ENGAGÉE - CHAPITRE 20
Je me sens si oppressée, je tente de me libérer du sommeil effroyable qui me tient. Au cœur d'un cauchemar ressassant sans adoucir la situation les évènements d'hier. Je crie comme une folle, tirant sur ma voix cassée. Je ressens tout, la douleur vive des coups de fouet qui me sont portés, la honte de me retrouvée dans cette tenue a la vue de Bastian. J'ai honte d'être faible et de ne pas réussir a échapper aux mains de Sergueï se refermant autour du moi comme un piège sur sa proie. Je ne cesse de me débattre, les mains en feu, le visage ruisselant de larmes. Je crie de tout mon être, espérant obtenir de l'aide. J'appelle Bastian mais sans succès, je suis seule face a mon destin.
Pour la première fois de ma vie j'ai envie de le voir. J'ai envie qu'il apparaisse dans l'encadrement de cette putain de porte, lui, ses yeux sombres et son air hautain. Je l'appelle encore, c'est tout ce qu'il me reste à faire. Je pourrais presque l'entendre me répondre, sentir son souffle chaud mon mes lèvres abîmées par les coups de fouet.
– Marina ! S'écrit Bastian, bien plus fort cette fois.
Son visage se dessine de manière floue devant mes yeux. L'image vacille, je tente de m'accrocher à elle mais je sombre. Sa voix rauque m'appelle une seconde fois, c'est a ce moment que j'ouvre les yeux, prenant une grande inspiration. Je me redresse d'un coup, si violemment que je me cogne contre la tête de Bastian, penché au dessus de moi.
– Aïe ! Putain ! Jure celui-ci en me maintenant par les épaules.
– T'es venu ? Je soupire, ignorant ses plaintes.
– Quoi ? Marina ! C'est fini ! T'as fait un cauchemar, je suis venue et je t'ai soignée, tout va bien !
– Dis... Tu m'as vue ? Je demande alors qu'il s'écarte de moi pour s'asseoir sur le bord de son lit.
– Arrête de t'inquiéter pour ça ! Putain c'que tu peux être chiante parfois !
– Deux fois, en trois phrases... T'exagère quand même...
– T'es serieuse ? Hier t'as faillit crever a cause de ce con d'Alfonso et là tu me reproches de mal parler ? T'es vraiment folle toi !
Peut-être... Mais j'ai réussi a t'arracher un sourire, et ça, dieu sait comme c'est difficile !
– Il est quelle heure ? Je poursuis pour changer de sujet.
Il regarde la pièce, ses yeux noirs se posent sur chaque objet de sa chambre, sauf moi. Il semble mal a l'aise, j'ai peur de découvrir ce qu'il me cache encore...
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– On... On déménage... On s'en va... Maintenant que Sergueï connait notre planque on est dans la merde...
– Laisse moi dire au revoir à mon père !
A nouveau, son regard se fait fuyant. Je tente de le soutenir mais il se prend la tête dans les bras en soupirant.
– Bastian ? Je l'appelle doucement en posant ma main sur la sienne.
– C'est pas possible... Tu... Enfin tu...
– Mais quoi bordel !? Je m'écris plus qu'impatiente.
– T'es recherchée par la police... Estime-toi heureuse que la S.I.S.M.I ne soit pas encore informée...
– Putain mais depuis quand tu sais ça ! Je m'écris folle de rage.
Il ne répond pas, ne me regarde pas, je le foudroie du regard, retenant toutes les insultes qui menacent de m'échapper.
– Bastian regarde moi ! Je m'écris les yeux brouillés par les larmes.
Je retire la couverture, mon corps est uniquement recouvert de mon sweat à capuche, mais j'm'en fous, il en a déjà vu bien plus. Je m'avance vers lui, récupérant mon arme préférée, un désert eagle, trônant sur sa table de nuit.
Je charge l'arme et la pointe contre lui, mon regard est dur, menaçant.
– R.E.P.O.N.D, fais-je en articulant bien chacune des syllabes.
– Marina pose cette arme, répond-t-il légèrement paniqué de me voir dans cet état.
– T'as déjà oublié ma requête ? Réponds-moi ! Depuis combien de temps je suis recherchée par la police ! Je l'étais déjà quand je suis allée en ville avec Alfonso c'est ça !?
– J'te dirais tout, mais s'il te plaît pose la, tu n'es pas cette fille là... T'es mieux que ça, ne me menace pas comme l'a fait Sergueï.
– Tu oses te servir de ça contre moi ! Répond maintenant et je ne te ferais rien, t'as ma parole !
