Chapitre 87

Sentir que tout ce que nous faisons n'a aucun sens.
Sentir que tous les chemins que nous choisissons et que tous les choix que nous prenons ne sont que de simples pertes de temps et que le destin arrivera quoiqu'il se passe, quoique nous fassions.
Sentir qu'on erre sans destination, errer avec un but aussi grand que le Soleil mais sans aucun moyen d'y arriver. Errer avec un but mais sans moyens.

Les murs blancs m'aveuglant, et les neons transpercant mes iris, je cours le plus vite possible derrière un chariot, essayant d'apercevoir son visage blême derrière l'épaule des infirmiers qui poussent le chariot rapidement et sans prendre de pause.

Je suis partagé entre l'envie de les voir voler dans le couloir blanc de l'hôpital et d'arriver en une seconde afin d'accorder ciseaux, couteaux, machines et mains afin de sauver la moindre trace de vie qui me reste, et l'envie qu'ils freinent sur leur chemin ne serait-ce qu'une fois pour que, accourant derrière eux, je puisse apercevoir son visage.

- Samar, souriais-je en voyant son visage pour la première fois après que les secours soient arrivés.

- Poussez-vous monsieur vous nous freinez ! Grogne un infirmier visiblement fatigué par sa journée de travail.

- Poussez-vous ?! C'est ma copine sale con tu veux que je m'assois tranquillement dans mon salon ?! Gueulai-je en continuant de les suivre.

J'aurais bien aimé faire exploser la tête de ce salaud, mais malheureusement la vie de Samar est entre les mains de cet abruti, je lui laisse la vie sauve pour le moment.

La porte s'ouvre violemment dans un fracas brisant le silence de l'hôpital, et le chariot roule à grande vitesse dans un couloir visiblement désinfecté chaque minute.
Je m'apprête à entrer dans ce couloir pour suivre chaque mouvement de Samar, quand un des infirmiers arrête sa course et me retient fermement.

- C'est réservé aux médecins, lâche-t il lassement. Tu devras attendre là.

- Mais je dois la voir et...

- Ils vont l'opérer ! Reste-la, dit-il plus doucement. Et attends les nouvelles du docteur.

Il me tape amicalement le dos et disparaît dans le couloir alors que je laisse mes pieds exténués me lâcher et tomber rapidement au sol, ma tête relevée en arrière reposant sur le mur froid.

La mort est un ami fidèle qui est avec nous depuis notre naissance. Il nous suit, à quelques pas de nous, sans jamais se presser.
Peut être que la vie et la mort doivent se retrouver aujourd'hui...

- Non !

Je cogne ma tête au mur bouleversé, essayant de chasser les idées sombres qui sont passées par ma tête.
Samar n'est pas morte, elle n'est pas morte et ne mourira pas avant des années ! Elle ne mourira que dans mes bras devenus frêles de vieillesse alors que nous avons passé des dizaines d'années ensemble main dans la main.
Mais pas aujourd'hui, aujourd'hui c'est trop tôt...

Assis, les genoux relevés à mon torse, je sors mon téléphone pour composer le numéro de Lou pour leur annoncer la nouvelle qui va sûrement effacer son sourire, pour une fois.
Mes propos sont directs, brutaux parfois, mais je n'en tiens pas rigueur.
Je suis brisé et détruit alors je ne vois aucune raison pour que ça ne soit pas le cas de ces trois amies.

Ce n'est qu'avec sa mère que je pèse mes mots le plus possible. Je n'ai pas envie de la blesser en lui racontant la "nouvelle" trop brutalement, je sais qu'elle est sûrement celle qui sera le plus blessée par cette nouvelle alors mieux vaut tout lui dire calmement.

Les talons de madame Wilkerson claquent bruyamment le long du couloir presque désert. Malgré son âge penchant vers le mauvais côté de la balance, cette femme à du style, et je sais maintenant de qui Samar tient sa marche féline surprenante malgré les talons de dix centimètres qui ne la quittent pas.

Je n'ai pas la force de me lever et ramène mes yeux à la porte de la salle des opérations qui se trouve devant moi, jusqu'à ce qu'une paire de jambes habillées d'un tailleur turquoise se postent devant moi.
Je relève la tête et le regard brûlant de madame me pousse à faire un effort pour me lever, la dominant maintenant de ma taille mais restant faible en comparant mon regard détruit et las au sien puissant et noir.

C'est en un instant que l'ardeur de son regard tombe en chute libre pour laisser la place à deux perles venant tomber le long de ses joues trop maquillées, emportant dans leur chemins une foulée de mascara et de fond de teint.

- Jonathan ! Souffle-t elle en prenant mon col de chemise de ses deux mains brûlantes. Où est ma fille ?!

Je ferme les yeux pour organiser mes idées et éviter de lâcher toute larme qui pourrait aggraver la situation.

