Chapitre 72
- Tu vas me dire tout ce que tu m'as caché, sinon je ne réponds plus de rien...
Le bruit rapide que fait son fauteuil de bureau alors qu'elle se lève fougueusement me fait sursauter. Elle s'approche avec de longues enjambées et se tient face à moi, me détaillant avec des yeux bouillonnants de colère. Tout son corps est crispé et le regard qu'elle me jette, aussi embarrassant que ça puisse paraître, me donne envie de disparaître. C'est arrivé, je le craignais plus que tout. Et c'est maintenant que ça arrive ?! Je voulais tout lui dire samedi, samedi bordel !!
Je soutiens son regard de braise pour un instant sans ouvrir la bouche.
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, lançais-je sans même réfléchir.
Son regard se relâche en un instant. Ses sourcils se redressent, ses mains crispées retrouvent leur forme normale et son corps tendu se détend lentement. Seule sa mâchoire reste crispée alors qu'elle m'observe intensément.
- Tu me mens en me regardant droit dans les yeux, murmure-t-elle.
Des pensées multiples se bousculent dans ma tête sans savoir où aller. Mon cœur s'accélère. Il bat à tout rompre ! Je me suis déjà préparé à ce moment alors pourquoi me paraît-il si dur ? Pourquoi son regard me paralyse-t-il autant ? Je dois reprendre mes esprits, au moins pour la préserver. Je dois tout lui expliquer, pas pour me défendre, mais pour la protéger. Rester silencieux ne fera que lui faire plus de mal, et le monstre que je suis a déjà fait assez de dégâts comme ça.
Elle se retourne brusquement et arrive à son ordinateur portable qu'elle tourne rapidement. L'écran de l'ordinateur me fait alors face. J'approche lentement de l'ordinateur alors que Samar tape lentement quelques touches, pour enfin faire jouer un enregistrement, me regardant alors que des voix commencent a être entendues:
"- Je sors avec une femme. Ça fait déjà quelques mois...Elle s'appelle Samar Wilkerson.
- La fille du PDG Wilkerson ?!
- Dans le mille. Mais, je compte bien lui faire payer toutes ces années que j'ai passé en prison. Il ne sait même pas ce qui l'attend, et je ne compte pas renoncer à cette vengeance, quoi qu'il arrive. Je ne suis pas venu à cette stupide entreprise pour rien. Je dois lui faire payer.
- Donc tu utilises cette fille pour..."
Et l'enregistrement s'arrête net.
Les pièces du puzzle commencent rapidement à s'assembler. Cette discussion si familière... bordel mais c'est moi ! Mais comment ?... L'homme du magasin... sa réaction si bizarre, son tapotement dans le dos sur ma veste... non, non putain non !
- Et comme par hasard l'enregistrement s'arrête pile à cet endroit !! M'emportais-je en passant ma main dans mes cheveux.
- J'ai fait mes recherches, me coupe-t-elle froidement. Je n'allais sûrement pas croire à un simple enregistrement sans y réfléchir.
Elle marque une pause en détaillant chacun de mes mouvements, me regardant avec tristesse. Je la fixe, attendant la suite comme un pauvre prisonnier qui attend la décision de son juge.
- Il y a huit ans, un meurtre a été commis dans cette entreprise, raconte-t-elle. Tu as tué une personne, tu as été emprisonné sept ans pour ça, et tu ne t'ai même pas donné la peine de me le raconter, souffle-t-elle en soutenant mon regard avec un courage impressionnant.
- Samar, la suppliais-je en la regardant tristement
- Après ces sept ans, me coupe-t-elle en élevant légèrement la voix, tu es revenu comme par hasard travailler dans cette entreprise, et mon père a accepté de t'embaucher parce qu'il a bon cœur et qu'il sait qu'un meurtrier ne trouvera jamais de travail. Et c'est là qu'on s'est rencontré, lance-t-elle en riant nerveusement. Maintenant, je veux que tu me regardes droit dans les yeux, commence-t-elle, et je veux que tu sois honnête au moins une fois envers moi... Est-ce-que tu veux te venger de mon père ?