– J'te jure que ça fait à peine une semaine ! Je l'ai appris en descendant a la poste, je voulais juste pas t'alarmer, m'en veux pas s'il te plaît !
Je plonge dans son regard noir, il semble sincère, j'ai envie de croire qu'il est véritablement désolé. Mais je suis trop perdue en ce moment pour encaisser ça, je n'en ai pas la force.
– T'as pas le droit de faire ça... T'as pas le droit de m'empêcher de voir mon père...
Il fait un pas vers moi, comblant le vide entre nous deux. Sa main glisse sur mon bras alors qu'il poursuit :
– Je t'ai fait promettre de te protéger, tu t'en souviens ? Si je fais ça c'est pour te protéger...
– Sans mon père je n'ai plus rien Bastian... Il a besoin de mon argent s'il veut survivre !
– Si tu veux tu lui enverras de l'argent tous les mois, seulement, ne dis pas que c'est toi !
– Pourquoi t'es venu hier ? J'suis pas conne, j'ai bien vu que tu ignorais ma question ! Je poursuis, désireuse d'apaiser l'atmosphère tendue qu'il règne.
Les mouvements qu'il effectuait sur mon poignet cessèrent. Je baisse mes yeux vers sa main, puis je les remontent sur son visage sur lequel règne le trouble.
– Pourquoi tu ne réponds pas ? T'as toujours réponse à tout d'habitude... Je poursuis pour le provoquer.
– Laisse tomber, t'es trop bornée pour le comprendre...
Je ris légèrement à sa remarque puis je me détourne de lui. Je marche lentement et chacun de ces mouvements me fait souffrir le martyr. Je quitte la chambre de Bastian et marche d'un pas faible et lent jusqu'à ma chambre. Là bas, je récupère le petit tas composant mes vêtements et je le fourre dans un sac noir qui était déjà là quand je suis arrivée dans la villa. J'enfile un jogging noir a grand peine... incapable de plier mon dos. Je tente de mettre le sac sur mon dos mais y renonce en sentant les brettelles entrer en contact avec mon corps tuméfié.
– Marina, m'interpelle Bastian en faisant dépasser sa petite tête de derrière la porte.
– T'as retrouvé ta langue ?
– Et toi ton sarcasme, grimace-t-il en roulant des yeux.
– Je ne l'ai jamais perdu, nuance, poursuis-je, que voulais-tu me dire ?
– J'ai un cadeau pour toi...
Il fait dépasser de derrière la porte ma veste en cuir, celle qu'il m'a prise il y a assez longtemps maintenant. Je laisse échapper un petit rire en levant les yeux au ciel. Je l'attrape et la fourre dans mon sac.
– Merci... Je n'aurais jamais cru la revoir celle-là... Soupiré-je.
– Donne moi ton sac, t'es blessée, reprend-t-il en m'arrachant des mains le sac que je m'évertue à mettre sur mes épaules.
Il quitte ma chambre sans un mot de plus, je le suis en soupirant. Je supporte la douleur de mes côtés et de mes jambes dans le couloir, mais les escaliers sont un véritable calvaire. Arrivée en bas, j'ai l'impression d'avoir couru un marathon... Bastian me regard du coin de l'œil, je crois déceler de la tristesse dans son regard.
Alfonso s'avance vers moi, il me tend une carte d'identité et un passeport en déclarant.
– À présent tu t'appelles Marine Cavalet, tu es née à Paris en France, ne pose pas de questions.
Je le regarde froidement, il est distant avec moi, je ne peux me retenir de lui répondre :
– J'en pose si je veux.
– Marina ! S'écrit-il en serrant mes poignets dans ses mains.
Je crie en tentant de me retirer mais il serre encore plus pour m'empêcher de partir.
– Marina, j't'en prie m'en veux pas pour ce qu'il s'est passé !
– Enlève tes mains d'elle ! Tu te rappelles de la vidéo ou tu veux que je te la repasse pour que ça rentre dans ta tête de con ! S'énerve Bastian, fusillant Alfonso du regard.
– Bastian laisse, je réponds en secouant la tête, ce n'est pas de ta faute Alfonso, j'aurais du être plus prudente !
– Grouillez-vous ! S'énerve Bastian en me tirant vers lui.
– Lâche-moi toi aussi ! T'as beau te la jouer protecteur, tu ne remplaceras jamais mon père, je crache en le gratifiant d'un regard noir avant de quitter lentement la maison.
Salaud de Sergueï de m'avoir mis dans cet état !
Dehors nous attend une voiture bleue assez vieille immatriculée en France. La peinture de la carrosserie s'effrite et les phares sont jaunis par le temps.
