ENGAGÉE - CHAPITRE 33
Quand je me réveille le lendemain matin, il fait encore nuit et Bastian dort profondément à mes côtés. Discrètement, je sors du lit et récupère des sous vêtements, un jean noir et le sweat de Bastian. Je quitte la chambre sur la pointe des pieds et m'enferme dans la salle de bain pour me changer. Je rabat ma capuche sur mes cheveux ébouriffés et sors de la pièce.
Je ne fume pas habituellement, mais aujourd'hui je décide de prendre un cigarette dans un la poche du manteau d'Alfonso. J'ai besoin de me déstresser bien que ce soit sûrement le pire moyen de gérer la situation. Le cœur encore lourd, je sors sur le minuscule balcon et m'assois par terre. Avec le Zippo que j'ai piqué à Alfonso j'allume ma cigarette et je tire une taffe dessus. Je voudrais que la fumée qui sors de ma bouche et s'envole dans les airs consume mon cœur; que je ne puisse plus rien ressentir... Je continue à fumer tranquillement jusqu'à ce qu'Alfonso me rejoigne. Il s'assoit à côté de moi sans un mot. Je ne le regarde pas mais sait déjà qu'il s'agit de lui. Bastian m'aurait déjà tirée la cigarette des mains en s'insurgeant de ma bêtise et de mon irresponsabilité.
– Marina... Tu veux parler ?
– Ça dépend, de quoi ?
Le ton de ma voix est sec, dur, mais je suis a bout. Je voudrais qu'Alfonso avoue tout a Bastian, quitte à ce que ce dernier soit incapable de me regarder après. Je ne peux pas garder ça pour moi, je tiens trop a Bastian pour ça.
– D'hier soir...
Je faillis m'étouffer avec la fumée :
– Hier soir ? Qui a-t-il à dire sur hier soir ?
– Je vous ai entendus, ne joue pas l'innocente.
– Oh mon dieu Alfonso on n'a pas... Enfin on n'a pas couché ensemble !
Il rigole légèrement, apparemment il était déjà au courant de ça :
– Je le sais bien ! Tu n'es pas du genre à coucher comme ça. Après tout c'est vrai, un simple baiser échangé avec lui tu n'arrives pas à l'oublier, alors une partie de jambes en l'air entière !
– Tu nous as espionnés c'est ça ?
Le visage d'Alfonso est fermé, ses yeux sont aussi sombre que lorsqu'il m'a parlée de ma mère, je frissonne légèrement sans oser en dire plus.
– Tu oublies Aurélia ! Ce n'est pourtant pas compliqué de réfléchir deux secondes à ce que tu fais ?! Le mec est du genre à tuer ses plans culs et tu te jettes dans ses bras ? Tu m'étonnes que ta mère veuille venir te chercher !
– La ferme avec ma mère ! Tu l'as sûrement sautée plus d'une fois et de toutes façons elle n'a aucun droit me concernant.
Je me relève les yeux emplis de haine et rentre dans le salon en terminant :
– Et Aurélia n'a rien à voir avec moi, figure toi que jamais je ne coucherai avec Bastian, j'en serais incapable...
J'attrape les clefs de la voiture dans la veste d'Alfonso et sors de l'appartement, j'ai besoin de sortir un peu prendre l'air. Au passage je fourre dans la poche du sweat de Bastian le paquets de cigarettes, et enfile mes Converses. Les deux vont s'inquiéter j'en suis sûre, mais je m'en fous, ils l'ont mérité !
*
Cinq clopes et deux heures de voitures plus tard je rentre à l'appartement. Mes sens sont légèrement embués par l'excès de tabac mais je me sens bien. Je monte lentement les escaliers, la respiration halletante et les jambes lourdes. Voilà deux heures que je conduisais a vive allure les fenêtres ouvertes, dans l'espoir de vider mon esprit débordant d'envies meurtrières et de haine.
Je toque à la porte avec un soupire, putain j'aurais du prendre les clefs avec moi... La porte s'ouvre sur Bastian, son regard est noir mais quand il me voit, contrairement à ce à quoi je m'attendais, il m'attire contre lui et me serre dans ses bras. Je ferme les yeux, et le laisse faire glisser ma capuche dans mon dos pour libérer mes cheveux.
– On se disputera tout à l'heure parce que tu pues le tabac et que tu as pris la voiture sans prévenir personne alors que tu es plus recherchée encore que moi, souffle Bastian en s'écartant de moi, pour l'instant je dois appeler Alfonso, il est parti te chercher.
– Bastian, je ne suis pas ta fille... Je soupire en remettant les clefs de la voiture dans la poche du manteau d'Alfonso.
– Va dans la chambre, j'ai besoin de te parler d'un truc, j'arrive.
Je ne réponds pas et file, soucieuse de mettre de la distance entre nous deux. La sensation que me procure le fait d'être près de lui est incroyable, si agréable et pourtant si désagréable... Pourquoi mon ventre se tord t'il douloureusement alors que mon cœur explose en une gerbe d'étincelles dans ma poitrine ? Je passe une main dans mes cheveux, soupirante, dans quoi me suis-je fourrée ? Tout était tellement plus simple lorsque que j'étais convaincue de le détester...! Aujourd'hui je n'en suis plus si sûre... Je ne suis pas amoureuse de lui, mais cette haine immense qui m'animait auparavant n'est plus qu'un souvenir. Aujourd'hui je me sens bien en sa présence, a moins qu'il fasse exprès d'être horripilant, j'aime rigoler avec lui, travailler avec lui. Quand je nous sens unis dans un but précis et commun, celui de tuer Sergueï, je me sens plus légère et mon esprit s'apaise.
– Marina ? Me fait sursauter la voix grave du sujet de mes pensées.
– Je t'en prie ne me fais pas la morale ! Soupiré-je, désespérée.
– C'était la dernière fois que tes lèvres touchaient une cigarette, réplique-t-il avec sérieux et colère.
– Tu devrais en faire autant ça te ferais du bien aussi.
– Écoute, je suis un cas désespéré, si je ne suis pas mort avant la fin de l'année c'est un exploit ! Toi tu as encore une vie entière devant toi, alors ménage ton corps et tes poumons.
– Ne dis pas ça ! Toi aussi tu as la vie devant toi, ma proposition de partir à l'autre bout du monde tient toujours ! Tu peux quitter cette merde, c'est hors de question que je finisse seule en te sachant mort.
– Tu n'es pas Aurélia, reprend-t-il, neutre et imperturbable.
– Quoi ? Quel... Comment... Comment sais-tu...?
– Alfonso m'a fait la morale pendant vingt minutes quand je me suis levé, j'en ai conclut que c'était l'une des raisons de ta disparition, qu'il t'avait fait chier toi aussi avec ce ramassis de conneries.
– Il n'a pas tord, dans ce qu'il dit il y a du vrai... Je me jette dans tes bras alors que je connais le sort qu'a subit Aurélia... On n'aurait jamais dû faire ce qu'on a fait hier, c'était complètement idiot et irréfléchi... Et c'était complètement de ma faute...
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