-- Non pas de "Oooh" ! Ce n'est pas drôle du tout ! Il faut s'échapper de ce rêve !
-- Plus facile à dire qu'à faire..., avoua son subconscient. Pour faire apparaître un portail onirique, il faut qu'un évènement particulier se déroule dans le rêve, expliqua Silas. Malheureusement, l'évènement en question ne sera pas toujours indiqué. La dernière fois, c'était un sacré coup de chance.
-- Que devons-nous faire alors ?
-- Pour l'instant, jouons nos rôles, conseilla Silas. Peut-être aurons-nous des indices.
La soirée se passa sans qu'ils furent avancés. Jouant son rôle de mère, Agathe emmena Silas et Nathan au lit. En sortant de leur chambre, elle se retrouva face à son soi-disant mari.
-- Oui ?
Il ne répondit pas mais lui lança un regard de tombeur.
-- Non..., dit-elle finalement avant de s'enfuir dans la salle de bain.
-- J'espère que ce n'est pas ça l'événement qui doit se produire sinon on ne risque pas de sortir de ce rêve...
Son mari toqua à la porte.
-- Tout va bien ?
-- Oui ça va super, mentit-elle. Qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce que je fais ? Je ne vais pas passer la nuit dans cette pièce tout de même.
Soudain, les quatre murs tombèrent vers l'extérieur.
-- Oh non que va-t-il se passer ? s'inquiéta Agathe.
Elle se retrouva dehors, en pleine nuit. Elle ne voyait rien mais entendit un vrombissement. Celui-ci devait se rapprocher puisqu'il devint de plus en plus fort. La jeune femme essayait de savoir par où cela allait venir. Puis, un engin traça passant à quelques centimètres d'elle.
-- Aaah ! Je viens de voir ma vie défiler !
L'engin repassa plusieurs toujours aussi proche d'Agathe.
-- Je veux sortir de là !!
-- On arrive, lança Silas accompagné de Nathan.
-- Enfin de l'aide...
Les deux garçons l'entourèrent afin de la protéger. Malheureusement, l'engin fonça et roula sur Nathan, le tuant sur le coup.
-- Non !! hurla la jeune femme.
-- Ne t'en fait pas, assura son subconscient.
-- Quoi ?
-- Ait confiance. Le plus important est de se débarrasser de ce bolide.
Il courut dans l'obscurité et Agathe le perdit de vue. L'engin continuait de passer. Il allait tellement vite qu'elle n'arrivait toujours pas à l'identifier. Est-il conduit par quelqu'un ou se comportait-il ainsi seul ?
-- Il va me percuter si cela continue ! s'écria-t-elle.
-- Ne t'en fais pas !
Son subconscient revint armé d'une hache.
-- Ça va chauffer !!
Il se jeta sur le bolide et le découpa en mille morceaux.
-- Héhé ! Voilà une bonne chose de faite !
Agathe se rapprocha de ce qu'il restait de l'engin et remarqua que quelqu'un gisait à côté.
-- C'est Eliott, lâcha la jeune femme.
-- Pardon ?
-- C'est Eliott qui conduisait.
-- Pourquoi voudrait-il te renverser ?
-- Je n'en ai aucune idée.
Elle se rapprocha du corps quand celui-ci se mut.
N.D.A. : "Mut" est le verbe "mouvoir" conjugué au passé simple et à la troisième personne du singulier :)
-- Tu as vraiment voulu me tuer ?
-- Moi... ? Jamais.
-- Alors pourquoi tout ce cirque ?! Tu serais aussi fou que cela dans la réalité ?
-- Je ne vois pas de quoi tu parles mais... ce dont je suis sûr, c'est que je suis fou de toi.
Silas se mima en train de vomir avant d'éclater de rire. Agathe, elle, était plutôt déboussolée.
-- Alors euh... soit tu es... ce que tu viens de dire mais pourquoi vouloir me rouler dessus ?
-- Te rouler dessus ? Te tuer ? À aucun moment dans ma vie je souhaiterai d'infliger cela. Si j'ai cela, c'était pour t'embrasser.
Ces 5 derniers mots bloquaient dans la tête d'Agathe. Alors, elle se tourna vers son subconscient et communiqua avec lui par leur regard.
Il est complètement taré !!
Pas plus que dans la réalité, je me trompe ?
