Chapitre 91

Une caresse, une poussière de fée venant ramener ma peau morte à la vie. De l'eau venant ressusciter une plante morte agonisante. 

Le doigt fragile et plus blanc que la neige qui manifeste silencieusement sa vie, refusant de tomber dans le gouffre de la mort qui l'attend les bras grand ouverts.

Je refuse de céder à ce mirage et serre les dents pour oublier cette affreuse hallucination. Cela fait des jours que je ne dors que d'un œil, attendant son réveil qui a l'air si loin, si difficile à avoir que je le vois désormais comme un rêve hors de portée qui ne fait que me garder en vie pour quelques jours.

Un gémissement inaudible me ramène à la raison. Je me relève en sursaut. Ce n'est pas un mirage, ni une hallucination, ni un rêve. Je la regarde sans savoir où regarder, et parle sans savoir quoi dire, effrayé par deux forces qui me surplombent comme deux monstres: La peur que ce ne soit que mon imagination  qui me joue des tours d'un coté, et la peur que ce ne soit que le dernier souffle d'un vivant qui quitte ce monde de l'autre. Mais entre ces deux monstres se trouve un ange gardien: L'espoir. L'espoir de voir le visage de Samar s'illuminer à nouveau de joie et de santé, de la voir sourire et rire, même de la voir pleurer ! Je préférerais la voir sombrer dans la tristesse et que je sois à ses cotés pour sécher ses larmes que de la voir agonisante et rester là sans rien pouvoir faire. Je ne veux pas qu'elle me quitte, elle ne pourrais pas me quitter aussi facilement.

- Samar... Samar oh putain tu es enfin là !

Je souris comme un gamin en lui caressant vivement le visage de mes deux mains aussi rouges que le sang. Ses yeux s'ouvrent lentement, m'offrant une bouffée d'oxygène me redonnant la vie. Je reste quelques secondes près d'elle, un sourire indélébile collé aux lèvres, caressant sa main activement et la frottant comme si je voulais imprégner sa peau dans tout mon corps.

- Bon sang tu es vivante, soufflais-je en collant mon front brûlant au sien plus froid que la mort, lui transmettant ma chaleur alors qu'elle me transmet son toucher rafraîchissant.

Un sourire faible illumine son visage alors que nos yeux se croisent pour la première fois depuis des jours. Le vert de ses yeux se mélange au bleu des miens, formant un paysage paradisiaque que nul Homme ne pourrait voir, un paysage féerique formé par l'amour de chacun, une forêt vierge et calme entourée d'une mer immense et protectrice.

- Je.. Je dois aller prévenir les infirmières, soufflais-je en sortant presque en courant de la chambre, souriant comme un bébé ayant retrouvé un jouet qu'il avait perdu sous le canapé depuis des années.

***

Je traverse les couloirs en courant, cherchant une quelconque personne en blouse blanche qui pourrait m'aider. Les personnes me croisant riant comme un retardé dans les couloirs me prennent pour un des patients de l'étage psychiatrique mais je m'en fou carrément.

Je ris encore plus quand je me rappelle que Aimée était endormie dans la chambre de Samar. J'ai dû la réveiller avec mon élan, et elle doit être en train de casser les tympans de ma Samar à l'heure qu'il est.

J'aperçois une infirmière discutant avec un vieux docteur et accourt vers elle, lui expliquant rapidement la situation, oubliant de reprendre ma respiration devant le regard bizarre que me jette l'infirmière.

Quelques secondes plus tard, elle s'élance derrière le docteur vers la chambre de Samar, me laissant Aimée et moi dehors, nous claquant la porte au nez.

- On doit faire quelques tests, restez là, lance l'infirmière avant de claquer la porte.

Nous restons silencieux devant la porte, échangeant le même sourire complice.

- Elle est vivante !! Cri Aimée dans une voix étrangement aiguë.

Si je n'étais pas autant excité l'allusion à Frankenstein m'aurait rapidement frappé. Je ris en regardant la porte fermée, espérant qu'elle s'ouvre rapidement pour enfin revoir mon amour saine et sauve.

***

Elle m'étouffe mais ça me fait plaisir. J'ai rarement assisté à une telle démonstration de sentiments de la part de cette femme. Une fois qu'elle a entendu la bonne nouvelle, elle me serre dans ses bras en pleurant de joie. Ça fait quelques minutes que je ne ressens plus mon cou mais voir cette mère contente après des nuits de quasi-deuil me fait du bien.

- On pourra la voir quand Jonathan ?! Demande Madame Wilkerson sans que ses ongles pointus ne quittent ma nuque.

- Très bientôt, quand les docteurs auront fini leurs tests.

