ENGAGÉE - CHAPITRE 26

– Marina... Commence Alfonso dans un soupire.

Je lève les yeux vers lui, les sourcils froncés. Je ne suis pas d'humeur à me faire sermonner parce que ça fait plusieurs semaines que je ne suis pas sortie, alors il a intérêt à se méfier de ce qu'il raconte.

– Je pense que vos sorties au bord du lac à Catane manquent à Bastian.

– Pardon ?! Ris-je en sentant mon cœur se serrer dans ma poitrine.

Putain mais pourquoi remu-t-il ainsi le couteau de la plaie ?!

– La Marina qui lui parlait de princesses et de grenouilles lui manque...

– Comment sais-tu...

– Je sais bien plus de choses que tu ne le penses, Marina, ouvre les yeux ! Me coupe-t-il avec un air compatissant.

– Je ne te suis pas bien, là... fis-je, perdue.

– Tu ne voudrais pas aller faire un tour à Cannes avec Laura, tu as vraiment besoin de prendre l'air ma grande ! Reprend-t-il, changeant de sujet.

– J'ai du travail !

– Ce n'était pas une question Marina, va t'habiller Laura t'attend en bas, réplique-t-il et je le foudroie du regard.

– T'es vraiment...

– Malin ? Me coupe-t-il, oui, on peut dire ça !

– Sors de ma chambre si tu veux que je me change !

Il lève les mains en l'air en signe de soumission et sors de ma chambre, je roule en dehors de mon lit et enfile un jean noir en vitesse. Je passe un T-shirt par dessus ma tête et je le fais glisser sur mes épaules. Puis je cherche sur mes cintres un sweat-shirt à enfiler. C'est alors que mon regard tombe sur celui que m'a passé Bastian... Je fais glisser les tissus épais contre la paume de ma main; pourquoi ai-je si envie de mettre celui là ? Il n'a pourtant rien de plus que celui que j'ai acheté avec Alfonso...

Je le prends dans mes bras et l'enfile en vitesse, avant que mon bon sens ne reprenne le dessus et me fasse  changer d'avis. Je prends des lunettes noires afin de passer inaperçu et je descends afin de ne pas trop faire attendre Laura. Alors que je referme la porte de ma chambre, je croise Bastian qui revient de la salle de bain. Il se fige en me voyant, ses yeux fixent mon sweat-shirt et c'est alors que je me rends compte que je porte le sien, et qu'il vient de me surprendre avec...

– Tu as prit mon sweat ?

– Ou... oui... l'autre était sale ! Je sors avec Laura en ville ! Réponds-je bien trop rapidement pour être honnête.

Mais bizarrement Bastian n'insiste pas; il se contente de hocher la tête, la mine dépitée.

– Bastian ? L'appellé-je alors qu'il entrait dans sa chambre, tu es sûr que tu vas bien ?

Il hoche la tête tristement et referme la porte derrière lui, mettant fin à notre discussion... Mon dieu qu'est-ce qui ne tourne pas rond avec lui ? Entre moi, qui ne semble pas décidée à oublier la sensation de ses lèvres glissant contre les miennes et lui qui a tout oublié mais semble dépressif au point de se suicider, que faut-il pour que tout redevienne comme avant ? Je préfère qu'on se dispute plutôt que de le voir ainsi, mal à l'aise et triste... Je descends les escaliers en soupirant, Laura m'attend comme Alfonso me l'a dit devant la porte.

*

– Tu vas voir, commence-t-elle alors que nous descendons la côte pour aller à la plage, tu vas t'éclater comme jamais auparavant !

Je hausse les épaules en rabattant sur ma tête mon sweat à capuche. Avant, il sentait l'odeur masculine de Bastian, mais je l'ai depuis si longtemps qu'elle s'est estompée... Je ne peux pas me perdre dedans comme je l'aurais espéré...

Toutes les deux nous passâmes l'après-midi dans un autre monde; un monde dans lequel il n'y a pas de Bastian, pas de mafia, pas de Sergueï... Je m'étais rarement sentie aussi bien, Laura avait raison. Nous avons fait un peu les magasins, je me suis achetée un maillot de bain, bien que le beau temps décline pour laisser place à l'hiver et une robe noire « pour les occasions » comme dit Laura. Elle même s'est achetée une robe, elle l'a prise rouge mais je n'ai pas osé être aussi extravagante, je n'ai pas sa confiance en soi et son caractère ! Inconsciemment, j'en viens à me demander si cela va plaire à Bastian... Peut-être qu'il préférera celle de Laura... Ensuite nous sommes allées nous promener sur la plage, un cornet de glace à la main, parlant de tout, sauf des sujets qui pourraient fâcher... Nos sacs dans une main, un cornet dans l'autre, nous traversons la grande plage de Canne, déserte à cette période de l'année...