– Alfonso, tu montes devant, tu conduis, fait Bastian en se plaçant à mes côtés, t'as lancé le retardateur ?
Le retardateur ? Quel retardateur ? De quoi ils parlent les deux.
Alfonso acquiesce et monte l'avant. La voiture démarre dans un tas de crissements et de cliquetis. Je monte et Bastian aussi, il s'assied sur le siège du milieu, juste a coté de moi.
– Qu'est-ce que tu veux ? Je lâche sans daigner le regarder.
– Pourquoi hier tout allait bien et aujourd'hui je suis le plus gros des enfoirés ?
– Hier tu m'as sauvée, aujourd'hui tu m'as menti !
– Arrête ! Je ne t'ai pas menti ! Si tu me l'avais demandé je t'aurais dit la vérité !
– Pourquoi t'es assis là ? Je demande alors que la voiture démarre.
Je me retourne, la maison est en train de prendre feu. J'attrape vivement le bras de Bastian qui se libère de moi en soufflant.
– Bastian... La maison brûle... M'inquiété-je.
– C'est normal, on s'évanouit dans la nature... Soupire-t-il sans m'adresser un regard, me prenant sûrement pour la plus grosse imbécile de Sicile, et même de toute l'Italie.
Génial, maintenant il fait la gueule...
Je tourne la tête a l'opposée de lui et croise les bras contre ma poitrine. C'est tellement difficile de réussir a cerner Bastian... Il était si doux et attentionné hier, pourquoi est-il sur les nerfs aujourd'hui ? J'espère que ce n'est pas juste parce que j'ai posé cette putain de question sur la raison qui l'a poussée a venir me chercher... Si c'est ça je lui fous mon poing dans la gueule. J'en ai plus que marre de lui et de ses excès de colère. J'ai déjà trop de choses à gérer en ce moment pour les supporter... Je sens quelques larmes perler de mes yeux, Alfonso les remarque grâce au rétroviseur central, il fronce les sourcils et je lui adresse un petit sourire forcer pour lui assurer que je vais bien.
– Vous avez quoi tous les deux ? S'énerve Bastian sans quitter des yeux le rétroviseur.
Je tourne mon regard baigné de larmes vers lui. Il fronce les sourcils en me voyant, ses yeux semblent chercher la raison de mes pleurs.
– Désolé d'être un gros con... Soupire-t-il en séchant mes larmes de ses doigts.
– T'étais si bien hier... Pourquoi t'es pas pareil ? Il faut que tu t'inquiètes pour être gentil c'est ça ?
– Non ! J'ai été gentil aujourd'hui !
– Oui, mais complètement bipolaire ! T'es adorable et tu rigoles avec moi et la seconde d'après tu m'agresses et tu fais la sourde oreille ! Qu'est-ce que j'ai fait !
– Tu peux pas comprendre...
– Si ! C'est toi qui ne peux pas m'expliquer !
– Arrête ! Fait-il en passant un bras autour de mes épaules pour m'attirer contre lui.
– J'te déteste ! Je soupire.
– Hier t'avais confiance en moi !
– J'suis complètement perdue... Vous deux, vous étiez censés être mes points de repère mais je ne peux ni compter sur l'un, ni sur l'autre !
– Si ! Sur moi ! Répondent-t-ils en chœur.
Les deux se fusillent du regard quelques instants mais Alfonso doit reporter son attention sur la route. Je grimace quand Bastian tente de me coller contre son torse comme il l'a fait hier. J'ai peur de me laisser aller s'il fait ça, mais je n'ai pas la force de refuser...
Son souffle chaud dans ma nuque assorti a ces mots provoquent une lignée de frissons dans mon dos. Mes lèvres se fendent d'un sourire... Je commence à sombrer dans les bras de Morphée.
Coucou vous tous ! Comment allez-vous aujourd'hui ?
Voilà le chapitre 20 d'ENGAGEE ! On espère qu'il vous plait ! Il est vraiment long : 2144 mots ! Ce qui explique pourquoi on a tardé à vous le publier ! D'ailleurs, on est désolées pour ça ! <3
On aurait voulu vous poser quelques questions :
- Que pensez-vous des personnages de Bastian et Marina ? Sont-ils réalistes ?
- Et Alfonso, vous pensez quoi de lui après ses révélations de l'autre fois ?
- Et l'intrigue de l'histoire vous plait ?
Voilà pour nous ahah ! Merci beaucoup si vous prenez le temps de répondre ce serait génial !
Gros bisous !
Julie et Celya, les grandes sœurs de la readerstwins' family ! <3
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