- On l'opére en ce moment, on ne peut qu'a...

- Je dois voir ma fille ! Cri-t elle de sa voix aiguë ce qui attire l'attention des infirmiers qui la retiennent pour l'empêcher d'entrer dans la salle.

- Laissez là, lançais-je faiblement. Je m'en occupe.

Les infirmiers la relâchent au moment où elle perd toute son adrénaline pour se laisser tomber dans mes bras alors que je l'aide à s'asseoir sur un banc du couloir.
Je m'accroupis face à cette mère détruite.

- Ils viendront tout nous annoncer une fois que l'opération sera terminée ne vous inquiétez pas.

Un long sanglot sort de la gorge de la mère alors qu'elle cache son visage de ses deux mains tremblante.

- Samar, pleurniche-t elle rendant la tâche d'éviter toute larme de couler encore plus difficile.

- Elle va bien madame je vous...

- John !!!

Aimée traverse le couloir en courant, suivie de près par Mathilde et Lou qui viennent se jeter sur moi, m'assomant de questions.

Manquait plus que ça pour rendre l'atmosphère encore plus tendue.
Une Wilkerson détruite et en larmes, et trois jeunes femmes qui n'ont visiblement jamais entendu parler du "silence calmant".

- Aimée !! Hurlais-je pour calmer les trois filles. Ce n'est pas le moment du qui du pourquoi et du comment !!

Les trois filles me regardent silencieusement, la mine inquiète.

- ... On a pas demandé qui, murmure Lou.

- Je m'en bat les couilles de ce que vous avez demandé ou non ! Asseyez-vous ! Le docteur nous expliquera tout quand il sortira !

Les trois filles regardent mon air pitoyable avec une lueur de compassion. Aimée et Mathilde s'assoient pour calmer madame Wilkerson qui est replongée dans l'océan de larmes.
Lou est toujours debout en me regardant comme une fillette.

- Quoi ? Je lui demande.

Elle hausse les épaules et vient se serrer dans mes bras. Elle est petite et sa tête atteint à peine mon épaule, on dirait que je serre une gamine mais ses formes de femmes me rappellent rapidement que c'est bel et bien une femme d'une bonne vingtaine d'année.

- T'es aussi surpris que nous alors pardon, souffle-t elle sans s'éloigner.
Elle va survivre hein ?

Je la prend par les épaules et l'éloigne pour la regarder en face. Ses yeux bridés sont maintenant rouges et bordés de larmes.

- Bien sûr que oui bordel ! Elle va survivre, on garde ça en tête, compris ?

Elle hoche lentement la tête en lâchant un petit sourire dont elle a le secret.
Je la lâche et me rassoit sur le sol alors qu'elle s'attaque aussi à la mission de consolation de madame Wilkerson.

Je regarde la porte sans bouger d'un cil, attendant la sortie du docteur, attendant ses mots réconfortants, attendant de voir Samar sortir de cette chambre aussi rayonnante que jamais.

Mais... mais comment un père peu tuer sa fille ?! Comment il peut décider qu'une personne de son propre sang doit mourir ?! Il n'est pas humain ! Pas humain du tout !

Tout s'est détruit en un instant, tous nos plans ne sont plus que cendres.
Il est beaucoup plus fort que nous, beaucoup plus puissant et beaucoup plus stratège.

Et moi qui croyais que je pourrais la protéger, je me mets le doigt dans l'oeil, pas le doigt mais le bras entier même !

Le laisser en dehors des barreaux serait laisser une bombe nucléaire en plein milieu de la Chine: des pertes infinies, des dégâts considérables.
Jamais je ne pourrais le laisser libre, même si je devrais payer ma propre vie pour ça.

D'un élan de rage, je me lève furieusement et donne un violent coup de poing dans le mur, faisant sursauter les femmes en pleurs près de moi.

L'ébullition, l'agitation, la colère, la rage sont les moteurs de ma marche.
Je traverse le couloir sans jeter le moindre coup d'oeil aux personnes derrières moi, marchant droit comme un soldat se rendant à une guerre violente et sanguine.
Une bourrasque s'empare de toute raison, faisant voler ma voiture à toute vitesse, oubliant mon entourage, oubliant la route que je suis, ne suivant que mon instinct devenu animal.

***

J'ouvre de force la faible porte qui retient la maison modeste, et entre avec de grandes enjambées pour me retrouver bientôt au centre de la demeure.

- Salaud !!

Je hurle et attrape le cou de mon géniteur pour le plaquer fortement au mur, lui frappant la tête violemment contre ce mur ce qui le fait lâcher un cri de douleur.

- Sal emmerdeur !!

Je commence à frapper sans relâche le visage de mon père, ne lui laissant aucune merci.