Il avait besoin de monter sur une moto et de tracer pour m'embrasser ?!
Parce que s'il te l'avait demandé gentiment tu aurais accepté ?
...
1-0 pour moi.
Au fait, on communique vraiment par le regard ?!
Nous sommes dans un rêve je te rappelle... Ça te sors vite de la tête...
Décidément !
Agathe fit un demi-tour afin de se trouver de nouveau face à Eliott. Ce dernier en profita pour tirer la jambe de la jeune femme et la faire tomber sur lui.
-- On ne peut retourner dans une scène d'action ? se demanda Silas. J'aimais bien moi ! Les romances ce ne sont pas trop ce qu'il me plait le plus. J'ai toujours ma hache vous savez !
Alors qu'il se plaignait de la niaiserie de la situation, Agathe en était dans une plus délicate. Ses lèvres et celles d'Eliott étaient toutes proches.
☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆
La jeune femme se réveilla d'un coup.
-- Ooh... C'est un véritable cauchemar. Et dire que quand je me rendormirai je vais me trouver... Beurk !
Elle se leva et descendit au rez-de-chaussée. Son père était déjà en train de prendre son petit-déjeûner.
-- Tu te sens mieux ?
-- Pas réellement.
-- Ne travaille pas trop aujourd'hui, d'accord ? Il faut que tu te reposes.
-- Tu dois avoir raison...
-- Que dirais-tu d'une journée à passer ensemble ?
-- Toute la journée ?
-- Tu ne veux pas ?
-- Au contraire, répondit-elle avec un grand sourire.
C'est pendant ces moments-là qu'Agathe réalise qu'elle ne pourra jamais se passer de son père. Il a toujours été là pour elle. À aucun moment il ne l'a pas épaulée. Malgré le vide laissée par l'abscence de sa femme, Adrien ferait tout pour chérir sa fille et la rendre heureuse.
Ainsi, ils jouèrent à divers jeux et discutèrent de livres qu'ils avaient tous les deux lu. S'il n'y avait qu'un point commun à donner à ces deux-là, c'était bien leur capacité à dévorer des bouquins. Ce dimanche passa relativement vite et, alors qu'Agathe était couchée dans son lit, elle feigna de dormir lorsque son père vint dans sa chambre pour lui souhaiter une bonne nuit. Elle s'empêcha par tous les moyens de s'endormir. C'était risqué puisque le jour suivant était lundi mais Agathe se pensait capable de tenir une nuit blanche. Elle essayait de se convaincre que si elle ne dormait pas cette nuit, le rêve aurait changé. Pourtant, elle se doutait que cela ne serait pas aussi simple.
++++++++++
Agathe était appuyée sur son casier en train de lutter contre le sommeil.
-- Salut ! La forme ? lança Coralie.
-- Moui...
-- On ne dirait pas, ria son amie.
Après ces mots, Eliott passa derrière cette dernière, de quoi bien réveillée Agathe.
-- Voilà une réaction bien étrange. Tu n'aurais pas succomber tout de même ?
-- Tu es folle ?! Jamais !
Eliott fit demi-tour et se retrouva face à celle qu'il draguait.
-- Tu m'as l'air épuisé. Tu n'aurais pas passé une nuit blanche toi ?
-- Laisse-moi tranquille...
-- Hep hep hep toi ! Oui toi !
C'était Nathan qui fit une entrée en trombe.
-- Il ne t'a pas attendu devant chez toi ? questionna Coralie.
-- Non et ça m'a intriguée.
Le jeune homme se rua sur Eliott avant de lui flanquer un coup de poing à l'épaule.
-- Ça ne te dérange pas de me critiquer dans le dos ?! Je t'ai fait quoi ? Hein ? Qu'est-ce que je t'ai fait ?!
-- Nathan calme-toi, souffla Coralie en s'interposant entre les deux hommes.
Il lâcha un grognement avant de repartir. C'était bien la première fois qu'il était aussi en colère. Agathe partit le rejoindre mais Eliott la rattrapa par le bras.
-- Tu devrais le laisser seul un moment, lui conseilla-t-il en passant son bras autour du cou de la jeune femme.
Cette dernière était tellement peinée qu'elle ne réagit pas. Lorsque Nathan se retourna afin de jeter un rapide coup d'œil, la rage et le chagrin s'emparèrent de son cœur...
Publié le 04/05/2020
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