Elle me sourit sereinement en regardant les trois amies d'Aimée qui discutent activement derrière nous, les rires étant le seul bruit qu'on a pu entendre dans tout ce brouhaha.

- Gérard va être tellement content ! Pleure-t elle en me regardant.

Je serre la mâchoire et sort un de mes rires les plus jaunes. Content ? Plutôt déçu que son plan n'ai pas marché. Ou bien inquiet que Samar ne dévoile tout ce qu'elle sait devant sa mère. Ou même attendant avec frayeur ce que je compte lui faire pour me défouler après tout ce qu'il a fait.

Les tests finissent rapidement, mais seule une personne à la fois peut entrer dans la chambre de Samar, le temps qu'elle se rétablisse à cent pour cent.

- Allez-y en premier madame, lançais-je en regardant la porte ouverte. On attendra.

Je regarde les trois filles qui acquiescent directement. Malgré le grand amour que j'apporte à Samar, et malgré le fait que je vais finir par exploser si je ne la vois pas rapidement, c'est sa mère, et elle doit sûrement être dix fois plus impatiente de la voir que nous tous réunis.

La mère n'attend pas plus longtemps et la voilà dans la chambre fermée de Samar. 

Mon sourire est tatoué à vie sur mon visage. Quoi qu'il se passe, au moins elle est avec moi, plus rien d'autre ne compte. Ni Wilkerson et ses affaires fourbes, ni mon père et sa conscience disparue, plus rien ne compte. J'attends impatiemment la sortie de sa mère pour pouvoir enfin la revoir, la sentir, la toucher, lui parler et l'écouter.

***

Je passe la porte de sa chambre avec les membres qui tremblent plus que le vibreur qu'elle nous a distribué lors de notre première rencontre. Des pas sûrs me mènent vers son lit alors que nos regards ne se quittent plus, liés par un fil invisible qui nous reliera désormais à jamais.

Le sourire craquant qu'elle me lance me fait dévaler le reste du chemin à une vitesse hallucinante pour enfin arriver près de son lit. Je prend enfin sa main gauche entre les miennes pour l'embrasser vivement, respirant de nouveau son odeur. Je sens sa peau se réchauffer sous mes lèvres alors que je relève mes yeux pour recroiser son regard rempli d'amour et de joie.

- Tu m'as tellement manqué, soufflais-je en me relevant.

Je l'encercle de mes bras et ne peux m'empêcher de la serrer fort, très fort, comblant ainsi la longue séparation qui a brûlé nos âmes pour trop longtemps. Mon contact lui fait sûrement mal mais elle n'en dit rien. Je la lâche finalement en lui lançant un "désolé" pour reprendre sa main et m'asseoir sur le lit.

- Tu peux parler ? Demandais-je en lui souriant.

Elle hoche la tête en lâchant un petit rire.

- Je peux mais tu ne m'en a pas donné la chance.

Je souris et me courbe légèrement pour combler le plus de distance possible sans paraître comme un ado en manque.

- Tu es enfin réveillée mon amour, si tu savais combien de fois je suis mort en pensant que tu pouvais partir et me laisser tomber...

Je lui caresse la joue du bout des doigts alors qu'elle ferme les yeux lentement pour savourer le contact autant que je le fais. Si je disais à Alex que seule une caresse sur la joue de cette femme me fait un effet de fou il ne me croirais pas. C'est pourtant bien vrai, chaque sourire me brûle d'une chaleur divine, chaque toucher hérisse mes poils, chaque murmure reste gravé dans ma tête pour des jours, et le meilleur reste à venir... je veux tout essayer avec elle, tout voir, tout dire, tout faire.

- Je ne voulais pas te faire attendre autant... ça m'a fait du mal de savoir que vous me croyiez tous morte alors que j'étais bien en vie et je ne pouvais rien faire pour vous le prouver.

Elle serre faiblement ma main en respirant lentement, sans rompre le lien qu'on construit nos regards colorés.

Nous nous regardons un long moment sans rompre le silence bienfaiteur qui recoud les blessure de nos âmes meurtries par le fait atroce qu'a commis son père. Les mots sont inutiles dans de telles situations, quelques regards suffisent pour dire mille lignes. Elle est blessée, pas seulement extérieurement mais intérieurement. La balle n'a peut être pas atteint son cœur mais elle l'a détruit.

Je m'approche pour prendre le visage blême de Samar entre mes mains. Je veux qu'elle me sente proche, je veux qu'elle sache que quoi que son salaud de père fera je serais là pour elle, pour la protéger du danger plannant autour d'elle, ou au moins la soigner si je n'ai pas pu la protéger du monstre beaucoup plus grand que nous qui nous guette.

