Chapitre 90

Point de vue de Samar

Cela fait un long moment que je suis réveillée, coincé entre les flammes de la mort et la lumière de la vie, sans avoir la force d'ouvrir les yeux, ou de bouger quoique ce soit.

Ces bruits autour de moi, absolument flous mais présents quand même, m'assurent que je n'ai pas quitté ce monde après l'atrocité qui m'est arrivée, et que je suis bien vivante.

Avoir une autre chance de vivre, pouvoir faire rebattre son cœur après que celui-ci ait perdu espoir, tout ça me semble tellement invraisemblable mais pourtant si proche de ma situation.

Tout autour de moi est silencieux, je ne ressens rien du tout, mes sens étant visiblement bien affaiblis. Mais je ressens bel et bien une pression sur ma main droite, une pression chaude et ferme. J'essaye tant que possible de deviner l'origine de cette pression malgré le mal que subit ma tête à chaque instant.

Quelqu'un me tient la main. Ce n'est sûrement pas la main de ma mère, cette main est beaucoup trop grande pour être la main fine et douce de ma mère, et je ne ressens toujours pas ses longs ongles bien manicurés qui me transpercent la peau. Ce n'est pas non plus la main d'une de mes amies, cette poigne ne ressemble pas du tout à celle d'une femme d'une vingtaine d'année, plutôt la poigne d'un homme, une main très chaude qui me serre la main comme si sa vie en dépendait. La poigne d'un homme inquiet: de mon Jonathan.

Je reste un moment interdite, mon cerveau en ébullition. Je revois toutes les scènes horribles se dessiner devant mes yeux, tel un flashback dans un film à haut budget dont je suis l'héroïne.

La maison près du bois, la voix flippante de mon père qui nous menace, les flammes s'avançant furieusement vers moi, la chaleur étouffante s'incrustant jusqu'au fond de mes poumons, les quelques brûlures que je reçois avant de trouver la sortie. Tout cela se dessine si clairement ! La sortie rapide en fuyant le feu... et puis un noir total, une douleur atroce près de la poitrine et un flou horrible et énervant, suivi de près par les cris de rage de Jonathan...

Maintenant que je suis un peu plus éveillée, je sens que c'est bel et bien lui. C'est son odeur, son toucher sur ma main, c'est bien lui. Le poids sur mes genoux me fait comprendre qu'il est endormi sur mes cuisses. Sans même pouvoir la retenir, une larme rapide s'évade de mes yeux pour venir couler le long de ma joue quasi-anesthésiée. J'essaye de bouger pour attirer son attention, pour lui montrer que je suis bien en vie, qu'il n'a pas à s'en faire, mais je n'y arrive pas, mon corps étant encore beaucoup trop affaibli pour pouvoir attirer l'attention d'un endormi.

Une brûlure abominable atteint ma poitrine depuis un bon moment, me laissant rêver des instants où j'étais endormie, oubliant le monde cruel autour de moi, oubliant la douleur qui s'infiltre dans mon sang et dans mes os.

Mon père est donc la cause de tout ça, mon propre père a décidé que la fille forgée de sa propre chair et de son propre sang ne doit plus vivre. Cette pensée à elle seule me brûle beaucoup plus que la douleur qu'a engendrée la balle qui a apparemment voisiné mon cœur.

Et Jonathan, je ne sais pas pour combien de temps je suis ici mais je suis certaine que ce temps a été long pour lui, et que me réveiller sera la seule façon d'éteindre l'ardeur qui consume son âme.

***

Point de vue extérieur

- Je savais que je ne devais pas vous faire confiance !!

Le PDG frappe violemment la table de son bureau, faisant voler les quelques gouttes d'alcool de son verre de Whiskey.

- Je vous ai demandé de tuer ce connard aussi !! Pas ma fille uniquement !!

Les hommes aussi grands que le mur derrière eux ne paraissent plus que de simples insectes à la merci d'une botte géante. Une goutte de sueur perle sur le front de chacun d'eux alors qu'ils regardent leur maître en tremblant, attendant leur châtiment. L'air de la pièce se raréfie visiblement alors que le regard aussi perçant qu'une flèche en feu de Wilkerson passe sur chacun des hommes, tel un radar analysant chacun de ces gaillards.

- Le pire n'est pas que vous avez tiré uniquement sur Samar... mais qu'elle ai survécu ! Je vais devoir tout expliquer à ma fille trop curieuse !! Qu'est-ce que je pourrais lui dire, hein ?! Que je voulais la tuer elle et son putain de copain mais hélas mes hommes ont été trop incapables ?!

Ses yeux deviennent rouges de colère alors qu'il lâche son verre qui s'écrase violemment au sol, engendrant un fracas aussi fort que les claquements de dents de ces pauvres hommes.