*

À présent nous remontions à la maison, Laura avait gentiment proposé de porter mon sac. Enfin, plus précisément de mettre mon sac dans le sien afin de m'éviter d'avoir à le porter. J'ai accepté alors j'eus la chance de remonter les mains libres, non pas que mon sac portait des tonnes, mais quand même !

– Oh merde Marina... Chuchote Laura dans un souffle.

– Quoi ? Demandé-je, sentant la panique perçant dans la voix de Laura.

– Cours ! S'écrit-elle alors qu'une voiture ouvre le feu sur nous.

Instinctivement je me protège le visage de mes mains, une femme nous tire dessus, elle semble hargneuse, dévergondée. Elle me fait un peu penser à Laura. Je cours vers l'arrière mais son visage reste gravé dans mon esprit... J'ai l'impression de la connaître... Une balle ricoche sur un panneau de signalisation à côté de moi, je me glisse derrière une maison aux suites de Laura.

– Va crever ! Hanson ! S'écrit la femme alors que la voiture s'éloigne de nous...

Je me retourne vers Laura, elle a le souffle court et les yeux emplis de larmes. Son cou est rouge, maculé de son sang.

– Merde ! Lau ! Ou est-ce que tu as mal ?

– T'inquiète Marina... la balle n'a fait que m'érafler... lâche-t-elle en grimaçant, appelle Bastian...

– Assieds-toi Lau, t'es super pâle...

Elle me tend son téléphone, puis s'assois, enfin, se laisse tomber au sol. Je rentre dans ses contacts les mains tremblantes et cherche Bastian... Bastian Hanson... Hanson...

« Va crever ! Hanson ! »

Mon cœur rate un battement... Cette femme... Elle en veut à Bastian... Elle veut sa mort !

Oh merde ! Pas une de plus !

Je tiens le téléphone si fort dans mes mains que Laura m'appelle, me sortant de ma transe :

– Marina... Tu vas bien ? Tu sembles avoir vu un fantôme...

– Non, ça va ! J'appelle Bastian !

Un appelle et cinq minutes plus tard, Bastian est là avec un des hommes qui est arrivé avec Laura. Le deuxième prend mon amie dans ses bras alors que je reste bloquée au sol, le regard figé sur le bitume.

– Marina ? M'appelle Bastian doucement.

Mes yeux sont emplis de larmes, le visage de cette femme, inoubliable, passe en boucle dans ma tête. Et ses paroles : « va crever ! Hanson ! »... Pourquoi ? Dites-moi pourquoi faut-il toujours que tout se solde par le mort ?

Bastian s'est assis derrière moi, j'entends sa respiration régulière et son souffle chaud caressant la peau de mon cou.

– Ramène Laura, on rentre après, ordonne-t-il à l'autre qui s'exécute sans broncher...

J'entends le bruit de la voiture qui démarre... Mais je ne réagit pas... Bastian est la, je le sens derrière moi. Je suis trop faible pour tenter quoi que ce soit, trop faible pour espérer comprendre ce qu'il se passe dans mon subconscient qui me mette dans cet état...

Je me retourne vers Bastian, il me regard l'air inquiet, triste.

– Lève toi... Commence-t-il, nous devons rentrer...

Ses paroles auraient pu paraître dures, mais il les prononça avec une telle douceur et faiblesse, qu'elle glissèrent comme un compliment dans mon oreille. Il se relève devant moi, me tendant une main que j'accepte avec un sourire.

Alors que je me retrouve face à lui, les paroles de la femme chantent en boucle leur mélodie sordide dans mon esprit.

– Bastian... Commencé-je, tu vas mourir...

– Qu'est-ce que tu racontes !? S'écrit-il étonné.

– Elle me l'a dit ! Elle l'a dit ! Elle pensait que j'étais toi, cachée sous ton sweat, et l'a dit !

– Marina ! Calme toi ! Qui donc a dit ça ?

– Une femme, je ne saurais te donner son nom...

– Décrit-la, fit-il en me tendant sa main pour que nous avancions.

– Elle a sorti le haut de son corps, elle nous a tiré dessus, elle était brune, elle avait les yeux... elle avait...

Je marque un temps d'arrêt, perdue dans mes pensées... Ses yeux étaient bleus, bleus comme les miens...

– Elle avait mes yeux... soupiré-je perdue, tellement plongée dans mes réflexions que je suis à deux doigts de l'évanouissement...

Hello ! Comment allez-vous ?
Voilà un nouveau chapitre, le mercredi, comme à l'époque ahah ! 😂
On espère qu'il vous a plu ! 😍
Quelles sont vos théories pour la suite de cette histoire ? 😏
Bisous 😘 et à très vite pour la suite ! 😘

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