Je sème une série de baisers un peu partout sur son visage, changeant sa couleur pâle et maladive en une couleur légèrement rosée, qui rougit de plus en plus jusqu'à devenir carrément écarlate. Un soupire doux s'échappe de sa gorge alors qu'elle se laisse faire en respirant par saccades.

- J-Jonathan, souffle-t elle en souriant. Je viens de me rétablir, ce que tu as en tête devra attendre.

Elle sourit en coin en me regardant avec des yeux entourés d'une faible tâche noire mais dont la couleur vert olive contraste à la perfection avec cette preuve de fatigue.

Je ris nerveusement sans m'éloigner d'elle.

- Ne t'inquiète pas pour ça. J'attendrais bien que tu sortes de l'hôpital, mais pas plus, lançais-je avec un clin d'œil qui la fait rire timidement.

- Je... j'ai quelque chose à te dire.

- Si c'est au sujet de mon père je préfère qu'on ajourne le sujet, me supplie-t elle faiblement.

- Non non, souriais-je. C'est à propos de lui mais c'est une bonne chose.

Je ne voulais pas lui parler de ça à la seconde où elle se réveille, mais voir sa mine triste et fatiguée me rend fou. Je veux la voir sourire et je vais utiliser toutes mes cartes pour arriver à ce résultat.

Je me lève du lit et sors le document que je gardais bien en sécurité pour revenir et me rasseoir près d'ellet.

- Lit ça.

Je le lui passe alors qu'elle fronce ses sourcils en lisant rapidement les quelques mots qui pourront régler tous nos soucis et nous permettre enfin de vivre une vie normale sans rien d'illégal.

Son expression faciale varie du léger froncement de sourcils au froncement extrême accompagné d'une bouche sèche entrouverte de stupeur, me traduisant ainsi que le message que je voulais lui faire passer a bien été reçu.

- Jonathan, souffle-t elle en relevant la tête. D'où tu as cherché ça ??

Je souris en voyant la lueur d'espoir éclairer ses pupilles.

- J'ai parlé à mon père... finalement il avait ces papiers avec lui depuis le début.

- Ton père ? Lance Samar avec une lueur d'incompréhension

- Mon père est de mèche avec le tien... belle famille, riais-je. Mais il a gardé ces papiers avec lui en cas où Wilkerson le menacerait de quoique ce soit.

- ... Tu veux rire. Non ?

Je souris tristement et secoue la tête.

Elle fronce les sourcils, puis sourit gentiment en me caressant le bras, et continue de réfléchir en lisant ces papiers.

- Mais ton père finira par être emprisonné si ces papiers arrivent à la Justice...

- Oui, mais d'après ce que j'ai compris il le sait et il est prêt à le faire. Il a même dit que ma mère lui...

Je me fige soudainement en revoyant les paroles de mon père gravées dans ma tête.

"Tout ce dont tu as besoin pour arrêter Wilkerson" 

"Je ne regrette rien de ce que j'ai fait"

"ta mère me prépare ma valise" ...

- Ce... ce salaud veut s'enfuir, soufflais-je en lâchant un rire. Comment j'ai pu être aussi con ?

- Il faut l'en empêcher, répond-elle rapidement.

Je secoue la tête lntement et l'invite à continuer la lecture.

- Ne t'en fait pas pour ça. Concentrons-nous sur l'important.

- C'est important John ! Il va fuir...

Je lâche un rire ironique.

- C'est mon père Samar... il ne faisait que lécher les bottes de ton père pour qu'il lui jette quelques liasses. Je mets ma main  à couper s'il peut vivre deux jours seul. Il ne pourra rien faire de dangereux, souriais-je.

Samar relit les papiers doucement. Ses mains tremblantes tiennent les quelques papiers nerveusement alors qu'un sourire triomphant décore son visage. Elle relève son regard vers le mien en soupirant:

- Alors... c'est fini ?

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Alors ? A votre avis c'est fini ? :)

Samar adorée est vivante ! Finalement je ne l'ai pas tué XD Et j'en connais une qui était à deux doigts de m'étrangler ( Tu te reconnais rominou26 ? )

Tout semble s'arranger, mais finalement le père de Jonathan n'est pas aussi audacieux que ça et prépare bien de s'enfuir à l'étranger. Quel peureux !!

Je vous retrouve bientot dans les derniers chapitres d'Enfin Libre ! Qui, j'espère, vous plairont tout autant !!

En multimédia:  Samar sur son lit d'hôpital.

En média: - "Tomber est une partie de la VIE. Se relever est VIVRE"

                      - Le regard de braise de notre chéri Jonathan XD

                       - Samar Wilkerson qui est toujours aussi VIVANTE !!!

Allez, peace !!

~M.F~

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