- Qui est celui qui était chargé de tuer Jonathan Sagara ? Et Samar Wilkerson ? Demande Wilkerson d'un ton étrangement calme.

Les regards des hommes se posent alors sur deux hommes. L'un, environ la trentaine, les cheveux aussi blonds qu'un champ de blé au soleil, et les yeux aussi noirs que le cœur de l'homme qui le scrute. Il renvoie le même regard de haine à Wilkerson, attendant sa mort avec bravoure, les mains croisés derrière son dos, serrant la mâchoire avec une petite lueur de peur brillant dans ses yeux. L'autre, environ la cinquantaine, sa moustache blanche et épaisse cachant une grande partie de ses lèvres tremblantes. Tout son corps est en état d'alerte, et ne montre aucune bravoure en suppliant Wilkerson de ses yeux humides et son regard suppliant qui ferait même Hitler changer d'avis.

- J-J'ai cinq enfants monsieur je vous en suppl...

Deux coups retentissent dans le silence sombre, et les corps sans vie du jeune homme et du plus vieux tombent au sol dans le même fracas, sous le même regard des autres hommes impassibles devant cette scène d'horreur.

- Sortez, j'ai besoin de réfléchir, sort Wilkerson en nettoyant les manches de son costume.

***

Point de vue de Jonathan

J'ai vu sa larme couler le long de sa joue. Cette goutte d'eau salée visiblement si banale a arrosé mon cœur asséché depuis trop longtemps, et lui a redonné vie ! Hélas, l'infirmière nous a expliqué que cela n'était qu'un réflexe du corps, mais cela a ravivé la flamme qui s'était éteinte dans mon âme.

Je ne vis que pour elle, mon cœur ne bat que pour qu'elle l'entende, et mes oreilles ne sont faites que pour entendre les battements du sien.

J'ai pensé à son visage, à son sourire et à son rire. Je me suis demandé depuis quand je pensais à cette image dans ma tête, et j'ai finalement vu que je ne pensais qu'à elle depuis l'instant divin où je l'ai vu entrer dans la salle de l'entreprise.

Notre histoire n'est pas finie, et je refuse d'écrire le dernier point de notre récit. Il est impossible que cela finisse ainsi, ça ne peut pas finir !

Je ne pourrais pas sourire en regardant le dossier qui pourrait tout régler en une seconde sans la voir saine et sauve. Je ne pourrais pas sourire sans elle avec moi. Elle rend les belles choses encore plus belles, et son absence les rend fades et sans interêt, je ne pense qu'à elle. À ses yeux qui me dévoraient du regard dans les couloirs de l'entreprise alors qu'elle ne pouvait venir me voir, comme un enfant privé de son jouet préféré. À son sourire qui éclairait ma vie plus sombre que l'obscurité de l'Enfer. À ses mains qui m'ont relevé du gouffre sans fond dans lequel je sombrais durant des années.

Je m'endors chaque soir sur ses cuisses, en espérant me réveiller par les douces caresses de ses doigts sur mon cuir chevelu, me redonnant la vie que j'avais perdu il y a des jours.

Perdre espoir ne faisait jamais partie de mes principes, mais ça commence sérieusement à faire partie de mes dernières options. Je ne suis plus vivant, et elle non plus on dirait... Rien ne marche, rien ne va, je sombre lentement dans ce gouffre qui me traquait depuis bien trop longtemps. Je ne peux pas lui échapper, mon destin est d'y replonger et y pourrir pour le restant de mes jours. Samar a changé ma vie en me sortant de ce gouffre, me montrant la lumière d'une vie saine et heureuse, mais si Samar n'est plus présente, rien ne pourra m'éloigner de ce fardeau qui m'ouvre grand les bras.

Tout me semble inutile et fade, tout mon environnement est noir et me donne la nausée Je sombre une fois de plus dans les bras de Morphée, la tête reposant sur les cuisses de ma rose fanée, quand je sens une caresse semblable à un mirage venir frôler mes doigts...

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Hello à vous tous !!!

Desolé de cette assez longue attente mais me revoilà avec un nouveau chapitre !!!!

Pleins de points de vue ici !

Samar qui n'est finalement PAS MORTE ! Je vous avais dit de ne pas baisser les bras !

Wilkerson qui est toujours aussi cruel et sombre.

Jonathan qui est sur le point de baisser les bras, hâte d'écrire sa réaction dans le chapitre suivant ;)

En images: Samar Wilkerson
Gérard Wilkerson
Jonathan Sagara

Voilà ! Commentez, votez, donnez moi votre avis ça m'intéresse !!

Allez, peace !

~M.F~
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