Un long silence s'impose dans le bureau. Ses yeux s'agrandissent alors qu'elle attend la réponse tant attendue. Je dois être honnête avec elle, je ne pourrais plus lui mentir plus longtemps, c'est maintenant ou jamais.
- C'est vrai, avouais-je. J'ai été emprisonné sept ans, et je compte bien faire payer cela à la personne qui a été la cause de mon emprisonnement...
Elle ferme les yeux lentement, encaissant le choc. Elle rouvre les yeux après quelques secondes, se pinçant légèrement les lèvres pour éviter de laisser s'enfuir quelques larmes baladeuses.
- Tu veux te venger de l'homme qui te donne ton salaire chaque mois, et qui s'assure que ton travail chez lui soit aussi bien que possible, murmure-t-elle choquée.
- Ton père n'est pas si innocent que ça ! M'écriais-je avec toute la force qui me restait.
- Je connais mon père depuis vingt-cinq ans !! S'écrie-t-elle avec la même colère, perdant tout son calme. C'est l'homme le plus généreux que je connaisse, c'est mon père et je lui fais confiance plus que n'importe qui ! Et ce n'est pas quelqu'un comme toi qui va venir changer ça.
- Laisse-moi t'expliquer je...
- Tu m'as utilisé pendant tout ce temps, siffle-t-elle la voix brisée. Tu as joué avec mes sentiments pendant un an juste pour arriver à te venger d'une personne qui n'a rien à voir avec ce qui s'est passé, juste pour en tirer de l'argent ! Fulmine-t-elle en tombant en larmes. Je t'ai supplié de rester honnête avec moi ! Tremble-t-elle. Deux fois ! Et tu m'as regardé dans les yeux, tu m'as garanti que tu ne me cachais rien ! Et tu m'embrassais alors que tu savais pertinemment que je n'étais qu'un simple outil pour arriver à tes fins !!
Ma gorge se serre alors que je vois Samar qui me regarde avec haine, les larmes aux yeux. Comment se défendre devant quelqu'un de si brisé ?! La voir ainsi me brise le cœur, et j'en reste bouche-bée.
- Non... non, sortais-je en tremblant. Je t'assure que ce n'est pas ça...
- Tu n'avais pas le droit de me faire ça !!! S'écrie-t-elle en laissant de lourdes larmes tomber le long de ses joues rouges. Tu n'avais pas le droit ! Lance-t-elle en me frappant violemment sur le torse. Tu n'avais pas le droit de me mentir ! Pas le droit de changer toute ma vie ! Tu n'avais pas le droit de te moquer de moi !
Elle me pousse plus fort à chaque phrase, et j'encaisse les coups en silence. Je ne la regarde pas, mais garde ma tête bien basse, serrant les dents si fort pour éviter de pleurer. J'ai tout gâché, je l'ai brisé, je l'ai détruit !
- Tu n'es qu'un menteur ! Un menteur, pleure-t-elle.
Elle me frappe sur le torse encore quelques bons coups, et je la laisse faire, sans aucune défense. Qu'elle sorte tout, je le mérite ! Mes yeux rouges sont fermement fermés alors qu'elle pleure silencieusement à chaudes larmes.
- Un égoïste, pleure-t-elle. Un sans-coeur... tu m'as détruit...
Sa voix devient de plus en plus basse alors que ses mains tremblantes me poussent lentement, à bout de force. Son souffle qui me ramenait à la vie quand son visage s'approchait du mien me transperce maintenant de milliers de couteaux, son souffle sifflant, pleurant, tremblant.
- Regarde-moi, lance-t-elle en me prenant le menton dans ses douces mains qui sont maintenant aussi chaudes qu'une baraque à frites.
Elle bouge ma tête lentement pour entrer en contact avec mon regard presque aussi détruit que le sien.
- Tu n'es qu'un monstre, siffle-t-elle en empêchant ses larmes de couler. Un connard fini, susurre-t-elle.
Ces mots se plantent férocement dans mon cœur alors que je soutiens son regard de haine sans rien pouvoir dire, je ne peux pas éviter de la regarder droit dans les yeux vu qu'elle me tient toujours la mâchoire pour éviter que je ne fuis son regard.