- Tout est de ta faute !! C'est toi qui l'a tué !!! Toi !!!

Je continue mes coups de poings alors que mon père se débat pour s'éloigner de mes bras pleins de son sang. Je ne me reconnais plus, mais je ne peux pas stopper ce feu vorace qui consomme chaque trace de bien être et de calme.

- Jonathan ! Mon chéri lâche-le !!

Ma mère me prend par le dos et tire de toutes ses forces pour m'éloigner. En vain, je ne bouge pas d'un millimètre et mes coups deviennent encore plus violents.

- Il a tué Samar !!! Tout est de sa faute !!!

Je me débat encore et toujours jusqu'à ce qu'un seau d'eau froide viennent me glacer le sang, littéralement.
Je recule, mes muscles figés par le froid.
Ma mère se tient près de moi, un seau vide dans les mains.

- Calme-toi !!! Crie-t elle. Et explique nous au lieu de te jeter sur lui comme un animal !!

Le froid pénétrant mon corps jusqu'aux os, je recule sans quitter mon père des yeux, soufflant comme un taureau enragé.

- Regarde-moi pas lui !!

Ma mère me prend le visage entre les mains.

- Qu'est ce que tu as ? Qu'est ce qui se passe ? Demande-t elle de sa voix maternelle en me caressant les cheveux mouillés.

- Samar a une balle dans le coeur maman.

Je prononce cette phrase en tremblant avant de laisser couler toutes les larmes que j'ai retenu sur l'épaule de ma mère.

- Elle est entre la vie et la mort !! Hurlais-je en pleurs.

J'efface les larmes de mes yeux et me redresse, lançant un regard meurtrier à mon père.

- Si tu n'étais pas là ça ne serait pas arrivé !!! Je ne serais pas entré en prison ! Je ne l'aurais jamais connu et je ne l'aurais jamais guidé vers la mort !!! Je vais te tuer !!

Je m'approche sauvagement de lui alors qu'il reste là, trop las pour se défendre.

- Jonathan si il te reste ne serait-ce qu'un peu de respect pour ta mère tu t'arrêtes maintenant !!!

Elle a haussé dangereusement le ton de sa voix ce qui me fige sur place. Je serre les dents en me retournant comme un gamin ayant fait une bêtise.

- Tu sais que je te respecte plus que tout maman, soufflais-je en m'éloignant à contre-coeur de l'autre merde.

Elle esquisse un sourire alors qu'elle m'attrape le bras, pensant que j'allais retourner à l'assaut à n'importe quel moment: ce qui n'est pas faux.

- Tu vas me dire tout ce que tu sais au sujet du fils de pute qui te sert de partenaire ! Gueulais-je.

La tête de mon père se relève lentement, pleine de bleus.

- Je n'ai rien de compromettant à son sujet.

Je lâche un rire ironique en entendant cette nouvelle pitoyable.

- Bien sûr que si !! Et tu vas me le donner ! Et tu vas passer les pitoyables années qu'il te reste dans une prison crasseuse ! Tu vas y rester comme j'y suis resté sept années !
Mais toi au moins ton emprisonnement sera juste, car tu l'auras mérité, toi et ton putain de partenaire !!

Il ne me répond pas, me regardant comme si j'étais un fou sorti de l'asile. Mes cheveux pleins d'eau, mes yeux rouges et ma chemise pleine de sang ne sont pas les caractéristiques d'un homme très sain d'esprit, mais je me fous carrément de la santé de mon esprit quand la vie de tout mon monde est en danger.

Je dois lui faire plaisir en emprisonnant son père.

Dans un dernier regard plein de haine, mon père et moi nous toisons comme deux bêtes sauvages prêtes à attaquer.

- Fait moi au moins une seule chose de bien...

C'est après avoir souffler ces quelques mots que je quitte la maison, la tête baissée.

--------------------------------------------------------

Hello les amis !!!

Avant tout je voudrais souhaiter une bonne fête à vous tous ! Chrétiens ou non, c'est une fête de joie alors je vous souhaite la joie à vous tous !! ♥

Un chapitre tristounet, les amies de Samar, sa mère, les parents de Jonathan, et notre chéri à tous Jonathan ! Personne n'est content :(

Mais une figure très importante manque dans ce chapitre !
Je pense que vous l'avez reconnu: Où est-il ? Que prépare-t-il ?!

Et Samar va-t elle s'en sortir ? Où va-t elle nous quitter dans les derniers chapitres de cette grande aventure ?

Nous le saurons dans le prochain chapitre !!!

En multimédia: Notre Jonathan sur le point de pleurer :(.

En images: Encore une autre photo de Jonathan, assis attendant les résultats de l'opération que subit Samar :(.

Allez, bonnes fêtes !
Et peace !!

~M.F~
---------------------------------------------------------

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top