- Je me suis promise depuis mon adolescence de ne pas utiliser des mots vulgaires... mais si le monde entier me ment, alors pourquoi garder ma promesse ? Se demande-t-elle.
Sa main tremblante lâche mon visage progressivement.
- Je t'emmerdes, siffle-t-elle en essuyant ses larmes.
Encore un autre couteau qui s'infiltre dans ma blessure. Mais ce couteau là entre lentement, tout lentement alors que ses yeux me brûlent tout le corps, pour enfin s'enlever violemment alors qu'elle sort de son bureau en larmes, tentant aussi bien que possible de cacher les émotions qu'elle vient de vivre.
***
- Où est cet enculé ?! Hurlais-je en défonçant presque la porte du bureau de Stoglin, entrant en trombe dans son bureau.
L'homme ouvre grand ses yeux alors que je le soulève de son bureau en empoignant son col férocement, le soulevant presque au dessus du sol.
- Où est ce salaud ?! Criais-je en le tenant des deux mains par le col.
Le lâche devient tout rouge alors qu'il essaye de me regarder. Ses mains pressent les miennes en espérant que je lâche son col de chemise. Il peut toujours rêver ce salaud ! Il ne répond toujours pas à ma question, il joue avec moi ce con ?!
- Mais tu vas me répondre oui ?!
Mon poing vient se loger férocement dans sa mâchoire, le faisant tomber la tête la première sur le sol.
- Relève-toi ! Aboyais-je alors qu'il tâtait sa mâchoire qui va bientôt faire un bleu qui sera difficilement caché.
Je reprend sa chemise pour le relever, et lui donner un coup encore plus violent en plein nez, le retenant par la veste pour éviter que ce maigrichon ne retombe encore une fois.
Le nez en sang, la mâchoire tordue, Stoglin me lance un regard noir tout en regardant derrière mon dos de temps à autre.
- Je vais le répéter encore une seule fois lèche-cul, et tu as intérêt à me répondre si tu ne veux pas que je vienne te visiter gentiment dans les urgences, sifflais-je. Le fils-de-pute qui te sert de foutu patron est où ?!
L'expression de Stoglin devient soudainement légèrement plus calme. Il me regarde en me lançant des éclairs, ne bougeant pas d'un centimètre, observant mes deux mains qui le tiennent toujours par la chemise, mes yeux qui le brûleraient vif, et ma posture longue et droite qui accentue la taille moins que moyenne du maigrichon. Il regarde derrière lui à maintes reprises et semble ravaler sa salive plusieurs fois.
Une gène désagréable vient soudain me piquer l'épaule. Mes membres s'engourdissent soudainement, me laissant à peine la force de me tenir debout. Je lâche involontairement la chemise de Stoglin et ferme les yeux, sans pouvoir les rouvrir. J'essaye, je fais un effort surhumain pour essayer d'ouvrir ne serait-ce qu'à demi les yeux. Ce que je pus faire après plusieurs essais: Stoglin me regarde en souriant, fier, en s'essuyant le nez à l'aide d'un mouchoir en soie. D'où avait-il apporté ce mouchoir ? Je ne l'avais vu nulle part avant. Mon corps ne me réponds plus, mon regard s'embrouille dangereusement alors que j'essaye tant bien que mal de me tenir debout, mais plus aucun muscle ne semble me répondre. Je sombre lentement dans le noir alors que je m'écroule sur le sol froid, laissant la fatigue prendre contrôle de moi-même...
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Oh merde ! Je sens que je deviens de plus en plus sadique !
Le chapitre 71 se termine avec Samar et son expression brûlante, et ce "tu vas me dire tout ce que tu m'as caché", et ce chapitre 72 se termine comme ça :O.
Je suis méchante ah la la je m'en excuse XD.
Mais comme le dit si bien @pimouse "Détestez-moi c'est bon pour la santé ^^"
Je ne sais pas pour vous mais moi je ressens vraiment de la peine pour nos deux héros !
En multimédia: Samar Wilkerson.
Allez, peace ! On se retrouve vendredi prochain !! Merci d'avoir lu jusque là !!! J'espère que mes chapitres vous plaisent à tous !
~M.F~
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